Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie... Ou pas! [Intrigue I - Terminé]

Ce blocus est une plaie. A tous les niveaux. Cette situation est une plaie. A tous les niveaux. Depuis le retour de Bruce, Zatanna peut adopter un profil plus bas. Plutôt que de stocker ses réserves de magie comme un écureuil stocke ses noisettes pour l’hiver, consciente qu’elle allait en avoir besoin pour le plus dur des hivers, maintenant que l’épreuve était passée, que Bruce était de retour, elle avait plus de libertés. Elle pouvait, en se montrant prudente, sortir du blocus et se nourrir à l’extérieur, ou bien dormir. Elle ne prolongeait jamais ses absences, au cas où Bruce aurait besoin d’elle, mais casser le rythme difficile de la vie dans la zone confinée lui permettait, petit à petit, de reprendre des forces. Cela étant, ça ne résolvait pas tous ses problèmes, loin de là. Qu’elle le veuille ou non, Zatanna demeure fugitive, contrainte de se déplacer en permanence. Pas d’environnement stable pour elle, pas d’appartement à elle, rien. Rien que des endroits où elle se pose, avec ses quelques affaires, pour un jour ou deux heures… Ce qui veut dire, entre autres choses, pas le temps d’entretenir les plantes nécessaires à nombre de ses rituels. Si New-York peut lui en fournir certaines, les magasins d’alimentation bobo n’ont pas encore tout exploré en matière de hype végétale, ce qui laisse malheureusement la sorcière démunie… Notamment en matière de myrrhe… Ou de datura. Des plantes à la haute toxicité qui s’exploitent, mais ne s’ingèrent que pour triper… Avant de mourir empoisonné. La belladone lui manque également, sans compter tous ces autres plantes poisons qui sont, de ce fait, indisponibles à la vente, ces plantes qu’elle cultivait tranquillement pour elle avant la chute, et qu’elle ne peut désormais plus entretenir.

L’idée de solliciter Poison Ivy lui est tombée dessus comme une violente épiphanie. Une épiphanie empoisonnée. Zatanna rechigne à demander son aide à la vénéneuse créature, ennemie de Bruce, mais elle a cruellement besoin de se services… D’abord se refusant à cette révélation, Zatanna l’a combattue, a tenté de retourner la chose dans tous les sens pour se convaincre que cette idée était particulièrement mauvaise… Mais le temps passant, la magicienne s’est auto-vaincue… Oui, Ivy est dangereuse. Oui, elle sait se montrer cruelle… Mais son combat, la magicienne peut l’envisager. Ses méthodes sont bien trop drastiques pour elle, mais qu’a-t-elle d’autre à suggérer pour avancer dans son sens ? Au fil des jours, Zatanna a fini par se convaincre de tenter sa chance. C’est donc en paix, et toute en discrétion, qu’elle a marché jusqu’aux abords du Robinson’s Park, repère bien connu de la plante la plus dangereuse de la planète. Face aux lianes qui en barrent l’accès, la magicienne a soupiré, puis regardé à droite et à gauche… Ne voyant personne, elle lance « Etêt ne ellub ! », et voit comme une bulle de savon se gonfler autour de sa tête, comme un scaphandre savonneux. Le sort, bien sûr, est sensé la protéger des spores et poisons diverses d’Ivy. Se frottant les mains sur son jean noir, elle s’approche jusqu’aux lianes et pose sa main dessus. Elle ignore si son genre ou la lecture de ses intentions par la flore qui le lui vaut, mais les épais barreaux végétaux s’écartent pour elle, lui permettant d’entrer, et se referment sitôt la jeune femme entrée dans le domaine.

Ce qu’elle voit est d’une telle beauté que le bas de sa mâchoire s’en décroche. Tellement de verdure… Un biotope entièrement naturel, dénué de goudron, d’immeuble… Comme si le monde avait régressé de plus de cinq mille ans. Zatanna est impressionnée… Et décide, par conséquent, de se montrer plus respectueuses encore que prévu. Sans trop s’expliquer pourquoi, elle décide de retirer ses chaussures, sales du dehors, et de les laisser près de l’entrée, où elle demeure également… Pour l’instant. « Ouhouh ? » Elle appelle, sans trop de force, ne sachant si Ivy a été alertée d’une façon ou d’une autre de sa présence, même si elle se doute que oui. Elle regarde autour d’elle, admire autant qu’elle cherche âme qui vive… Espérant, dans tous les cas, avoir l’occasion de discuter avec la maîtresse des lieux avant de, dans le meilleur des cas, être foutue à la porte, et dans le pire des cas… De voir son nom s’ajouter à la liste des personnes à exécuter de l’Empoisonneuse…

Je ne sortais que très rarement du Robinson Park depuis que j'en avais fait mon Eden. Gotham, sa pollution, sa folie, sa population inintéressante, n'avaient absolument rien d'attirant de mon point de vue. Bien au contraire ! La ville était étouffante et je n'étais pas à mon avantage lorsque j'étais à l'extérieur de mon Paradis. Quand je dis que je n'étais pas à mon avantage je ne faisais pas allusion à mon physique bien sûr... J'étais tout bonnement sexy à souhait ! Bref, ne nous égarons pas. Je disais donc que Gotham et son béton envahissant m'étouffaient ! Je prenais ma force que la lumière solaire et surtout des plantes. Ces dernières étaient malheureusement très rares au sein de la ville et quand il y en avait, elles étaient très souvent au bord de l'agonie. A croire qu'aucun habitant de Gotham n'avait la main verte. C'était triste à souhait !
Je soupirais donc alors que les lianes se décroisaient pour me laisser sortir. La vue qui s'offrait à moi me fit grimacer et je me donnais un coup de booste. Plus vite je me rendais aux Palisades et plus vite je serais rentrée. Pour ce fait j'utilisais une voiture tristement passe-partout mais quelque chose de trop bling bling aurait attiré l'attention et ce n'était pas ce que je voulais. Je n'avais pas le temps de m'amuser aujourd'hui ! Je n'aimais pas laisser mes enfants végétaux ainsi que mes protégés seuls trop longtemps. Bien sûr, j'avais formé mes gardiennes mais tout de même, on ne savait jamais !

Ma sortie se passait mieux que prévu et je ne croisais aucun problème... du moins jusqu'à ce que je tombe sur des hommes alcoolisés après avoir garé mon véhicule là où je le cachais toujours. Bien sûr ils ne firent pas long feu face à moi et mes adorables toxines mais mon sac eut moins de chance que ma merveilleuse personne. Je grognais en observant le massacre ! Ma nouvelle robe et d'autres vêtements gisaient sur le sol encore humide à cause de la pluie de ces derniers jours. Super ! Il ne manquait que ça... Faire des kilomètres pour avoir de nouveaux habits et obtenir un tel résultat était rageant. Énervée, je ramassais mes affaires empruntées à long terme et retournais chez moi.
Je comptais me mettre à l'aise et me prélasser jusqu'au moins l'heure du dîner. Dès que je pénétrais dans l'Eden j'eus l'impression de respirer à nouveau et cela me redonna le sourire. Comme à mon habitude j'ôtais ma veste pour me retrouver vêtue d'un pull près du corps vert foncé et d'un jean's marron, puis je me déchaussais. Soudainement je fronçais les sourcils... mes enfants s'agitaient et je vis passer une de mes gardiennes à quelques mètres de moi sans me voir, trop pressée qu'elle était. Un nouvel intrus ? Apparemment ! Non mais c'était quoi cette grande mode à débarquer ici sans invitation. Je réfléchissais... parce que je n'avais inviter personne ? Non, pas que je me souvienne. Puis j'entendis une voie inconnue. « Ouhouh ? » murmurais-je. Apparemment il ne s'agissait pas là d'une attaque surprise et violente contre mon Paradis.

Sans traîner je prenais la même direction que ma gardienne et constatais que celle-ci venait de bander son arc en direction d'une inconnue bien étrange... mais visiblement bien élevée.

- Allons, allons Krystal ! On ne menace pas une personne qui n'a pas été invitée quand elle prend tout de même la peine de se déchausser. La gardienne abaissa son arme et se recula de quelques pas tendit que mon attention se reportais sur l'inconnue. Puis-je savoir le but de votre visite non autorisée et votre identité. Puis je fronçais les sourcils. C'est étrange, j'ai l'impression de vous avoir déjà vue... un souvenir lointain et flou.
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Le moins qu’on puisse dire, c’est que la réaction ne se fait pas attendre. Moins d’une minute s’écoule entre le moment où Zatanna a commencé à chercher une créature humanoïde -parce qu’elle était totalement cernée par le vivant- et le moment où ce qu’elle déduit être les protégées de l’Empoisonneuse se montrent. Arc en main. La brune lève les mains, paumes ouvertes, en signe de reddition, de paix. Elle ne cherche pas la guerre, encore moins avec Ivy ou ses filles. Elle connaît les rumeurs, elle sait que la plante vénéneuse se montre plus affable avec les femmes et les enfants. Noble cause s’il en est, au point que Zatanna en a été amenée à se dire que c’est sans doute le manque de crédit qui repousse Poison Ivy dans l’illégalité. De tous les boss, Ivy est peut-être la seule qu’elle peut respecter, principalement parce qu’elle se bat moins pour elle que pour une cause qui la dépasse… Alors, ce n’est sans doute absolument pas malin de la part de la magicienne de se présenter ainsi au domaine de la criminelle, surtout pas en ayant fait partie de la Justice League, mais elle est comme ça, Zatanna. Elle porte ses convictions en étendard et les assume jusqu’au bout.

Se demandant d’abord où se trouve la cheffe de l’endroit, la magicienne finit par la voir apparaître derrière celle qui la menace d’un arc. La première chose à laquelle pense Zatanna, en voyant la femme rousse, est à quel point elle est jolie. Aurait-elle dû imaginer un visage à Gaïa qu’elle n’en aurait pas décrit de différent, à tel point qu’il est réellement aisé d’oublier qu’elle est une criminelle dangereuse, pour ne voir en elle que la mère nourricière… Et ce serait sûrement le cas, sans la menace immédiate de se voir transpercée d’une flèche… Le fait que Poison Ivy intime à sa gardienne de baisser son arme est, selon Zatanna, plutôt bon signe et, avec lenteur, la magicienne baisse les mains à son tour. A l’entente de la réflexion de la belle plante sur ses chaussures, la brune leur jette un rapide coup d’œil, avant d’en revenir à la rouquine, à laquelle elle sourit. « C’est le moins que je pouvais faire… Tout est tellement beau ici… » Elle est sincère. Un paysage si verdoyant qu’il est facile d’oublier qu’il se trouve en plein centre-ville. Arrivent, sans surprise, les questions de l’hôte de ces bois. Levant son index, la magicienne laisse un large sourire étirer ses lèvres. « Je m’appelle Zatanna Zatara. Je suis magicienne… Egnahc sem stnemetêv ne nom emrofinu ! » La formule prononcée, sous les yeux des quelques protégés de Poison Ivy et d’elle-même, les vêtements noirs et discrets de Zatanna se changent en un costume de scène, haut de tailleur, bas résilles et même chapeau haut de forme que la sorcière cale sur sa tête en le faisant passer à travers la bulle. « J’ai donné des spectacles dans tout le pays, c’est peut-être ça qui vous semble familier ? » Elle suggère, dans un premier temps, sans amener sur le devant de la scène qu’elle a fait partie de la Justice League. Après tout, Poison Ivy a été plusieurs fois envoyée à Arkham par Batman, il se pourrait fortement qu’elle lui tienne rigueur de cela, même si Zatanna n’a été mêlée ni de près ni de loin à l’affaire… C’est que les boss ont souvent la rancune tenace, alors elle préfère tenter sa chance d’abord comme cela. Bien sûr, si Ivy venait à l’associer à la League, elle ne nierait pas. « Madame, je me suis permise d’entrer dans votre jardin parce que j’aurai aimé tenter de trouver un accord avec vous, si tant est que cela puisse vous intéresser… » Elle propose, retirant son chapeau de sa tête avec galanterie pour venir le poser d’un geste circulaire, fluide, sur son cœur, tandis qu’elle s’abaisse légèrement. « J’aurai cruellement besoin de quelques espèces de plantes rares. Auparavant, je les cultivais moi-même, mais le blocus rend certaines choses, et surtout les plus simples, extrêmement compliquées… Du coup, je me demandais si je pouvais vous être d’une quelconque utilité, en échange de… » Elle réfléchit. « De ce qui vous conviendrait le mieux, en réalité. Un petit morceau de verdure où je puisse faire pousser mes plantes ou bien le profit de votre merveilleuse main verte ? Très sincèrement, j’ignore ce qui serait le moins pénible ou le moins intrusif pour vous… » De l’index, elle vient se gratter la tête, perplexe, espérant que son offre intéressera la belle plante, mais surtout qu’elle ne s’en offusquera pas…

Après avoir eu la confirmation qu'un nouvel intrus avait pénétrer dans mon domaine je me félicitais d'avoir aussi bien entraîné mes protégées. Bien sûr, certaines ne se battaient pas mais elles se rendaient utiles à leur façon ce qui était important à mes yeux. Prendre soin de mes enfants végétaux lorsque je n'étais pas là était tout aussi important que la protection des lieux... Quant aux enfants, ils avaient eux aussi leur place et c'était d'autant plus le cas depuis que quelques animaux, ''offerts'' par Queeny, avaient rejoints l'Eden.
Mais même en étant rassurée je ne pouvais m'empêcher de remarquer que les intrusions étaient plus nombreuses ces derniers temps. Les fois précédentes j'étais sur place, aujourd'hui j'étais rentrée juste à temps mais que se passerait-il si je n'avais pas autant de chance la prochaine fois ? Je n'en savais rien et je n'avais pas le loisir de réfléchir à cette interrogation pour le moment. Je faisais face à une curieuse jeune femme et son comportement vis-à-vis de mon Eden ne m'avait pas laissé indifférente. Même mes protégées n'avaient jamais eu l'idée de me poser la question concernant le port des chaussures dans mon Paradis. Pourtant je me promenais quasiment toujours pieds nus ! Alors ce qui aurait pu être un détail aux yeux de tous avait une grande importance pour moi.

- Merci ! J'observais les alentours après avoir accepté les compliments de l'inconnue. Oui, toute cette végétation était magnifique!Je m'en rendais davantage compte puisque je revenais de la grisâtre Gotham. Si seulement la Nature pouvait l'emporter sur le béton... Peut-être devrais-je agrandir mon territoire. Grignoter quelques jardins par-ci par-là.

Mais je reportais très vite mon attention sur l'inconnue et oubliais, pour l'instant, mes idées d'extension. Prénom et nom originaux qui me disaient vaguement quelque chose mais la surprise venait surtout de son métier. Magicienne ! Mouais. Pourtant j'écarquillais très vite les yeux en entendant son sa... sa formule magique et en voyant son numéro. Simple mais efficace et divertissant. Moi qui avais toujours adorée la magie étant petite je me mis à sourire et je tapais dans mes mains pour applaudir joyeusement. Je fis presque peur à ma gardienne mais je ne le remarquais pas.

- Magiefique ! déclarais-je en me fichant de la non-existence de ce mot. J'adooooore. Et quelle tenue ! continuais-je en faisant brièvement le tour de la jeune femme. Elle est superbe, terminais en revenant à ma place.

Cela étant je ne cachais pas non plus mon impression de déjà vue vis-à-vis d'elle. Un spectacle ? Non, je n'avais pas été à ce genre d'événements depuis des années. Je n'étais encore qu'une enfant lorsque j'avais vu mon dernier spectacle de magie. Pourtant j'étais presque sûre de l'avoir déjà vue... mais pourquoi c'était aussi flou ?! Les seules périodes de ma vie aussi vagues étaient lorsque je me trouvais à Arkham... Bizarre non ?
Mais voilà que Zatanna m'expliquait la raison de sa venue ici. Elle voulait passer un accord avec moi car elle avait visiblement besoin de plantes rares. Pour faire quoi ? Des potions ? Des drogues naturelles ? Et là se fut le déclic... La Justice League ! Je n'avais jamais suivi leur ''prouesses'' mais je me souvenais des articles les concernant que je voyais passer sur les journaux lorsque j'étais à l'asile. Bien sûr, j'étais tellement shootée que j'avais du mal à me souvenir. La question à présent était : la raison de sa venue était-elle vraiment la bonne ? Je réfléchissais à la question et à l'offre que la magicienne venait de me faire. Avant la disparition des Supers j'aurais dit qu'elle était une espionne de l'autre Chevalier Noir mais là... là je ne voyais pas.
Tapotant mes lèvres de mon index je me décidais ensuite à reprendre la parole sans lui dévoiler que j'avais ''retrouvé la mémoire'' à son sujet.

- Si je comprends bien, vous voulez que je vous fournisse des plantes rares que vous ou moi ferions pousser ici, répétais-je. En même temps il n'y a pas meilleur endroit qu'ici... J'observais mes plantes. Ces plantes, vous en avez besoin pour... je fixais la jeune femme... des potions ? Des drogues ? Car j'imagine qu'il s'agit de spécimens qu'on ne peut pas trouver n'importe où... Je marquais une pause et fis signe à la magicienne de me suivre. Parler devant la porte n'avait rien d'agréable. Tout en marchant je reprenais. Et si je venais à accepter... qu'est-ce que j'y gagne moi ?

Je jetais un coup d’œil intéressé à mon invitée. Quoi ? Batman n'était plus... Ce n'était donc pas lui qui me l'envoyait. Et puis c'était une magicienne. Avec beaucoup de talent ? Je n'en savais rien mais j'espérais que c'était le cas.
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L’expression de Poison Ivy, son air de petite fille, ses grands yeux verts écarquillés, pétillants… Est touchante pour la magicienne, qui oublie une fraction de seconde qu’elle a à faire à une écoterroriste redoutable… Après tout, ces expressions, ces visages ravis, c’est bien ce qui l’a poussée à continuer ses spectacles. Bien sûr, le plaisir qu’ils lui font ne parviendront jamais à égaler son plaisir de pratiquer la magie, mais ils valent certainement les désagréments de l’exposition publique que le spectacle entraîne. Alors oui, la sorcière oublie, un très bref instant, qu’elle n’est pas là pour faire le show… Même si c’est à regret. Même si c’est la première fois qu’elle remet son costume depuis près de deux ans, et que la sensation… Lui fait du bien. Avec ses paillettes, ses bas résille et son chapeau, Zatanna a l’impression de se sentir à nouveau elle, loin des jean informes et des sweats à capuche… ça lui fait le même effet qu’à l’hôtel, après le retour de Bruce. Elle a l’impression de frôler du bout des doigts sa féminité… Alors, même si elle ne devrait pas, elle prend les compliment avec gratitude, et tente de faire la part des choses. Parce qu’il ne reste plus que ça, dans un monde qui floute tous les jours d’avantage la ligne entre le bien et le mal. Sourire aux lèvres, elle replace son chapeau sur sa tête. « Merci du compliment, vous l’êtes toute autant ma chère ! » Elle s’exclame, galante, avec un signe de tête.

Sa démonstration faite, Zatanna tente sa chance. Elle a beaucoup réfléchi avant de venir, s’est demandé si elle devait aborder tout de suite la raison de sa venue, ou bien d’abord tenter de gagner un rien de confiance de l’hôtesse pour l’amadouer, si elle devait venir avec un levier pour lui poser un ultimatum… Mais de ce que savait la magicienne sur la ravissante et vénéneuse plante qui lui faisait face, Poison Ivy était impitoyable quand on se dressait devant sa route, mais rarement cruelle pour être cruelle. Elle pouvait faire preuve de compassion, qui plus est. Après tout, n’était-elle pas la sainte patronne des femmes et des enfants abandonnés de Gotham ? Comptant là-dessus sans réellement savoir si elle le pouvait, Zatanna en est venue à se dire qu’au moins elle abuserait du temps de la dame, au moins la dame aurait envie de l’écharper vivante. Autant vite lui proposer l’affaire, et la laisser décider, plutôt que de tenter de la lui faire à l’envers. Joignant ses mains dans son dos, la sorcière écoute donc les questions d’Ivy avec intérêt, lui emboîtant le pas quand elle l’invite à la suivre (après avoir vérifié qu’on ne la pointait plus d’armes en tous genres). Aussi confiante semble-t-elle, Zatanna demeure extrêmement attentive à son environnement, dont la magnificence pourrait aisément lui tourner la tête… Quoiqu’il en soit, les questions sont pour elle un signe encourageant. Après tout, si elle pose des questions, c’est qu’elle est déjà vaguement intéressée ? La moitié du chemin est fait, semble-t-il.

« C’est tout à fait cela, oui. » Elle confirme à la répétition de l’Empoisonneuse, et lui rend un sourire d’approbation à sa déclaration concernant son jardin. « Indubitablement. » Elle appuie encore, et se retient de souligner le seul digne de ce nom compte tenu de la pollution, des dégradations ou du vol… Cultiver quoique ce soit en dehors d’ici est de plus en plus compliqué. Pour répondre à la question suivante, Zatanna lâche ses mains, qui reposaient jusqu’ici contre ses reins, et compte sur ses doigts. « Potion, emplâtres, baumes, cataplasmes, décoctions, philtres, soupes, camomilles… » Son sourire se fait plus grand après cette dernière. « [color=#16BFB2]Très peu de drogue. Et ce n’est pas destiné à la vente, mais à ma consommation personnelle. » Le datura, une plante adéquate pour préparer un philtre de transe, un puissant hallucinogène qui aide à déclencher des visions prophétiques, ou plus sibyllines selon. Elle est consciente que ces mots avoir un ton très spécial venant d’elle, mais elle assume, puisque son sourire se fait particulièrement sûr de lui. « Et encore une fois, vous avez raison, ce sont des plantes relativement exotiques, donc déjà difficiles à trouver en temps normal, c’est évidemment chose devenue impossible avec le blocus… » Son sourire se fait légèrement d’excuse, avant de retrouver son dynamisme. « Quant à savoir ce que vous pourriez y gagner, je vous avoue que je n’ai pas la moindre idée de vos besoins, aussi ai-je du mal à trouver quelque chose à vous proposer… Des soins, de façon hebdomadaire, pourraient éventuellement vous intéresser ? J’ai entendu dire que vous recueillez les femmes à la recherche de votre protection, souhaiteriez-vous que je leur dispense des soins, si elles en ont besoin, à leur arrivée ? Le cas échéant, nous pourrions tenter de trouver une façon de communiquer, qui me permettrait de venir jusqu’à vous urgemment en cas de besoin ?» Elle propose, espérant qu’Ivy trouverait cet accord acceptable. Il ne rapporterait sans doute rien de valeur à l’Empoisonneuse, rien qui lui permette de faire avancer sa cause ou d’agrandir son territoire, mais il pourrait lui permettre d’atteindre une autre de ses ambitions : protéger les plus humbles. Dans le cas contraire, la belle plante lui dira peut-être ce qui pourrait l’intéresser à la place ?

Depuis toujours j'avais une qualité, selon moi, que certains considéraient comme un défaut. Il m'arrivait souvent de parler sans filtre, de dire ce qui me passait par la tête sans chercher à savoir si ma façon d'annoncer les faits plaisait. Pour les compliments il n'y avait jamais le moindre problème mais pour les critiques c'était différent. Est-ce que cela m'importait ? A vrai dire, pas du tout ! En cet instant mes propos passaient bien puisqu'il s'agissait d'un compliment des plus sincères envers la magicienne. Je lui aurais volontiers demandé de me faire un autre petit tour de magie mais je n'en faisais rien, à contre cœur ! Il faut dire que je préférais tout de même savoir ce qui amenait la magicienne au sein de l'Eden. Il était sûr que ce n'était pas pour m'offrir un numéro de magie privé.
J'accueillais donc son compliment avec un léger sourire et hochement de tête avant d'écouter avec attention l'accord que Zatanna espérait obtenir de ma part. Dans un premier temps je ne voyais pas ce qu'elle pourrait m'apporter mais au fur et à mesure que le temps passait une idée se présentait à mon esprit. Je n'en parlais pas de suite et demandais avant à la magicienne en quoi je pourrais avoir envie de m'associer avec elle.

Alors que nous avancions vers l'un de mes endroits favoris de l'Eden je ralentissais pour jeter un coup d’œil perplexe à la jeune femme. Connaissait-elle mes compétences ? Je ne pensais pas ! Sinon pourquoi me proposerait-elle de soigner mes protégées. J'élaborais moi-même des poisons et des remèdes à partir des plantes et autres végétaux que je cultivais. Il était rare que l'un de mes protégés doivent se rendre chez le médecin ou à l'hôpital pour des soins. Cela était d'ailleurs arrivé une seule fois ; l'une de mes protégées s'était blessée. Une fracture ouverte que j'étais bien évidemment incapable de soigner. Je n'étais pas médecin ! Cependant, je m'étais occupée de préparer les baumes, cataplasmes et autres calmants pour les soins post-opératoire.
Bref, j'eus une moue légèrement déçue en apprenant ce que la magicienne pouvait m'apporter. C'est à dire rien du tout. Je poussais un léger soupir.

- Si je comprends bien vous proposer des soins gratuits à ses protégées à une biologiste en botanique extrêmement talentueuse dans la création de poisons et remèdes ?! Je ne pense pas y gagner quoique ce soit du coup... Si ce n'est l'apprentissage d'éventuels décoctions, baumes ou autres que je ne connaîtrais pas, ainsi que du temps. Mais du temps j'en ai à revendre, croyez-moi ! Me taisant, je m'arrêtais devant un mur de lianes et écartais les bras pour que ces dernières ouvrent un passage. Face à nous une petite cabane de bois fut visible devant laquelle se trouvait une table en forme de tronc ainsi que quatre tabourets assortis à cette dernière. Un fontaine chantonnait sur la droite alors que quelques oiseaux exotiques volaient librement dans ce petit coin de magie naturelle. Entrez ! Vous voulez boire quelque chose ? Je me prépare toujours une infusion détoxifiante lorsque je reviens de Gotham.

Les lianes se refermèrent, me laissant seule avec mon invitée. J'indiquais à cette dernière l'un des tabourets avant d'attendre devant la porte de la cabane... J'observais avec le sourire au lèvres les abutilons, les fleurs de curcuma, les hibiscus, les passiflore et le jasmin qui coloraient le lieu. Mais le plus merveilleux ici était le parfum... il avait le don de me détendre et cet effet était le même sur n'importe qui venant dans cet endroit.
Mon regard se porta ensuite de nouveau sur Zatanna.

- Quelle genre de magie faite vous exactement ? demandais-je sans crier gare. Des sorts de protections seraient-ils dans vos cordes par exemple ?

Sa proposition ne m'avait pas convaincu mais cela ne voulait pas dire que la discussion était close. J'étais persuadée que les compétences de la magicienne pourraient m'être utiles. En observant l'endroit dans lequel nous étions je m'étais à nouveau rendue compte à quel point je devais renforcer la protection de l'Eden. Mes gardiennes étaient efficaces mais elles ne pouvaient pas être partout en même temps et le Robinson Park était immense. Je pensais recrutée à nouveau mais en attendant il fallait que je trouve une solution... Beaucoup trop de personnes entraient ici comme dans un moulin dernièrement. Cela ne pouvait plus continuer ! J'espérais donc que la magicienne était douée et qu'elle allait pouvoir m'aider.
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Elle voit bien, Zatanna, au fur et à mesure que se délie sa proposition, que l’expression d’Ivy demeure… Dubitative, voire franchement dédaigneuse. Ses commentaires, de ce fait, ne sont pas une surprise. Pourtant, loin de se vexer, Zatanna s’amuse plutôt de la situation, et ainsi s’étire sur ses lèvres charnues un large sourire joueur, tandis que ses yeux pétillent toujours autant de malice. « Je crois qu’il y a méprise, Madame… » Elle commence, poliment. « Il est vrai que j’ai proposé de soigner vos protégées juste après avoir évoqué mes besoins en matière de plante, mais à aucun moment je n’ai voulu induire que ce serait ainsi que je les soignerai… » Comme l’a relevé très justement Ivy, ce serait redondant dans le sens où, même sans connaître la largesse de ses pouvoirs, Zatanna la pense capable de venir à bout de tous les maux superficiels. « Ce que je vous proposais, c’était des soins magiques, qui sinon, forcerait vos protégés à sortir à la recherche d’un médecin… Les os ne se ressoudent pas toujours correctement, et les baumes et cataplasmes ont leurs limites quant aux plaies profondes… Ou aux blessures par balle. » Sans oublier les hémorragies internes, septicémies et autres joyeusetés… Zatanna connaît très bien les plantes et leurs propriétés, ainsi que leurs limites. Sa magie lui permet de les dépasser, largement. Reste à voir si l’offre peut répondre à un besoin de la belle plante, ou pas.

Malgré ce revers, la magicienne reste confiante. Après tout, il y a peu de choses dans ce monde qu’elle ne puisse réduire à sa volonté… Humanoïdes compris. Elle rechigne, bien sûr, à jouer dans les cerveaux de ses vis-à-vis, mais parfois… Bien sûr, elle n’en est pas à envisager cette possibilité avec Ivy, loin de là. Et, devrait-elle y venir, ce serait uniquement dans le but d’épargner sa vie… Zatanna n’a jamais aimé jouer avec le libre-arbitre… Sauf peut-être celui des violeurs, chez lesquels elle se plaît à supprimer toute libido… Quand elle ne leur éclate pas le crâne à coup de pied de biche.

Suivant docilement Ivy, renouant ses mains dans son dos, Zatanna laisse échapper un « Oooooh… » admiratif devant le calme et la paix qui émanent de la clairière protégée où se trouve la cabane d’Ivy, sans doute l’épicentre de l’activité du parc. Elle se laisse charmer, la magicienne, face au spectacle de couleurs que lui offrent les oiseaux tropicaux et les plantes de l’endroit… Invitée par la maîtresse des lieux, Zatanna pénètre sur le territoire de l’Empoisonneuse, et se gorge volontiers les poumons de tous les parfums ambiants, filtrés de toute éventuelle toxine par la bulle qui lui ceint la tête. Une boisson lui étant proposée, les yeux de la magicienne se mettent à scintiller légèrement. « Oh, merci… Si j’osais, je vous réclamerai un thé au jasmin… J’en ai senti la fragrance parmi vos plantes… C’est ma fleur favorite, pour tout vous dire. » Rien d’étonnant, de ce fait, à ce qu’elle puisse reconnaître son parfum entre mille.

Docilement, Zatanna finit par s’asseoir sur le tabouret indiqué par Ivy, et, tandis que celle-ci chipote dans sa cabane, sans doute en train de se préparer son infusion, son invitée se permet d’observer ce petit morceau de paradis aux couleurs chatoyante et à la flore verdoyante… Si elle n’était pas qui elle est, la magicienne viendrait trouver refuge ici sans y réfléchir à deux fois… Le calme et la beauté de l’endroit surpassant de loin tout le reste de Gotham, Metropolis ou Starcity. Une vie simple. Mais pas pour elle.

Elle sursaute presque, perdue dans ses pensées, à la question d’Ivy. « Ma magie est excessivement versatile… » Elle commence, faisant bien attention aux mots qu’elle emploie. « C’est ce qui explique ma peine à trouver une façon de répondre à vos besoins… » Trop de possibilités. « Des sorts de protection sont largement dans mes cordes oui, mais ils auront besoin d’être renouvelés au moins une fois par semaine. » Se sentant bien par cette jolie journée où, une fois n’est pas coutume, elle peut, un peu, profiter du soleil, la magicienne offre à celui-ci son visage, dont la peau pâle ne tarde pas à picoter légèrement, à chauffer, tout doucement… Ce qui donne une idée à la sorcière. « Que diriez-vous d’un charme qui maintienne un climat tropical sur le parc ? » Elle propose, curieuse d’entendre ce qu’Ivy aura à lui répondre. « Cela vous épargnerait les déconvenues des intempéries ? En tous cas, personnellement, j’ai toujours préféré les pluies des Caraïbes à celles de New-York ! » Bonne cliente à ses propres blagues, elle a un petit rire. Pas sûr qu’Ivy se montre intéressée, mais elle, ça lui semble être une bonne idée.

J'étais directe avec la magicienne en lui disant que des soins à mes protégées de sa part ne me serviraient à rien. Je créais moi-même des toxines, des poisons, des remèdes... Je le faisais pour le plaisir, pour réduire à néant les ennemis de la Nature, pour aider mes protégées. En bref, Zatanna ne m'apporterait rien si j'acceptais son accord. Sauf si bien sûr elle était médecin à ses heures perdues.
Je remarquais immédiatement que la belle ne prenait pas mal mes paroles et je compris très vite pourquoi. Cela ne m'empêcha pas de froncer les sourcils. Me méprendre ? Moi ? Bon, peut-être. Après tout j'étais loin de tout savoir sur tout le monde. La preuve en était que je ne connaissais vraiment rien des talents de la magicienne. Après l'avoir entendu me parler de plantes j'en avais déduis qu'elle me proposait des soins en rapport avec cela mais j'étais dans le faux. Un sourire apparut sur mon visage alors que je l'observais quand elle me disait qu'elle pouvais soigner des fractures de façon magique. Ma protégée n'aurait pas eu besoin de se rendre à l'hôpital pour sa fracture ouverte si j'avais connu Zatanna avant. Puis mon sourire disparut et je devenais pensive... Les blessures par balles étaient plus dangereuses qu'une fracture ! Auparavant je n'avais jamais envisager ce genre de risque pour mes protégées mais depuis la traque de l'assassin sur mes terres je m'interrogeais et cela me stressait.

- Les armes à feu sont interdites en ce lieu mais c'est une capacité intéressante que vous me proposez là. En effet il semblerait que certaines personnes se fichent des lois qui régissent l'Eden au sujet des armes, dis-je en me remémorant la venue de Mirror. Il est donc vrai que je me suis trompée concernant votre proposition, repris-je sur un ton plus léger. Je ne pensais pas que l'on pouvait ressouder des os par magie, avouais-je. Enfin... quand on voit le monde dans lequel on vit, plus rien ne devrait m'étonner.

Sur ces paroles nous arrivions dans un coin de l'Eden que j'affectionnais beaucoup. C'était ici que je conduisais les personnes avec qui je concluais des marchés ou des associations... et il se trouvait bien loin de mon véritable quartier. Même mes protégées, à l'exception des deux premières que j'avais sauvées, ne savaient pas où je résidais dans l'Eden. J'assurais leur sécurité mais je faisais de même pour moi. La localisation de mon laboratoire aussi était connue de moi et mes deux acolytes seulement.
Je souriais en entendant la réaction de Zatanna. Je la comprenais ! J'étais moi-même toujours aussi émerveillée en voyant cette clairière exotique. Une fois seules je proposais à la magicienne une boisson. Du thé au jasmin... C'était un très bon choix.

- Vous pouvez oser. J'aime aussi énormément le jasmin mais je ne pourrais dire qu'il est mon préféré. J'aime toutes les plantes de la même façon, dis-je en préparant la boisson tandis que du lierre déposait sur la table une petite bouteille, des cuillères à thé, des tasses... Je ne sais pas si vous sucrez vos thés... il s'agit de sirop d'agave que je prépare moi-même.

Je finissais les boissons et revenais pour poser une question assez directe. J'avais besoin d'en apprendre plus sur la magie de Zatanna et ses premières paroles ne m'aidèrent pas beaucoup. Je déposais sa tasse fumante devant elle et prenais place. Je buvais une gorgée de ma boisson qui était chaude juste comme il le fallait tout en écoutant la jeune femme pour obtenir davantage d'informations. Je hochais la tête d'un air entendu lorsque la magicienne m'expliqua être capable de créer des sorts de protection mais à la seule condition qu'ils soient renouvelés de façon hebdomadaire.
Puis je souriais à la proposition de la magicienne et riais avec elle. Un climat tropical maintenu ici ? Ce serait le rêve et tellement plus simple.

- Je ne vais pas vous contredire concernant ces saletés pluies polluées à souhait, dis-je alors qu'une liane déposait un petit pot sur la table. Vous devriez vous mettre un peu de ça sur le visage... le soleil n'est pas brûlant mais protéger sa peau est important, déclarais-je avant de continuer. Sans vouloir paraître suspicieuse... vous pourriez vraiment maintenir un climat tropical sur la parc ? Je ne connais absolument rien en magie alors ce qui est faisable ou non, je n'en sais rien, avouais-je. Ensuite, concernant ma demande de sorts de protection vous pourriez faire quoi ? Je demande cela car un homme s'est introduit armé dans le domaine il y a peu de temps... chose que je n'ai pas apprécié bien entendu, expliquais-je agacée. Il y a des enfants qui vivent ici et ces derniers temps ils ont la fâcheuse tendance de faire des promenades nocturnes afin de s'improviser des pique-niques au milieu des framboisiers et myrtilliers, racontais-je avec un léger sourire en coin en repensant aux gamins.

Je les considérais un peu comme les miens... non ! Je les considérais comme les miens puisque je ne pourrais jamais en avoir. Suite à mon altercation avec la sécurité de Bruce Wayne et ma transformation j'étais devenue stérile. En plus de me priver de mon travail cet homme m'avait ôter la possibilité de devenir mère...
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Les expressions, sur le visage d’Ivy, s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Réflexion quelque peu contrarié, sourire, puis réflexion à nouveau. Un penny pour vos pensées… aimerait lui dire Zatanna, mais elle se montrerait alors indiscrète. Si elle le pouvait, elle pourrait user de sa magie pour forcer l’esprit de l’Empoisonneuse… Mais ce serait là un calcul bien mal avisé. Ivy n’apprécierait sans doute pas. Personne, à sa connaissance, n’aime voir le contenu de sa tête forcé. Encore moins quand, à cause des temps qui courent, les esprits sont devenus le dernier refuge qui soit… On peut subir viol, torture, passage à tabac… Pour ceux dont la tête reste sur les épaules, avec suffisamment de force de caractère, ce refuge est imprenable, peu importent le nombre d’assauts et leur violence… Zatanna ne connaît que trop bien ce sentiment, que celui de ne plus avoir que ça pour garder deux sous de raison… Pas question, donc, de jouer avec ça, sauf cas d’urgence vitale. En l’occurrence, faire face à un refus de la part d’Ivy n’en est pas un. Certes, ce serait plus difficile pour elle d’obtenir ces plantes, mais pas impossible. L’impossible, ça n’existe pas pour elle. Elle devra simplement trouver une autre solution.

En attendant, la magicienne hoche la tête en signe d’assentiment, concernant le mépris des « lois »… Zatanna ne dit rien, mais n’en pense pas moins. La loi du plus fort, ce sont les criminels qui l’ont instaurée, et si Ivy se trouve être plus clémente que d’autres, elle n’en demeure pas moins au cœur du problème… Cet Eden, elle ne l’a pas créé ici par hasard. Elle s’est installée ici parce que l’endroit, au vert surpassant le béton, lui assure de base la supériorité face à de possibles attaquants, et le terreau fertile pour toute contre-attaque. Ivy a choisi le terrain qui lui permettrait le mieux de se défendre, et ainsi d’imposer ses lois sur sont territoire. Cela étant, les lois qu’elle reconnaît ne sont jamais celles que d’autres reconnaissent… Encore moins ceux ayant pour eux la maîtrise d’armes à feu, maîtrise qui les gonfle souvent d’orgueil et d’un sentiment de puissance aussi illusoire que déplacé. Dans tous les cas, sauver des femmes ou des enfants d’agressions à l’arme à feu ne lui posait aucun problème de conscience, dusse la femme sauvée avoir juré allégeance à Poison Ivy. Zatanna se projette, sans mal, dans la vie d’une femme à l’heure actuelle, et il est particulièrement facile d’envisager cette servitude, car elle a un goût bien plus doux que ne l’aurait celle des autres boss de la ville.

L’entrevue se poursuivant, la magicienne est invitée à s’installer à l’extérieur d’une petite cabane, qui n’aurait pas dépareillé dans un conte de fée. Conviée à choisir sa boisson, elle réclame un thé au jasmin, et ne peut que sourire, en signe d’appréciation, face à la réponse que lui fait Ivy. Elle considère toutes les plantes comme ses enfants, paraît-il…, rien d’étonnant, donc à ce qu’elle les aime tous de la même façon, non ? Si l’œil de la magicienne est d’abord circonspect, voire curieux, face au sucre proposé par Ivy, entendre de quoi il s’agit la fait changer d’avis. « Normalement, je ne sucre pas le thé, je préfère n’avoir le goût que des plantes. Mais je n’ai encore jamais goûté de sirop d’agave, alors je vais me laisser tenter... » Elle sourit, manifestement enjouée à l’idée de faire une nouvelle expérience culinaire.

Avec le retour de l’hôtesse, la discussion concernant les termes de leur échange peut reprendre. Vue la nature des plantes et des oiseaux qui les entourent, Zatanna ne se surprend pas trop que la proposition intéresse la belle plante. Le petit pot déposé près d’elle captant son attention, elle le prend délicatement, en ouvre le couvercle et regarde à l’intérieur, avant de le renifler, cherchant à en déterminer les ingrédients. Pas par suspicion, mais par pure curiosité. « ça sent vraiment bon ! Merci ! » Elle s’égaie, avant de prendre un peu de la crème que le pot contient sur le bout de ses doigts, et de les passer à travers la bulle qui lui ceint la tête pour s’en tartiner le museau. La question d’Ivy concernant la faisabilité d’un générateur de climat la fait sourire. « Oui, bien sûr. Il suffirait de mettre en place une sorte de loupe filtrante, un peu comme la bulle que j’ai autour de la tête. » Elle marque une pause, lui sourit plus largement, et reprend. « L’effet loupe fera en sorte de garder la chaleur, et l’effet filtrant permettra de faire en sorte que la pluie ne soit pas acide. » Elle hausse les épaules, presque désinvolte. « Le seul souci, c’est la superficie. Le parc est très grand, si des zones pouvaient s’en passer, ça me simplifierait beaucoup les choses. » Pas infaisable, mais très énergivore pour la totalité du parc. Ce point éclairci, elle se permet d’enchaîner sur celui concernant la sécurité, échangeant avec la belle plante un regard entendu concernant la liberté de ses protégés pour quelque chose d’aussi innocent que l’engloutissement de quelques mûres et framboises, et l’inquiétante vadrouille d’un homme armé sur le même territoire... « Pour ce qui est de rendre impénétrable votre espace, ça peut être beaucoup plus simple en revanche. Il faut simplement que nous y réfléchissions ensemble pour élaborer le sort adéquat. Ma première idée aurait été une barrière de genre, qui filtrerait donc les hommes mais pas les femmes. Le souci, c’est que du coup, les petits garçons ne seraient pas épargnés. Coupler la barrière de genre avec une limite d’âge pourrait être faisable, reste à déterminer si cette optique pourrait éventuellement vous tenter, au risque d’empêcher un jeune homme de bonne volonté et dans le besoin de vous atteindre… ? » Elle propose, ignorant totalement sur quel genre de principes Ivy voudrait s’appuyer…

Je souriais à la remarque de la magicienne alors que je finissais ma décoction. Nous avions visiblement des points en communs mais malgré mes attention et ma gentillesse, je restais sur mes gardes. Je n'oubliais pas de quel côté était Zatanna ! Elle avait fait partie de la Justice League et si je l'accueillais sans aucune agressivité en cet instant c'était uniquement parce que je savais qu'elle n'était pas envoyée par les membres de cette alliance, ses anciens camarades. *A moins que... Et s'ils étaient revenus ?!* Je me figeais à cette pensée, puis je secouais la tête. *Je ne serais pas encore là dans mon Eden si nos très chers supers héros étaient revenus ! Pareil pour le Joker et le Sphynx.* Je chassais ces pensées avant de revenir vers mon invitée. A présent je savais que j'aborderais le sujet de son ancienne appartenance mais pas de suite. Nous avions le temps et notre futur pacte m'intéressait grandement.

- Je trouve que l'agave ne modifie en rien les saveurs et sucre agréablement, expliquais-je en prenant place. Si vous aimez, je vous laisserais ce flacon, ajoutais-je simplement.

J'aurais pu parler de la fabrication de mon sirop d'agave pendant des heures mais pas aujourd'hui. Cela avait tendance à me rappeler le passé et me rendre nostalgique. J'étais douée, exceptionnellement douée même ! Ce sont mes capacités qui avaient attirées l'attention de Bruce Wayne et qui avaient fait que j'étais partie travailler pour lui. Dans le cas contraire, j'aurais sûrement trouvé un travail dans un laboratoire pharmaceutique ou peut-être même dans une entreprise de produits cosmétiques bio et naturels. Mais Wayne Enterprise était une société de renom. Avais-je fait le mauvais choix en partant travailler pour le célèbre millionnaire ? J'étais incapable de le savoir car en choisissant une autre voie je ne serais pas devenue celle que j'étais aujourd'hui. Enfin... avec des si, on pourrait refaire Gotham.
J'en revenais donc à la cosmétique en proposant à la magicienne une crème de mon crue. Elle protégeait et adoucissait ! Je guettais la réaction de la jeune femme lorsqu'elle la sentais et je fus satisfaite.

- C'est une de mes préférée ! Elle est a base de beurre de karité, de monoï, d'huile de rose musquée, d'huile d'argan, d'infusion de tilleul, d'huile essentielle de carotte, énumérais-je. Ah oui, j'oubliais la fleur d'oranger ! J'ai mis du temps à la mettre au point mais je pense que je n'ai plus rien à modifier. Elle est agréable à appliquer, sent bon et protège en même temps qu'elle adoucit la peau.

Et voilà que je m'égarais à nouveau ! La magicienne n'était pas là pour une vente privée de mes produits cosmétiques mais pour une alliance qui pourrait nous satisfaire toutes les deux.
Si elle avait capté mon attention en me disant qu'elle pouvait soigner des fractures c'était tout autant le cas lorsqu'elle m'avoua pouvoir assurer un climat tropical sur le parc. Le climat ici était mon pire ennemi pour certaines plantes. J'avais de grandes serres au sein de l'Eden mais elles n'étaient pas assez spacieuses pour toutes les variétés que j'avais et dont certaines étaient plantées en pleine terre. Autant dire qu'elles me puisaient beaucoup d'énergie. Avec enthousiasme je tapais dans mes mains et ne perdais rien de ma joie lorsque la magicienne ajouta que son tour ne pourrait sûrement pas concerner tout le parc, beaucoup trop grand !

- Les pluies acides sont une horreur sans nom pour les fleurs les plus fragiles... et même les autres, reconnus-je, et si il y a un moyen de les protéger je suis preneuse. Je buvais une gorgée. Pour le parc c'est vrai qu'il est immense mais ce n'est pas important. Une grande partie de l'Eden se compose de végétation de la région d'autrefois ainsi que de lianes ou lierres pour ralentir l'avancée d'éventuels ennemis. Mes enfants végétaux se trouvent principalement dans le coin, c'est à dire au centre de l'Eden, dis-je avec un sourire affectueux. L'endroit a ciblé par le climat tropical ne serait donc pas si vaste... Il faut que je vois si mes protégés aimerait vivre dans un climat tropical aussi, moi oui !

Mais il faudrait pour ça que je dise à Zatanna où étaient mes quartiers et ces derniers se trouvaient tout près de mon laboratoire. C'était donc risqué ! En même temps mon laboratoire était sous-terre et son accès était difficile si on n'était pas muni d'une machette ou de mes pouvoirs !
Mais je ne réfléchissais pas plus longtemps à ça puisque je reportais toute mon attention sur la magicienne qui m'expliquait qu'un sort de protection était encore plus facilement envisageable. Cependant je devais choisir... faire en sorte que tous les hommes ne puissent pas pénétrer au sein de l'Eden, que cela soit le cas mais qu'à partir d'un certain âge. Je tapotais mes lèvres de mon index de façon pensive.

- Je ne sais que choisir ! Je pourrais opter une limite d'âge... Une de mes gardiennes, Marina, a son garçon avait elle. Il n'a que six ans si ma mémoire est bonne et il est adorable. On pourrait fixé une limite d'âge à la majorité. Mais que se passerait-il si Sullivan... c'est le fils de Marina... si Sullivan est encore là à sa majorité ? demandais-je. Je n'avais pas rencontré d'hommes biens dans ma vie, bien au contraire... Mon père, mon mentor, Bruce ! Mais je savais que certains pouvaient être bons, je n'étais pas folle au point de croire le contraire. Ils étaient juste très rares ! Sinon, je me demandais... La protection, cette barrière, est-ce que tu... est-ce que vous pourriez la mettre en place sur une partie ciblée de l'Eden ? Sur le centre par exemple ! Pour le reste, si un homme pénètre aux abords du parc mes enfants végétaux et mes gardiennes me préviendront. C'est possible ?
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« C’est très généreux de votre part, merci ! » Répond Zatanna à l’offre d’Ivy concernant le flacon de sirop d’agave, avec une surprise palpable dans la voix. La surprise ne vient pas du cadeau en lui-même, malgré son caractère original, mais bien qu’il soit aussi spontané de la part de l’Empoisonneuse ! Si ce n’est pas là une preuve que la dame peut faire preuve de générosité… Le geste est bénin, mais pour quelqu’un d’aussi profondément idéaliste que Zatanna, il signifie tout un monde. Il montre que sa vis-à-vis, si implacable dans sa colère, a des principes, qu’elle est capable de raison… Quand elle la compare avec d’autres qui ont été prisonniers à Arkham avec elle, c’est saisissant. Il lui semble tout à fait inconcevable de pouvoir dire la même chose du Joker, ou de l’Epouvantail… Ceux-ci, avec ou sans pouvoirs (et heureusement sans pour le premier) ont toute leur place à Arkham. Mais Ivy ? Zatanna se pose la question. Sans ses merveilleux dons, si elle était une simple humaine, l’enfermeraient-on à Arkham ? La magicienne est à peu près certaine que non… Ce qui rend dangereuse la femme qui lui fait face… C’est qu’elle fait peur aux hommes. Plus qu’être forte, elle a la force de ses convictions. Alors, certes, ses méthodes sont particulièrement discutables… Et certaines de ses habiletés auraient de quoi effrayer. Mais pas plus qu’elle-même… Est-ce qu’elle, Zatanna, en viendrait aux mêmes extrémités qu’Ivy si les rôles étaient inversés ?... Ne pas savoir répondre sans réfléchir à cette question trouble grandement la magicienne, qui répond timidement « J’ai toujours adoré la fleur d’oranger… Le seul thé que je sucre est celui à la menthe, avec de la fleur d’oranger. » Comme les berbères, dans le désert. C’est la seule façon, pour Zatanna, de boire un thé à la menthe. Quel monde merveilleux que celui du Moyen-Orient… Jasmin, karité, argan…

La sorcière hoche poliment la tête en signe d’assentiment pour accompagner la rousse, en train de se réjouir d’avoir trouvé une formule exceptionnelle, mais ne renchérit pas, enchaînant plutôt sur ses réserves concernant la faisabilité et la durabilité d’un éventuel sort de protection ou de sphère. Ivy surprend à nouveau son invitée en se montrant compréhensive et raisonnable, autant de qualité qu’elle n’aurait jamais cru trouver chez une ennemie du Batman. Enfin, ennemie… Le mot doit être dit vite. Zatanna est persuadée qu’au fond, Bruce comprend parfaitement le combat d’Ivy et souhaiterait abonder dans son sens, mais ses méthodes vont beaucoup trop à l’encontre des principes de l’homme chauve-souris. Et là-dedans, avec tout ce qu’elle-même a vécu depuis deux ans, Zatanna ne sait plus dire qui de l’un ou de l’autre a raison… Alors, quand la dame évoque ses « enfants », elle tourne la tête à gauche et à droite pour espérer en voir un, naïve.

Laissant à la dame le temps de méditer ses paroles et les possibilités qui en découlent, elle lève à nouveau le visage vers le ciel, et inspire à pleins poumons. Ça sent bon. Ici, pas d’odeur de pisse, de selles, ou de brûlé. Pas d’odeur de cannabis, comme dans les squats dans lesquels elle se terre quand elle n’a pas le choix. Pas d’odeur de renfermé, de puanteur humaine, de parfum de sueur ou… De foutre écoeurant. Rien d’autre que le parfum des fleurs, des arbres et de l’herbe… Pour quelqu’un qui n’a rien à faire à l’extérieur, elle comprend sans peine l’envie de rester, de ne jamais quitter cet endroit. Sous la protection de Madame, pas de risque de mauvaise rencontre au coin d’un bosquet, comme elle a pu en faire les frais sur l’île d’Arkham… Saisie d’un violent frisson à ce souvenir, Zatanna croise ses bras sur sa poitrine et se frotte doucement les épaules, pour tenter de dissiper en frictionnant le malaise qui l’a si soudainement étreinte.

Sortant de ses réflexions, Ivy tire la magicienne des siennes, qui lui tire à nouveau un sourire en l’écoutant réfléchir à voix haute. Malheureusement pour la belle plante, Zatanna ne peut pas répondre à la question concernant le jeune garçon lorsqu’il aura atteint sa maturité… Elle lui dirait volontiers qu’elle a largement le temps d’ici là, qu’entre temps la magicienne pouvait mourir, le jeune garçon pouvait mourir, Ivy elle-même pouvait mourir et son parc être détruit… Le fait est qu’au jour d’aujourd’hui, personne ne sait de quoi demain sera fait, alors prévoir aussi loin en avant a quelque chose de particulièrement vain… Cela étant, avec ou sans ce petit garçon, le problème demeure. Si un jeune homme de bonne volonté se présente, malheureusement pour lui au-delà de l’âge permis par la barrière… Que voudrait en faire Ivy ?

Laissant la jeune femme dérouler le fil de ses pensées, Zatanna sourit doublement à ses dernières questions. Le fait qu’elle trébuche en la tutoyant presque la première fois, ainsi que sa dernière interrogation. « Vous pouvez me tutoyer… » Elle l’invite, familière, puisqu’après tout si les circonstances ne leur permettent pas d’être familières, qu’est-ce qui le pourra ? et hoche à nouveau la tête en signe d’assentiment, agrémentant même le geste d’un petit rire. « Oui, bien sûr. Ce qui est faisable à grande échelle est encore plus facile à petite. Ça ne me permettra malheureusement pas d’agrandir la zone de climat tropical cependant. Ce sort là consomme une énergie exponentielle avec la surface. » Elle explique, calmement, sirotant son thé… Avant de relever un large sourire vers l’Empoisonneuse. « Et bien je dois vous donner raison, c’est délicieux sucré ainsi ! »

J'esquissais un léger sourire accompagné d'un haussement d'épaules aux paroles de Zatanna. Elle devait être surprise de mon comportement ; car même si nous ne nous étions jamais affrontées lorsqu'elle appartenait à la Justice League la magicienne savait que l'on me classait dans la catégorie des « Supers Vilains ». D'ailleurs je détestais cette expression. Pour moi, vilain rimait avec laid. Et ce n'était pas mon cas ! De mon point de vue, je me voyais comme quelqu'un de déterminé à se battre pour ses convictions. La Terre avait besoin qu'on la protège réellement, la Terre avait besoin de moi.

- Je sais l'être... généreuse, dis-je. Je sais bien que les gens pense que je suis une méchante... voir même un monstre ! En réalité je me bats seulement pour protéger notre Terre. Chose que je n'aurais pas besoin de faire si toutes ces usines chimiques, nucléaires et surtout très polluantes n'existaient pas. Il serait tellement simple de cohabiter avec la Nature si on le voulait vraiment, ajoutais-je pensive. Enfin... Je suis ravie que mon cadeau vous plaise, en espérant que vous aimerez.

La discussion se faisant, nous n'avions pas vraiment de sujet précis et je me demandais quand est-ce que je pourrais aborder celui de ses anciens amis supers héros et supers casse-bonbons si vous permettez l'expression. Pas de suite ! En attendant je découvrais une chose que je n'avais jamais testé.

- Du thé à la menthe avec de la fleur d'oranger, répétais-je. Je n'ai pas souvenir d'y avoir déjà goûté ! Il faudra que j'essaie. En plus la menthe se plaît dans l'Eden, elle en deviendrait presque envahissante si je ne veillais pas au grain.

Certains de mes enfants végétaux demandaient moins de soins que d'autres. La menthe était l'exemple parfait car il ne lui fallait pas grande chose pour s'épanouir. J'en avais d'ailleurs tellement que j’envisageai de fabriquer mon propre dentifrice puisque celui à la menthe était mon préféré.

Puis je me perdais légèrement dans mes pensées lorsque nous abordions à nouveau le sujet important du climat tropical ainsi que celui du bouclier. La limite d'âge pour les hommes était l'idée la plus envisageable puisque certaines de mes gardiennes avaient des enfants et que j'avais moi-même recueillis des orphelins. Certains étaient des garçons ! Ils étaient encore jeunes mais que se passerait-il s'ils étaient à l'intérieur du bouclier lorsqu'ils atteindraient leur majorité ? Je ne voulais pas que la protection puisse les tuer... Si je les avais recueillis c'était pour leur donner une autre éducation, leur apprendre le respect de la Nature en leur montrant tout ce qu'elle pouvait nous apporter en retour.
Mes pensées engendraient tellement de questions que je tutoyais Zatanna sans m'en rendre compte avant de rectifier le tire. Cette dernière déclara que je pouvais la tutoyer et je me contentais de sourire avant d'écouter la suite de ses paroles. « Ravie que le sirop d'agave te plaise... Oh ! Et si je te tutoies il va falloir que ce soit réciproque... » Je lui faisais ensuite signe que je revenais et je m'éclipsais dans la petite cabane. Je fouillais rapidement pour retrouver une ancienne carte du parc et je revenais prendre place face à la magicienne.

- Avec un plan il sera plus facile de voir quelle partie devra-t-être protégée par le bouclier et celle soumis au climat tropical, déclarais-je en observant la carte. Je me rends compte que la zone tropicale n'est pas très grande... Elle débute là où nous sommes et continue jusque là, en gros ça donne cette zone, dis-je en traçant un rond assez petit comparé à la taille du parc. Ce qui est sûr c'est que cela serait plus simple pour moi de savoir que cet endroit n'a pas besoin que j'y passe mes journées. Sur mes paroles le mur de lianes derrière la cabane s'écarta comme un vulgaire rideau pour laisser apparaître le commencement de la forêt tropicale que j'avais créée. Rêveuse, j'observais le spectacle coloré qui s'offrait à nous. Je ne me lasserais jamais de cette vue ! Pourtant je regardais à nouveau le plan. Concernant le bouclier de protection avec la limite d'âge il serait un peu plus grand. Je traçais un cercle plus grand autour du premier mais de taille moyenne vis-à-vis de l'ensemble du parc. Comme ceci... il protégerait ainsi les habitations et les cultures que je produis, expliquais-je sans préciser que mon laboratoire serait à l'intérieur. En faisant ainsi, les garçons qui vivent ici auraient juste à déménager en dehors du bouclier à leur majorité mais tout en restant dans le parc. Je trouve que c'est un bon compromis non ? Et surtout... c'est faisable ?

Puis je tapotais ma tasse. C'était un très bon compromis ! Les garçons ayant grandi pourraient toujours vivre dans le parc et donc sous ma protection une fois majeurs. Cependant, quelque chose me tracassait ! Et le souci était en lien direct avec la magicienne. Les Supers étaient superbement absents, voilà pourquoi je n'avais pas mis Zatanna à la porte de mon domaine. Elle n'était pas envoyée par la League. Mais que se passerait-il si les héros disparus refaisaient surface.

- Notre accord me semble parfait ! Reste juste à savoir où tu désire avoir ton coin pour tes plantes. Du côté tropical ou à l'extérieur de ce dernier ? Bien sûr tu pourras te servir parmi mes plantes également mais je suppose que tu as sûrement envie de prendre soin toi-même des futurs ingrédients pour tes décoctions, baumes, et j'en passe, dis-je souriante. Puis je me mordillais la lèvre, pensive, avant de boire une gorgée et de reprendre. Je dois être honnête ! A vrai dire j'ai besoin d'un autre éclaircissement au sujet de nôtre accord. Tiendrait-il toujours si, par je ne sais quel miracle, tes anciens alliés de la Justice League refaisaient surface ?

Oui, la question était directe mais sans aucune trace d'agressivité. J'étais simplement curieuse ! Je ne pouvais me permettre de donner accès à mon domaine à la magicienne si cette dernière risquait d'ouvrir les portes de l'Eden aux Supers Héros !
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Et voilà qu’elle tutoie un boss… Ce monde part à vau l’eau. Bon, de tous les Boss, Ivy est sans doute « la moins pire », celle qu’elle est plus à même de comprendre, de laquelle elle peut concevoir les idéaux, et qui en a, au demeurant. Forcément, la magicienne ne peut pas être aussi conciliante avec l’Epouvantail et le Joker, qui détruisent pour détruire, ou encore même le Sphynx qui, en dépit de son intellect, se repaît d’une façon très malsaine de la souffrance d’autrui. En soi, ici, dans ce parc, Ivy ne faisait de tort à personne. Le problème était qu’elle revendiquait un espace public comme étant sien, mais dans l’absolu, elle ne sortait pas pour assassiner gratuitement des civils, pas plus qu’elle ne les exploitait pour les ressources, pourvoyant plutôt de son mieux aux besoins de ses protégés… Sous bien des aspects, Ivy apparaît comme une présence bien d’avantage positive que négative… Sans cela, aucun doute que Zatanna aurait préféré s’arracher une main plutôt que de faire affaire avec elle… Elle ne peut pas se prétendre passionnée par l’écologie, mais peut admettre volontiers qu’une vie ne devrait pas prendre le pas sur une autre, et que l’homme a un peu trop tendance à se croire au-dessus du panier… En réalité, elle pense que cette femme qu’est Ivy est surtout une voix dissidente qui vise à remettre l’église au milieu du village entre la nature et l’humanité… Avec toutes les questions dérangeantes que cela implique. Ces questions dérangeantes, Zatanna les entrevoit, mais elle lui font peur. Elle a peur d’ouvrir cette porte, parce qu’elle sait qu’une fois que ce sera fait, elle ne pourra plus la refermer et se retrouvera le cul douloureusement entre deux chaises, sans savoir quel comportement adopter pour rester fidèle à elle-même, autant qu’à ses idées…

Heureusement, la situation étant ce qu’elle est, elle n’a aucune obligation à pousser plus loin la réflexion, et peut donc, comme une béate qui ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez, apprécier les politesses que la dangereuse plante et elle échangent, du sirop d’agave en passant par le thé à la menthe et fleur d’oranger. « C’est ainsi qu’il se boit chez les berbères, et plus largement dans les pays orientaux. » Pays où elle a eu le loisir d’aller à plusieurs reprises, à la recherche d’artefacts ou de savoirs anciens. Elle ne développe pas plus ce point, laissant la liberté à Ivy de se renseigner si elle le souhaite, voire d’essayer comme elle l’a dit. Ainsi, les deux femmes peuvent en revenir au sujet qui les occupe en premier lieu, à savoir : leur marché. Une courte absence, et Ivy revient avec un plan du parc, qui, à raison, les aidera grandement dans leur visualisation des espaces. Silencieuse, elle suit les explications et démonstrations de la maîtresse des lieux, autant sur la carte que lorsqu’elle dévoile à son regard la myriade de couleurs chatoyantes de sa forêt tropicale qui, il faut le dire, impressionne la magicienne. « Ca doit vous demander beaucoup d’entretien de faire survivre ces plantes aussi loin dans le nord… » Elle commente, sans suspicion, mais avec un rien de curiosité, avant de finir par hocher la tête en signe d’assentiment. « Oui. Non seulement c’est faisable, mais en plus avec des zones aussi « modestes », je peux me permettre de rallonger la durée du sortilège. Le renouvellement pourra se faire moins souvent. » Elle sourit gentiment à Ivy, et prend encore un peu de son thé. Ne reste donc à voir entre elle que la partie qui la concerne, à savoir, ses propres plantes.

Ivy y vient, faisant réfléchir la magicienne quant à ses propres désidératas, maintenant qu’elles avaient trouvé pour ceux de l’Empoisonneuse. « Ca me ferait effectivement plaisir de m’occuper de mes plantes, mais d’avantage parce que j’aime la botanique qu’autre chose… » Elle lui sourit. « Ca me détend. Mais un petit lopin tempéré et un petit tropical seraient parfaits. Le datura peut pousser à climat tempéré, mais il s’épanouit d’avantage sous les tropiques. » Elle regarde le plan, et délimite un petit cercle à cheval sur la zone tropicale, dans un coin. « Quelque part par ici, ça irait ? » Elle demande, un peu au hasard puisqu’elle se contenterait de n’importe quel coin que serait prête à lui céder Ivy.

Forcément, la question qu’elle lui pose ensuite, qui tombe comme un cheveu sur la soupe, l’interpelle, la fige, et elle lève vers la belle rouquine des yeux suspicieux, qui expriment autant sa vérité, à savoir Comment le sait-elle ? qu’ils pourraient exprimer Est-elle au courant de quelque chose ? A-t-elle croisé l’un des héros ? Gardant son calme, elle inspire profondément, et prend le temps de réfléchir quelque peu. « J’imagine, oui… Du moins tant qu’il te sera possible de garder le parc. » Elle hausse les épaules, désinvolte. « S’ils devaient revenir, je ne pourrai pas prendre ton parti contre le leur. Ce sont mes amis. Mais contrairement à eux, je sais que tu fais du bien à Gotham, à ta façon… Et l’idée de détruire le parc ou de m’en prendre à ta communauté pour t’atteindre ne me tente pas du tout… » Elle grimace. « Le cas échéant, si tu le souhaites, je me chargerai du rôle de médiateur entre toi et eux ? » Elle offre de bonne volonté. « Je veux dire… Le monde a tellement changé depuis leur départ… Pour moi, il me semble illusoire de vouloir rendre Gotham identique à ce qu’elle était il y a deux ans. Les rapports de force ont trop changé. En admettant qu’ils reviennent un jour… » L’espoir est perceptible dans sa voix. « Ils devront s’adapter et faire des compromis. Je peux m’engager à tout faire pour convaincre Batman d’engager des pour-parler avec toi, et refuser de me joindre à lui s’il décide d’employer la force. Je ne pourrai rien pour toi non plus, mais je pourrai me rendre utile et protéger ta communauté ainsi que l’intégrité du parc, sa flore, afin d’éviter toute victime collatérale. » Elle joint ses mains sur la table, comme une femme d’affaire, dévisageant l’Empoisonneuse avec intensité. « Dussent-ils rentrer à la maison, je ne pourrai rien faire de plus… » Ne voudrait rien faire de plus, car même encore aujourd’hui, il lui semble totalement impensable de s’opposer à ceux qu’elle considère comme sa famille…

Jamais je n'aurais imaginer avoir une telle conversation avec une personne comme Zatanna, une personne faisant partie du côté des gentils. Car c'est ce qu'elle était puisqu'elle appartenait au groupe de la Justice League ! Elle était là, dans l'Eden, uniquement parce qu'elle ne devait pas avoir le choix... Je n'étais pas dupe ! Mais les alliances étaient rares et je ne pouvais me permettre de faire la difficile ; surtout que la jeune femme était sympathique et avait des talents très intéressants. Le genre de talents qui faisaient qu'il valait mieux que la magicienne ne soit pas une ennemie. Le plus étrange dans tout ça c'était que certains ennemis des Supers-Héros étaient aussi les miens. Le Joker par exemple ! Ce dernier ne se contentait pas de s'en prendre aux gens ; non, il s'attaquait aussi à la Nature ! Pour ça je ne l'aimais pas. Il se comportait également comme un rustre envers Harley... et le mot était faible. Pour cela je le détestais. Enfin, il n'était pas là contrairement à Zatanna...
Pour le moment nous ne parlions pas de nos appartenance au bien et au mal... Notre discussion était celle que deux amies auraient pu avoir avant tout ce bordel. Cette conversation était identique à celles que j'avais parfois avec mes camarades... J'en serais presque devenue nostalgique si Zatanna ne me parlait pas de pays que je n'avais vu.

- Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de voyager... Je ne suis jamais allée très loin à vrai dire ! Heureusement mon Eden m'aide à explorer la flore du monde.

Je hochais ensuite la tête aux propos de Zatanna afin de lui confirmer que donner naissance à mon paradis tropical et le maintenir en vie me prenait beaucoup d'énergie. Lorsque la sort de la magicienne serait en place j'en serais ravie et surtout plus en forme encore, même si je l'étais déjà. Avec mes plantes c'était donnant-donnant ; leur donner naissance me prenait beaucoup d'énergie mais en retour elles me rendaient plus forte.

- Effectivement, cela me demande beaucoup d'énergie mais ça en vaut le coup... et puis mes bébés me le rendent bien ! Je marquais une pause. En tout cas c'est une bonne nouvelle concernant les sortilèges. Bien entendu vous pourrez venir quand bon vous semble pour vous occuper de vos plantations.

Ce fut d'ailleurs le sujet que j'abordais ensuite. Où voulait-elle que je lui laisse une parcelle de terre ? Je ne lui mettais aucun interdit quant au lieu mais j'espérais qu'elle ne choisisse pas un endroit trop près des mes quartiers et surtout de mon laboratoire. Il avait beau être difficile d'accès ce n'était pas une raison pour laisser un membre de la Justice League s'en approcher de trop près. Parce qu’on ne quittait jamais vraiment la Justice League ? Pas vrai ? Je n'en savais rien à vrai dire. Je n'avais jamais appartenu à un groupe soudé ! Cela était-il une force ? Une faiblesse ? Je me posais réellement la question mais je ne m'égarais pas plus longtemps dans mes pensées. Je devais savoir si Zatanna pouvait un jour me trahir... avec le retour hypothétique des Supers-Héros disparus. Très attentive, j'écoutais la parole de mon invitée.

Tant qu'il me sera possible de garder le parc... Il est vrai que c'était l'un des avantages à la disparition des Supers-Héros ! Personne ne m'avait contré lorsque j'avais transformé le Robinson Park en mon domaine. Si Batman avait encore été là, si Superman avait été mis au courant, tout aurait été différent. J'aurais peut-être pu prendre possession de ce parc mais je ne l'aurais pas gardé aussi longtemps. Enfin... pour le moment la Justice League et tous les Gentils du peuple n'étaient pas là. C'était d'ailleurs ce qui expliquait la présence de Zatanna ici ! Un léger sourire apparu sur mon visage ! « Voilà donc l'avantage d'avoir des amis plutôt que de simples associés... » Mes brèves paroles ne m'empêchèrent pas de continuer à écouter la magicienne... et je l'écoutais jusqu'au bout. Pourtant à plusieurs moment j'eus envie de dire ce que je pensais mais je n'en faisais rien et j'attendais patiemment mon tour. Mais j'avais envie de rire rien qu'en pensant à un médiateur entre moi et le Chevalier Noir s'il revenait un jour.
Lorsque Zatanna eut fini de parler, je finissais ma décoction avant de me redresser pour fixer la magicienne droit dans les yeux.

- Je te remercie pour tes propositions mais entre nous... tu sais aussi bien que moi que cela serait impossible ! Je fais allusion à un éventuel pour-parler entre le Chevalier Noir et moi s'il était un jour de retour. Il me déteste bien plus que moi je le hais. On va dire que j'ai l'impression que son aversion envers moi équivaut à celle que j'ai envers Bruce W. Oh ! Maintenant que j'y pense... Une des règles ici est qu'il est interdit de prononcer le nom de famille de ce très célébrissime milliardaire de Gotham... sous peine de mort ! ajoutais-je. Ne vas pas croire que c'est excessif... surtout après ce qu'il m'a fait. Enfin bref... Je marquais une pause. Ah oui ! J'aurais une autre question concernant ton bouclier fermant l'accès aux hommes. Fonctionnerait-il sur des extraterrestres, des méta-humains, tu sais... des types comme Superman par exemple ?

Je n'aimais pas les mauvaises surprises ! Superman n'était plus là mais il n'était pas le seul extraterrestre et on ne savait pas ce que lui et les autres étaient devenus... Je ne voulais pas me montrer pessimiste, disons plutôt que j'étais prévoyante. Si je pouvais être sûre que tous les hommes, de toutes origines n'auraient plus accès à une partie de mon Eden c'était déjà une bonne chose.

- Bon, terminé les divagations. Revenons-en à nos moutons ! Le coin que tu as demandé sera le tien, dis-je en montrant l'endroit que Zatanna avait indiqué sur la carte. Et maintenant que les modalités de notre partenariat sont établies que doit-on faire ? Un accord verbal te suffit ? demandais-je avec un sourire.

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Ce doit être très étrange, d’avoir autant de pouvoir, et de ne pourtant pouvoir dépasser les frontières de Gotham… Et encore. Pour l’instant, Pamela a son empire dans le parc Robinson, mais d’autres entités bien plus destructrices règnent sur le reste de Gotham, et d’autres plus encore sur la planète… Au final, la belle plante jouit de pouvoir illimités sur un territoire très réduit, et ne pourra peut-être jamais frôler la beauté d’une orchidée dans son milieu naturel, à Madagascar par exemple, ou encore… Sans doute s’amuser du dégoût de l’odeur d’un Arum Titan, ou assister à la floraison si éphémère et si rare d’un rafflesia… Quelque part, Zatanna a de la peine pour Pamela, pour qui les plantes sont si chères et qui, malgré son merveilleux pouvoir de création, ne pourra jamais les admirer au naturel… Bien sûr, elle garde ses considérations et commentaires pour elle-même, et sourit poliment à la réplique de la belle plante concernant sa propre forêt tropicale. Elle a raison. A défaut de les voir « en sève et en pétales », elle peut les avoir ici, un peu comme les enfants peuvent voir des lions au zoo.

D’un geste de tête, la magicienne remercie la gardienne des lieux quant à son autorisation de visite… C’est très aimable de sa part, et Zatanna sait apprécier ce geste à sa juste valeur. S’en suit un sujet plus délicat, l’évocation de la ligue de justice, et plus particulièrement de Batman. Sans ses talents de femme de scène, la magicienne aurait sans doute craché son thé à la figure de Pamela, tant l’enchaînement de Batman à Bruce lui semble incongru, au-delà des limites du suspects. L’espace d’une seconde, Zatanna redoute que la belle empoisonneuse n’ait percé à jour l’identité du chevalier noir… Mais, seule une moue curieuse, dont la curiosité s’explique aussi par la révélation d’antécédents entre elle et le milliardaire, étire, à peine, ses traits. « J’en prends bonne note. » Elle répond simplement, calmement, à l’ordre implicite de la maîtresse des lieux, avec un nouveau hochement de tête. « J’espère que tu ne trouveras pas ma curiosité mal placée ou morbide, mais je t’avoue être curieuse… Si un jour tu te sens prête à en discuter avec moi, j’aimerai connaître le différent qui existe entre toi et … lui. » Elle appuie sur ce dernier mot, pour lui retirer toute ambiguïté. Quant à la question sur Superman, elle lui fait hocher la tête. « Oui. L’homme d’acier n’était pas moins soumis à ma magie qu’un autre. » Elle affirme, sans se vanter, mais avec assurance. Clark, tout kryptonien soit-il, demeure une créature mortelle face à une homomagi, un être capable de plier temps et réalité à sa volonté. « Cela étant, il se peut que le repousser draine le sort et que je doive le relancer derrière lui. Si jamais il devait réapparaître et venir à toi, n’hésite pas à faire appel à moi. » Elle sait que, si d’aventure cela devait arriver, Zatanna serait trop heureuse de revoir son ami, son boyscout préféré, et que Clark comprendrait les raisons de l’existence de cette barrière, et, elle l’espère, il saurait se montrer raisonnable. Cela étant, outre pour chasser Ivy si d’aventure elle se réfugiait derrière, la magicienne ignore quelles raisons pourraient pousser le kryptonien à vouloir passer… Dusse-t-il revenir, elle se doute qu’il aurait bien d’autres chats à fouetter que l’Empoisonneuse.

L’accord semblant se faire, Zatanna se lève calmement, sourire aux lèvres, suivant le mouvement lancé verbalement par Ivy. « Un accord verbal est suffisant pour moi, oui. » Elle sourit. « Dussions-nous nous retrouver ennemies, je ne pense pas qu’aucun morceau de papier nous fasse, l’une ou l’autre, honorer notre pacte… » Elle lance un regard entendu à la belle plante. « Je pourrai nous ensorceler, si tu le souhaites, si ça te tranquillise… Mais personnellement, je n’entends pas abuser de ton hospitalité. Si d’aventure tu ne voulais plus de mois sur tes terres, je m’estimerai simplement heureuse d’en repartir en vie. » Elle est tranquille avec cette idée, Zatanna. Elle ne nourrit aucune ambition belliqueuse. Elle est neutre, elle, et s’efforce de protéger ceux qui ne le peuvent, quand elle le peut. Elle sait qu’elle honorera sa parole, parce que c’est ce qui lui semblera le plus approprié. Le cas échéant, elle fera son possible pour empêcher les uns et les autres de s’achever, mais n’en fera pas d’avantage. Elle se frotte les mains, des étincelles bleutées en jaillissant, sa bouche se fendant d’un sourire tranquille. « Alors, que choisis-tu ? »

J'étais sincère lorsque j'expliquais à Zatanna qu'elle pourrait venir s'occuper de ses propres plantes quand elle le souhaiterait. Elle n'était une enfant et je n'allais pas lui dire ce qu'elle avait à faire et quand est-ce qu'elle devait le faire ! Pour qu'elle ne rencontre aucun souci il me suffirait de prévenir mes gardiennes, ainsi que mes protégés, que la magicienne pouvait aller et venir à sa guise. Zatanna était assez intelligente pour ne pas jouer à la fouineuse et se rendre dans des endroits qui n'étaient pas destinés à ses propres cultures. De toute façon dans le cas contraire je serais avertie par mes enfants végétaux. Je ne me faisais aucun souci là-dessus. Aussi je me contentais de hocher la tête en souriant quand la jeune femme me répondit qu'elle prenait note. Je me permettais de rajouter quelques mots.

- Concernant les cultures que tu verras ici, je te demande de ne pas en dire un mot. J'image que cela attiserait la jalousie de certains que de savoir que nous avons de quoi manger ici ! Et cela pourrait mettre les personnes vivant dans l'Eden en danger.

Puis arriva la discussion concernant celui dont j'avais banni le nom de famille. Je n'en voulais pas à Zatanna d'avoir posé la question puisque j'avais moi-même lancé le sujet. Aussi je haussais les épaules !

- Le différent, comme tu dis, qu'il y avait entre Bruce et moi n'est pas un secret. Mais il est rare que l'on me pose la question... Je marquais une pause. La réponse est que cet homme m'a trahi alors que je ne souhaitais que le bien de son entreprise et qu'en plus de cela il a tenté de voler mon travail. Résultat : cela à provoquer la mort de Pamela Lilian Isley et je suis devenue qui je suis. Je me taisais. Il était rare que je prononce mon ancien nom ; non, en réalité je ne le faisais plus... sauf lorsque je me rendais sur la tombe de ma mère et que je m'adressais à elle. J'ai eu envie de le tuer pour cette trahison, ajoutais-je ensuite, mais je ne serais pas celle que je suis s'il n'avait pas agit de la sorte. Ma transformation a un peu été la carte chance de Bruce. J'eus un sourire. Mais parler d'envie de meurtre avec une ancienne membre de la Justice League n'est peut-être pas une bonne idée !

Je changeais d'ailleurs de sujet et en revenais au bouclier qui serait mis en place contre les hommes majeurs. Allait-il fonctionné sur des hommes tels que Superman ? C'était un exemple puisque ce dernier avait disparu. J'écoutais avec attention la réponse que me donnait Zatanna. J’acquiesçais d'un signe de tête.

- S'il réapparaissait et venait jusqu'ici, j'imagine que ce serait pour me faire une nouvelle fois la morale. Superman était un boy-scout agaçant à souhait mais il avait l'avantage de savoir ce que cela fait de voir son monde détruit par la bêtise des gens qui y vivent. J'ai toujours eu l'impression qu'il me comprenait un peu...

Mais l'extraterrestre n'était plus des nôtre et j'en revenais au pacte . Il n'y aurait donc pas de contrat écrit... Cela ne me dérangeait pas car, comme le disait Zatanna, si nous devions nous affronter ce n'était pas un bout de papier qui nous en empêcherait. J'eus un léger rire quand la magicienne termina sa phrase.

Sache que je n'ai pas l'intention de m'en prendre à toi... et je ne vois pas pourquoi cela arriverait. Sauf en cas de trahison mais je gardais cette pensée pour moi. Je hochais donc la tête pour répondre. Si un accord verbal te convient il en est de même pour moi. Oh ! J'oubliais... Comment ton bouclier fonctionne-t-il sur les hommes ? Sont-ils blessés s'ils tentent de pénétrer dans la zone qui leur ait interdite ? Ou ne peuvent-ils tout simplement pas passer ?

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La perspective de pouvoir venir se réfugier dans l’Eden d’Ivy et de, comme le disait Candide, cultiver son propre jardin était, à plus d’un titre, une véritable bouffée d’oxygène pour la magicienne. Un peu de « confort », un peu « d’air », un peu de sécurité au gré de ses pérégrinations gothamites… Par les temps qui courent, ça n’a pas de prix, au point qu’il en serait tentant pour la sorcière d’en abuser au point de ne plus vouloir en sortir. Il le faudrait, de toute façon, elle en est bien consciente, mais un peu de répit et un pied à terre à la sécurité relative ne lui feraient pas de mal. Elle hoche la tête en signe d’assentiment quand la belle plante lui demande de garder le secret. Ça lui semble superficiel, dans la mesure où il lui semble évident que c’est connu, et qu’il n’y a que la peur du sort qu’Ivy réserve aux hommes qui protège l’Eden d’un débarquement massif, ainsi que la promesse que rien ne leur sera profitable à long terme, mais elle promet quand même. Elle ne voit pas ce qui la pousserait à parler de ce détail, de toute façon, elle qui vit solitaire.

Toujours aussi posée, et en apparence toujours aussi indifférente, Zatanna écoute les révélations de son associée concernant son ami, Bruce. Lesdites révélations la surprennent à plus d’un titre, même si elle se doute qu’il doit y avoir un nœud de morale douteuse dans l’équation… Elle ne creuse pas cependant, puisqu’elle sait à qui elle a à faire. Ivy n’est pas une sainte concernant la nature humaine, c’est aussi simple que cela. Pour elle, la vie d’un homme vaut moins que celle d’une fleur. Pourquoi pas ? Après tout, les valeurs données à la vie restent subjectives. N’a-t-on pas coutume de dire « une vie pour une vie », lorsqu’on cherche la vengeance ? Si on applique cette maxime à toutes les vies ôtées par l’être humain, même en retirant ce qui est tué pour qu’il mange, la balance pèse bien plus en faveur de la vie sous toutes ses formes, humain exclu. Du reste, Zatanna n’est pas là pour émettre un quelconque jugement de valeur ou se mêler des affaires des uns et des autres… Surtout d’affaires qui ont déjà trouvé leur conclusion et, pour elle qui sollicite la magie tous les jours, elle ne peut que se dire que les tourments par lesquels Bruce a fait passer Pamela Lillian Isley ont donné naissance à Poison Ivy, le jeu en valait la chandelle. Sans autre détail que « avant je travaillais pour Wayne Enterprise » et « Maintenant je commande à la flore »… Zatanna, elle, sait qu’elle n’hésiterait pas une seule seconde.

La magicienne hausse donc les épaules, désinvolte, sourire aux lèvres quand Ivy induit que discuter meurtre avec une membre de la Justice League n’est pas une bonne idée. « La Ligue n’existe plus… » Elle glisse, son sourire se faisant triste… Du reste, c’est trop douloureux à admettre, mais l’état de la ville de Gotham, de Starcity et de Metropolis montre bien toute la largesse de son impossibilité de mettre fin au crime. A l’évocation de Clark, l’air triste du sourire de Zatanna ne fait que se renforcer. Elle ne répond pas, mais n’en pense pas moins. Si quelqu’un est à même de comprendre… Qui d’autre que l’orphelin de Krypton ? Le cœur de la sorcière se serre. Son ami lui manque. Elle détourne donc ses yeux qui s’embuent, et vient lentement se poser en lisière de cet espace qu’Ivy souhaite consacrer à son usage exclusif, celui duquel elle souhaite chasser les hommes. Se frottant les mains, sur le point de se lancer, elle hoche la tête en signe d’assentiment quand Ivy lui assure, sans lui promettre, qu’elle n’a pas l’intention de s’en prendre à elle. Les intentions changent, Zatanna n’est pas dupe, mais elle aussi surtout certaine de pouvoir échapper sans mal à l’Empoisonneuse si elle le souhaite. Elle n’est peut-être pas au meilleur de sa forme, peut-être pas assez pour mettre la belle plante hors d’état de nuire, mais elle l’est bien assez pour lui fausser compagnie. Mains tendue devant elle, au-dessus du sol, elle commence à chercher les mots quand Ivy l’interrompt. « Ils ne seront pas blessés. » Elle laisse tomber, sans appel. En ignorant tout de qui pourrait vouloir passer cette barrière il est hors de question qu’elle y inclus quoique ce soit de douloureux. Le parc est sensé avoir bien d’autres verrous, comme les lianes qui le délimitent ou bien les gardiennes des lieux pour qu’elle n’ait à se salir les mains. « Ce sera comme d’essayer de passer à travers une épaisse gelée. Plus ils avanceront, plus la résistance sera importante, au point de les ramener en arrière. Ils ne pourront pas faire plus d’un ou deux pas. Le criminel Bane devrait pouvoir en faire trois ou quatre, et Superman cinq ou six j’imagine. » Elle hausse les épaules, désinvolte. « Si tu veux, je peux ajouter un effet collant qui te permettra de retrouver les intrus pris dans la barrière comme des mouches dans une toile ? » Elle offre, la perspective l’amusant un peu quand même, elle doit l’avouer… « Et du coup, je me demandais… Tu me permettrais de m’installer un hamac dans la zone tropicale s’il te plaît ? Il y a peu de choses qui me manquent autant qu’une sieste sous les tropiques… » Elle ajoute, visiblement rêveuse…

De la folie ? Peut-être ! Mais je ne m'étais jamais vantée d'être saine d'esprit... D'ailleurs qui m'aurait cru ! Bien que je me fichais magistralement de ce que pouvaient penser les gens de moi. Enfin, tout ça pour dire que je n'ignorais pas que ma décision du moment avait un côté dangereux. Je venais de dire à Zatanna qu'elle était la bienvenue et ce, malgré son statut de membre de la Justice League. Oui... ex-membre ! Et comme la brune le disait si bien ''La Ligue n'existe plus...'' Pour le moment c'était un fait avéré mais cela ne voulait pas dire que nos Supers-Héros ne reviendraient jamais. Je partais du principe qu'il ne faut jamais dire jamais ! Mon pacte avec la magicienne était donc réfléchi... J'assurais mes arrière au cas où... Bien entendu je ne pouvais pas complètement verrouiller mon domaine mais le fait que les hommes ne puissent plus accéder à une certaine partie de ce dernier était déjà un atout non négligeable. Pour le reste je verrais plus tard et mes moyens de défenses étaient hautement performants. Aucun Homme ne pénétrait l'Eden sans que je ne sois prévenu par mes enfants végétaux, puis par mes gardiennes. Bien entendu je faisais moins confiance à ces dernières qu'à mes plantes mais pour le moment jamais aucune de mes protégées ne m'avait trahie, ou n'avait quitter les lieux. Elles étaient bien ici, elles se sentaient protégées parce qu'elles l'étaient.
Aussi je haussais les épaules aux mots de la magicienne et je n'hésitais pas à donner mon avis. Avant cela j'affichais un sourire car j'étais persuadée que la jeune femme espérait le retour de ses amis, qu'elle s'en rende compte ou non.

- C'est vrai Zatanna ! La Ligue n'existe plus... Mais je me suis souvent rendue compte que rien n'est définitif, expliquais-je. Peut-être reviendront-ils un jour, ou peut-être seront-ils remplacés par d'autres qui ne supportent plus d'être opprimés. La roue tourne constamment !

Et lorsque cela arrivera je serai prête, je le serai car je savais que rien n'était réellement acquis dans ce bas monde... C'était d'avantage le cas sur les territoires autonomes. Enfin, de mon côté je ne connaissais vraiment que Gotham et c'était déjà bien suffisant. La ville était dans un état si pitoyable que je faisais mon possible pour ne pas sortir de l'Eden sans raison, je faisais également en sorte que les étrangers s'y introduisent le moins possible.
Concernant ces visiteurs inattendus, et contrairement les rumeurs, je ne souhaitais pas leur mort. Enfin, ce n'était pas le cas si ces parasites n'étaient pas armés ; après je comprenais parfaitement que beaucoup voulaient se réfugier ici. C'était le paradis ! Donc, autant dire que je ne souhaitais pas la mort de tous les hommes de la planète ou simplement de Gotham. Voilà pourquoi je demandais à la magicienne ce qui allait arriver aux personnes appartenant à la gente masculine lorsque le bouclier serait mis en place.
Rien ! Du moins ils ne seraient pas blessés... Il leur serait juste impossible de pénétrer la protection mise en place. Me remémorant les détails concernant Bane ou un type du genre Superman je hochais ensuite la tête.

- Aucune douleur donc... c'est une bonne chose ! Certains hommes ne sont que de pathétiques âmes égarées, expliquais-je. Puis je réfléchissais à la proposition de Zatanna. Un effet collant pour parasite géant ? répétais-je. Cela pourrait être une idée intéressante. J'accepte ! Une fois englués il me sera plus facile de savoir si ces hommes sont de véritables ennemis ou pas. Les clochards sont rarement armés d'armes à feu.

Puis j'arquais un sourcil et un léger rire amusé s'échappa de ma gorge. La demande de la magicienne était inattendue et surtout je n'aurais jamais penser qu'elle puisse me demander la permission pour ça. Mais drôle ou pas, cela me prouvait que Zatanna ne semblait pas décidée à installer ses affaires sans autorisation.

- Un hamac ? Aucun souci. Dans le coin qui va désormais être le tien se trouve un cabanon que je ne compte pas changer de place. Si tu veux, tu pourras y rester quand la pollution et la violence de Gotham te sembleront devenir vraiment insupportable. Il aura juste besoin d'un léger rafraîchissement.
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Bien que Zatanna elle-même l’ait dit plus tôt, entendre Ivy dire à haute et intelligible voix que la Ligue n’existe plus est un crève-cœur. Visiblement, les yeux de la magicienne s’embuent, trahissent l’émotion qui l’étreint. Elle se retient d’éclater en sanglots, se mord la lèvre inférieure. Plus que la Ligue en elle-même, ce sont ses amis qui lui manquent effroyablement. Que ce soit ce bougon de Bruce, la douceur de Diana ou les facéties de Barry et Oliver… Ils sont la famille qu’elle n’a plus, et qu’elle a l’effroyable sentiment d’avoir laissée tomber. Et, paradoxalement, qu’Ivy poursuive en lui disant que rien n’était définitif et qu’ils reviendraient peut-être fait rire la sorcière, qui baisse les yeux, et renifle. « C’est quand même amusant que je souhaite quelque chose que tu redoutes… Les perspectives… » Elle ne termine pas sa phrase, sincèrement amusée, même si effroyablement triste, de l’ironie de la situation. La seule certitude qu’elle a, à ce stade, c’est que Zatanna n’oublierait pas la bienveillance d’Ivy, et sa passivité. L’Empoisonneuse a conquis l’espace qui lui seyait le mieux, sans chercher à l’agrandir par la force, sans chercher à forcer un empire sur le tout Gotham. Par préservation, la magicienne n’en doute pas, mais aussi conquérante qu’aurait pu se montrer la belle plante, elle n’en oublie pas de cultiver son jardin, et prend d’abord soin de ceux qui dépendent d’elle. Pour Zatanna, ça compte énormément.

Sur un ton un peu plus léger, la magicienne explique donc à la gardienne des lieux le principe de son sortilège. Ses lèvres se pincent discrètement quand Ivy utilise le terme « pathétique », mais Zatanna ne relève pas. Elle n’a ni la force ni le courage de défendre la nature humaine aujourd’hui, encore moins dans la zone du blocus. La noblesse a quitté la majorité des cœurs humains. C’est un triste constat, mais un constat quand même, et Zatanna n’a pas d’énergie à gaspiller pour défendre une cause perdue. A la réflexion suivante d’Ivy, en revanche, elle hoche la tête en signe d’assentiment. « Tu pourras déterminer comment ils sont parvenus jusqu’ici, et pourquoi venir dans l’œil du cyclone, quand le reste de l’Eden contient déjà tout ce qu’ils pourraient convoiter. » A priori, en tous cas, de ce que peut estimer Zatanna, puisque les zones de culture ne sont pas en vue. « Et entre nous, je pense que tu trouverais dans ton jardin des clochards désespérés, errant comme des âmes en peine. Venir jusqu’ici est définitivement bien plus suspect qu’une errance hasardeuse. » Elle hausse les épaules, désinvolte.

Et puis… Et puis Ivy rit, à la demande de Zatanna de mettre un hamac, ce qui est plutôt bon signe, non ? Plutôt, oui, puisque l’Empoisonneuse lui propose même de mettre à sa disposition un cabanon. A rafraîchir, certes, mais avec la magie… Les yeux de la sorcière se mettent à pétiller d’envie. « En fait… » Elle trépigne légèrement d’un pied sur l’autre, mal à l’aise… Avant de se lancer. « En fait, je n’en peux plus, de Gotham. Je suis épuisée de fuir d’une cachette à une autre, tout en espérant que… » Elle s’interrompt abruptement, prête à parler de la poursuite de laquelle elle fait l’objet, et de sa peur des mafieux. « [color=#16BFB2]J’abuse, je sais que j’abuse, mais tu crois qu’il serait possible que je passe d’avantage de temps ici que dans les rues ? Ou qu’au moins, si je ne trouve pas où me cacher, je puisse venir passer mes nuits ici ? » C’est beaucoup demander, en plus d’être imprudent, mais Zatanna pense naïvement qu’Ivy aura pitié d’elle, et qu’elle n’aura pas nécessairement à lui expliquer pourquoi… Pourquoi est-ce qu’elle craint autant d’être dans les rues, pourquoi est-ce que cette retraite lui changerait autant la vie… « Si tel était le cas… Tu crois que tu m’autoriserais à ensorceler tes gardiennes pour qu’elles ne puissent jamais m’évoquer ? » A cette demande, le regard de la magicienne s’est considérablement durci. Personne ne doit pouvoir parler d’elle. Si elle doute qu’on vienne interroger Ivy, ou d’en subir lourdement les conséquences, ses gardiennes étaient une autre paire de manche. Elles pouvaient être enlevées, brutalisées, torturées… Fut un temps, Zatanna aurait d’avantage craint pour elles que pour elle-même… Mais la captivité et le blocus l’ont profondément changée, ont révélé chez elle un instinct de survie, une propension à chercher à s’en sortir, coûte que coûte, qui lui fait honte… Elle la sent, grouiller dans ses entrailles, comme un monstre… Un monstre résistant, tapis dans l’ombre, qui attend son heure… Et qui lui souffle qu’elle ne doit prendre aucun risque.

Est-ce que je redoutais le retour de la Justice League ? A vrai dire je ne m'étais jamais posé la question car j'étais persuadée que les autres Boss et moi-même n'aurions pas la paix indéfiniment. Je ne prétendais pas que celles et ceux qui avaient disparus allaient revenir même si cela n'était pas impossible, rien ne l'était ! Mais d'autres pourraient les remplacer. Ces jeunes héros qui avaient tenté de faire le bien par exemple et qui essayaient sûrement encore ; ou l'armée se déciderait-elle peut-être à intervenir. Cette pensée me fit sourire... L'armée ! Une bande de lâches. Finalement je barrais les militaires de ma liste des sauveurs.
Cessant le vagabondage de mes pensées je fixais la magicienne en haussant les épaules très légèrement.

- Ce n'est pas le retour de tous les Supers que je redoute. Un seul s'est amusé à contrecarrer tous mes plans... ou presque, dis-je en affichant une moue irritée très brièvement. Mais ne remuons pas plus le couteau dans la plaie, terminais-je en remarquant que la conversation touchait vraiment Zatanna.

Blesser gratuitement pouvait être amusant mais là ce n'était pas le cas et mes cibles étaient principalement des hommes. C'est d'ailleurs de ces derniers que je voulais protéger la partie centrale de l'Eden... La raison n'était pas seulement due au fait que je me méfiais de la gente masculine. Je m'étais très vite rendue compte que les intrus qui s'aventuraient assez loin pour que j'intervienne moi-même étaient des hommes.
Attentive, j'écoutais les propos de la magicienne. Comme beaucoup, elle pensait que les intrus se retrouvaient dans l'Eden pour me voler, pour squatter et pour faire on ne sait trop quoi en apprenant que des femmes y vivaient cachées. Mais il n'y avait pas que cela comme raison aux excursions dans mon domaine.

- Tu as raison Zatanna ! Les intrus que j'ai attrapé au cœur de l'Eden n'étaient pas que de simples âmes égarées, lui accordais-je. Dans un premier temps, il s'agissait souvent d'espions. Les accords qui lient les Boss entre eux m'empêchent pas l'espionnage... Ceux qui ont été envoyés ici n'ont jamais rien eu à raconter. On ne peut dire ce qu'on a oublié. Et ils n'ont jamais vu de choses importantes, telles que les cultures. Je marquais une pause. Cependant, il y a peu, je me suis rendue compte que pas mal de types qui s'aventurent ici ne sont ni des voleurs, ni des espions... mais des messagers ou des dealers ! Ils cherchent à utiliser l'Eden comme raccourci pour relier l'Uper East Side au Gramercy Row ou passer du Diamond District au Coventry. Ils sont rapides et ne cherchent pas forcément d'ennuis mais ils restent dangereux à cause de ce qu'ils pourraient voir. La barrière leur fera donc reprendre leurs anciennes habitudes.

Puis la discussion devint plus légère, plus amicale ; cela en était presque étrange mais ça ne me dérangeait pas. J'eus même un léger rire à la demande de la magicienne... Mais si elle voulait se détendre ici pourquoi serais-je contre ? Elle allait offrir deux points positifs non négligeables à l'Eden et c'est pourquoi je lui proposais également d'utiliser le cabanon qui se trouvait sur la parcelle que je lui avait dédiée.
Cependant je comprenais bien vite que Zatanna semblait vouloir demander autre chose. Je la fixais avec une curiosité grandissante quand elle commença à parler de sa lassitude envers Gotham. Je hochais la tête, la comprenant parfaitement. Et je voyais où elle voulait en venir... mais quelque chose me laissait pensive et hésitante !

- Ce n'est pas abusé que de vouloir vivre dans un endroit sans pollution, sans violence continue, sans tout ce chaos, déclarais-je simplement. Si tu veux passer plus de temps ici que dans les rues de Gotham, tu es la bienvenue... Il faudra juste rajouter quelques petits plus au rafraîchissement du cabanon alors, rajoutais-je avant de préciser, histoire que tu te sentes à l'aise. Par contre tu ne pourras ramener personne ici... à l'exception faite que je connaisse et apprécie cette personne. Puis je me taisais et je réfléchissais. Il n'y a que cette histoire avec mes gardiennes... j'aurais préféré utiliser mes toxines d'amnésie. Mais le corps s'immunise lorsqu'il est souvent exposé à la même toxine... et concernant mes créations... Je ne veux pas exposer les personnes vivant ici à ces dernières. Je prenais une légère inspiration. Tes sorts ne sont pas dangereux à courts et longs termes ?

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Elle doute sérieusement, Zatanna, que Poison Ivy soit le premier des boss auxquels Batman voudra faire sa fête à son retour… Elle connaît Bruce, elle connaît ses principes, et elle sait qu’il peut entendre le discours, au moins en partie, de l’Empoisonneuse. Elle tient ses positions, protège les gens qui se placent sous son autorité, et ceux-ci connaissent indubitablement un bien meilleur sort que les esclaves de Bane ou du Joker. Eux ont besoin d’être dérouillés, rapidement. De même que le Sphynx, et l’Epouvantail. Mais voilà, ils sont nombreux et leurs sbires le sont tout autant. Ils sont parvenus à instaurer un statut quo, même si fragile, entre eux. Quel est le pourcentage de chances qu’ils acceptent de reculer plutôt que de s’allier contre la chauve-souris ? La situation est critique, et Zatanna craint pour son ami… Comme le dit Pamela, inutile de remuer le couteau dans la plaie, et elle est reconnaissante à la belle rousse de laisser mourir ses réflexions à ce sujet.

Concernant les dealers et messagers qui traversent son domaine, la magicienne ne peut empêcher une expression de surprise s’emparer de ses traits. « Vraiment ? Ils sont audacieux ! » Loin de mettre la parole de son hôtesse en doute, elle s’étonne cependant qu’on puisse se montrer aussi bêtement imprudent… Sans être d’une cruauté gratuite et conquérante, Ivy avait déjà prouvé ne pas faire dans la dentelle, et être assez imaginative et puissantes pour plonger les êtres humains dans des états pires que la mort… Cette femme est le paradoxe même de la nature, nourricier quand ça la chante et aussi destructrice et meurtrière qu’une éruption volcanique… La Terre a décidément choisi la parfaite ambassadrice de sa cause… « Quoiqu’il en soit, la barrière sera efficace. Je te le promets. » Elle assure, d’une voix ferme, parfaitement confiante dans ses capacités. Il ferait beau voir qu’un simple humain passe à travers de l’un de ses sorts… Sa récente captivité l’a beaucoup ébranlée concernant ses propres capacités, mais pas à ce point-là, pas quand elle peut prendre son temps pour penser la formule, et la jeter sans la moindre pression. Un sort simple dans des conditions simples…

… Comme le sort qu’elle souhaite réserver aux gardiennes d’Ivy. Ivy, qui se montre réticente. Zatanna comprend rapidement pourquoi et lève tranquillement la main en signe de paix. « Je me suis mal exprimée, pardon. Il s’agit moins d’un sort d’amnésie que d’un blocage mental, qui vise à rendre tes gardiennes incapables de m’évoquer, ma magie ou moi. » Elle marque une petite pause, pour laisser le temps à Ivy de comprendre, avant d’expliquer plus avant. « Concrètement, l’idée ne se figera jamais assez dans leur cerveau pour que la parole s’en suive… ça sera pour elle la même sensation que d’avoir un mot sur le bout de la langue, sans jamais parvenir à remettre le doigt dessus. » Elle sourit, tranquille. « Mes sorts ne dégénèrent pas avec le temps et ne dépassent jamais leurs prérogatives, et étant donné que ce n’est pas une drogue, il n’y a pas d’effet d’accoutumance. Elles ne seront en rien diminuées, ni physiquement, ni mentalement. Elles pourront interagir avec moi sans le moindre inconfort si elles en ont le besoin, mais dès que l’idée de ma magie ou de moi devra se former de soi dans leur esprit… Elles en seront incapables. Comme quand en arrivant dans une pièce, tu oublies ce pourquoi tu es là.» Elle hausse les épaules, avec un sourire d’excuse. Le sort a l’air drastique, mais Zatanna, elle, ne voit pas le problème. Si elle ne doute pas que les gardiennes d’Ivy sauraient tenir leur langue, elle ne veut pas prendre le risque de les voir soumises à de la torture… Qui n’aurait aucun effet. Ce serait bien trop cruel. « Je peux comprendre tes réticences, c’est pour ça que je te demande avant de le faire… Si tu refuses, je ne pourrai malheureusement pas rester et mes visites seront aléatoires et parfois très espacées… » Son sourire fané, son visage s’est visiblement rembrunit, durci. « Comprends que je ne peux pas prendre le risque que qui que ce soit sache où me trouver… » Elle affirme, à nouveau particulièrement incisive et péremptoire.

Pour survivre certains n'existaient pas à mettre leur vie en danger en défiant les Boss, moi comprise. C'était paradoxal mais c'était pourtant ce qu'ils faisaient. Les délais de livraison fixés par leur chef étaient trop courts pour qu'ils puissent faire le tour du parc alors ils tentaient de le traverser. Plan intelligent mais qui était plus semblable à une mission suicide ! C'était en attrapant l'un d'eux que j'avais eu ces informations. J'aurais pu le tuer mais je m'étais contenté de lui faire oublier ce qu'il aurait pu voir ici. Cela lui avait peut-être fait perdre sa destination mais ce n'était pas mon problème. Je n'avais pas son sang sur les mains ! Et puis quel intérêt j'aurais eu à neutraliser un type qui ne nuisait pas à l'Eden. Il n'avait rien abîmé, rien volé.
Le deuxième livreur avait eu moins de chance lui. Il transportait de la drogue et était, contraire au premier, assez agressif pour que cela m'agace. J'avais peut-être une alliance avec le Joker mais en aucun cas je ne l'avais autorisé à utiliser mon paradis végétal comme raccourci. Ce livreur ne livrerait donc plus rien...
Aussi je haussais les épaules aux paroles de Zatanna.

- L'envie de survivre fait faire des choses folles aux hommes... et aux femmes ! Car il y a aussi des livreuses. Mais je ne peux pas complètement verrouiller l'Eden vis-à-vis des personnes qui vivent ici. Visiblement je ne suis pas la plus terrifiante des boss de Gotham ce qui n'est pas pour me plaire quand on entre dans mon domaine comme dans un moulin, ajoutais-je agacée.

Mais très vite un sourire apparut sur mes lèvres lorsque la magicienne me garantit que sa barrière serait efficace. Avec ce problème en moins sur la conscience je pourrais me concentrer sur autre chose. Plusieurs projets me venaient déjà à l'esprit mais le moment était mal choisi pour ce genre de réflexions.

- Je te crois sur parole Zatanna. J'espère juste que je ne perdrais pas trop de temps à récupérer les parasites qui se feront prendre dans les mailles de ce merveilleux piège.

Puis arriva une demande que je n'avais pas anticipé de la part de la jeune femme et qui me mettait sur la défensive. J'étais la première à savoir qu'il pouvait être dangereux de jouer avec l'esprit humain et si je m'amusais à le faire parfois je n'avais pas forcément envie qu'une personne fasse de même avec les personnes que je protégeais.
Ça aussi c'était nouveau. Poison Ivy qui protégeait des humains ! On me l'aurait dit que je ne l'aurais jamais cru. Bien sûr cela ne se faisait pas au détriment de mes véritables enfants. Concentrée, j'attendais donc les explications de la magicienne pour voir ce que ce sort allait véritablement faire à mes gardiennes.
Les indications de Zatanna étaient claires. Je comprenais très vite que ce tour visait à la protéger elle mais aussi mes protégés. Il ne semblait pas y avoir d'effet indésirable quand on l'écoutait. Je hochais donc la tête, pensive.

- Il m'arrive souvent d'arriver dans un endroit en oubliant ce que je venais y faire... C'est pénible mais non mortel en effet, avouais-je. Dans le cas contraire je serais six pieds sous-terre à servir d'engrais. Je marquais une pause. Si tu me garantis que ton sort ne sera pas dangereux pour mes gardiennes je ne vois pas pourquoi je m'y opposerais pas. Autant que tu sois en sécurité ici. Je comptais également t'indiquer une entrée du parc que personne ne connaît puisque je l'ai moi-même créée. Tu pourras arrivée jusqu'à tes quartiers en toute discrétion si tu le souhaite...

Le pacte se finalisait et j'en étais assez contente. La seule ombre au tableau était l'ancienne appartenance à la Justice League de la magicienne. Pourtant, aujourd'hui, je faisais taire mes aprioris ! Et puis les supers-héros n'étaient plus parmi nous.

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Sans peine, Zatanna peut comprendre l’ambivalence de la situation d’Ivy, et le sentiment mi-figue mi-raisin qui peut l’étreindre quant au manque de crédibilité qui peut être le sien. Sans rien dire, elle baisse les yeux. Elle a parfois eu ce sentiment aussi, dans la Justice Ligue, d’être considérée comme ayant moins d’impact, moins de « forces » que Clark ou Diana. Ce n’est jamais très plaisant pour l’égo, surtout quand on sait ce qui sommeille en nous… En l’occurrence, Ivy sait qu’elle peut sévir, et se montrer cruelle, et punir avec l’imagination du plus pervers des tortionnaires si elle le souhaite… Mais qu’on ne la redoute pas, malgré ce pendant lattent, en raison d’autres aspects de personnalité plus tendre est indubitablement frustrant. Si elle ne devait plus inspirer de crainte, si elle devait en arriver à ne plus susciter la moindre peur, alors son paradis serait envahi… Elle compatit, donc, Zatanna, et s’interpelle de voir que des projets puissent tenir à si peu de choses, et comment sans s’en rendre compte, l’autre nous pousse à devenir ce qu’on ne veut pas être…

Cela étant, l’Empoisonneuse soulève un point très juste quand elle parle de la relaxe des personnes prises dans le filet de son sort… Zatanna réfléchit. Elle va devoir intégrer le même sort d’oubli que celui qu’elle compte intégrer aux gardiennes dans la barrière, histoire que les petits malins ne puissent colporter la rumeur selon laquelle Ivy s’appuierait sur les talents d’une magicienne… Cette rumeur ne passerait sans doute pas au travers du radar de Falcone, ce qui donnerait son emplacement au mafieux, avec tout ce que ça représente… La magicienne frisonne à l’idée que ses hommes lui tombent dessus au sortir de l’Eden… Elle déglutit, et finit par hausser les épaules. « Ça dépendra d’eux. En espérant qu’ils ne réitéreront pas l’expérience. »

C’est avec un soulagement visible que Zatanna accueille le consentement de Poison Ivy concernant ses gardiennes. « Je te remercie. Je t’assure qu’il n’y aura pas d’incident avec ce sortilège. » En tous cas, tant que personne d’autre n’y toucherait. La perspective d’une entrée dérobée qu’elle pourrait utiliser finit de lui rendre son sourire. La bulle qui entourait sa tête jusqu’ici éclate dans un POP sonore, en une multitude d’autres bulles, qui tombent doucement ou se laissent emporter par le vent. « Ça serait parfait. » convient Zatanna, avec gratitude, avant de se frotter les mains. « Bien… Je te propose donc de m’occuper d’abord de la barrière, puis de tes gardiennes, et ensuite on ira voir l’entrée ? Et puis après, si tu le souhaites, on pourra transformer un peu ce cabanon... » Elle propose, avec énergie, des étincelles bleutées s’échappant déjà du bout de ses doigts…

[Hj : je te propose d’en finir là du coup :) Merci pour ce RP tout bien Pam ! :D]