Lapin blanc, lapin noir.

Sujet: Lapin blanc, lapin noir. Dim 2 Aoû - 8:24

Le pire dans ce lieu était sans aucun doute l’odeur, acre, poisseuse, celle du sang, de la drogue et du musc. Celle de la violence et de la folie. Entrer au stade était un peu comme rentrer dans un autre monde, totalement dément, dont les sons éclatés ricochaient sur des parois métallique se déformaient misérablement, à l’image des gens qui erraient en ces lieux. Il régnait ici une fausse joie, un faux entrain, entretenu par le désespoir et ce besoin viscéral de trouver un d’échappatoire des habitants de Gotham. Ce palais des fous offrait des distractions inattendues, plongeant corps et âmes ses spectateurs dans une brutalité qu’ils pensaient enfin maîtriser et faire leur.

Une illusion.

Et moi, j’étais là, sursautant à chaque acclamation, me cognant le front contre cette foutue bagnole, enfin ce pseudo char de fortune, qu’on m’avait demandé « gentillement » de faire tenir la route. Quelle blague, je pestais intérieurement tout en me mordant l’intérieur de la joue. Je voulais partir le plus vite possible, retrouver la sécurité relative dans mon garage, ne pas attirer l’attention, tout ça quoi.
Cette ville, aubaine empoisonnée qui m’avait été offerte. Je m’y étais jetée dedans à corps perdu, m’y intoxicant. Dans un sens j’étais bien consciente que ça n’avait pas été la meilleure des solutions, mais qu’avais-je pu avoir d’autres ? Dans mon monde à moi les héros avaient depuis longtemps disparu, seuls le hasard et la chance m’avaient permis de fuir d’un enfer immaculé et stérile.

Je n’étais plus concentrée à ruminer, cela faisait la troisième fois que je vissais cet écrou qui se foutait visiblement de ma gueule en grinçant mollement. Soupirant, je m’extrayais de sous la voiture pour souffler un peu, boire un coup. J’avais les mains noires et crasseuses, le visage tout aussi sale, mais hé qui s’en souciait réellement ? M’essuyant vaguement sur mon bleu de travail – plus si bleu- j’amène le goulot de la bouteille à mes lèvres et suspens mon geste. Une femme arrivait vers moi en trottinant, des habits aguicheurs et des courbes de déesse. Clairement, j’étais un épouvantail à côté, mais la beauté n’était pas franchement un atout dans cette ville.
Sans vraiment faire attention à moi – m’avait-elle seulement vu ?- je la vois tenter de se cacher entre deux rangées de voitures dont les customisations ridicules dégueulaient des portes en semblant d’ailes ravageuses. Mes avis que les soudures ne tiendraient pas le premier choc, mais ce n’était pas moi qui m’occupais de ces pauvres véhicules maltraités. Rien que de devoir booster un moteur et rendre plus résistance les jointures me rendaient malade, surtout quand je savais à quel dessein.

C’est donc presque avec amusement que j’observais ce petit manège de là où j’étais. Amusement qui fut soufflé lorsqu’un homme arriva, un train de retard, débarquant en titubant, maniant verre d’une main et couteau de l’autre. Le regard fou, il s’arrêta net en me voyant moi, son sourire se fana, visiblement déçu. « Où est mon petit lapin ? »
Charmant…Je me contentais de hausser les épaules « il n’y a rien qui arrive ici à part des voitures. Votre lapin a dû remonter par les escaliers de service, la porte est cachée, vous êtes passé devant sans la voir ». Vrai et faux, mais ce n’est pas comme ci le mensonge me révulsait particulièrement. Je n’étais même pas certaine que la plupart de mes souvenirs soient vrais, alors ce n’était pas si grave si j’en employais régulièrement, non ?

L’homme tituba, tenta un premier pas dans l’atelier, faillit se ramasser sur de la tôle, ce qui visiblement suffit à le dissuader de s’égarer dans le coin. Choisissant la facilité, il fit demi-tour pour prendre l’option que je lui avais proposée.
C’est à cet instant que je me rendis compte à quel point l’arrivée de ce gars m’avait mise mal à l’aise. Quelque chose d’extrêmement malsain avait suinté de son sourire, de sa démarche, qui ne pouvait être mis totalement sur le compte de l’alcool. Je pouvais comprendre son « petit lapin » d’avoir fui le pompon entre les jambes.

C’est qu’une fois certaine qu’il soit bel et bien partit que je ne pus m’empêcher d’ajouter pendant que j’ouvrais le capot de ma voiture « Tu sais, je ne suis pas certaine que jouer à cache-cache soit encore de ton âge. » Peut-être voulais détendre l’atmosphère, peut-être même ais-je pu trouver ça drôle. Maintenant que c’était dit, je trouvais ça ridicule, et moi avec.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Mer 19 Aoû - 21:33

Qu’est-ce que… Je fixe mes mains, les yeux écarquillés et le coeur battant trop rapidement. Oh non. Non, non, non, non. Tendues devant moi, elles sont couvertes de sang, de sang frais. Pourquoi ? Je ne suis pas blessée pourtant, je ne crois pas, j’aurais mal non si tel était le cas ? Respire. Depuis quand je suis comme ça à fixer ces mains ? Mes mains ? C’est vraiment les miennes ? Visiblement oui. Enfin je crois. Respire. Relevant les yeux, sans en avoir aucune envie, je regarde autour de moi et fais un pas en arrière en découvrant la scène. Je porte une main à mon visage pour y étouffer un cri, avant de l’éloigner avec horreur, faisant des allers-retours entre cette main pleine de sang et les deux hommes qui gisent dans le leur au sol et sur le fauteuil. Je cille, papillonnant des yeux tout en continuant de reculer jusqu’au mur en essayant de faire taire la nausée qui me menace. Je n’ai pas pu faire ça. Je sais que parfois, j’ai des… absences, mais je m’en souviendrais. Et puis, ils sont, étaient, deux, et je n’ai pas d’armes, et… il y a trop de sang. Beaucoup trop,

Je parviens à détacher mon regard des cadavres pour regarder autour de moi. Je reconnais vaguement les lieux, ce qui fut autrefois une loge privée, ce qui est toujours plus ou moins une loge privée. Eux je ne les reconnais pas, mais je sais pourquoi j’étais là. On m’a demandé de remplacer une des filles qui n’est pas venue travailler, une de celle qui bosse dans les loges justement. Je n’ai pas vraiment eu l’opportunité de refuser, déjà parce qu’on ne dit pas non et parce que quelques plus ne seraient pas de trop, tout en sachant que qu’il était hors de question que je fasse ce qu’elle pouvait faire. Je tire par réflexe sur ma jupe, bien trop courte, m’arrêtant en voyant une tâche. Une tâche sur mes chaussures. Du sang. Je me penche pour la frotter, sans parvenir à la retirer totalement vu l’état de mes mains, ce qui m’arrache un froncement de sourcils. Si je ne la retire pas de suite, elles seront fichues, et ce sont quand même de belles chaussures, ce serait… Accroupie contre le mur, je reste à fixer mes mains, et cette tâche, cette foutue tâche, alors que je sens un hurlement monter en moi. Non, non, non. Ne crie pas. Je regarde la porte, avant de réaliser que si quelqu’un devait débarquer, ce serait déjà fait. Donc soit c’est insonorisé, soit personne ne s’est étonné d’entendre des hurlements provenir de cette pièce. Et je ne sais pas ce qui est le pire des deux. Parce qu’ils ont dû crier quand on les a… Non, pas moi non. C’est tout simplement impossible.

Je ne reviens à moi qu’en entendant du bruit dans la salle à côté. Partir. La main sur la poignée, je tourne la tête quand l’autre porte s’ouvre sur un homme. « Alors mon lapin, on fait quoi maintenant ? » Il pose son regard sur moi en souriant et mon cœur loupe un battement. « Mais où tu vas ? C’est à mon tour de m’amuser, tu peux pas partir ! » Je suis déjà dehors qu’il n’a pas fini sa phrase. Son tour, comment ça son tour ? C’est lui qui a un couteau, pas moi… Même si ce sont mes mains qui sont couvertes de sang et non les siennes. Trop paniquée pour vraiment réussir à me retrouver dans cette partie du stade que je connais moins – il faudra que je remédie à ça – je l’entends m’appeler derrière moi, et j’accélère le pas sans plus regarder où je vais. Pour finir par arriver devant un garage. Depuis quand il y a un garage ici ? Je m’y faufile, glissant entre les voitures, aussi loin que possible, et je me colle au mur en fermant les yeux, comme les gosses dans le noir qui espèrent que le monstre ne les mangera pas.

J’écarquille les yeux en entendant quelqu’un lui répondre. Bravo, c’est super malin de ne pas avoir vérifier. Je mets quelques secondes à réaliser ce qu’elle lui a dit, me demandant si au final, elle ne m’a pas vu passer non plus, quelques-une de plus à comprendre qu’il est parti, et encore d’autres à oser bouger pour de bon. Oh, finalement, elle m’avait vu. Je fronce les sourcils, me demandant si je ne ferais pas mieux de partir le plus loin possible pour le moment. « Merci, je suppose. » Je la rejoins, le cœur battant encore trop vite, et je serre mes bras autour de moi. « Je devrais sans doute me vexer de cette remarque, mais pour le coup, je suis d’accord avec vous… avec toi. » Si elle me tutoie, je ne vais certainement pas me gêner. Je me rapproche, non sans jeter des coups d’œil nerveux vers l’entrée, mais il n’y a plus un bruit par là-bas. « J’aurais besoin de faire un brin de… de me nettoyer un peu. Je suppose que tu dois avoir un point d’eau ou… De la soude ou un truc pour nettoyer, je… » Je me passe la langue sur les lèvres, serrant davantage mes mains qui se sont mises à trembler. « Faut que j’enlève ça. S’il te plait. » Je grimace un sourire à son intention. Oui, je sais, aujourd'hui la politesse est un luxe inutile, qui défavorise plus qu’autre chose, mais… Elle a été sympa, elle m’a pas laissé me faire charcuter, alors peut-être que…

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Sam 29 Aoû - 10:14

Le « lapin » finit par sortir de son trou. Si elle avait eu des oreilles nul doute qu’elles seraient plaquées contre son crâne. Ce n’est qu’à ce moment que je remarque le sang qui macule ses mains, ses bras et à peu près tout ce qu’elle avait pu toucher. Je hausse un sourcil, soudain sur la défensive, le sien ou celui d’autre ? Il faut dire qu’ici les apparences étaient trompeuses et je ne tenais pas particulièrement à finir poignardée par une droguée en plein trip … sa façon de parler, de se tenir et la logique dans ses phrases me rassérénèrent un peu. Il était sans doute trop tôt pour paniquer et courir en tout sens comme un poulet sans tête.

M’appuyant contre la voiture, gardant tout de même une distance de sécurité respectable, je l’observais avec attention. Elle avait l’air complètement perdue. Qu’est-ce qui pouvait bien se passer, bordel ? Je pourrais tenter de justifier mes inquiétudes par le côté exceptionnel de la situation, mais soyons honnête, il n’y avait rien de spécial à voir débarqué quelqu’un en sang dans cette ville.
C’était même d’une banalité navrante….
Je me mordais la joue, incertaine, était-ce de la comédie ? Aurais-je dû laisser ce gorille stupide l’embarquer avec lui ? Ce monde était trop compliqué pour moi et dès qu’on tentait d’aider qui que ce soit, cela avait de grandes chances de se retourner contre vous. Mais qu’importe pour le moment, à part le sang qui la faisait ressembler à une folle dangereuse tout droit sortie d’un film d’horreur, elle n’était ni armée ni ne semblait cacher quelque super pouvoir mortel….
Je soupire en la voyant si vulnérable, j’étais stupide et encore bien trop tendre. Il fallait vraiment que je m’endurcisse, sinon ils finiraient forcément par me retrouver, sinon je finirais forcément par être récupérée.

Une pensée en amenant une autre, un chemin mémoriel s’ouvre pour me ramener à la gueule ce labo, ces expériences, cette douleur, je sens l’angoisse qui arrive et qui tente de tout broyer. Alors, je la fais valdinguer d’un geste imaginaire de la main et je m’occupe de ma compagne temporaire. Tout plutôt que de penser à ça. « Là, dans le fond à droite, tu as un bac d’eau, ne la bois pas elle n’est pas potable. L’eau est récupérée des toits ou je sais pas trop quoi. Et ça, ça devrait suffire pour te nettoyer. » Dis-je tout en lui lançant une serviette qui n’était pas vraiment de première jeunesse. « Il doit rester quelques endroits sans cambouis, j’ai rien de mieux à te proposer ».
Je la laisse reprendre ses esprits et un visage qui ne dégouline pas de cette détresse écœurante, vous obligeant fatalement à aider, en m’occupant de mon côté. Je débloque le cric qui maintenait la voiture en hauteur et me permettait de passer dessous, bloquant les roues pour éviter qu’elles ne s’émancipent et en profite pour vérifier l’état des suspensions en appuyant de tout mon poids sur le capot. « Dois-je m’attendre à d’autres visites de ce genre ? »
La vraie question était tout autre, à savoir : d’où venait ce sang ? Mais, dans le fond, je ne tenais pas tant que ça à le savoir et poser des questions dont on ne voulait connaitre la réponse n’était jamais une bonne idée. Mieux valait l’ignorance, surtout ici. « Par contre si tu es blessée et que tu as besoin de soin ou d’être recousue, je passe mon tour, de toute vu l’état de mes mains, tu risques la mort plus qu’autre chose »

Parce que dans le fond, il n’était toujours pas exclu que ce sang soit le sien. Toute cette situation ne me mettait décidément pas à l’aise, je préférais de loin les joints, les clefs et l’huile de moteur à ce genre de rencontre…. A toute rencontre humaine à vrai dire, les gens étaient un danger ambulant, qu’il le veuille ou non et je voulais juste…. Quoi au juste ? Disparaitre ? Dans un sens oui. « Par contre si une armada de gens armés jusqu’aux dents doit débarquer ici, ça serait cool de me prévenir que je me casse avant….Même si… je risque d’être dans la merde si ces voitures explosent »
Car plus de voiture, voulait dire plus de spectacles et ça…. Ça risquait de mettre en colère le patron des lieux.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Mar 15 Sep - 20:04

Ne panique pas. Réfléchis. Ne hurle pas. Respire. Réussir la moitié de ces mantras qui tournent en boucle dans ma tête n’est déjà pas si mal. J’ai un peu de mal à vraiment réfléchir, mais je parviens néanmoins à me cacher pour lui échapper. Même si je ne sais pas exactement qui est ce lui. Et je ne hurle pas, c’est quand même un sacré point pour moi non ? Oui, je peux être fière de ne être totalement prostrée dans un coin, en train de me balancer d’avant en arrière. Ce que j’aurais peut-être fait si elle n’avait pas été là et que j’avais été seule. Mais la question ne se pose pas.
Je la rejoins, sans vraiment m’approcher pour autant, et je n’ai nul besoin d’en rajouter pour sembler réellement déboussolée. Je jette un regard vers l’endroit indiqué, avant de rattraper la serviette qu’elle me lance. Je la remercie d’un sourire, me dirigeant d’un pas mécanique jusqu’au bac, tenant la serviette du bout des doigts. Je suis couverte de sang et je n’ai néanmoins aucune envie de m’essuyer les mains sur cette serviette. J’aurais pourtant dû revoir mes prétentions à la baisse depuis le temps, mais que voulez-vous, on se raccroche à ce qu’on peut. Je plonge les mains, les avant-bras, autant que possible dans le bac, même si l’eau n’est pas non plus irréprochable. Tant que le sang disparaît, pour le coup, je m’en moque. Je frotte à m’en faire rougir la peau, jusqu’à ce que ma peau redevienne aussi propre que possible. Je fixe mes mains qui tremblent encore, inspirant lentement, serrant les poings en fermant les yeux. Potable ou non, propre ou non, j’y plonge le visage, avant de me redresser et de rejeter mes cheveux en arrière avec des gestes automatiques.

Je tente de plier la serviette comme je peux pour avoir un coin relativement propre, sans y parvenir, et j’abandonne. Je veux bien faire des efforts, mais c’est hors de question que je m’essuie avec ça. Mon regard s’attarde sur les carcasses de voitures et sur celles en état, qu’elle s’efforce visiblement de retaper, pour qu’elles soient mieux démolies dans les soirées à venir. Ma main glisse sur le capot de l’une d’entre elle alors que je secoue la tête. « Non, je… Je ne crois pas. » Je lui jette un regard en coin, m’obstinant à détailler les véhicules. « Je ne me souviens pas comment je me suis retrouvée là-bas, je… Mais je ne suis pas blessée. » J’observe un instant l’entrée. « Il ne devrait y avoir personne d’autres. Je crois… Il a déjà… Les autres n’étaient plus en état. Mais je ne suis pas blessée. Il n’a pas eu le temps. » Je souffle un rire plus nerveux qu’autre chose. « Il m’a demandé pourquoi je partais. Qu’il voulait s’amuser. » Mon rire meurt et je cille, m’entourant de mes bras pour me réchauffer. Fait froid non ? Ou c’est juste le contre-coup. Sans doute. Même si je ne suis pas vraiment beaucoup vêtue non plus.

Je fronce un peu les sourcils, me demandant comment cette gamine s’est retrouvée ici, dans un garage au milieu du stade, à essayer de faire tenir des trucs que les autres s’amusent à démolir en quelques minutes. Je la regarde enfin pour de bon, et j’esquisse un sourire. Il y a du bon à être actrice, à savoir faire semblant quelles que soient les circonstances, réussir à paraître presque sereine alors que toutes les fibres de ton corps ont envie de hurler. « C’est toi qui as choisi ? D’être mécanicienne je veux dire. Ou c’était juste un moyen de ne pas être celle que l’on démonte ? » J’ai déjà fait plus subtil effectivement. Il faut croire que je ne suis pas encore totalement maître de moi-même. Je toussote et regarde de nouveau les voitures. « Ça doit être rageant. De les voir détruire ton travail, ton œuvre… » Je m’assois sur le capot d’une voiture après l’avoir essuyé avec la serviette et je lui souris. « Ça t’embête si je reste un peu ici le temps que ça se décante ? Je te proposerais bien de t’aider, mais je n’y connais rien. » J’ai une légère grimace. « Et ce n’est pas vraiment ma tasse de thé… le cambouis et tout ça… Tu bosses ici depuis longtemps ? »

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Ven 18 Sep - 12:36

Je me détends un peu quand j’entends qu’aucun comité d’accueil ne semblait devoir arriver dans le coin et décidais que pour le moment, elle ne représentait aucun danger. De toute manière si elle avait été une tueuse sanguinaire, elle m’aurait sans doute déjà égorgé et un tel mal-être ne pouvait pas se jouer, si ? Si ?
Sans parler de ses propos, ils étaient tellement incohérents, j’avais juste envie de lui signifier que non, je ne voulais rien savoir et l’arrêter avant qu’elle ne me fasse une crise d’angoisse. Moins, j’en savais et mieux ce serait. Dans les phrases qui s’emmêlaient et trébuchaient, je réussissais néanmoins à reconstruire un tableau avec un semblant de cohérence. Quoi qu’il se soit passé, quelque chose avait merdé. Bien qu’ici désormais, le meurtre et la violence soient la normalité, ce dont je n’arrivais toujours pas à m’y faire. « D’accord, d’accord. Allez calme-toi. En gros tu servais ces gars et ça a mal tourné d’une façon ou d’une autre, sans que tu saches comment. Et leur copain voulait s’amuser avec toi. » Les règlements de compte étaient assez courants, pour peu qu’elle soit arrivée une fois la fête finie, hé bien, cela pouvait expliquer bien des choses.
Je savais que cet endroit fournissait des filles, je savais aussi que cela ne finissait pas toujours bien. Surtout pour les filles. Mais dernièrement, ils faisaient un peu plus attention de ce que j’avais capté dans les conversations gerbantes des gars du garage. Trop de filles abimées qu’ils disaient, trop de « hors-services » c’est qu’il faudrait éviter la pénurie. Si j’avais pu les écraser avec la voiture dont je testais le moteur à ce moment, je l’aurais bien fait. Je m’étais contentée de faire monter les tours pour que le bruit du moteur rende leurs voix incompréhensibles.

Moi, j’avais de la chance, je n’étais pas spécialement attrayante, je ne faisais rien pour l’être et mon statut de mécanicienne faisait disjoncter leur cerveau. Si bien qu’à force, dans leur esprit, je n’étais plus vraiment une femme, plutôt un être hybride asexué. « S’il faut, c’est ce gars qui a mis les autres dans un sale état. Enfin bref, il est parti et tu peux souffler. Ici, tant que je m’occupe des voitures pour le show du Joker et donc ais la responsabilité de sa bonne humeur, on ne viendra pas trop nous emmerder. Sauf si le patron des lieux lui-même débarque, mais là on sera tous vraiment dans la merde. »
Je n’avais pas encore eu le plaisir de le rencontrer, et très franchement j’aimerais autant éviter.

J’explose de rire à sa remarque, celle-là je ne m’y attendais pas et la nervosité me fait un peu craquer. Qu’importe dans le fond, j’aime son franc parlé, ça dénote avec son air de chiot battu et abandonné. Ça me donne moins envie de la prendre dans mes bras pour la calmer. Je n’aimais pas ce genre d’élan niaiseux que je pouvais avoir. « Il y a un peu de tout ça. Disons que c’est la seule chose que je pouvais faire quand ça a commencé et que je suis bien tombée au vu des besoins qui ont suivi par la suite. »

Même si l’installation du chaos avait été dévastatrice au début. Qu’importait les rangs, les métiers, il ne manquait encore de rien et la vague de crime s’était écrasée avec une violence inouïe. Je ne sais toujours pas comment j’avais réussi à m’en sortir avec le chef, je ne sais pas comment notre établissement avait pu être épargné, du moins, comment il tenait encore debout. Mais maintenant, un certain équilibre avait émergé de ce bordel sanglant. C’était pas plus mal…

« Oui ça l’est, mais mieux vaut les voitures que nous. Si encore ils ne se contentaient que de les exploser entre elles. Ça irait…. » Dis-je en posant mes doigts sur la tôle cabossée où une giclée équivoque s’était incrustée. Oui, s’ils n’utilisaient pas ses voitures que je retapais, boostais pour écraser les autres conducteurs, ou ceux ayant eu la mauvaise idée de contrarier le Joker. Dans le fond, j’étais une meurtrière par procuration, même si j’essayais de ne pas y penser, ça me donnait la nausée.
Je ricane à sa remarque. « Ouais, sans vouloir te vexer ça se voit. » La peau trop parfaite, des mains lisses et douces, enfin c’est l’impression que ça donnait et ses petits bras… ils ne semblaient pas capables de grand-chose pour soulever de gros trucs. « Tu peux rester, mais ne touches à rien…quoique … » J’avise sa tenue, me mord la lèvre. Ouais, non, ca va pas le faire, si les gars reviennent ça va mal tourner ici aussi et j’ai pas envie de faire la police. Mon statut de créature androgyne pourrait être mis à mal et ma tranquillité aussi. Non, clairement ce n’était pas que je commençais à me soucier d’elle. « Va dans le placard et enfile un bleu de travail et un T-shirt. Ils sont pas super propres, ils puent, oui je sais, mais si quelqu’un vient, on t’emmerdera moins que si tu restes comme ça. »
Je l’observe du coin de l’œil, tout en me déplaçant vers une autre voiture, celle-là avait les pneus défoncés et les freins ne tenaient plus à ce qu’on m’avait dit, ce qui expliquait sans doute le nez écrasé du véhicule.
« Non, pas vraiment, je file un coup de main à un collègue, je t’avoue que je m’en serais bien passée. Je n’aime pas vraiment le stadium et sa faune » enfin là ou ailleurs en réalité y avait-il une réelle différence ? « Mais bon faut bien se nourrir et tout le reste et ça paie bien d’être ici, donc on fait. Et toi alors ? Comment tu t’es retrouvée à bosser dans le coin ? »
Pas que ça m’intéresse, moins je la connais, moins je risque de m’attacher, etc, etc… Les amitiés j’y crois pas vraiment, même si se reposer sur les autres est parfois inévitable. Mais… ba, soyons honnêtes, j’étais quand même curieuse.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Dim 4 Oct - 23:29

La brume est toujours là. À l’orée de ma conscience. M’empêchant de réfléchir et de comprendre. J’essaie de la percer et de voir ce qu’il y a derrière, de savoir ce qui a pu se passer. Mais c’est trop difficile. Et peut-être n’ai-je pas réellement envie. Comme toutes les autres fois où j’ai pu avoir des absences, des trous noirs après lesquels je ne me rappelle absolument rien. Ça m’est arrivé de vraiment chercher, de creuser… Avec pour seuls résultats des migraines et des nausées. De quoi faire passer toute envie si le reste ne suffisait pas. Là en l’occurrence, je n’ai pas envie de me souvenir. Si c’est pour le voir les charcuter et les entendre hurler, je m’en passe fort bien.

D’autant que je suis en sécurité à présent, autant que possible du moins. Je hoche vivement la tête quand elle résume la tête, me frottant toujours nerveusement les bras. « Oui, voilà. Je ne bosse pas là-bas normalement. Je suis au bar et même si ce n’est pas l’idéal, c’est déjà beaucoup mieux que ça… Mais ils n’avaient personne et c’est bien payé. Je comprends pourquoi maintenant. » Je dois réfléchir au nombre de filles qui ont pu disparaître ou pas ? Non, on est d’accord, non. Mais ça fait des économies du coup. Ce qui permet de payer mieux celles qui… survivent. Je l’observe autant que j’observe ses voitures. « Les voitures du Joker, rien que ça… J’aimerais autant éviter de le voir. » Ou revoir, peu importe. Trop versatile, trop violent, trop dangereux.

Je grimace un sourire un peu désolé quand elle rit. En général, je suis bien plus… polie et bien élevée. Je ne me force pas, bien au contraire. Toutes les civilisations reposent sur la culture, l’éducation, le respect, les liens entre chacun. Même maintenant, même ici, la politesse et la bienveillance sont essentielles non ? Stupides sans aucun doute, mais vitales. Et j’y tiens. Je suis juste un peu trop épuisée je crois. Je hoche donc la tête quand elle s’explique, comme si elle avait vraiment besoin de le faire. « Un peu de chance et de talent. L’un comme l’autre ne sont pas négligeables. » Et l’intelligence de s’y attacher pour s’en sortir, surtout avec tout qu’il s’est passé.

Je me fige alors qu’elle reprend, suivant des yeux les traces qu’elle indique. Evidemment que je le sais. Je travaille ici depuis bien trop longtemps pour l’ignorer, pas plus que je ne peux ignorer le genre d’amusement qu’ils peuvent offrir derrière, là où je me trouvais ce soir… Personne ne l’ignore, même s’il est plus facile de se voiler la face. Je hausse un sourcil à sa remarque. « Me vexer ? Pourquoi cela me vexerait-il ? Je n’ai jamais rien fait de manuel de toute ma vie, c’est un fait. » Mes épaules se lèvent doucement. En quoi serait-ce mal ? J’ai su m’adapter, c’est bien là le principal non ? Tournant la tête, je regarde ledit placard et oui, j’hésite une seconde. Peut-être même plus longtemps alors qu’elle juge bon de préciser qu’ils sont sales et odorants. Oh seigneur. Je finis par me lever d’un bond, allant sortir un t-shirt et un bleu de travail. J’inspire profondément en les tenant à bout de bras, avant de me décider à les enfiler. Pour être une mauvaise journée, c’est une mauvaise journée.

Je reviens vers elle, croisant les bras, tout en essayant de faire fi de l’odeur. « Ici ou ailleurs, je crains que ça ne soit partout pareil à présent… Mais oui, ça paie plutôt bien et tant que l’on est en sécurité, c’est tout ce qui compte. Enfin, en sécurité… » J’ai un rire nerveux. « En général, c’est le cas. » Je la fixe un instant et plisse le nez. « Par hasard ? Je cherchais à manger je crois, des mecs ont commencé à être un peu trop entreprenants, j’ai voulu m’esquiver, comme là. J’ai fini dans une réserve en me disant qu’au final, j’allais être tuée pour être là où il ne fallait pas. Un serveur est arrivé, m’a vu et a commencé à m’engueuler, comme quoi j’étais en retard. La fille qui devait venir n’est jamais venue, je me suis demandée pourquoi pendant 10 minutes, et j’ai… » J’ai une moue tout en me penchant au-dessus de la voiture qu’elle regarde. « C’est facile de jouer la comédie. Je me suis plaquée un sourire sur le visage et j’ai suivi le mouvement. J’ai fait le service, et les suivants. J’ai de quoi manger, de quoi vivre. Je suis restée. Et ça se passe plutôt bien en général comme je disais. Et j’ai le droit aux meilleurs ragots, c’est parfois utile. Et même si la plupart des clients sont des brutes sans cervelles, certaines rencontres sont plus intéressantes. » J’ai un léger sourire alors que mon regard suit ses gestes.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Jeu 5 Nov - 18:30

« Les voitures du Joker, rien que ça… J’aimerais autant éviter de le voir. »
J’acquiesce et un frisson me parcours l’échine rien que d’y penser. « On est d’accord, pour le moment j’ai eu de la chance…J’espère en avoir fini vite fait et pouvoir me casser sans prendre les balles perdues de cet endroit de fou. » c’était sans doute vexant, mais je m’en cognais royalement, cette femme avait déjà tout mon respect de vivre ici en continu tout en ayant réussis à gardé un semblant de saineté d’esprit. Le truc était de ne surtout pas penser à quoi servirais mon travail. On survivait tous comme on pouvait, à la fin, personne n’aurait les mains blanches, mais au moins si on pouvait éviter de se tirer une balle dans la tête ça n’en saurait que mieux.

La chance, oui, ça aussi je connaissais, j’en avais eu aussi. Tomber sur les bonnes personnes, apprendre les bons gestes, posséder le bon savoir-faire. Le karma avait été en ma faveur pour peu qu’on croie à ses conneries. Le fait est que le petit vieux qui m’avait pris sous son aile et que je m’occupais désormais d’épargner le plus gros de cette macabre danse citadine qui se déroulait dans les rues, je ne serais pas allé bien loin. Sans doute que toute la ville m’aurait grillé depuis longtemps et que je serais repartie dans la case prison, ou pire. Bref, vu ma discrétion que rien ne me sois encore arrivé relevait du miracle, mais autant user la patte de lapin jusqu’à la corde. J’étais bien consciente que rien ne durerait trop longtemps.
« Hé bien, la vie a parfois un sens de l’humour étrange, mais tant qu’on s’en sort j’ai envie de dire. J’en aurais pas mené large moi, je sais mentir, comme tout le monde, mais pas à ce point. » Je me mentais à moi-même, m’inventais mille et un passés et c’était déjà bien trop compliqué pour moi, alors construire son présent et son futur dans une toile mensongère, survivre à travers toutes ses illusions. Moi je m’y cassais bien assez la gueule pour ne pas tenter, je n’avais que de piètre pilier de mon passé, incertaine de leur véracité, et je m’y raccrochais avec un désespoir pathétique. Je n’avais pas idée de comment elle pouvait gérer ça au quotidien, ce devait être épuisant.
Une ombre de sourire ourle mes lèvres et ma phrase reste en suspens. Un collègue venait d’arriver, pas méchant, mais avec la subtilité d’un sanglier. C'est-à-dire inexistante et les yeux qu’il pose sur Laura est équivoque, tandis qu’il me survole avec nonchalance. Mon égo aurait pu en être meurtri si je n’étais pas en train de jurer intérieurement. La pauvre avait déjà assez subi aujourd’hui pas besoin d’un relou supplémentaire pour la reluquer.
« Hey, c’est la folie là-bas, apparemment y’a eu carnage dans une des chambres. Pas que ça soit nouveau, mais en général on sait qui a fait quoi. Là c’est le mystère le plus total. » Il prend un air de conspirateur, comme si la nouvelle était follement excitante. Je me tends, j’ai envie de le cogner. « Et tu es ? » il rajoute ça sur le ton de la conversation, comme s’il venait de se rendre compte de sa présence, alors que ses yeux ne la lâchaient pas depuis plusieurs secondes déjà. Je n’aime pas du tout, mais alors pas du tout, ce qui s’y reflète.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Lun 23 Nov - 20:25

Je la fixe, la tête penchée sur le côté, et hausse un sourcil. « En finir ? Vous parlez de partir d’ici ou carrément de la ville ? L’un comme l’autre étant quel que peu… compliqué sans doute de toute façon. » Et c’est peu de le dire. Non que j’ai véritablement cherché à sortir d’ici. Étrangement, au final, je me suis plutôt bien adaptée à tout cela. Ce n’est pas le paradis, mais je ne suis pas si mal lotie, et puis, ça me permet de m’occuper l’esprit. Ne pas pouvoir penser, ne pas pouvoir réfléchir, c’est un luxe certain parfois. Oublier. Toujours aller de l’avant. Ne pas penser aux conséquences de ses actions. Ce n’est pas si mal non plus comme mode de fonctionnement.

Je la dévisage, un sourire un peu plus grand sur les lèvres. « Je n’ai que peu de talents, mais celui-là, je le cultive depuis fort longtemps. Faut bien qu’avoir été actrice me serve, non ? » Je hausse les épaules. « Ça n’a pas été évident au début, mais au final, il n’y a qu’au début que j’ai joué la comédie. Tout le monde se moque royalement de qui vous êtes en réalité. Et maintenant, comme dit, j’ai de quoi manger et je me débrouille plutôt bien en tant que barmaid. Gérer les regards lubriques ou les mains baladeuses a été plus compliqué à apprendre que de savoir servir des verres. » Et ça aussi au final, j’ai appris. Je laisse faire le collègue en général, mais je n’hésite plus à me montrer… brutale quand il le faut, contrairement au début.

Je tourne la tête, me figeant un instant, alors que quelqu’un arrive. Lui rendant son regard, je bénis intérieurement la jeune femme de m’avoir prêté une combinaison. Je croise les bras pour me donner une contenance, et accessoirement les empêcher de trembler alors qu’il mentionne les chambres. Merde. Je cligne des yeux, des images dudit carnage me revenant en flash, l’odeur de sang emplissant de nouveau mes narines. Je déglutis quand il daigne s’adresser à moi, comme si la curiosité ne dévorait pas son regard depuis son arrivée. « Alex. » Je lui offre un sourire resplendissant. « Je m’appelle Alex. Le boss m’a demandé de passer récupérer un carburateur ou… » Je lance un regard interrogateur à la miss, fronçant sensiblement les sourcils. « Ou un truc du genre, j’y connais rien en vrai. Bref. Pour l’amener au parc. Il a eu…. Une idée magnifique il paraît. Pour améliorer un des manèges. » Je le fixe et secoue doucement la tête. « Évite de monter dedans si t’y vas. Enfin, tu fais ce que tu veux hein, mais… » Je grimace, avant de retrouver un léger sourire. Une pointe de vérité enrobée de mensonges suffisamment réalistes. Et puis, s’il ‘est pas trop con, il cherchera pas à faire chier le boss, même indirectement. « Et toi, c’est quoi ton nom ? » Il me rend un sourire, qu’il veut sans doute charmeur, mais qui est plus dérangeant qu’autre chose. Oh pitié….

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Lun 7 Déc - 17:40

Je me tends imperceptiblement, cet abruti, non mais vraiment. Les mécanos du coin n’étaient pas foncièrement méchants, mais de là à penser qu’ils étaient sains d’esprit était naïf. Ces gars devaient penser toute la journée à comment agencer des mécaniques de sorte à être les plus meurtrières possible et pour rien au monde je ne voudrais me retrouver coincée seule avec l’un d’eux hors cadre du travail. Car nous savions tous que la survie des uns et des autres dépendait de la satisfaction du patron et que nous finissions tous ce que nous avions à faire, ainsi la peur du Joker et de ses représailles était le juste poids dans la balance pour tenir en bride tous instincts destructeurs.
Hors du travail par contre…
Pour le moment l’échange est cordial, il ne tique pas, mais ne lâche pas non plus. Un chien qui a reniflé un os serait plus subtil que ça… Si cet espace n’était pas le sien, je l’aurais déjà jeté dehors à coup de pied au cul.

« Luc, tu es nouvelle donc ? Je ne t’ai jamais croisé sur les machines. Avec une si jolie gueule, je m’en serais souvenue. » Il sourit en se passant une main sale sur son visage, y déposant d’autan de traces grises. « Je veux bien te croire, ces machines n’ont plus rien à voir avec leur utilisation d’origine. » Il rit et je remarque une lueur de plaisir qui s'allume dans ses prunelles, je mettrais mon bras à coupé qu'il avait bossé sur ces machines de morts. Je le vois reprendre, se rapprocher d’elle « Tu sais si tu veux, je peux t’apprendre à mieux maîtriser ces petits bijoux. »

Et là je craque, rebondissant sur l’excuse toute choisie de « Alex », je récupère une batterie et des ampoules pour les lui fourrer d'autorité dans les mains. « Tiens ce que tu devais venir chercher. Vas-y avant qu’ils ne s’impatientent maintenant. »
Je vois mon collègue s’apprêter à la suivre, à protester pour la garder pour lui. « Et toi, viens m’aider plutôt, j’ai un problème de pression, si je le règle pas parfaitement, ton engin va exploser avant même d’avoir été aperçu sur l’arène, ça serait assez con quand même. »

Alors même que je tente de lui créer une diversion, voilà les autres qui débarquent. La pause devait être finie. Si elle ne partait pas rapidement, elle risquait de se retrouver encerclée par une bande d’hommes patibulaires, sales et puants, qui essaieront de la piéger dans leur filet et je ne pourrais foutrement rien y faire.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir. Jeu 7 Jan - 22:41

Vous savez ce qui ne cesse de m’étonner ? Et de m’effrayer à dire vrai ? C’est de songer qu’il y a deux ans, même si Gotham était déjà une des villes les plus violentes et dangereuses du continent, les gens essayaient juste d’y vivre et d’être heureux, la grande majorité des personnes étaient saines d’esprit et normales non ? Et il n’a fallu que quelques mois pour que tout se fissure et que les masques commencent à disparaître. C’est un peu dingue non ? De songer que soit n’importe qui d’auparavant gentil et serviable pouvait devenir timbré avec un tel environnement, soit rien de ce qui ne semblait réel avant ne l’était vraiment… Parce que lui là en face de nous, je suis prête à parier qu’avant tout ça, il allait boire un verre avec ses collègues le vendredi soir, qu’il avait une copine à qui il offrait des fleurs et qu’il aidait les mamies à traverser les rues. Bon peut-être pas aussi poussé, mais quelque chose du genre. Enfin, je suis plutôt mal placée pour parler je suppose, je suis toujours en vie, je me suis plutôt bien adaptée, je squatte même une maison gigantesque. On s’adapte donc pour survivre. Mais de là à y prendre du plaisir…

« Non, je travaille pour le Boss depuis deux ans. » J’ai un léger sourire en le fixant. Après tout, tout le monde ne survit pas aussi longtemps aux côtés du plus grand cinglé du lot. « Faut croire que je passe plutôt inaperçue quand Dame Quinn est là. » Nouveau sourire. Genre Harley est ma grande pote… ou je suis sa dame de compagnie peut-être. Qu’importe au final, tant qu’il ne s’imagine pas pouvoir jouer avec moi. « Ah ouais ? J’sais pas, des yeux comme ça, ça s’oublie pas. » Il fait encore un pas vers moi en souriant, les marques grises de ses doigts sur sa joue. « Plus rien à voir non. » Il était vieillot mais sympa avant ce parc… Je hausse un sourcil. M’apprendre à… Il est sérieux là ? « C’est gentil, je note la proposition, mais je… »

Je tourne la tête vers la fille qui me refourgue des trucs d’un air exaspéré, mais vu que c’est pas contre moi, je m’en tamponne. Je lui adresse un regard reconnaissant. « Merci. » J’attrape le tout, sans trop savoir ce que je vais faire de tout ça, mais une batterie, ça peut toujours servir non ? Si elle marche quoi. Elle s’adresse à Luc, le forçant à se détourner de moi, et j’aperçois d’autres hommes qui reviennent. Casse-toi de là. Je lui adresse un mouvement de tête accompagné d’un léger sourire, et je baisse les yeux, esquivant et ignorant autant que possible le groupe d’hommes. Je ne sais pas trop comment elle fait pour supporter ça tout le temps, ou pour s’en sortir sans emmerdes, mais elle a tout mon respect pour le coup.
Faudra que je repasse pour la remercier. Et pour lui rendre sa combinaison dégueu.

Sujet: Re: Lapin blanc, lapin noir.

» Andréa Beaumont - Phantasm dans le noir
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