Souvenir, souvenir

Sujet: Souvenir, souvenir Dim 21 Juin - 10:07

La brûlure, mordante, déchirante. D’abord petite, puis immense. C’était toujours ainsi. Passive, elle regardait le liquide épais être transféré dans son corps, que pouvait-il bien se passer de grave ? Tout irait bien qu’on lui avait dit. Naïve petite fille. Une seringue, deux, trois. C’était presque apaisant que de voir le liquide disparaître avec douceur des fioles, tout était fait selon un rythme établis, un protocole précis. Puis la brûlure, d’abord petite, un rond minuscule autour des aiguilles qui avaient été implantées, puis immense. Mordante et déchirante, avançant inexorablement, broyant impitoyablement.
C’est là que ça avait dérapé.
Elle se souvenait de ces regards impassibles, peut-être même encore plus terrifiants que la douleur. Aucun mot rassurant, juste un silence crevé par ses larmes et ses cris. Elle n’avait même pas eu le loisir de bouger ni de s’arracher cette peau bouillonnante et insupportable avec ses petits ongles.

Des regards froids et des flammes, des dents ténébreuses qui se referment tandis que l’esprit finit par lâcher. Ça y est, elle se faisait engloutir. C’était toujours à ce moment, avant d’entendre le claquement des crocs briser totalement son corps et son âme qu’elle se réveillait, en sueur le souffle court et la gorge nouée de cris silencieux. Tara était toujours un peu désorientée à son réveil, puis elle voyait cette lucarne qui laissait filtrer les lueurs de la ville et elle savait alors que ce n’était qu’un rêve. Son regard coula vers l’horloge, 3 h.

Soupir.
Il faudrait attendre encore.

Tara détestait les hôpitaux, trop de souvenirs s’associaient à cette ambiance aseptisée qui était les leurs. Mais les nuits s’enchainaient, toujours aussi courtes et épuisantes, et elle ne pouvait plus continuer comme ça. Se mordant l’intérieur de la joue, une main pétrissant nerveusement son bras et son pied tapant le sol dans une cavalcade inépuisable, elle attendait son tour.

« Ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser, »

Litanie répétée en boucle dans une tête qui s’encombrait d’un trop-plein de pensées.
Enfin un docteur la prend en charge, mais rapidement l’échange tourne court. Il ne l’écoute pas vraiment, son regard est froid, il ne veut pas lui donner des somnifères. Les mots sonnent faux à l’oreille de Tara. La fatigue et l’angoisse laissent doucement la place à la colère. « Comment ça ? vous ne pouvez pas me donner de somnifères ? J’ai attendu trois, putain, d’heure, pour que vous me lâchiez ça en 2 secondes sans même m’écouter ? » « Écoutez nos stocks de médicaments sont précieux surtout par les temps qui court, le manque de sommeil n’ayant jamais tué personne …»

La colère rugie déposant son voile rouge sur les prunelles de la jeune femme. Ho il va les lui donner ces somnifères. Le ton monte, sans nul doute que tout le couloir doit les entendre. Il n’avait même pas pris le temps de fermer la porte, voulant sans doute s’en débarrasser rapidement. La colère c’était bien, salvateur, elle l’arrachait à l’anxiété qui la broyait constamment. Mais parfois la colère lui faisait perdre ses moyens et provoquait des catastrophes. Alors, il fallait faire attention.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Sam 11 Juil - 0:58

Gotham Academy, ou « Sphynx Academy » comme Roxana aimait surnommer. Si le lieu avait été grandement préservé et semblait être un semblant de havre de paix pour exercer son métier de médecin, l’agent n’était pas dupe. Ce n’était qu’un territoire parmi d’autres dans cette quête constante du pouvoir absolu. A l’heure actuelle, l’établissement était encore debout et capable d’accueillir bien du monde, car le grand Maître des lieux avait convenablement mené sa barque dans cette guerre de gangs. Pourtant, dès qu’il commettrait l’erreur fatidique, ou qu’il fera preuve d’une faiblesse impardonnable, Gotham Academy et ses samaritains seront les premiers à souffrir.

Sans surprise, l’agent n’était guère à son aise. Elle se contentait de soigner à hauteur de ses besoins pécuniers : elle ne s’impliquait guère plus. Aucune implication mènerait à l’antipathie générale – tant des patients que des collègues –, mais une trop grande implication était un allé simple vers le surménage – et en l’état, la mort par suicide. Cette philosophie s’appliquait aussi aux situations tendues : il n’était pas rare que certaines personnes explosent de colère, car le médecin refusait de prescrire certains médicaments ou à soigner certaines personnes. En règle générale, les hommes du Sphynx ne tardait pas à intervenir, pour virer le fauteur de troubles – voire lui offrir quelques coups, pour lui apprendre les bonnes manières.

Et pourtant, ce jour-là, la brunette ne passa pas son chemin. Au contraire, elle s’arrêta dès qu’elle vit du coin de l’œil la dame qui hurlait. Le temps d’une seconde, l’agent prit le pas sur l’alias : il se rappelait de cette frimousse blonde, d’une précédente mission donnée par la Ligue des Ombres. L’objectif avait été d’infiltrer l’équipe en charge d’une expérimentation humaine. Elle s’y était attelée, en optant pour une coiffure très courte, colorée en noir. Un maquillage très terne mais suffisamment travaillé pour donner un semblant de cernes. Enfin, un détail physique avait été ajouté : une mouche qui ressemblait terriblement à un grain de beauté, pile sur la pommette. Il fallait toujours attirer le regard d’autrui sur une partie du corps ou une partie du visage. Jamais la « totalité », au risque d’être reconnue ailleurs.

Toujours est-il que reconnaître la demoiselle mis à mal l’agent. Pouvait-elle ignorer une bombe humaine, au risque que la place soit réduite en cendre ? Est-ce que la Ligue la punirait de ne pas avoir saisi cette chance d’approche une survivante à ces expérimentations, et récolter des informations à son sujet ? Deux questions légitimes dont les réponses décidèrent de la suite de ses actions. Son talon, une vieille chaussure qui avait survécu aux vols, claqua sur le sol intact, indiquant son arrivée aux protagonistes.

- Mademoiselle, je m’excuse grandement pour l’insensibilité de mon ami. Cependant, je vous prie aussi de faire preuve d’empathie à son égard : nous avons bien des demandes, et très peu de moyens à répondre aux besoins de tous. Nous n’avons guère le choix, bien souvent.

Blâmer entièrement une partie était la pire décision qu’un médiateur pourrait prendre. Il fallait souligner les erreurs comme les qualités de chacune, et ainsi trouver un terrain d’entente – ou du moins, rendre les deux parties un brin plus aimables et plus à l’écoute.

- Je vous prie de me suivre. J’ai peut-être encore du stock par rapport à votre demande , indiqua Roxana.Par contre, je dois obtenir un brin plus d’information vis-à-vis de votre mal. Je suppose que vous désirez des somnifères comme un problème d’insomnies. Est-ce pour vous ou pour un proche ?

Un autre avantage à sélectionner ses patients, en qualité comme en nombre, était la possibilité d’avoir du stock pour des situations inattendues.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Dim 12 Juil - 17:43

Dans la pièce miteuse à la peinture décrépite, Tara regardait le médecin sans réellement le voir. Leurs visages se superposaient, docteur, scientifique, blouse - et lunette souvent- des ennemies, mais des ennemies indispensables. Ils lui renvoyaient sans cesse sa situation, lui rappelaient sans le savoir son statut de monstre de foire, son ignorance sur son corps et ses capacités. Elle avait bien essayé de se réapproprier son identité, tatouant cette peau blanche de-ci de-là, la perçant même par endroit. Mais elle ne s’était jamais senti ni mieux, ni pire. Tara restait une inconnue pour elle-même et l’idée de se dire qu’il en serait toujours ainsi se rajoutait à la longue liste de ce qui lui faisait peur.
Epuisée, furieuse, elle était à deux doigts de laisser ses pulsions guider la danse, ne plus réfléchir et juste laisser exprimer ses envies les plus primaires. Faire du mal à celui qui faisait souffrir, qui refusait, prendre par la force, comme il était de coutume ici.

Simplement, ne plus réfléchir. Quitte à se trahir, qu’importait dans le fond si ses cauchemars avaient raison d’elle avant tout le reste.

Si elle ne prêta pas attention aux claquements qui se rapprochaient avec détermination, la voix claire qui tonna la surprit suffisamment pour la faire sursauter. Concentrer sur l’homme et son visage de marbre, elle ne l’avait pas vu venir. Tara n’aimait pas cet endroit, ce qu’il pouvait représenter, c’était comme frotter ses plaies avec du papier de verre.

Mais l’intervention de la femme eu pour effet de désamorcer un peu la situation, cette voix, elle ne l’aimait pas, sans trop savoir pourquoi, simplement parce qu’il s’agissait d’un nième médecin moralisateur et bien pensant. Oui, ce devait être ça. Elle n’aimait pas sa voix, mais voulait-elle pour autant refuser la main tendue que l’inconnu lui offrait ? Dormir devenait une nécessité, elle ne saurait dire pourquoi la récurrence de ses cauchemars était aussi importante en ce moment, mais elle n’arrivait plus à le gérer. Alors…oui, oui bien sûr elle prendrait cette main, quand bien même Tara détestait aussi viscéralement ces personnes.
La veille elle avait même failli se faire écraser par une des voiture qu’elle réparait pour n’avoir pas suffisamment sécurisé les machines qui la soulevaient. Elle en devenait dangereuse pour elle-même, ce n’était dans le fond pas vraiment un choix donc.
C’est avec une mine renfrognée et un ton encore plein de colère qu’elle répondit. « moi. »

N’était-ce pas évident ? Et malgré toutes les malédictions qu’elle pouvait lui jeter en son for intérieur, Tara se retrouvait à suivre ce nouveau docteur, son dos en guise de guide. Elle la mena vers une nouvelle salle, plus à l’écart, plus petite aussi, lui semblait-il. Tara refusa de s’asseoir, elle voulait simplement ces foutus médocs et repartir fissa, pas boire le thé avec cette femme.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Lun 17 Aoû - 23:57

L’agent n’avait pas recruté par la Ligue dans le but d’en faire une arme humaine. Au contraire ! Le but de cette sombre Organisation était tout autre : Elle désirait avoir à sa solde des Caméléons, capable d’infiltrer toutes les strates et cercles sociaux de la société, dans les quatre coins du monde. Ces précieux agents au grand jeu d’acteurs et aux talents multiples étaient leurs yeux et leurs oreilles.

Cependant, ce n’était pas un talent « inné ». Bien des paramètres avaient été scrupuleusement pris en compte. Chaque enfant recruté devait avoir un patrimoine génétique exceptionnel, et être le représentant « physique » d’une ethnie ou d’une population particulière. En effet, comment pouvait-on s’incruster dans une organisation extrêmement chauvine si l’individu ne présentait pas les mêmes caractéristiques que le reste du groupe ? Un loup ne pouvait pas, décemment, inviter un chien dans sa meute. Il n’était pas question de racisme, mais de « praticité ».

L’agent faisait partie de cette sélection sordide. Arrachée aux bras de sa mère avant même qu’elle ne fasse ses premières dents, elle a été amenée dans un huis-clos des plus vastes – comme une île – dont la localisation lui est encore inconnue aujourd’hui. Rien n’a été laissé au hasard dès l’instant où ses petits pieds se posèrent sur un lit qu’on lui avait attribué. Ses repas, ses attributions, ses entraînements, ses prétendus amours ou colères, ses sommeils, ses lectures, ses hobbies, ses études… on lui apprenait à être une nouvelle personne. L’identité empruntée était à jouer pendant une certaine durée, allant de quelques jours à quelques heures à peine.

On pourrait croire, à l’image de quelques scénarios grotesques, qu’un numéro lui avait été attribué à défaut d’un prénom, dans le but d’éviter d’humaniser de trop l’agent. Nullement ! Elle était appelée par l’alias qu’elle avait à jouer. Un jour elle était Lana Lang, le second jour Bobby Parker et l’heure suivante Xiao Feng. Fille ou homme, qu’importe : les rôles étaient joués par tous. Ainsi, tout le monde pouvait être Lana Lang, Bobby Parker ou Xiao Feng. Et tout le monde était privé d’une identité propre, ou même du luxe d’un numéro.

Un travail de longue haleine qui avait fatigué mentalement une bonne partie des recrues, entraînant des cas de ruptures phénomènes et psychotiques ou des troubles de personnalités multiples. L’agent, qui était aujourd’hui Roxana Osmani, avait survécu. Car, elle savait « compartimenter » ses sentiments et ses souvenirs. Elle avait reconnu Tara, et un court instant elle avait été perturbé. Cependant, aussitôt, elle s’était souvenue qu’elle était « Roxana Osmani », médecin qui n’avait absolument aucun lien avec ce sujet d’expérimentation. Alors, l’agent enferme toutes ses interrogations gênantes et perturbantes sur cette troublante rencontre dans une chambre insonorisée au plus profond d’elle-même, qu’elle se promit d’ouvrir le soir même lorsqu’elle ferait le point de la journée.

Arrivée dans une petite pièce divisée en deux par une tente, elle referme la porte derrière. A coté, elle entend des pleurs étouffés : sûrement une énième blessure à anesthésier. Malheureusement, elle n'avait pas encore le luxe de choisir son binôme de "pièce".

- Je me présent, je suis Roxana Osmani. Je consulte si le paiement promis est respecté, et s’il est à la hauteur de la prestation fournie, commença-t-elle à dire. Je peux comprendre que la fatigue est très difficile à gérer, et qu’elle entraîne une forme de morosité, voire même de dépression, mais nous n’avons plus vraiment le luxe de jouer les médecins compatissants ou les psychologues oisifs. Alors, parlons franchement mademoiselle, qu’avez-vous à offrir pour une boîte de somnifères ?

Roxana jouait son rôle, traitant cette blondinette comme un autre. Et pourtant, l’agent neutre allait se mêler et un tantinet assouplir le caractère peu scrupuleux et des plus opportunistes de son alias. Le médecin allait accepter l’offre, d’une façon ou d’une autre et pour diverses – justifiées ou injustifiées – raisons. La brunette espérait simplement que cette dernière ne serait pas trop stupide ou ridicule, et qu’elle ne nécessitera pas un assouplissement improbable et qui pourrait mettre en danger sa couverture.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Ven 28 Aoû - 20:44

Comme un masque qui avait été enlevé, il sembla à Tara que la femme qui lui faisait face écaillait d’elle-même le vernis de bienveillance crasse seyant si bien à la caste médicale. Les formes étaient toujours bien trop présentes, enrobées de cette concupiscence qui l’insupportait tant. En toute franchise, même si cette femme avait été une sainte à tout égard, elle lui aurait tout de même été antipathique, par principe, par rancœur, par mille et une autres choses que Tara n’était même pas capable de voir, ni même de comprendre.
Elle se mâche la langue la jeune femme. Cet endroit lui foutait la tête en l’air, le manque de sommeil et les filaments des cauchemars s’accrochant encore à sa conscience lui donnaient l’impression d’avoir des papillons dans la tête qui remuaient toutes ses pensées dans un chaos insupportable. Chaque petit mot venait l’aiguillonner à outrance, brisant une peau soudain devenue de verre. Bla bla bla, mais quelle pipelette, par tous les psychopathes de Gotahm, était en substance la seule chose qui survivait à la bouille informe de son crâne….« Tant de rond de jambe pour en arriver là… »

Alors oui, se montrer désagréable n’était précisément pas la bonne idée quand on voulait obtenir une faveur, mais l’endroit et la fatigue faisait bien plus d’effet à Tara qu’une gueule de bois suite à un abus de mojito. Elle aurait préféré se trouve à mille et un autres endroits qu’ici, sur une plage par exemple, à profiter de la mer ou d'une piscine, sur un transat et serviette à la main, à farnienter au soleil par exemple. Oui, tout, plutôt que ce lieu.
Mais bon les voyages n’étaient plus possibles désormais, et elle était coincée avec ses cauchemars. Elle soupire, Tara, passe la main dans ses cheveux et s’excuse de mauvaise grâce, oui elle devait avoir ces foutus médocs. « Je… désolé. Enfin bref, j’ai de l’essence, un litre sur moi, plus caché… ailleurs. Je pense que ça devrait être suffisant ? »
Liquide précieux qui ne servait pas qu’à faire rouler des voitures certains groupes électrogènes s’en gavaient également, ça et d’autres ustensiles bien utiles, mais désormais quasiment morts faute de combustible. Au pire, cela restait une bonne monnaie d’échange pour ceux ayant des véhicules à moteur. « Je n’ai pas besoin d’une trop grosse quantité, de toute façon les junkies du coin auront vite fait de me braquer s’ils se rendaient compte que j’avais ce genre de produit sur moi. J’ai juste besoin de pouvoir faire une nuit, au moins une. »

Bien sûr, la drogue en elle-même était une alternative, mais elle savait que plonger dedans serait un aller sans retour. Une noyade dont elle ne sortirait pas, pas dans le contexte de cette ville. Personne n’irait lui jeter de bouée pour venir la récupérer de ce genre de faux pas. « Écoutez, je n’aime pas les hôpitaux, même à moitié détruits, je n’aime pas cette peinture blanche immaculée, même salie de poussière, ça me met… mal à l’aise, disons, donc si on pouvait juste…. Je sais pas, arrêter d’y mettre les formes et juste aller au fait. »

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Mer 30 Sep - 20:12

L’agent prenait note de chaque détail de cette rencontre particulière. Elle analysait les différentes postures pour tenter d’identifier l’état psychologique, elle se montrait attentive au ton employé et tentait de trouver une corrélation entre le langage corporel et le langage actuel et enfin, elle enregistrait dans cette mémoire d’éléphant chaque mot prononcé par Tara. En somme, à l’insu de cette dernière, l’expérience continuait. A la différence que la fidèle membre de la Ligue n’était pas entourée par une équipe de chercheurs et par des gardes et n’avait pas le moindre matériel à disposition pour la maitriser ou la calmer.

- Il est assez commun que les personnes qui fréquentent beaucoup les hôpitaux en viennent à détester le bâtiment, pour ce qu’il représente. Dès lors, j’ai des doutes pour votre demande. Selon vos antécédents, les médicaments que j’ai à disposition, ou tout autre mélange de ma propre composition avec les produits de fortune, pourraient vous être fatale. La question n’est pas votre vie même, mais plutôt le gâchis potentiel d’un médicament pour un cas condamné. Dès lors, en plus de ce fameux paiement, j’aurais besoin de connaitre vos antécédents médicaux ainsi que vos allergies.

La brune savait parfaitement qu’elle risquait un peu trop en prolongeant cet entretien et en continuant à parler autant. Pourtant, l’occasion était définitivement trop belle pour la laisser passer. Elle ne doutait pas un instant que la Ligue serait contente d’avoir l’information suivante : Tara Markov, une étrange gamine, était à Gotham. Elle pouvait être un atout, comme un danger. En somme, un pion à prendre en compte dans un quelconque futur plan.

En parallèle, Roxana réfléchissait au produit à donner à la blonde. En effet, il était hors de question qu’une fille avec de tels talents cause des dégats quelconque par « manque de sommeil ». Du moins, pas tant que ses chefs ne lui auront pas donner des instructions claires à ce sujet. Or, les patients ayant été victimes d’expérimentations développaient une certaine « habitude » à certains produits. Dès lors, certaines molécules dans certains médicaments pouvaient causer soit une addiction, soit la mort … soit « rien ».

- Pour les somnifères, en toute honnêteté, si vous avez de antécédents hospitaliers, et si vous arrivez à me convaincre que je ne vais rien gâcher, vous allez devoir revenir à quelques reprises. Par précaution, je souhaite démarrer par une petite dose. Puis, selon vos réactions et vos besoins, nous devrons monter ladite dose. Les prix suivront, évidemment.

Les prix suivront selon les instructions de ses chefs. Si ces derniers ordonnaient que la blondinette dort paisiblement, Roxana trouvera bien mille et une excuses pour rendre les dits médicaments accessibles. A l’inverse, s’il fallait que son interlocutrice reste éveillée jusqu’à causer un tort certain, la médecin s’attèlerait soit en offrant des médicaments qui donnaient plus la pêche qu’un droit de visite du marchand de sable, soit en explosant volontairement le prix.

- Et je vous invite à garder votre calme, et à ne pas chercher du soutien ailleurs. A l’heure qu’il est, je suis l’une des rares à avoir du somnifère, et définitivement la seule à vous accueillir immédiatement. Autrement, il faudra faire la ligne, avec espoir qu’il reste le sésame que vous cherchez tant.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Dim 18 Oct - 20:00

Cette femme fatiguait Tara, presque autant que ses nuits sans sommeil, que ces cauchemars qui l’avalaient dans leurs sombres images et leurs terribles sensations. Oui, décidément, Tara ne l’aimait pas, pourtant choisir était un luxe hors d'atteinte. Ils ne restaient que de rares endroits propres et sécurisés dans le blocus où les médicaments ne risquaient, presque, pas d’être coupés avec de la drogue ou d’autres saloperies. Des lieux où une embuscade ne se préparait pas à un coin de rue pour récupérer ce que vous veniez de payer rubis sur l’ongle. Les temps étaient durs, la moindre transaction prenait des allures de parcours du combattant, surtout quand il concernait des substances aussi recherchées que des cachets. Seule l’influence des gros bonnets empêchait le seul hôpital encore debout ne finisse en zone de guerre.
L’aspect froid et impitoyable des mots de la femme lui donnait envie de hurler. Elle ne ressemblait pas à l’idée qu’on se faisait d’un médecin. Le docteur Osmani semblait dénudée d’empathie, elle agissait comme un robot, par logique et rendement sans même paraitre intéressée par l'appât du gain, c'était à n'y rien comprendre. Tara détestait ça, elle détestait cette dureté à laquelle elle se heurtait, son épuisement qui rendait tout plus compliqué, presque insurmontable et ces sensibilités à fleur de peau qui électrisait ses nerfs et auiguillonnait désagréablement sa peau à chaque pique qu'elle recevait, comme incapable de se défendre. Roxana prenait doucement les atours de ses tortionnaires, le réel se confondant avec le cauchemar, ses yeux reflétaient cette morsure glaciale et cette satisfaction d'autorité, la même que ceux qui avaient mené sur elle des expériences.
Non, décidément, elle ne ressemblait pas à un médecin, du moins pas à celui de l’imaginaire collectif, mais il seyait parfaitement à celui, hanté, de Tara. Elle avait eu la personne qui lui correspondait le plus et cette dernière chose créa en elle un sentiment de détresse profonde qu'elle cachait comme elle le pouvait derrière une attitude bravache et colérique.
N’était-elle pas, finalement, encore dans un de ses cauchemars ? Un nouveau ? Mais elle savait bien que non. Ses doigts massaient ses tempes douloureuses, l’odeur d’antiseptique lui agressait trop les narines pour n'être qu'un songe. Ce fut cette prise de conscience qui provoqua un retour brutal à la réalité brisant le fil de ses pensées.

« Je n’aime pas les hôpitaux, ça ne veut pas dire que j’y suis une habituée. Je n’ai aucun antécédent médicaux, à part peut-être les dents de sagesse quand j’étais gosse, mais je ne sais pas si ça compte. » Mensonge, venant avec un naturel effarant, ou peut-être était-ce vrai, après tout, comment savoir ? « Pas d’allergie »

Cette conversation la mettait mal à l’aise, ne pouvait-on pas faire comme dans tout deal, on marchande, on conclut, on échange et on repart chacun dans son coin. Tara se mordait l’intérieur de la joue, et ses yeux s’étrécissaient. Peut-être tentait-elle ainsi d’y voir claire dans le jeu de cette Roxanna ou tout simplement de ne pas s’écrouler devant elle, elle-même ne savait pas trop. « J’ai déjà pris des somnifères, toutes ses précautions sont fatigantes, vous n’avez pas franchement l’air de ces médecins qui s'inquiète de leurs patients, alors je ne comprends pas le souci, si ce que j’ai à vous proposer vous va, pourquoi vous emmerder autant ? Vous aurez votre paiement, qu’importe ce que deviennent ces médocs après, non ? »

La dernière précision de la femme n’étonna pas Tara plus que cela, chacun avait ses petites combines et Roxanna n'était sans doute pas si désintéressée que cela. Dire que les personnes travaillant ici ne le faisaient que pas simple bonté d’âme aurait été stupide, beaucoup en profitait pour assoir une autorité, pour tirer son épingle du jeu. Vu la situation de la ville, faire autrement n'aurait pas permis à ce lieu de survivre. Pour le moment Tara n’avait aucune idée de si elle suivrait ou non ses directives, elle ne la supportait pas, l’infantilisait et ne lui donnait toujours pas l’objet tant convoité. La jeune femme avait presque l’impression d’être une toxico en manque, elle voulait qu’on lui marchande du sommeil, ce n’était pas si dur pourtant. Dormir, avoir du repos et ne plus se sentir étrangère à son propre corps, prisonniers dans un amas de chairs lourd et gourd, d'un esprit lent et brumeux. Était-ce vraiment trop demander? « En attendant, je n’ai toujours rien. Donc je me vois mal revenir. »

La drogue, était-ce si terrible finalement ?

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Mar 20 Oct - 0:54

- Précisément, c’est parce que je m’inquiète pour certains de mes patients que je prends ces précautions. J’évalue votre cas, et je le classe selon les urgences.

Il existait des hommes et des femmes qui exigeaient des somnifères comme si c’était encore le luxe d’un temps révolu. Les médicaments n’étaient plus que réservés à ces personnes qui désiraient vivre, qui avaient une raison de vivre dans cet Enfer et surtout qui avaient besoin de quelques heures de sommeil salvatrices avant de commencer à voir des hallucinations.

- Cependant, aussi antipathique puis-je vous paraître, tous mes patients reviennent toujours car je ne raconte pas de conneries, et je ne donne pas de la merde en douce.

Lorsque les médicaments proposés par le médecin étaient mêlés de près – ou de loin – à la drogue, par manque de moyen, elle prévenait les personnes. On pouvait critiquer ce manque d’empathie ou encore ce matérialisme exacerbant et gerbant et pourtant elle était « honnête », une denrée rare en ces temps durs où la tromperie, la ruse et la traîtrise régnaient en maître.

- Vous pouvez fournir de l’essence, un approvisionnement assez particulier et fourni uniquement aux personnes en théorie en lien avec un métier qui s’en sert. Ou alors vous exercez un autre métier qui apporte assez pour troquer contre un bidon d’essence.

En somme, en plus d’avoir besoin de somnifères, d’être une bombe à retardement, elle était également un élément essentiel de Gotham. En somme, toutes les conditions étaient réunies pour qu’à terme, Roxana puisse trouver toutes les excuses nécessaires afin de la maintenir en vie, de la suivre attentivement et surtout de reporter tous faits à sa Hiérarchie.

- Bien, je vais vous donner votre somnifère. Cependant, je vais vous réserver au total deux comprimés, et donc deux nuits de sommeil. Un comprimé ce soir, et un comprimé la semaine suivante.

Dormir deux jours de suite tient du suicide au sein de nouveau Gotham. En effet, les chacals guettaient chaque occasion pour sauter à la gorge d’autrui et le dévaliser de tous ses biens – voire lui faire littéralement la peau et revendre le tout à un marché des plus particuliers. Ne pas être aux aguets une nuit étaient dangereux, ne pas l’être deux nuits d’affilés étaient du suicide. Une idée germa dans l’esprit de l’agent : que ferait ce rat de laboratoire fugitif si, précisément, le danger se pointait durant ce doux sommeil ? Une idée qu’elle allait soumettre à la Ligue naturellement, et attendre sa réponse.

- Vous pouvez tout autant procéder au paiement en deux fois, si vous ne me faites pas confiance.

Intelligemment, le médecin avait trouvé la combine pour ramener la « patiente » au bercail : une promesse d’une récompense considérable, qui est un tête-à-tête nullement dérangé avec Morphée. La brune attend calmement, intriguée par avance par la réponse que la blondinette allait donner. Elle jugeait, elle jaugeait et elle serait prête à mettre sa main au feu qu’elle allait revenir – peut-être pas dans une semaine, mais un peu plus tard à n’en point douter. D’ici là, il faudrait qu’elle s’assure que ses bons collègues distribuent outrageusement leurs somnifères aux autres, avant cette blonde.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Sam 31 Oct - 15:48

Tara n’arrivait pas à cerner cette femme qui lui faisait face. Intimidante, elle n’osait pas claquer la langue contre son palais devant ses affirmations, mais n’y croyait pas pour autant. Ne voulait pas y croire ? Elle-même ne savait pas trop, ses pensées décousues rythmées par les geignements étouffés des patients, bien plus mal en point qu’elle, échouaient dans les couloirs alentour.
Roxanna serinait ses affirmations avec un tel aplomb, sans jamais se départir de sa froideur. Qu’il était difficile de remettre en cause sa parole. Aussi, Tara la crut, quand elle lui jeta qu’elle au moins n’arnaquait pas ses patients avec des médocs trafiqués. « Je n’ai aucune importance dans cette ville, comme ce que je fais. »

Elle s’agaçait à bout de nerfs, de fatigue, de tout. Tara ne se rendait réellement pas compte, du moins en cet instant, que oui, le métier qu’elle faisait pouvait être un pilier dans n’importe quelles organisations de la ville, ayant réussi peu ou prou à garder une relative indépendance. À aucun moment, à vrai dire, elle ne se considérait autrement que comme un monstre. Pas que cela l’affligeait particulièrement, si ce n’était les cauchemars qui l’empêchaient de dormir et les quelques dégâts liés à sa capacité, c’était ainsi et c’était tout. Un peu comme une tache de vin sur le visage, elle était un monstre, elle possédait une tare invisible, mais difficilement oubliable une fois aperçue. Et enfin, ENFIN, la médecin lâche les mots magiques, elle sent ses épaules se décontracter perceptiblement, un poids s’envole de sa poitrine. Elle en aurait presque eu les larmes aux yeux si ce genre d’effusion n’était pas synonyme de faiblesse à exploiter. Dire qu’elle n’en pouvait plus était un euphémisme. D’habitude, elle arrivait plutôt bien à gérer ses crises nocturnes, mais ces derniers temps, sans qu’elle se l’explique, elles se démultipliaient sans lui laisser le moindre répit.
Enfin, elle allait pouvoir souffler.
La dose par contre était décevante, mais c’était mieux que rien. « Très bien » les mots sont un peu durs à sortir, elle les veut fluides, mais elle se recrispe, décidément, cette femme ne lui revenait pas. Son image oscillait entre le despote sadique et une sauveuse froide et calculatrice. Bref, elle ne savait pas sur quel pied danser avec elle et ce foutu mal de crane qui battait la mesure dans son crâne ne l’aidait pas à garder son sang-froid.

« La confiance est surfaite dans ce monde, sinon vous ne m’obligeriez pas à revenir pour ce foutu second comprimé et me feriez confiance pour me le donner de suite. », ce qu’elle espérait secrètement, l’idée de revenir lui était insupportable. Cela dit, elle n’avait pas le choix, surtout si ses terreurs nocturnes continuaient aussi violemment. « Ors de ce que je comprends, ça ne sera pas le cas vu votre proposition de paiement séparé. »
Pouvait-elle lui sauter dessus et tenter de lui arracher le bras pour la convaincre de lui donner ces deux cachets sur le champ ? Elle laisse échapper un gros soupir autant de frustration que d’épuisement et lui tend l’essence promise. « Bon qu’on en finisse. »

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Ce n’est pas une semaine, mais trois qui passa avant que Tara ne revienne réclamer son dû, les cernes étaient visibles, la fatigue se voyait sur son visage, mais il y avait autre chose. Une inquiétude palpable, une ombre qui s‘était insinuée jusque dans ses os. C’était un tout petit détail de rien du tout, qui s’était enraciné pour se mélanger au fond cauchemardesque qui grouillait dans les pénombres de son crâne. Ce détail, ce tout petit rien, il avait un nom, le Joker. Le Joker et ses idées, le Joker et son insouciance, le Joker et son comportement faussement enfantin.
Désormais, ses cauchemars avaient une tout autre allure et des envies de meurtre naissantes hantaient son esprit. Pouvait-elle décemment tuer le Joker et en sortir indemne ? Sa demande de Joker mobile, quelle bonne idée de merde. Et tandis qu’elle ruminait, d’une humeur massacrante –était-elle jamais de bonne humeur ? – elle retrouva sans mal le docteur Osmani. Ses yeux polaires ne firent qu’assombrir sa journée déjà bien mal entamée. « Je viens récupérer le reste de ma commande, pour le reste je n’aurais pas le temps de revenir. Donc qu’importe ce que vous irez me proposer, je vais être occupée prochainement. »
À créer une voiture mythique pour un fou furieux avec des épaves…
Youpi…
…

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Dim 29 Nov - 0:38

Tara Markov fit patienter Roxana trois longues semaines. Cependant, la médecin n’était pas restée inactive durant ce temps et avait déjà remonté diverses informations à la Ligue de l’Ombre. Elle avait signalé la présence d’un élément particulier au sein de Gotham, victime de troubles classiques de personne soumise à un stress particulier dans le passé. L’agent avait aussi renseigné ses supérieurs que l’élément avait été l’objet d’expériences, et qu’elle avait été missionnée à l’époque pour se mêler à l’équipe médicale – donnant une date, un alias et un pays, trois informations suffisantes pour que la Ligue retrouve la mission convenablement et remonte toutes les notes prises par l’agent, à cette époque-ci.

- Bonjour Mademoiselle Bidon d’essence. Je me suis rendue compte, après votre départ, que vous ne m’avez pas donné un prénom ou un nom. Pourriez-vous me le donner, en même temps que me dire comment vous vous sentez aujourd’hui ? Avez-vous bien pu dormir, au moins une nuit ?

L’agent connaissait évidemment son identité mais ce n’était pas le cas de son alias, Roxana. La médecin n’avait jamais fait partie d’expérimentations humaines, et n’acceptait pas de telles pratiques si peu éthique ! Une médecin qui avait noté, avec surprise, que sa patiente avait déguerpi sans donner plus qu’un bidon d’essence – et qui se l’était notée, consciencieusement.

« 1 Comprimé. 1 Nuit. Entre temps, environ trois semaines sont passées, possiblement en état d’insomnie ou de courte nuit. Stress. Impatience. Colère. Susceptibilité. Pâleur. Tics nerveux ». Tel un automate, la médecin listait toutes les possibilités associées à l’absence de sommeil et les écrivait dans son petit carnet. En noir, c’était les notes de l’alias – innocentes, simples, concrètes et pragmatiques. En rouge, c’était les notes complémentaires de l’agent, mystérieuse, codée, sans queue ni tête de prime abord. Cette pluralité de personnalité était un état naturel pour l’agent, habituée dès sa plus tendre enfance à jouer différent rôle – tantôt plusieurs jours, tantôt en alternant chaque heure. Lorsque l’alias était en fonction, l’écriture rouge n’était que du gribouillage à ses yeux. Lorsque l’agent reprenait ses droits sur ce corps, l’écriture noire était un message important d’une de ses personnalités. Voilà comment cet esprit tordu et tortueux fonctionnait depuis de très longues années.

- Est-ce que tout va bien ? Vous me semblez bien plus tendue que la dernière fois. Je pense que nous pouvons prendre un peu de temps pour parler. Le dialogue peut être un remède inattendu à bien des situations et problèmes, s’engagea la médecin, illustrant ses propos passés. Lorsqu’elle adoptait une personne comme son patient, elle s’appliquait dans sa tâche au mieux. La blonde était revenue, preuve qu’elle savait survivre dans ce monde chaotique et qu’elle pourrait avoir encore son utilité. Son bidon d’essence avait eu son utilité dans un troc particulier. Et ce temps est gratuit, dans un lieu sauf. Je n’exigerai absolument rien.

Le temps était de l’argent hors de Gotham. Le temps était survie dans Gotham. Il serait fou de rester trop longtemps au même endroit, souvent victime de raid, de vol ou de réclamation de boss. Certaines personnes se montraient assez rusées et intelligentes pour trouver une planque bien cachée, à l’abri des regards curieux ou de mains chapardeurs.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Dim 13 Déc - 15:30

Rien que sa salutation crispait Tara et lui donnait des envies de meurtres, ou presque. Elle fronça ses jolis sourcils lorsque le médecin voulut s’immiscer encore un peu plus dans son intimité, comme un serpent, louvoyant avec habilité pour se rapprocher sans bruit et instiller un poison dont elle ne connaissait la teneur. Oui, Tara versait dans la paranoïa, des jours plus que d’autre et cette femme lui étant fondamentalement antipathique, elle s’était persuadée qu’il s’agissait de son ennemi. Ho, pas de ceux qu’elle craignait plus que tout, ombre de cauchemar hantant son esprit durant son sommeil, mais de ceux qui ne pouvait être que des créatures maléfiques ne cherchant que sa ruine. Qu’elle soit la sainte maitresse des somnifères la plaçait très haut dans les gens ayant un potentiel destructeur sur elle. Rien que pour ça et sa gueule aux yeux glaciale, ouais, rien que pour ça, Tara se méfiait et se battait avec elle-même contre cette femme qui se foutait certainement royalement de sa petite personne.

« Ouais, ca va. » Elle avait dormi, moins qu’elle aurait voulu, ayant cassé le cachet en deux pour avoir un semblant de repos deux soirs de suite, plutôt qu’une complète et comateuse. Ça n’avait pas été assez. Le Joker avait aidé dans la multiplication de ses mauvaises nuits avec sa demande et ses visites aussi aléatoires que flippantes.
Maintenant, dès qu’elle fermait les yeux, elle avait l’impression d’entendre son pas sautillant qui se rapprochait d’elle. Ce type était terrifiant et ses apparitions lui mettaient les nerfs à rude épreuve. Même si elle commençait à comprendre comment communiquer avec ce fou sans y perdre la langue ou la cervelle. « Tara» un prénom, ça n’engageait à rien, le reste elle se démerderait bien toute seule.

Forcément, la femme des neiges remarque qu’elle n’est pas au mieux de sa forme, faut dire que même sans avoir de miroir, Tara savait qu’elle se trainait une de ces têtes. Entre les traces d’huiles qu’elle n’avait pas pris le temps de bien nettoyer en venant ici et le manque de sommeil. Clairement, elle ne ressemblait pas à grand-chose.
La jeune femme laissa échapper un petit rire jaune à la proposition du docteur. Elle ne la voyait pas altruiste, peut-être était-ce un moyen de lui soutirer plus de fourniture en ce servant de ce qu’elle dirait et pourtant, pourtant, elle ne fermait pas son clapet, trop à cran pour se taire et accumuler encore une frustration de plus. « Parler est inutile, j’ai juste tapé dans l’œil de la mauvaise personne et maintenant je dois faire le job si je ne veux pas finir aussi froide que vous, en plus rigide, et ne moins vivante cela dit. Rien qui ne vous concerne ni que soit dans vos capacités d’interventions» elle passe la main sur son visage et rajoute pour elle-même « Putain, mais quelle ville de merde ».
Elle reporte son regard sur le médecin. Déciment sa gueule ne lui revenait pas.

"Le deal tient toujours ? Je n'ai pas énormément de temps et beaucoup de taff là où on m'attend. Je ne peux pas vraiment m'éterniser. Donc si on pouvait un prendre les raccourcis et ne pas s'étendre sur vos trucs de médecins ça serait assez cool".
Elle savait que le Joker ne tarderai pas à faire l'une de ses habituelles visites pour vérifier de loin ou de près comment elle avançait et si elle n'était pas là, il était bien capable de se mettre en tête qu'elle avait fuit. Elle ne rêvait, mais c'était une option suicidaire. Il la retrouverai c'était une certitude.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir Sam 19 Déc - 19:05

L’agent n’appréciait pas l’idée que la demoiselle quitte cette pièce avec un seul comprimé pour seule aide. Agent comme médecin s’accordaient sur une même et unique conclusion : Tara pouvait être un danger pour tous, et par extension, pour la Ligue. Or, il n’était pas question qu’une bombe à retardement supplémentaire vagabonde dans les rues de ce nouveau Gotham et mette en péril les projets connus – ou méconnus – de l’Organisation. Il fallait donc atteindre, et créer un lien, avec cette blondinette d’une autre façon.

- Bien, avant que je cherche le médicament, pourriez-vous me décrire un peu plus votre quotidien depuis notre dernière rencontre. Comment vous êtes-vous sentis, à votre réveil ? demanda-t-elle calmement, profitant de cet instant pour se lever et chercher le comprimé en question.

Elle avait entendu, évidemment, l’urgence dont il était question. Cependant, l’agent considérait que la blondinette en elle-même un danger plus considérable que certains fous ou criminels qui se baladaient dans la ville. Pourtant, l’agent n’était pas effrayé. Il existait plusieurs catégories de criminels ou de fous dans Gotham. L’agent avait dégagé, à ce jour, trois grandes catégories.

La première rassemblait les narcissiques avec des flingues. Ils étaient dangereux en raison de cet arsenal, mais potentiellement une poignée d’hommes ou de femmes qu’il était aisé de manipuler. La brunette prenait la liberté de placer Bane, par exemple, dans cette catégorie.

La seconde était le ramassis de manipulateurs habiles. Contrairement à la première catégorie, en plus d’être dangereux, ils étaient incontrôlables. Leurs esprits étaient soit trop éveillés, soit trop brisés, et ne sont donc pas aussi sensibles ou aussi naïfs que le commun des mortels. La star de cette classe serait sûrement le Joker.

Et puis, il y avait cette dernière catégorie, un tantinet fourre-tout, regroupant ces individus aux caractéristiques peu communes. Ils n’étaient dangereux que si leurs capacités sont inconnues ou un secret. Dès l’instant où leurs forces étaient dévoilées, les faiblesses pouvaient être aisément trouvées – soit par la physique, soit en farfouillant dans le passé. Tara était dans cette catégorie.

Si l’agent avait de vagues souvenirs des expériences, elle serait bien incapable de dire si les résultats avaient été positifs ou non. Malgré sa volonté de se renseigner auprès de la Ligue, les informations remontées plus lentement en raison de la situation et du Blocus. Dès lors, en raison de ce doute, la blondinette était « potentiellement » un danger à neutraliser au plus vite – ou à cerner. Dans tous les cas, la demoiselle allait assurément être un élément intéressant, et qui pourrait attirer l’attention de la Ligue. Est-ce que l’agent était fière pour autant ? Nullement. Elle accomplissait son devoir, et c’était tout.

Toute cette réflexion s’était faite le temps d’une poignée de secondes et ses traits avaient à peine fléchis. Il arrivait que, dans certains cas exceptionnels, agent et alias se côtoyaient. Dans ces instants, le silence était d’or et son corps bougeait à peine. Il aurait fallu être un expert considérable pour remarquer cette tension soudaine ou ce frémissement léger de la mâchoire. L’agent laisse subitement sa place, pour redonner pleine possession du corps et de l’esprit à la médecin.

Sujet: Re: Souvenir, souvenir