Une nuit de rêve

Sujet: Une nuit de rêve Dim 8 Nov - 11:42

J’ouvre les yeux et je suis aveuglée par les lumières blanches du plafond, ma bouche est entravée par une lanière de cuir, pour ne pas que je me morde la langue, pour ne pas que mes hurlements soient trop dérangeants. Je les voyais cachés derrière leurs masques chirurgicaux, leurs yeux brillants, leurs yeux braqués sur moi et cette lueur de convoitise. Pour mon corps, plutôt pour ce qu’il allait refermer, ce qu’il allait supportait. Il n’y avait rien de sexuellement, mais n’en restait pas moins malsain. Je voyais l’aiguille s’approcher au ralenti, j’avais beau me débattre, je ne pouvais pas y échapper, j’étais attachée et leur murmure rassurant n’était que venins et moqueries à mes oreilles. J’étais terrifiée, car je savais, sans savoir, ce qui allait se passer. Une scène qui tournait en boucle le soir venu. Un feu liquide qui se déversait, encore, encore et encore, sans fin, dans mon sang, ma chair et mes os, qui dévastait, brulait et gelait tout à la fois, détruisant, raccommodant, tordant et broyant.
C’était comme si chaque cellule se déchiquetait en moi, je convulsais, pleurait, demandait grâce, mais il se contentait de regarder, expliquant, comme s’ils se sentaient obligés de se justifier de cette douleur qu’ils ne pouvaient me l’administrer sous sédatif, que c’était important que je reste consciente. Puis enfin l’accalmie, puis une autre aiguille, un autre produit, je savais que ça serait pire cette fois, que j’allais en mourir, que j’allais me briser. Je supplie, personne n’écoute, ils regardent, avides, l’aiguille perce, le liquide se diffuse et la douleur m’emporte dans des ténèbres rieurs et abominables. Je hurle, à m’en briser les cordes vocales et me réveille dans une nuit noire, dans mon lit, ruisselante de sueurs et de larmes.

Je tremble de tout mon corps, je sens mon pouvoir qui pulse, la terre qui vibre sous mes pieds désormais à terre, je ne peux empêcher les sanglots de sortir, la crise n’est pas tout à fait passée et ça aurait pu continuer un moment comme ça si ma porte n’avait pas, littéralement, sauté de ses gonds et qu’une ombre furieuse venait de rentrer comme un matou hérissé prêt à la bataille. Pendant un court instant, je suis tétanisée par la peur. Est-ce qu’ils m’avaient retrouvé ? Est-ce que quelqu’un était entré pour m’égorger dans mon sommeil ? Ma peau crépite de ce pouvoir encore maladroit, comme ayant une volonté propre, farouche, celle de survivre à tout.

On se regarde un moment comme ça en chien de faïence, étonné l’un comme l’autre de la situation, moi hoquetante et encore tremblante, la crise d’angoisse n’étant pas totalement passée. Lui, boule de nerfs obscur, caché sous une capuche, Incertain, il me demande si ça va et là je percute, je reconnais cette voix et cette silhouette rachitique. Cette attitude nerveuse, qui embrassait la pièce du regard cherchant la menace o combattre.
Menace inexistante.
Je commençais à imbriquer les morceaux du puzzle, croyant comprendre ce qui se passait, sans en être totalement sûre. Je tentais de me calmer, d’arrêter de trembler comme une feuille, de faire refluer la peur d’un souvenir passée. Ce n’était pas le présent, tout allait bien. « C’est toi Robin ? »

Je savais qu’il passait dans le coin, pas quand, mais le fait était qu’il m’avait bien aidé ces derniers temps, ombre silencieuse et efficace. De là à ce qu’il déboule comme le justicier qu’il se disait être pour me sauver les miches…dans le fond c’était logique… « Je…t’inquiètes, tout va bien. » Crédible quand on entend ma voix misérable encore trébuchante à cause des sanglots qui étranglaient ma gorge.
Putain de moi…Je serre mes bras autour de ma taille et me roule en boule pour contenir les douleurs fantômes qui léchaient encore mes chairs. « C’est rien, t’inquiètes, ça va. » J’articule, j’ai mal, je sais que ce ne sont pas de vraies douleurs, mais mon cerveau cet abruti, lui, s’emballe encore.
Merde, merde, merde.
Je ne savais même pas qui je tentais de rassurer là.

Sujet: Re: Une nuit de rêve Sam 5 Déc - 14:08

L’offre de travail de Tara m’avait finalement bien arrangé. J’avais dû rester alité une petite dizaine de jours suite à notre confrontation avec Bane, à la prison de Gotham. Blessures par balles, os fracturés… On ne pouvait pas dire que cette petite victoire s’était faite sans dommage. Bien sûr, on avait réussi à sauver le maire. Cela dit, seul Dick avait réussi à approcher Bane, sans même parvenir à l’inquiéter une seule seconde. Le constat était assez édifiant. Même à trois contre un, nous n’étions pas de taille. Ils avaient pris trop de puissance, depuis que Batman avait disparu de la circulation. La situation paraissait inextricable mais… On incarnait toujours cet espoir qu’une autre issue était possible. On avait soufflé sur les braises de la révolte.

En attendant de pouvoir reprendre le costume, il fallait bien que je puisse me rendre utile d’une façon ou d’une autre. Dick avait multiplié les petits jobs, parfois très sordides, pour réussir à joindre les deux bouts le temps de notre convalescence. Je n’étais pas encore assez remis pour reprendre mes activités nocturnes. Voler les milices ? C’était exclu. Je n’avais d’autres choix que de fouiller les poubelles ou me contenter de petits vols à la tire, comme durant mon enfance… Mais il y avait autre chose que je pouvais faire également. Après dix jours d’absence, j’aurais cru que la liste accrochée à l’extérieur du garage ne serait plus présente, mais elle m’attendait depuis tout ce temps. Je l’avais pris pour la fourrer dans ma poche avant de repartir sans un bruit.

J’avais rencontré Batman en cherchant à voler les pneus de la batmobile, non ? Alors c’était plutôt à ma portée de désosser des voitures moins bien gardées. Je récupérais les pièces où je pouvais, avant de les empiler devant la porte de derrière. Je rayai les noms dans la liste et la placardait de nouveau, en attendant le lendemain d’une nouvelle en remplacement. Ca rapportait plutôt bien, au final. Je ne risquais pas d’être au chômage technique avec Tara. Elle me laissait un peu de tout en récompense… De la nourriture, surtout. C’était l’essentiel à mes yeux. Si on se croisait ? Jamais vraiment, ou alors de loin. J’agissais comme un chat sauvage à qui Tara aurait laissé une gamelle de restes à l’arrière de sa boutique. Ca m’allait très bien. Je ne voulais pas lui révéler mon identité et… C’était trop dangereux d’enfiler le costume juste pour une livraison.

Il devait être deux heures du matin quand j’étais repassé dans le quartier. Elle ne verrait sans doute que le lendemain matin ce que je venais de ramener et rayer de la liste. Je la placardai de nouveau au mur, prêt à me détourner, quand un cri strident à l’étage me figea d’horreur. Merde ! C’était… Tara ?! J’hésitai une demi-seconde avant de m’aider de mon grappin pour me hisser au mur. Ces salopards seraient revenus pour lui faire payer leur échec de la dernière fois ? Qui que ce soit, je ne pouvais pas rester là à ne rien faire si elle avait besoin d’aide. Je courus à travers le couloir pour enfoncer la porte de sa chambre.

« Tara ?! » Personne. Juste elle, terrorisée, au fond de son lit. Mes épaules s’affaissèrent alors que je reprenais lentement mon souffle. J’étais un peu surpris par ce qui venait de se passer. Les murs s’étaient mis à trembler et… Je regardai autour de moi, sans bien comprendre, avant de revenir à elle. Je soufflai d’une voix plus douce : « Ca va ? » Je m’approchai lentement d’elle dans la pénombre, ma capuche rabattue sur mes yeux. Je n’avais rien pour dissimuler mon identité, ce n’était vraiment pas prudent d’être venu comme ça. Mais si elle avait eu réellement besoin d’aide ? J’hésitai à repartir sans demander mon reste, maintenant que tout danger semblait être écarté, mais il était déjà trop tard. Je me figeai dans mon mouvement quand elle m’appela Robin. J’aurais sans doute pu nier, mais c’était inutile. Et puis… Elle avait eu l’air d’avoir si peur. Est-ce que je pouvais vraiment la laisser tomber, repartir sans même un regard ?

Je me retournai vers elle pour lui lancer un regard confus. « Oui… C’est moi. » Je risquai un pas vers elle, alors qu’elle me répondait d’une voix chargée de sanglots. « C’est le tremblement de terre qui t’as fait peur ? » C’était étrange que ça se produise maintenant, et de manière si localisée. Ca n’avait rien de naturel. « Tu veux que je reste un peu ? » Pourquoi je proposais ça, moi ? J’aurais dû me tirer plutôt ! Mais elle avait l’air si vulnérable et… Forcément, ça réveillait un instinct protecteur en moi.

Sujet: Re: Une nuit de rêve Dim 13 Déc - 16:12

L’ombre hésite et je suis prise d’un horrible doute, et si ? Si ce n’était pas lui, si dans un besoin pathétique d’être rassurée et dorlotée, j’avais extrapolé. S’il s’agissait d’un putain de voleur ? La silhouette est silencieuse, je serre les dents, combats la tempête dans ma tête et qui broie ma poitrine, qui fait gonfler les larmes que je n’arrive pas vraiment à retenir. Parle nom d’un petit poney à corne ou je t’arrache tes bijoux de famille… ça c’est ce que j’aimerais dire si j’avais un peu de courage et de couille, si je n’étais pas comme j’étais… à la place je me recroqueville, enlace mes membres douloureux, tente de faire refluer ce putain de pouvoir qui me submerge.
Et enfin, je l'entends, confirme, et c’est le soulagement, je n’aurais pas été capable de me défendre contre qui que ce soit. Pas avec la porte de mon garage défoncée, seule – Kate s’étant absentée cette nuit- et en pleine crise panico-tellurique.
Un petit rire hystérique m’échappe à sa question, entre deux gémissements, j’ai envie de me donner des claques. Je ne vois que l’ombre de ses pieds de ma position, il piétine, avance recul, avance. Perdu, un peu comme moi. « Si seulement… Quoi que...dans un sens oui, il me fait peur. » Bordel comment lui exposer la situation ? Les images refluent à peine l’ébauche d’une explication en tête, les souvenirs, les douleurs aussi. Je grince des dents et m’oblige à respirer. Je m’adosse contre mon lit, sur le sol, dans une position moins minable, enserre les bras autour de ma taille et regarde l’ombre de la capuche.

Il propose de rester, incertain, comme un chiot affolé. Il ne sait pas quoi faire, moi non plus. Génial on est bien là entre paumés. C’est vrai que tenir compagnie à une fille qui faisait une crise de panique ce n’était pas super glamour, je devais ressembler à une junkie en plein bad, j’aurais peut-être même préféré. Et là, franchement, je n’arrive qu’à sortir un tout minable « Non, oui ? Peut-être ? ».

J’ai très envie qu’il parte, qu’il me laisse à mes démons, qu’il ne me voie pas comme ça, que personne jamais ne me voie comme ça en fait. Seulement, c’était un peu trop tard pour ça.
D’un autre côté, rester seule me terrifiait, je me rendais compte que sa présence me permettait de me focaliser sur autre chose et même si ma peau piquait, brulait, que le pouvoir grondait, je ne me noyais pas tant qu’il était là. S’il partait alors, tout déraperait surement, je ne voulais pas, je ne voulais pas que les cauchemars reviennent, caprice de petite fille effrayée à l’idée de voir le croquemitaine émerger du placard.

Bordel, je suis minable.

« Juste un peu… si…si tu veux bien. » Je peste, ramène mes genoux contre ma poitrine, résurgence de douleur fantôme, de contraction musculaire qui maltraite mon corps shooté par des nerfs imbéciles et commandé par un cerveau déficient. « Bordel, pourquoi ça doit faire si mal… » Ça m’échappe, plus pour moi que pour lui. Je détestais quand ça faisait ça…C’est pour ça que j’étais revenue chercher des somnifères auprès de ce docteur que j’avais en horreur, les crises réapparaissant de plus souvent depuis que le Joker avait fait irruption dans ma vie.
Parfois je me disais que peut-être m’assommer avec de l’alcool ou des drogues être à même de m'aider avant de me raviser parce que je ne savais pas comment je pouvais réagir en pleins tripp, ni comment mes pouvoirs pouvaient se manifester.

Le pire c’est que je me sentais profondément nulle et vulnérable de lui demander de rester. Dans le fond on ne se connaissait presque pas, alors pourquoi ? Parce qu’il n’y avait que lui, là, maintenant, parce que j’avais de la sympathie pour lui, parce qu’il semblait aussi désemparé que moi en ce moment, lui qui crânait quand on s’était rencontré.
Enfin c’était l’impression qu’il me donnait.

Dans le fond, je m’en foutais un peu de ses états d’âme, mes cauchemars et ces réminiscences me faisaient plus peur que ce « pourquoi », que des raisons qui le faisait rester et qui me faisais de le lui demander. J’avais peur d’un souvenir, incapable de le combattre, un truc intangible qui me harcelait comme une meute de chien pourri pour me gangrener jusqu’à l’os et me faire tomber dans la folie.
Je ne pouvais pas me battre contre des rêves et ce passé, chaque jour, chaque putain de seconde dès qu’une parole, une image ou un son me renvoyait en arrière, je sombrais. Alors ouais, tant pis, qu’il reste et que je me comporte comme une gosse effrayée, juste pour ce soir.
Demain je serais plus forte, ou à défaut, morte, sait-on jamais dans le coin.

« Désolée …»
Je ne sais pas pourquoi je me sens obligée de m’excuser, mais ça sort tout seul.

Sujet: Re: Une nuit de rêve Lun 21 Déc - 20:04

Je devrais toujours me déplacer avec un masque dans mes affaires, par mesure de sécurité… Sauf qu’en vérité, je risquais plus de me faire attraper avec et d’avoir des ennuis à cause de ça. Je n’avais pas pour habitude de fréquenter une même personne avec mes deux identités, sauf si celle-ci était également versée dans la lutte contre le crime à Gotham. Tara n’était qu’une fille paumée qui tentait de joindre les deux bouts. Elle n’avait clairement pas besoin que je l’entraîne dans mes histoires. Elle avait déjà pris des risques considérables en me venant en aide la première fois qu’on s’était rencontré. On aurait pu nous surprendre à discuter tranquillement dans son garage… Et elle aurait été fichée comme amie de Robin. La suite ? Je ne préférais même pas l’imaginer. J’avais de la chance, au final, d’être si seul. En dehors des Titans, je ne fréquentais pas grand-monde que je pourrais mettre en danger par mes actes ou ma double-identité. Tara était peut-être celle de qui j’étais le plus proche en dehors d’eux. C’était ironique, non ?

J’avançai à pas feutré, encore indécis sur la marche à adopter. « N’allume pas la lumière. » La clarté lunaire me suffisait pour discerner les contours de sa silhouette. Il devait en être de même pour elle. Je me concentrai davantage sur les sons. Elle respirait bien trop vite. Ses gémissements étranglés me laissaient comprendre qu’elle contenait difficilement ses larmes. Je m’installai sur le lit à côté d’elle, pour frotter doucement son dos d’une main. « Hey… Ca va aller. » Je me sentais gauche, comme une anomalie au système dans cette chambre qui n’était pas la mienne, installé sur le lit de Tara à tenter vainement de la réconforter. Je ne savais même pas c’était quoi le problème. Il n’y avait aucun méchant à encastrer contre le mur, rien que je ne pouvais combattre à sa place. Bref, la situation était bien plus tendue et difficile à gérer que prévu.

« Si seulement… ? Parce qu’il y a quelque chose d’autre qui te fait plus peur encore ? » Je levai le regard vers le plafond comme si je pouvais percer ce mystère. Le tremblement de terre cachait autre chose qu’une cause naturelle, peut-être ? Ce ne serait pas vraiment la première fois. « De mauvais souvenirs qui y sont liés ? » C’était peut-être aussi simple que ça. Je me tus, sans insister davantage. Ce n’était pas la peine, elle risquait juste de pleurer davantage si je la forçais à y songer de nouveau. Je lâchai avec l’ombre d’un sourire pour rompre avec l’ambiance pesante : « Tu veux que je te raconte une histoire de super-héros pour t’aider à te rendormir ? »

Je perdis pourtant mon sourire quand elle ramena ses genoux contre elle en jurant tout bas. « Comment ça ? Tu as mal quelque part ? » Quelqu’un s’en était peut-être pris physiquement à elle la veille. Je n’étais pas là pour le constater, après tout. « Tu veux que je regarde ? » Je me ravisai rapidement, avant qu’elle me regarde bizarrement : « J’ai des notions de premiers secours, tu sais. Ca nous arrive souvent de nous blesser, alors il vaut mieux savoir se gérer soi-même. » Et c’était quelque chose de plus facile à gérer que ses larmes.

Je peinais encore plus à la suivre quand elle s’excusa dans un murmure. « T’as pas à être désolée. » Ca m’emmerdait seulement pour conserver mon anonymat, mais au-delà de ça, je ne lui aurais pas tourné le dos.

Sujet: Re: Une nuit de rêve Lun 28 Déc - 11:39

Sa maladresse avait quelque chose de touchant qui réussit à me faire sourire au travers des brumes persistantes du cauchemar. Le lit grince quand il s’y installe, il ploie sous son poids. Sa main qui cherche mon dos dans un geste de réconfort… Un geste anomal, inhabituel, un geste qui faisait du bien autant qu’il me dérangeait. La contradiction, c’était tout moi, encore et toujours.
J’acquiesce à sa remarque, il était beaucoup trop perspicace. Mais en même temps, n’était-ce pas évident ? Des cauchemars qui réveillent tous le quartier à cause des hurlements de son propriétaire étaient rarement le fruit du hasard, d’autant quand ledit propriétaire était en pls dans son lit. « Oui... » Je souffle cette réponse, jugulant la douleur qui refluait doucement. Je cale ma respiration sur la sienne, plus calme, un repère qui permet de focaliser mon attention de la tournée ailleurs.

« C’est …compliqué. » Parce que jamais rien n’est simple, mais il méritait bien d’en savoir un peu plus. Parce qu’il avait accouru, parce qu’il était resté et que tout gauche qu’il était, il tentait d’apaiser une situation qu’il ne maitrisait pas. Moi-même, j’avais parfois du mal à faire le point, alors quelqu’un qui débarquait, je n’osais pas imaginer ce que ça donnait… la gueule que je devais tirer n’aidait surement pas, finalement demeurer dans le noir, ouais c’était une idée de génie. « Pour résumer, il m’est arrivé des trucs pas cool du tout quand j’étais plus jeune. Et même si c’est fini, ça me hante toujours, ma tête repasse tout en boucle, tout le temps, surtout la nuit et ça provoque des terreurs nocturnes. Je suis en quelque sorte...effrayée par… mon passé. Haha, c’est tellement ridicule dis comme ça..» Semi-vérité, rien qui ne soit réellement compromettant, il pouvait y voir et y comprendre ce qu’il voulait. De là à faire le lien avec de potentielles expériences sur des gosses pour on ne savait quel idéaux pourris, il y avait un monde.

Un passé qui pourrait pourtant à tout moment redevenir mon présent. Je restais bloquée dans un mi-mi qui m’empêchait d’avancer ou de reculer, un sur place insupportable qui allait finir par avoir ma peau ou à défaut, ma santé mentale.

Sa sollicitude est … adorable, je n’ai pas l’habitude de ça, surtout comme ça gratuitement. Je pourrais presque m’y y prendre goût, même si je savais que c’était une erreur. « Non, ça va. Mon corps est aussi débile que mon cerveau. Des fois quand j’ai ce… ces cauchemars, il est persuadé de subir je ne sais trop quelle agression et quand je me réveil, j’ai l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. J’ai mal de partout, mais ce n’est pas réel. Je ne pourrais pas trop t’expliquer comment ça marche, j’y comprends pas grand-chose moi-même. Mais voilà… »
Je me rencogne un peu plus confortablement, me sentant plus détendue. Comme si verbaliser toute cette merde la rendait moins effrayante.
« Je ne suis pas sûre de réussir à me rendormir. Mais je t’écoute, tes histoires sont sans doute plus joyeuses que les miennes. »

Je ne voulais, surtout, pas me rendormir, danser avec mes démons encore et encore jusqu’à l’épuisement je n’en avais pas la force, autant faire nuit blanche. Je retournerai peut-être quémander des médocs pour roupiller quand je n’en pourrais plus.
Je trouverais bien une solution.

Sujet: Re: Une nuit de rêve Dim 7 Fév - 18:40

Je faisais preuve d’une patience insoupçonnée avec Tara. J’attendais tranquillement qu’elle se sente de discuter ou non de ce qui la tracassait. Je n’étais pas vraiment doué pour être une oreille attentive. J’avais passé le plus clair de mon temps à rester retranché dans mon coin, durant mon enfance. Le nombre d’amis que j’avais pouvait se compter sur les doigts d’une main. Aussi étrange que ça paraisse, elle en faisait partie à mes yeux. Tara avait été une des rares personnes à m’avoir tendu la main sans se poser de questions à un seul moment. Elle ne savait même pas qui j’étais au fond. Ca ne nous empêchait pas d’être là l’un pour l’autre.

Je relevai un peu la tête quand elle me fit un résumé succinct de ce qui n’allait pas. « Ok… » Je devais répondre quoi à ça, honnêtement ? Tara se traînait des traumatismes d’enfance qui ressurgissait sous forme de terreur nocturne. Peut-être que… « Quelqu’un t’as fait du mal, c’est ça ? Tu veux que je lui règle son compte ? » Quoi ? Ca allait la soulager, c’était sûr ! « Visiblement… T’es pas en paix avec toi-même. Dans ce genre de cas, je vois que deux solutions personnellement. Soit tu l’enfouis tout au fond de toi, soit tu le combats. » Certains diraient que le mieux seraient de l’accepter, mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Il y avait des choses qu’on vous faisait qu’on ne pouvait jamais digérer.

Je laissai ma main retomber sur le lit, quand elle me rassura. Elle n’était pas blessée. « C’est comme une douleur fantôme, c’est ça ? » J’aurais eu du mal à l’expliquer autrement. Ca avait dû être rude pour qu’elle le ressente encore, comme une douleur profondément ancré dans son subconscient… Est-ce qu’on l’avait torturé ? Je comprenais que ce soit difficile pour elle d’en parler, sauf qu’elle me prit un peu au dépourvu en acceptant que je lui raconte une histoire de super-héros pour l’aider à dormir. Sérieusement ? C’était une blague pour détendre l’atmosphère… Il fallait que j’en trouve une maintenant !

« Tu connais Nightwing ? » Tout le monde connaissait Nightwing pour moi, mais si elle me disait que non… Alors là, j’allais vraiment me moquer de la tête de Dick. Robin était plus connu que Nightwing après tout ! « Je travaille avec lui depuis que tout est parti en vrille. Cet idiot a pris cher contre Harley Quinn mais ne sait pas pour autant s’arrêter, et encore moins quand demander de l’aide. Je l’ai suivi une fois alors qu’il était parti arrêter un type, un meurtrier. Tu sais quoi ? Il lui tapait la discut’, genre normal, devant le cadavre de sa victime ! Tu prendrais le temps de demander au meurtrier pourquoi il a fait ça, toi ? Ben non, parce qu’on s’en fout ! Il faut juste l’arrêter. Forcément, je lui ai tiré dessus sans attendre moi. Au lieu de m’aider à l’arrêter, il est resté les bras ballants. Le type s’est enfui et on a été pris à parti par un gang du coin. Tu savais que les poubelles faisaient de superbes armes anticriminelles ? Et de superbes planques aussi, mais ça… C’est une autre histoire. Bref, quand Nightwing a commencé à en chier contre l’autre type, j’ai balancé la poubelle dessus avant de me charger du gang. Ils en avaient tous après moi ! Ca les a un peu calmés quand j’ai tiré dans le genou d’un des types avant de me tirer. » Je me retournai vers elle, toujours enthousiasmé par mon récit. « Je te raconte pas le nombre de fois que j’ai dû tirer Nightwing de situations pareilles… Il a le don pour se mettre dans la merde, pire que moi. C’est sans doute pour ça que Batman préfère travailler avec moi ! »

Sujet: Re: Une nuit de rêve Lun 8 Fév - 16:40

C’était drôle comme parfois la vie se foutait de votre gueule. J’avais tout fait pour éviter de m’attacher à qui que ce soit. Trop dangereux pour eux, pour moi, pour tout le monde, et en quelque mois me voilà empêtré avec un vieux qui n’arrêtait pas de me sauver les miches, une colocataire, et … lui. J’avais réussi à éviter de trop me rapprocher des gens depuis des années et c’était un peu comme si le destin me les avait fourrés d’office dans les pattes sans vraiment me demander mon avis.
Tout dérapait en ce moment, tout m’échappait et même si la ville était sacrément merdique, elle semblait le devenir de plus en plus. J’avais été kidnappé par de sataniste bordel !
Mais le fait était que sa présence était la bienvenue. « Si j’en recroise, je te ferai signe »
Je souris malgré moi, parce que je le trouve mignon à faire le gardien, parce que si je devais en recroiser un, en reconnaitre un… je savais pertinemment que je serais incapable de prévenir qui que ce soit, que je perdrais le contrôle et que la terre nous engloutirait. Peut-être que ça aurait dû être ainsi depuis le début.

Mais parler fait du bien, les mots éloignent les ombres, les rends moins étouffantes. J’acquiesce lorsqu’il me parle de douleur fantôme, c’était exactement ça. Mon cerveau était tellement persuadé de revivre ces moments au labo, qu’il reproduisait la douleur. C’était con un cerveau des fois quand même…Le souci était que cette sensation de brulure réapparaissait quand mon pouvoir se déclenchait, ravivant les souvenirs, les entretenant avec attention. Un serpent qui se mordait la queue. C’était pénible… Et la panique qui m’envahissait dans ce genre de cas aggravait encore la situation, mais tout ça, je ne pouvais pas lui en parler.

« Je crois » Ce nom ne m’était pas inconnus, il faut dire qu’à mon arrivé, la ville commençait tout juste à déraper, les malfrats s’étaient rendu compte qu’elle n’était plus aussi bien gardée et une fois les gros bonnets ayant pris de l’assurance, les avis de recherche avaient plu les concernant. Une véritable chasse à la sorcière, certains allant jusqu’à accuser leur voisin d’être les fameux justiciers, juste pour gagner un peu de nourriture ou de considérations.
Il commence son histoire, je ne voyais pas bien où il voulait en venir, mais le fait était qu’il s’est vite laissé emporté par son récit. Comme un enfant fier de raconter sa journée, sa voix s’enrichissait au fur et à mesure qu’il me relatait les évènements, m’arrachant un sourire dans l’ombre de la nuit. Décidément, ce type avait un pouvoir insoupçonné sur mes angoisses.

« Vous avez vraiment des lubies bizarres avec tes amis… on dirait que tu l'aimes bien, même si vous avez l’air en …compétition ? » J’aurais dû lui dire de ne pas me parler de tout cela. Pour peu qu’il soit le vrai Robin, même si, ok, la balance penchait de plus en plus vers le pour, je pouvais révéler leur existence à n’importe qui. Rien que le fait de savoir qu’ils étaient encore en vie à courir les rues valait son pesant d’or. Mais…je n’en avais pas la force et de toute façon ce n’est pas moi qui irais le crier sur tous les toits …
« Cela dit, pour t’avoir vu en action…il a aussi dû te tirer de mauvais pas, je parie» enfin, du peu que j’en avais vu, il n’avait pas vraiment l’air de réfléchir avant d’agir quand il voyait une situation qu’il prenait pour injuste. « Enfin, c’est ce qui te rend attachant…. » Je dis en réponse au fil de mes pensées sans vraiment y faire attention « Tu aurais dû accepter ma proposition, c’était vachement moins dangereux quand même.»
Même si je le soupçonnais d’aimer ça en fait … Ce n’était pas comme s’il pouvait redresser quoi que ce soit à deux dans cette ville coupée de tout… autant abandonner, non ?
« Tu n'as pas peur de tout ce qui pourrais te retomber dessus en faisant tout ça?»

Sujet: Re: Une nuit de rêve Dim 21 Fév - 19:50

Elle souriait, non ? Difficile à dire, dans la pénombre. J’en avais l’impression, rien qu’à l’entendre parler. Il n’y avait plus cet accent terrorisé au fond de sa voix. L’instant était passé. Je me surpris à sourire aussi en retour. Est-ce qu’elle comptait vraiment sur moi pour la protéger ? Peut-être. C’était déjà une belle évolution suite à notre première rencontre, non ?

Je ne savais pas exactement pourquoi je lui avais proposé de lui raconter une histoire de super-héros, comme j’aurais pu le faire avec un gosse avant de dormir. Je me disais que, l’espace d’un instant, elle oublierait peut-être ce qui l’avait tant terrifié pour retrouver le sommeil. A moins que ça allait plus loin que ça ? Je laissai échapper un bref rire quand elle souligna nos lubies étranges. « Nightwing ? Je l’aime bien, oui. C’est un peu… » Je butais encore sur les mots, même après deux ans de cohabitation forcée avec lui. « … Comme un frère, quoi. Il était Robin avant moi, alors évidemment, il faut que je prouve que la nouvelle version – moi quoi – était meilleure que la précédente ! Tu crois pas ? »

Je grognai avec frustration avant de me laisser tomber en arrière sur son lit, quand Tara souligna que Nightwing avait dû souvent me rendre la pareille. « Mouais… Peut-être. Mais pas tant que ça ! Tu veux que je te raconte aussi quand je me suis retrouvé tout seul ? Je l’ai cherché pour le retrouver la tête la première dans le ravin, à buller dans son sang hein… » Quoi ? Bien sûr que j’allais en profiter pour détruire un peu son image ! C’était moi le héros de mes histoires auprès de Tara, non ? Je passai mes deux mains en appui derrière mon crâne, un léger sourire flottant sur mon visage. « … mais c’est vrai qu’on serait sans doute mort, s’il ne nous avait pas couvert, quand on a sauvé le maire des griffes de Bane la dernière fois. » Cette fois, plus personne ne pouvait l’ignorer. Les témoins étaient nombreux sur place. Robin, Nightwing et Batgirl travaillaient toujours de concert pour lutter contre le crime. « … Je crois que c’est notre première vraie victoire, depuis que tout est parti en vrille. Et, tu sais quoi ? » Je soufflai doucement : « J’ai bien cru que ça serait la dernière aussi. » Mes côtes et mon épaule me lançaient encore. Ma combinaison n’avait même pas pu me protéger efficacement contre les tirs de la milice de Bane. Je n’avais pas pu sortir depuis. Grâce à Tara, je pouvais encore me rendre utile autrement, mais on peinait à joindre les deux bouts. J’avais à peine de quoi me mettre sous la dent. Je penchai la tête sur le côté avec un bref sourire. « Ta proposition me rend bien service le temps de me remettre de mes blessures, tu sais. »

Mon regard se voila pourtant, quand Tara me demanda si j’avais peur des retombées. « Bien sûr que j’ai peur de mourir, ou pire. » C’était plus facile à avouer à quelqu’un qui s’était éveillé en panique d’un mauvais rêve, plongé dans le noir. Elle ne pouvait pas voir mon expression. Meurtrie, peut-être. Déterminée, certainement. « Mais on incarne la dernière lueur d’espoir d’un monde que tous condamne déjà. Si on n’est plus là pour se battre, qui il restera pour combattre l’injustice ? »

Sujet: Re: Une nuit de rêve