Une rencontre impromptue... et malvenue

C’était de la folie. Elle le savait et, pourtant, elle recommençait à chaque fois. Elle subtilisait quelques pièces du garage où elle travaillait, elle essayait de mentir avec conviction à ses ennemis jurés, à qui elle faisait face – le menu fretin, comme les plus gros poissons, qui contrôlaient maintenant Metropolis. C’était le seul moyen pour elle de survivre, de se fondre dans la masse. Comment aurait-elle pu faire autrement, alors qu’elle vivait loin de tout ce qu’elle avait toujours connu, loin des gens qui avaient toujours rythmé sa vie – avec plus ou moins de distance ?

Elle s’aventurait rarement en dehors de Park Ridge, en temps normal, n’ayant pas encore réellement pris ses marques dans la ville où elle vivait depuis quelques mois. Mais ce soir… Elle devait sortir de sa zone – relative – de confort, et se rendre à ce qui était le cœur de Metropolis, avant que les héros – ordinaires ou non – ne disparaissent. Elle savait que quantité de matériel se trouvait là-bas et, si elle voulait réparer ses gadgets, elle en avait besoin. Les pièces mineures qu’elle qualifiait de défectueuses et subtilisait sans attirer trop d’attention ne suffiraient pas. Pas cette fois. Mais elle risquait gros.

Et Kate Kane ne pouvait se permettre de se faire repérer. Batwoman n’avait fait aucun éclat, depuis son arrivée, faisant profil bas, se contentant de s’en prendre à des petites frappes, auxquelles personne ou presque ne faisait attention. C’était monnaie courante, après tout, maintenant – que quelqu’un soit vertueux, sans s’improviser justicier ou sans se croire capable de sauver l’humanité toute entière, pris d’une crise égocentrique comme elle-même en faisait la démonstration était bien plus rare. Mais cela importait.

Elle passait d’un étage à l’autre de l’immeuble qu’elle ciblait, dans le noir total, faisant des ombres ses amies. Sa chevelure rousse détonnait, mais elle s’efforçait de s’assurer qu’aucune lumière ne pouvait réellement la trahir ou capter sa présence – que personne, en regardant par sa fenêtre, ne puisse voir cette forme se dissimuler dans la noirceur de la nuit. Plus concentrée sur les menaces venant de l’extérieur, s’étant assurée que les lieux où elle se rendait seraient vides, elle se rendit compte trop tard de la présence de quelqu’un d’autre, dans la pièce où elle venait de pénétrer. Manquant de céder à la panique, elle se figea subitement, hésitant sur l’attitude à adopter. Devait-elle l’attaquer ? Tenter de se fondre dans le décor, et espérer qu’il ne la remarquerait pas ?

Elle arrêta soudainement de respirer, comme si ça changeait quelque chose, et reprit une inspiration un peu trop bruyante, qui ne manquerait pas de la trahir. Mais après tout… l’autre personne tenait autant qu’elle à se faire remarquer, semblait-il. Il ne devait, définitivement, pas être là. Sinon, pourquoi ferait-il preuve de tant de discrétion ? Elle ne s’était pas encombrée de grand chose – de quoi ranger le butin qu’elle convoitait, et quelques gadgets, en très mauvais état. Un de ses plus anciens batarangs, aussi, qu’elle rafistolait continuellement, et ne payait pas de mine. Qu’elle pointait sur l’intrus – avec l’air d’être dans son bon droit. Il ne saurait pas qui elle était, de toute façon. Qui elle était réellement, sous le costume. Elle prit la parole, d'un air qu'elle espérait assuré, pour faire douter l'autre de ses raisons d'être ici. Pour lui donner envie de fuir. « Que faites-vous là ? »

C'est trop facile. Je me demande comment font les gens qui ne peuvent pas changer de forme à volonté pour pénétrer illégalement dans ce genre d'endroit, pas totalement délabré ni ouvert à tous les vents. Pour le coup, je ne me suis pas encombré. Un T shirt noir, un pantalon aussi sombre et... rien d'autre. Pas le loisir de prendre des chaussures et je n'en ai pas besoin, je suis plus discret comme ça de toutes façons. Et mes fringues ne prennent pas de place. Mais j'ai besoin de mes mains, même si, je pourrais aussi rester en petit singe, mais j'ai un peu moins de dextérité comme ça. Je sais qu'il y a un coffre fort ici et qu'il y a de quoi se faire plaisir à l'intérieur. Finalement, j'aurais au moins appris ça pendant ma période de voleur forcé : à ouvrir des coffres.

Sauf qu'il y a une tuile. Je ne suis pas tout seul. Et ce n'est pas l'habitant des lieux qui me pose soucis là, mais... non sérieusement... C'est quoi ça ? Une nana déguisée. Je plisse les yeux en voyant son arme. Tiens ça ressemble aux trucs de Batman genre. Et elle a le culot de me demander ce que je fais là quoi... "Je teste la sécurité." Je réponds le plus sérieusement du monde, à mi-voix, avant d'ajouter, moqueur : "C'est pas un franc succès." Et elle qu'est-ce qu'elle fout là ? J'espère qu'elle n'est pas venue chercher mon butin, parce qu'on va avoir un problème. Est-ce qu'elle sait se servir de son truc là ? "Vous avez volé ça à Batman ?" Tout le monde connaît Batman après tout. Et ses fameuses armes. En vrai, je kifferai trop d'en avoir une, juste comme ça, pour la frime quoi. Mais je n'ai jamais croisé de super héros auparavant. Et maintenant, on va dire qu'ils ne sont pas très répandus, alors que ce sont les mafieux et boss en tous genres qui dirigent tout. C'est bien dommage. Et c'est pour ça que j'ai vraiment aucun scrupule à venir prendre ce qu'ils extorquent par tous les moyens à la population. Bien sûr, vaudrait mieux que je ne me fasse pas attraper, parce que je ne suis pas sûr de survivre à une capture de leur part. Ils rigolent pas trop avec les gens qui leur volent leurs biens, étrangement.

"Bon, et on fait quoi ? Je vous laisse à vos petites affaires et vous me laissez aux miennes ?" C'est un bon compris ça. Elle est masquée, pas moi. Mais je ne peux pas trop m'encombrer moi. Par contre, mon sourire s'efface brutalement, alors que j'entends du bruit. Quelqu'un vient et cela ne vient ni de moi, ni d'elle. Je lui jette un regard affolé avant d'aller me planquer derrière le canapé à la vitesse de l'éclair. La porte s'ouvre alors sur le propriétaire des lieux. Mais qu'est-ce qu'il fout là lui ? il est censé ne pas être là ce soir, alors pourquoi est-ce qu'il rentre ? Enfin peu importe, au pire, je me change et je file l'air de rien. Pour la nana, c'est pas mon problème. Mais je suis curieux de savoir ce qu'elle va faire elle.

C'était bien sa tuile. L'idée, c'était de rester discrète, de commettre de petits méfaits, tant qu'elle n'était pas sûre de pouvoir en réussir de plus gros. Tant qu'elle n'était pas sûre d'avoir des alliés, avec lesquels en réussir. De faire profil bas, et de ne surtout pas se faire remarquer – parce que même si peu de gens savaient qui elle était, il suffisait que ça revienne aux oreilles des mauvaises personnes, et c'en était fini d'elle. Même si elle doutait des alliances possibles entre les plus gros criminels des trois cités, elle ne pourrait jamais être assez prudente. Et si ça voulait dire se méfier de tout et de tout le monde... C'est ce qu'elle ferait. Et sans céder à la paranoïa, de préférence. Mais elle devait se concentrer sur son problème immédiat – l'inconnu qui, vraisemblablement, essayait d'être aussi discret qu'elle. Ce qui fonctionnait, plus ou moins, étant donné qu'elle l'avait repéré dans la pénombre.



Elle ricana, alors qu'il lui répondait une excuse qui ne tenait pas debout, avec plein de conviction. Elle se décida pourtant à jouer le jeu. « Votre employeur serait mécontent, s’il apprenait que quelqu’un s’était introduit aussi, autant en faire notre petit secret, vous ne croyez pas ? » Elle assortit sa demande d’un clin d’œil, et aurait presque pu l’accompagner d’un baiser, tant sa phrase était ironique. Presque. De toute façon, aucune entreprise de sécurité n’aurait rien pu faire contre son intrusion – ou celle de son vis-à-vis, de fait. Elle était à peu près sûre qu’il n’était pas entré de manière conventionnelle, même si elle n’avait pas vraiment discerné quoi que ce soit. « Mais d’une testeuse de sécurité à un autre… Je suis curieuse, comment êtes-vous entré ? » Oh, elle n’était pas dupe : pourquoi lui répondrait-il ? Mais qui ne tentait rien n’avait rien.



Elle fronça les sourcils, à sa question, en revanche. Evidemment, personne ne la connaissait, à elle. Un avantage, assurément, mais c’était un peu vexant pour son égo. « Tester les services de sécurité n’est qu’une de mes multiples occupations – je teste aussi les gadgets. » Elle haussa les épaules. Croirait-il qu’elle les avait volés ? Vu sa tenue, c’était peu probable, non ? Peut-être se convaincrait-il qu’elle est une sorte d’imitatrice, une fan un peu cinglée. Retenant un soupir, elle releva les yeux vers l’homme, le dévisageant de haut en bas. « Vous avez des pieds super solides ? Parce que je pense pouvoir affirmer que vous ne vivez pas ici, et je ne connais pas une personne saine d’esprit qui marcherait pieds-nus dehors, et ne craindrait pas de marcher sur une douille, une seringue, des bris de verre… ou qui ne prévoirait pas de pouvoir partir en courant si nécessaire. Et je ne crois pas que vous puissiez le faire pieds-nus. » Il cachait sûrement quelque chose, mais quoi. Etait-il, au final, une petite frappe qui obéissait à son boss pour dérober quelque chose à son ennemi juré, et n’aurait qu’à entrer dans la voiture qui l’attendait en bas de l’immeuble, une fois ses méfaits effectués ? Mais si c’était le cas, il n’aurait pas hésité à la tuer, n’est-ce pas ? Même si la discrétion ne serait plus de mise, à ce moment là.



Elle le dévisagea soudain d’un air moins amène, alors qu’il proposait de s’ignorer mutuellement. Et si ça n’était qu’un stratagème, pour mieux l’abattre en silence ? Elle s’apprêtait à lui dire qu’elle allait plutôt le surveiller pendant qu’il ‘faisait ses petites affaires’ et le laisserait partir après, quand un bruit retentit. Un bruit d’origine inconnue, et pas franchement anticipé ni appréciable. Le regard de son coéquipier de l’ombre lui sembla authentiquement paniqué, même s’il pouvait se planquer, lui. Elle était beaucoup plus exposée, proche de la porte de la pièce. La pénombre pourrait être son alliée, mais pour combien de temps ? Soupirant, elle regretta amèrement ne plus avoir ses poudriers – ou, du moins, ne plus avoir les différentes poudres nocives qu’elle conservait dedans.

Elle observa rapidement chaque recoin de la pièce - un rideau, mais ses pieds dépasseraient. Le canapé derrière lequel l'homme s'était caché, et bien trop loin d'elle. Une sorte de placard, aussi, dont la porte coulissante était beaucoup plus proche, mais serait sûrement bruyante. Tant pis, elle n'avait plus le choix. Elle se précipita là, la refermant sur elle en essayant de ne pas penser qu'elle n'avait aucune chance de s'en sortir, s'il ouvrait la porte. Quoi que... Si elle pouvait passer par la voix d'aération, elle aurait peut-être une chance. A supposer que ça soit réellement comme dans les films, et que ça soit assez vaste. Mais vu l'heure tardive, l'homme n'allait pas tarder à repartir, vers un lieu plus agréable et utile, non ?

Sérieusement, les probabilités pour que nous soyons deux cambrioleurs au même endroit au même moment doivent être ridiculement faibles. Et pourtant... Je suis bien face à cette fille qui a des airs de batman mais en... fille quoi. Je ne sais pas trop si c'est pour le style, ou une sorte de groupie, mais voilà. J'essaie de ne pas trop me laisser démonter. J'ignore encore si elle est dangereuse pour moi ou pas. Ça se trouve, elle est comme moi et veut juste évoluer discrètement et sans histoires. Cela m'arrangerait, comme ça, on se dit salut et on vaque chacun à nos occupations. Je tente donc un brin d'humour auquel elle répond avec un ricanement. "Au contraire, il se rendrait compte que c'est vraiment une passoire cet appart." Mais genre, vraiment. Cela dit, il est évident que je ne vais pas aller la dénoncer... Et je me fends d'un grand sourire espiègle quand elle me demande comment je suis rentré. "Un magicien ne dévoile jamais ses tours." Surtout que si je lui indique la bouche d'aération par laquelle je suis entré, elle va penser que je me fous d'elle alors que ma corpulence ne me permet clairement pas de passer par là.

Je hausse un sourcil quand elle parle de tester des gadgets en plus des services de sécurité. Donc c'est une voleuse aussi et en plus, elle a un petit outillage pour se faire. C'est pratique. Elle semble alors remarquer ma tenue, pas tout à fait conventionnelle et je souris de nouveau. "Je suis un hobbit." J'ignore complètement si elle va saisir la référence ou passer totalement à côté, mais ce n'est pas grave, je suis content de ma connerie. Oui, il m'en faut peu. "Vous êtes rudement curieuse. Et la curiosité n'est pas synonyme de prudence et de longue vie dans cette ville." Personnellement, j'ai appris à ne pas poser de questions et à me mêler de mes propres affaires. Je l'encouragerais bien à faire de même mais je ne me vois pas lui donner des leçons, de quelques sortes que ce soit.

Du coup, je lui propose de juste nous ignorer et continuer ce pour quoi nous sommes chacun venus ici. Elle n'a pas l'air convaincue, mais pour ma part, je suis prêt à l'ignorer, sauf qu'un bruit retentit et nous rappelle que nous ne sommes pas dans un salon de thé, mais sur un territoire hostile. Ni une, ni deux, je prends la poudre d'escampette et me planque simplement pour le moment. Au pire du pire... Si vraiment, je suis coincé, je me transformerais en souris ou un truc du genre et me planquerai en attendant que le type reparte de nouveau. Pour la nana, en revanche, ça va être un poil plus compliqué. Mais je suis curieux la concernant, même si je ne lui pose aucune question.

Et je retiens mon souffle alors que l'homme marche assez lourdement et allume les lumières. Je cligne des yeux et grimace, l'oreille tendue, afin de suivre le moindre de ses pas. Le type semble s'éloigner un peu de ma position... Et se rapprocher de celle de l'inconnue masquée. Merde. j'ai deux choix là : je profite de cette distraction bienvenue pour filer tranquillement... parce qu'il va ouvrir le placard, tomber sur la nana et ils vont se battre, si bien que j'ai le temps de déguerpir. Ou je profite de sa surprise pour l'attaquer... Ahahah... genre... Genre je vais attaquer quelqu'un... Alors que je cela ne finit pas souvent très bien pour moi quand je joue les héros. Et je fais quoi si le mec m'attaque et que c'est elle qui file à l'anglaise en me laissant dans la merde hein ?

Sauf qu'en fait, en même temps que je réfléchis à tout ça... Et bien, je me surprends à me transformer en loup (vert, toujours) et à sortir rapidement de ma cachette pour venir mordre le mollet du mec, en même temps qu'il ouvre la porte et tombe nez à nez avec l'inconnue. Il pousse un hurlement de surprise qui se mue aussitôt en hurlement de douleur et essaie de me frapper avec sa main. Je lâche prise pour éviter le coup et recule. Maintenant... reste à voir si la dame a une conscience elle aussi ou si je viens de me foutre dans un sacré pétrin...

Elle arqua un sourcil. Il avait une logique implacable, mais elle peinait à croire que l’homme qui occupait les lieux – aussi inoffensif soit-il, comparé aux vrais raclures qui envahissaient la ville – puisse prendre aussi placidement une telle information. Enfin, c’était totalement théorique, et il était évident que jamais son vis-à-vis n’annoncerait une telle chose au concerné – pas sans trahir sa présence ici. Même par les temps qui couraient, on n’engageait pas des voleurs professionnels pour ‘tester la sécurité’ des lieux. Elle fronça les sourcils, en l’entendant dire qu’un magicien ne dévoilait jamais ses tours. Si elle savait seulement ce qu’elle allait en découvrir… elle ne l’aurait jamais deviné. Mais elle était plutôt frustrée, de ne pas comprendre par où il était entré. Parce qu’il ne pouvait pas avoir déjà été caché avant qu’elle ne se mette à observer les lieux. Mais elle allait devoir travailler sa propre dissimulation – ça serait probablement improbable qu’une telle situation se reproduise, mais dans le doute…

Elle ne peut s’empêcher de sourire, à sa répartie concernant ses pieds nus. « Votre vision de la nature est très étrange. Et les habitations bien grandes, dans le coin – vous vivez dans un placard sous les toits? » Malgré son ton léger, elle était tendue et concentrée – elle chuchotait, pour ne pas se faire entendre, et elle se méfiait. Il pouvait la jeter en pâture à leur cible, pour mieux se sauver. « Peut-être est-ce ma façon à moi d’endormir votre méfiance, ou de jauger de votre réaction, face à quelqu’un que vous sous-estimeriez. » Le faire parler, après tout, détournait l’attention d’elle-même. Surtout en tenant des propos comme ceux qu’elle venait de laisser échapper, concernant ses pieds. Rien de surprenant à qualifier la ville d’insalubre et dangereuse. Car s’il cambriolait ici, c’est qu’il y vivait et qu’il la connaissait, non ?

Elle allait acquiescer, malgré ses réserves, à sa proposition d’agir chacun de son côté, sans se soucier de l’autre – sauf s’il avait des vues sur ce qu’elle convoitait. C’était le plus intelligent. Et, s’il terminait avant elle, peut-être pourrait-elle imiter son talent pour se faufiler n’importe où – y compris dans un immeuble excessivement haut. Ou, du moins, cela aurait pu avoir eu lieu si leur victime ne s’était pas présentée de manière impromptue dans le bureau où ils se trouvaient tous les deux. Elle se planqua, ni une ni deux, dans la cachette la plus proche, espérant ne pas être trouvé – quelle était la probabilité pour qu’il s’attarde et ouvre spécifiquement ce placard là ? Elle l’avait observé, les jours précédents, et savait qu’il n’y conservait que ses vestes.

Or, ce retour impromptu devait signifier qu’il venait récupérer rapidement quelque chose, et allait repartir rapidement – pas qu’il allait ôter sa veste. Un choix malavisé, visiblement, alors qu’elle l’entendait se rapprocher, retenant sa respiration. S’il ouvrait l’autre porte, s’il prenait machinalement un ceintre… Mais bien sûr, ce n’était pas possible. Ca aurait été trop facile. Elle s’efforçait de rester stoïque, y compris lorsqu’il la découvrit – elle pourrait régler le problème sans bruit. L’assommer rapidement. Elle l’espérait, en tout cas. Mais là… Elle ne put que laisser échapper une exclamation de surprise, en même temps que le hurlement de l’homme, mordu par un animal qui n’était pas là un instant plus tôt. Un animal surnaturel, vu sa couleur. Elle jeta un coup d’oeil autour d’elle, avant de comprendre. Plus ou moins. Mais elle n’avait pas le temps d’y réfléchir. Se précipitant sur le bureau, elle prit un objet lourd, et l’abattit sur la tête de l’homme – avec assez de force pour l’étourdir, sans le laisser pour mort, espérait-elle. Elle soupira de soulagement en le voyant chuter, mais le bruit qu’il avait fait allait forcément attirer quelqu’un.

Et maintenant… « On fait quoi? » Pouvait-il la comprendre ? Etait-ce vraiment l’homme qui était dans la pièce avec elle juste avant ? Allait-elle se faire bouffer ? Il avait eu des réflexes particulièrement… humains, si elle pouvait dire, quand l’homme avait essayé de le frapper. Plus que perplexe, elle s’éloigna instinctivement, au cas où, de l’animal. Avait-il été mordu par un loup radioactif ou une quelconque connerie de ce genre ? Bon, vu la situation, ça serait pas aussi déconnant, mais quand même… Elle avait toutes les chances de pouvoir ressortir par la fenêtre grâce à laquelle elle s’était faufilée dans l’immeuble, mais elle répugnait avoir fait tant d’effort, pour abandonner son butin. « Tu fais le guet pour moi, et je te rends la pareille après? » Avait-elle perdu la tête, de parler à un animal ?

"Comment vous avez deviné ?" Je prends l'air surpris, avant de sourire malicieusement. C'est très étrange, mais ma foi... Elle n'a pas l'air hostile envers moi. Et je vis effectivement sous les toits, mais pas dans un placard non plus. "Vous croyez que je vous sous estime ? Et attention, ce sont les méchants en carton qui dévoilent leurs plans comme ça." Petit clin d’œil, avant de décider de mettre fin à ce petit duel en proposant juste que chacun retourner vaquer à ses occupations et rentre chez lui, ce qui semble lui convenir. mais ça, c'est dans un monde idéal, sans imprévus. Et pas de bol... On a un imprévu alors que du bruit se fait entendre, ce qui nous précipite chacun vers une cachette en catastrophe, avec plus ou moins de succès.

Pas de bol pour elle, elle se fait vite découvrir. Et j'agis sans trop réfléchir finalement, venant distraire son agresseur pour lui laisser l'occasion de riposter. Ou de se tirer et de me laisser dans la merde. Très malin Garfield. Faudra qu'on reparle de ce syndrome du super héros quand même, c'est pas possible ça. Mais j'écoute souvent mon instinct, je ne sais pas si c'est parce que je suis habitué à me transformer en animal et que ça affecte ma manière de penser ou mon jugement ou bien si je suis juste comme ça et il m'a rarement trompé. Du coup, je mord durement l'homme et sens le goût métallique du sang se répandre dans ma gueule. Je déteste ça. Vraiment. Mais cela ne dure pas longtemps, et je peux desserrer mon emprise quand elle l’assomme et qu'il s'effondre. J'ai très envie de me nettoyer le museau sur l'homme inconscient mais l'instinct me fait lécher mes babines. Berk.

Inquiet, je renifle le type. Il respire encore. Ouf. Même si ce n'est pas moi qui l'ai assommé, je n'ai pas envie qu’il meurt. Déjà qu'on va se demander comment il a pu se faire mordre par un loup. A moins qu'on compte sur un chien, il fait sombre et il n'a pas eu le temps de bien voir hein ? Mes oreilles s'agitent quand elle reprend la parole et je l'observe. Mais j'en sais rien moi de ce qu'on fait. Genre j'y ai réfléchi. Je la vois reculer, prudente. Je m'assois juste et penche la tête sur le côté, avant de m'allonger simplement et même de rouler sur le dos, pour montrer que je ne suis pas dangereux. Et que je comprends ce qu'elle dit oui. Je me redresse à sa proposition et je trottine simplement vers la porte d'entrée, les oreilles aux aguets. Je garde un œil sur le type aussi, des fois qu'il ai la mauvaise idée de se réveiller. Je pourrais aussi lui demander de voler pour moi, histoire de gagner du temps. La question est : est-ce que j'ai envie de me retransformer et lui expliquer les choses ? Parce que je vais avoir le droit à des questions, c'est sûr. Après, je m'en fiche, j'ai rien à cacher... Et je réfléchis un peu trop en fait. Je continue de tendre l'oreille. j'espère qu'il n'était pas attendu, parce que sinon, on va voir débarquer la cavalerie alors qu'il ne ressort pas. Qu'est-ce qu'il est venu foutre ici aussi, il était censé être absent toute la soirée. Curieux, je retourne le voir et le renifle, avant de l'observer. Il a tâché sa veste en fait. Ce crétin est revenu pour changer de veste. Il y a à parier qu'il a un chauffeur en bas. Je gémis alors pour attirer l'attention de la demoiselle.

En vrai, je m’amuse comme un petit fou avec cette rencontre totalement improbable et pas imprévue. Cela aurait pu me porter préjudice, mais heureusement, la jeune femme semble plutôt taquine elle aussi. Tant que je ne tente rien contre elle en tous les cas. Mais comme elle peut le voir, je ne suis pas agressif. Ni vraiment un danger d’ailleurs. Enfin… pas de prime abord. Du coup, on se retrouve à papoter comme si rien n’était alors que nous nous trouvons quand même dans une appartement qui n’est pas le notre et que nous sommes venus délester de quelques objets, argents, bijoux… Bref de ce qui a de la valeur. Et dont le propriétaire n’a pas besoin de toutes façons. Ils se font de l’argent sur le dos des pauvres gens. Alors je n’ai pas trop de scrupules à venir me servir. Elle a du avoir le même tuyau que moi concernant l’opportunité de ce soir. Je me masse le crâne quelques secondes alors qu’elle continue de parler. Sérieusement, là, on dirait Jack Sparrow qui embrouille les gardes. Et elle a réussi à me perdre en plus. « Je suis déjà embrouillé moi, en tous cas. » J’ai décroché pour le coup.

Mais ce n’est peut-être pas si mal que ma concentration soit ailleurs alors que nous découvrons que nous n’allons bientôt plus être seuls. Je me planque et elle aussi, mais pas de bol, elle est découverte. Et du coup, je cède à l’instinct et je vole à son secours. Enfin, vole n’est pas vraiment le terme, mais l’idée est là et elle termine le travail en l’assommant. Bon. Ce n’est pas censé se passer comme ça. J’évite au maximum de me faire voir quand je cambriole quelqu’un. Se faire voir, c’est être mauvais. Pas terrible. Et du coup, la nana sait maintenant que je suis capable de me transformer. Tant pis. Je lui fais comprendre que je suis inoffensif et si elle hésite au début, elle prend son courage à deux mains et vient me grattouiller derrière les oreilles. Ah que c’est bon… Je remue la queue un peu plus fort, content. Ah bah j’ai beau avoir ma conscience humaine, j’ai aussi les instincts animaux.

Puis, elle s’affaire de nouveau et nous concluons un marché. Je fais le guet, elle vaque à ses affaires. Et vice versa. Sauf qu’elle met un peu de temps et surtout, le type ne semblait pas être seul finalement. Ca sent mauvais. Je gémis, mais elle ne comprend pas. Ah zut. Bon… tant pis. Je soupire intérieurement et je me retransforme en humain. A poil donc. Mais bon, on s’en fout. « Non, plus le temps. D’autres arrivent. Alors si tu sais repartir par là d’où tu es arrivée, c’est le moment. Sinon… j’espère que tu sais te battre. » Moi non, mais j’ai d’autres atouts. Je peux filer en catimini aussi et la laisser dans sa merde. Sauf que je ne le ferais pas, parce que je suis un peu con. J’attends sa décision. Tic tac tic tac… Restent une poignée de secondes, alors que l’on entend le ding de l’ascenseur. Si elle file, je fais de même. Si elle se bat… je lui filerai un coup de mains. Je suis déjà en train de réfléchir à la forme que je vais adopter si elle opte pour cette solution.

Elle sourit, à sa répartie. « Mission accomplie, dans ce cas. Je vais donc m’éclipser dans un nuage de fumée, et vous ne saurez pas qui je suis. Peut-être même que ma présence ici ne sera plus qu’un souvenir flou. » C’était absolument faux, évidemment. Ce serait rudement pratique, mais ça faisait très longtemps que toutes ses aides poudreuses étaient épuisées. Quand elle pourrait en avoir à nouveau… si… ce serait Noël. Mais bon, il était inutile de penser à ça pour le moment. Surtout considérant que du bruit se faisait entendre, et que la pièce n’offrait pas énormément d’endroits où se cacher. Et, évidemment, leur victime rentra dans la pièce, et se dirigea directement vers la penderie dans laquelle elle s’était cachée.

Si elle s’était attendue à ce que son associé forcé se transforme en gros animal – vert ! - et s’en prenne à sa cible, plutôt qu’à ce qu’il file… Elle ne pouvait que remercier le hasard ou je ne sais quoi, qu’il n’ait pas fui. Perdue initialement, elle s’approcha de lui doucement, comprenant qu’il n’était pas une menace dans l’immédiat. Et surtout, ils pouvaient s’entendre : elle alla donc vaquer à ses occupations, sachant qu’il dissimulait des pièces qui lui seraient utiles, prévoyant de conclure un contrat juteux avec une raclure. Ce n’était que de petits échantillons, mais c’était bien suffisant pour ce qu’elle prévoyait de faire – une réparation sommaire de ses batarangs, pour qu’ils tiennent un peu plus longtemps. Sauf que le coffre résistait un peu, et le temps d’en sortir son butin, il était trop tard pour l’homme-animal.

Elle ouvrit grandement les yeux, quand il se retransforma en humain – dans le plus simple appareil, mais elle était plutôt indifférente. « Je me débrouille plutôt bien. Toi aussi ? » Elle se tut, pour entendre le bruit provenant des étages inférieurs. Ding. Ding. Ding. L’ascenseur montait lentement. « Tu peux changer à volonté ? » Elle était incroyablement curieuse. Mais elle ne perdait pas de vue sa cible : prenant ses deux batarangs, elle cibla la porte de l’ascenseur, attendant qu’elle s’ouvre. « Tu peux te battre ? Comme ça, en humain ? Enfin, j’imagine que l’animal aide... »

Elle n’eut pas vraiment le temps d’entendre la réponse, que les portes s’ouvrirent. Laissant voir un mec assez chétif, mais un garde du corps qui serait un peu plus coriace. « Bon… ça va être plus compliqué que prévu. » Ignorant la non-menace, elle jeta une de ses armes dans la jambe du premier, pour l’empêcher d’avancer, le temps que l’homme-animal lui saute dessus. Le pouvait-il ?

« Comme les ninjas ? » Je réponds avec amusement et une lueur de curiosité intéressée dans les yeux. Elle plaisante juste ou elle est vraiment capable de faire ce genre de choses ? Elle porte un costume quand même… Même si ça ne veut rien dire. N’importe qui peut se déguiser et c’est pratique pour ne pas être reconnu. Là, genre, si je la croise dans la rue, je ne la reconnaîtrais pas… Sauf si j’imprime son odeur dans mon cerveau. Cela reste possible et plutôt pratique. Et d’ailleurs, je ne me gêne pas quand nous nous faisons surprendre et que je lui sauve la mise, sous forme de loup. Je renifle l’air de rien alors qu’elle me grattouille le ventre et la laisse ensuite mener sa petite affaire. Malheureusement, je n’aurais pas le temps de faire la même chose alors que des bruits de pas se font entendre.

Je ne vois pas comment lui indiquer sans parler… Alors je redeviens humain et communique avec elle. Pas comme si je n’étais pas habitué à me retrouver à poil de toutes façons. La pudeur, c’est surfait, quand ça fait plus de 15 ans qu’on est à poil après une transformation. J’ai un ricanement nerveux quand elle me retourne ma question. « Absolument pas. » Ben non, je ne sais pas me battre moi. Où est-ce que j’aurais appris au juste ? Mais j’ai plus d’un tour dans mon sac et elle en a eu un aperçu. Quel besoin de se battre quand on peut se transformer en ours ? « Oui. » Je peux changer à volonté. Je ne suis restreint que par mon esprit finalement. Il me faut un animal familier. Je ne peux pas me transformer en animal exotique que je ne connais pas un minimum. J’observe ses armes, si semblables à celles qu’utilise Batman… Mais un acolyte de Batman ne s’abaisserait pas à cambrioler quand même… si ? « Non. Enfin si, mais je ne serais pas d’une grande aide et j’ai pas le temps de me rhabiller. T’occupe pas de moi. Profite de l’effet de surprise. »

Parce que forcément, se faire attaquer par un animal vert qui n’a rien à foutre là, ça a de quoi décontenancer n’est-ce pas ? Du coup, je me transforme en bélier et je fonce sur le garde du corps, le prenant par surprise et percutant ses jambes afin de le mettre à terre. Ce qui me permet de prendre la forme d’un anaconda et de m’enrouler autour de lui pour le coincer et l’empêcher de bouger, mes anneaux se serrant autour de son corps et se resserrant alors qu’il se débat. Quelle grossière erreur… Je laisse le soin à ma coéquipière de circonstance d’intervenir pour les mettre HS, ça a l’air d’être son truc.

Elle ne put s’empêcher de rire. « Ou comme les magiciens. Une poudre d’oubli, un peu de poudre aux yeux, et POUF ! » Lui adressant un clin d’oeil, elle n’eut pas le temps d’arguer plus, qu’ils se faisaient surprendre, et qu’il se transformait en loup, à sa grande surprise. Si elle fut choquée momentanément, elle finit par s’approcher prudemment, et par le grattouiller, une fois qu’il lui ait donné l’autorisation – sans s’attarder, toutefois. Elle ne perdait pas de vue son but initial : si elle ne trouvait pas de quoi consolider ses batarangs, ils se réduiraient très probablement en poussière. Et ça, elle ne pouvait pas se le permettre. La jeter dans les yeux des gens pourraient les ralentir un peu, mais elle serait sans défense après. Et pour défendre une ville et l’arracher à l’emprise du mal, c’était pas très utile.

Soupirant, elle s’attela donc à récupérer tout ce dont elle avait besoin – heureuse que ce crétin soit prêt à acheter à prix d’or des composants dont il n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ça pouvait servir. Elle finissait tout juste qu’il se retransformait, retenant un juron, avant de le questionner sur ses compétences. Peu importait, au final, qu’il ne puisse pas se battre. Uniquement parce qu’il lui confirmait qu’il pouvait se transformer à volonté. Parfait. Ça, c’était une bonne chose. « Ok. Je compte sur toi pour leur ficher la frousse de leur vie. » Parce que oui, c’était quand même flippant. Là, ça n’avait pas été retourné contre elle, mais si ça avait été le cas… Elle aurait peut-être bien failli s’évanouir.

Et elle est, en soit, surprise elle-même, de le voir en bélier. Elle n’y aurait pas pensé. Il pouvait vraiment se transformer en tout ? Ce serait rudement utile pour défendre Metropolis. Ou Gotham. Mais est-ce que ça serait seulement quelque chose qu’il voudrait faire ? Elle n’était pas mieux que lui en l’instant, à vouloir dérober des choses, mais sa cause était noble. Qu’en était-il de lui ? Ses pensées auraient pu partir loin, mais la transformation subite en anaconda de son acolyte la ramena à l’instant présent. Et au garde, donc. Qui, toute son attention portée sur le bélier-conda, ne l’avait pas remarquée.

S’approchant en silence, elle s’agenouilla rapidement à côté de l’homme maîtrisé, et visa sa gorge, pour bloquer sa respiration suffisamment longtemps pour qu’il perde conscience, sans en mourir. C’était risqué, et elle avait plusieurs fois eu peur d’ôter la vie à ses assaillants en faisant ça par le passé mais là… Il était remarquablement bien maîtrisé, maintenu par les anneaux de l’anaconda. S’il faut un peu de temps, et s’il se débat quand il commence à manquer de souffle, il finit par sombrer dans l’inconscience, permettant au serpent de le relâcher.

M’éloignant, je m’approche de l’ascenseur, et le montre à Gar. « Tu comptais repartir par là ? Sinon je le rends hors d’usage suffisamment longtemps pour que tu prennes ce que tu veux, et qu’on se taille. »

Franchement, je l’aime bien cette fille. Elle est rigolote et elle a de bonnes références. La rencontre est particulière, surtout le lieu et les circonstance en fait, mais j’aurais pu tomber sur bien pire. Genre mec baraqué qui a pas un poil d’humour et qui m’aurait chassé de là illico presto. Je ne suis pas certain que j’aurais cherché à rester si cela avait été le cas. Sauf que bien sûr, les choses dégénèrent. On ne peut pas cambrioler tranquille dans le coin, c’est fou quand même. Entre elle, qui est sur le même coup que moi, même si on dirait qu’on est intéressés par des choses différentes, et le proprio qui revient à l’improviste, c’est grave la poisse. Mais on le met hors d’état de nuire rapidement, par un formidable travail d’équipe, qui indique aussi à la jeune femme comment j’ai pu rentrer par là. Enfin, pas en loup, bien sûr, mais bon… Enfin, elle n’est pas censée savoir que je peux me transformer en autre chose.

Non ça, elle va l’apprendre par la suite. Quand deux autres hommes se décident à monter voir ce qui prend autant de temps à leur patron. Si la jeune femme a eu le temps de prendre ce qu’elle voulait, moi, c’est raté. Après avoir convenu d’un plan (vite fait quoi, on va improviser), on se lance pour les neutraliser à leur tour. En douceur. Enfin… Sans les tuer quoi. Et je crois que mes transformations prennent un peu ma coéquipière de circonstance de court. Mais elle agit avec efficacité. Elle sait viser les points vitaux je dirais. Après, je n’y connais rien hein, mais on sent le geste assuré. Elle sait se battre cette fille. Ce n’est pas juste une voleuse lambda. Quand à moi je serre mes anneaux, mais pas évident de doser, je n’ai pas envie de l’étouffer ce type. C’est peut-être une crapule, un salaud, un proxénète ou un tueur, mais je n’en sais rien.

Alors quand il se ramollit, inconscient, je lâche tout. La jeune femme me demande alors si je comptais repartir par là. J’hésite. Je soupire mentalement, et me retransforme pour pouvoir lui répondre, me redressant en cachant ma virilité, incertain. « Et toi ? Tu te tires maintenant par là ? » J’ai un sourire en coin. « Je comptais repartir par la fenêtre. » Mon butin n’est pas très important. Du coup, je rentre à l’intérieur de l’appartement et enfile le bas de mon jogging, avant de filer jusqu’à la chambre, récupérer ma commande. Je prend toujours des trucs petits et légers, transportables sous n’importe quelle forme animale. Surtout si je dois fourrer dans un sac et m’enfuir. Ce que je ne manque pas de faire d’ailleurs. Du coup, j’hésite. M’a-t-elle attendu ? Et est-ce que je vais vraiment me tirer par l’ascenseur tranquillou ? Non. Pas habitué. Je passe la tête par la porte et lui lance : « On devrait les ranger à l’intérieur et on se tire. » Je l’aide alors à les sortir du couloir. Le gringalet, ça va, mais l’autre, on n’est pas trop de deux. « C’était sympa en tous cas. » Elle connaît mon visage, mais moi, pas le sien. Dommage, elle est cool. Cela ne m’empêche pas d’avoir repéré son odeur toute à l’heure, ça peut servir.