"On va pas s'le cacher, la vie est dure. J’le pensais déjà, avant tout ce merdier, avant la désertion des supers, mais maintenant, c’est pire. Et ça pourrait être pire, encore. J’me suis longtemps demandé si l’état savait ce qu’il faisait, le jour où le blocus a été mis en place, un peu comme dans la série « Under the Dome », autour du pole Gotham, Métropolis et Starcity. Avec le temps, j’ai compris que oui. Sans les supers, ils savaient que l'reste des Etats-Unis ne survivrait pas à la tripotée de cinglés enfermés à Arkham … Alors ils ont choisi « le moindre mal », et nous ont condamnés, nous, à servir d'chair à canon à ces psychopathes. Chair à canon, espions, hommes de main… ‘Faut choisir son poison. On peut pas dire qu'la société ait réellement changé, en fait, à bien y regarder. Le décor, oui par contre. Quand, après plusieurs mois, il est devenu clair qu'les Supers n’étaient plus parmi nous, et donc qu'l’état a déclaré le blocus, c’est parti en cacahuète, et les gens ont paniqué. Y’a eu des pillages, des attaques… Et puis forcément, du chaos a émergé l’ordre, comme de l’ordre émerge l'chaos. Ceux qui avaient déjà dans les mains un pouvoir tenu underground par Batman et consort ont émergé, sont devenus officiels. Le Maire a déclaré forfait, il avait pas trop l'choix. Idem pour la police, qui était déjà corrompue jusqu’à la moelle. Paradoxalement, ça m’a fait comprendre une bribe d'film, que j’avais pas comprise avant. Un film avec un exorciste renommé, qui se retrouve face à un ange rebelle qui lui dit qu’il va créer l'chaos pour faire naître la noblesse chez les hommes, et les rendre dignes de l’amour de Dieu… Bah j’ai compris, en fait, parce qu’autant y’a les raclures en mode « chacun pour soi », autant y’a le parfait opposé.
Outre les mafieux qui fonctionnent sur appât du gain et grimpent clairement l’échelle du chaos, les survivants qui se refusent à entrer dans ce p'tit jeu ont aussi créé de petites communautés, pour survivre, ensemble. J’vous parle de survivants, parce qu’il faut pas se leurrer, c’est ce qu’on est. J’dis « on », parce que moi aussi j’en fais partie. Les criminels ont la main lourde, sans la menace de voir qui que ce soit les renvoyer en prison. Y’a eu beaucoup de pertes civiles, et y’en a tous les jours entre les jeux de Nigma et les délires destructeurs du Joker, sans oublier l’Epouvantail… En marge de tout ça, y’a nous aussi, sans doute la part la plus significative de la population, la majorité silencieuse. On a investi les vieux bâtiments de Gotham, on s’est regroupés, barricadés, et on a commencé à vivre en collectivité. On fait pousser des trucs comme on peut, y’a un peu d’électricité, aussi. Les gens sont trop pervers pour moi. L’état nous fait parvenir quelques convois d'bouffe, mais les mafieux font main basse tout de suite dessus… Du coup, on monnaie le strict minimum et on s'débrouille autrement. L’ère d'la débrouille, c’est comme ça que j'l’appelle. La plupart du temps, on reste cloitrés derrières nos murailles de fortune. On a de quoi se défendre, et certains d’entre nous ont un arsenal suffisant pour dissuader les mafias de tenter des raids. Et d’autres fois, on sort. On parcourt la ville à la recherche de trucs de valeur qui auraient été oubliés ou laissés, pour négocier avec eux quand on en a besoin. On dirait pas comme ça, mais y’a carrément de quoi faire.
Après, c’est clair qu’c’est plus spartiate qu’à l’époque ! Mais ‘faut être honnête, si on revoit ses standards à la baisse, on manque de rien. On a tous à becter, de l’air dans nos poumons, et pour beaucoup, on a trouvé une raison de vivre. Dans cette nouvelle configuration, c’est difficile de se laisser survivre. ‘Faut tous qu’on mette la main à la tâche, qu’on participe, à la vie en communauté. Comme qui dirait, ‘faut gagner sa croûte, d’une façon ou d’une autre. Autant je regrette ma vie d’avant, autant sur plein d’aspects, j'la trouve beaucoup plus saine et beaucoup plus claire qu’avant…
Après, c’est loin d’être idyllique. L’idylle, le Nirvana, la légende raconte que c’est dans l'parc de Gotham qu’il est. Le Parc, il est tombé aux mains de Poison Ivy. Elle a élevé « des murs » de lianes entrelacées pour le protéger. On sait pas trop ce qu’il se passe là-dedans, mais chaque fois qu’on passe à côté, on entend les oiseaux pépier, le calme régner… On sait pas trop quoi en penser. Y’a que les orphelins, quasiment, pour oser s'présenter à elle. Moi, j’ai trop les boules qu’elle me transforme en genre d’esclave… Je suis un homme, et Poison Ivy aime pas les hommes, tout le monde le sait. Y’en a qui ont décidé de tenter le tout pour le tout et d’y aller. On les a jamais revus. Est-ce que c’est parce qu’ils sont super heureux, dans ce qu’on se figure être le nouvel Eden, ou bien est-ce que c’est parce qu’elle les a butés ? Aucune idée, mais je suis pas encore assez désespéré pour tenter ma chance. Un jour, peut-être...
On dit que c'est pareil dans toutes les autres villes. Metropolis c'était classe, avant. Tout beau, tout propre... Et c'est autant la merde qu'ici, maintenant. On voit les feux de camp des mecs qui dorment dans ses rues de l'autre côté d'la baie, chaque soir. Y'a de sacrées horreurs qui traînent là-bas, la nuit. Moins de cinglés, mais plus de monstres. Et je vous parle même pas de Starcity. C'était déjà la merde avant, et maintenant c'est devenu pire. Les cartels y contrôlent tout, et ceux qui sont pas forcés d'protéger les caïds leur servent d'une façon ou d'une autre. Junkies, putes, indic's, c'est devenu un état féodal, là-bas, où chaque petit chef de gang grignote le terrain des voisins.
Il reste plus d'espoir, aujourd'hui. Les soldats derrière la zone de surveillance, ils m'ont dit que Lex Luthor allait peut être se faire élire président, que c'était l'homme qu'il fallait au pays pour reprendre ses plus grandes villes aux monstres que l'Amérique avait elle-même enfantés. J'en sais rien. Personne n'a plus rien fait pour nous depuis longtemps, alors j’crois pas plus en Lex Luthor qu’en n’importe quel autre connard.
En attendant, je continue à arpenter Gotham. Des fois les surprises sont bonnes, on tombe sur un bon samaritain prêt à s’prendre des gnons en même temps que soi quand la première surprise a été moins bonne, et qu’on est tombé sur un gang de mafieux zélés juste avant. Et des fois, on n’a droit qu’à la première des surprises. Pas cool. Quoiqu’il arrive, la vie trouve toujours sa voie. En l’occurrence, ça a mis le temps à se stabiliser, on a mis le temps à comprendre que les Supers c’était fini, à réagir quand la prison d’Arkham est tombée et le blocus avec… Mais petit à petit, ça a fini par se stabiliser. C’est sans doute pas utopique, la sélection naturelle est bien plus hardcore qu’auparavant, mais y’a moyen de moyenner … Alors on moyenne autant qu’on peut, et on serre les fesses pour que ça passe."
Témoignage de Johnny, deux jours avant qu'il aille chercher avec des camarades des oublis des pillards dans l’ancien centre commercial de Gotham. Un portail s'ouvre devant lui, et tombe à ses pieds un homme avec des fringues bizarres qui ressemble étrangement à feu Bruce Wayne, le rupin qui avait disparu juste avant que le chaos ne s'empare de cette partie du monde…
Accueil Discord 
Calendrier 
FAQ 
Dernières images 
Rechercher 
Membres 
Groupes 
S'enregistrer 
Connexion 
Sujet: Intrigue n°1 : Les Cavaliers du Chaos 
Ven 21 Fév - 14:40
