Euh... oups ? | Rachel

J’ai l’impression d’être passé sous un camion. Ou dans une moissonneuse batteuse. Cela fait vraiment longtemps que je n’ai pas été aussi raide dans mes mouvements. Si c’est déjà arrivé. Mais en me^me temps, je n’ai jamais passé des heures à malmener mon corps et à réveiller des muscles que je ne pensais même pas posséder. Parce que d’ordinaire, je compte sur mes transformations pour me défendre ou me sauver. Mais là, ils ont décidé que ce serait bien que je sache aussi me battre sous forma humaine. C’est vrai que cela peut être pratique, ne serait-ce que pour ne pas griller direct mon pouvoir. Je comprends totalement. Mais bordel, c’est l’entraînement à la dure. Les coups, ils piquent vraiment et je n’ose pas trop regarder les hématomes qui ont du fleurir sur ma peau après cette journée. Franchement, je me traîne pour rentrer. J’ai réussi à rester à Gotham 4 jours. J’ai prévenu Rachel à ce sujet, en lui disant que j’étais sur une livraison un peu spéciale et qu’elle ne devait pas s’inquiéter. Ce n’est pas la première fois que je m’absente plusieurs jours. Mais j’ai l’impression que Rachel n’est pas aussi sereine qu’elle le laisse penser quand je disparais plusieurs jours, sans donner de nouvelles.

C’est un peu bizarre l’ambiance à la maison d’ailleurs. Depuis qu’elle a été blessée et que j’ai découvert son pouvoir et son passé… On dirait que quelque chose a changé. Je ne la fuis pas et je n’ai pas peur d’elle, contrairement à ce qu’elle peut penser mais au contraire, cela nous a rapproché. J’ai aimé dormir avec elle, clairement. Même si cela a été sous forme animale, pour éviter la gêne. Le lendemain, je me suis éclipsé tout simplement et les jours suivants, j’ai été aux petits soins avec elle pour qu’elle recouvre ses forces.

Et maintenant, je quitte de nouveau le nid, en lui cachant réellement pourquoi. Et je n’aime pas du tout lui mentir. Mais je ne peux pas non plus lui balancer comme ça que je suis devenu un Titan et que j’aspire à être un super héros moi aussi. Elle va rigoler, surtout alors que je connais son opinion au sujet du bien et du mal… De ce qui mérite d’être sauvé ou non. Et puis, c’est pas un truc qu’on balance comme ça. Mais je sais que je vais finir par lui dire… parce que je ne sais pas mentir et que je n’aime pas vraiment ça.

Bref, je me traine pour rentrer en vrai. J’ai qu’une envie : aller m’effondrer dans mon pieu et dormir 3 jours. Bon j’exagère mais l’idée est là. Il est super tard. J’essaie de rentrer en faisant un minimum de bruit. Rachel dort très probablement. Elle n’est pas dans le salon. Je file donc en vitesse jusqu’à ma chambre et reprends ma forme après avoir refermé la porte. Sauf que quand j’allume la lumière, j’ai un léger cri de surprise en voyant Rachel couchée là, qui se réveille en sursaut, surprise par mon cri. On repassera pour la discrétion. Instinctivement, mes mains se portent devant moi, pour épargner à la jeune fille une vision à laquelle elle ne devrait pas être trop habituée. C'est là aussi que je note que sous l'effet de surprise et de gêne mêlés, ma peau s'est pigmentée de vert. « Merde Rachel qu’est-ce que tu fous là ? » Je me retourne et récupère un jean qui traîne dans un coin (je ne suis pas très soigneux) et l’enfile à vitesse grand V. Ah et un pull, mais c’est trop tard, Rachel a déjà du voir que je suis un peu amoché. Ma peau reprend alors une carnation normale tandis que je rassemble mes idées.

Je ne dors jamais très profondément, encore plus quand je sais Gar absent, alors évidemment, ce petit cri perce ma conscience avec la puissance d'une bombe et je me redresse, hagarde. Il me faut une demi seconde pour aviser Gar totalement nu au pieds du lit, une autre pour qu'il se cache et encore deux pour qu'il enfile un jean. C'est maintenant que je lui dis que j'ai eu le temps de tout voir ? Mmmh peut être pas. Et sa question me percute de plein fouet...Ah. Oui. Qu'est ce que je faisais dans son lit. Il me manquait tout simplement. J'étais anxieuse, inquiète et je n'arrivais pas a dormir. Alors oui, je m'étais glissée entre ses draps, le visage enfouit dans son oreiller, ça m'avait apaisée presque immédiatement et le sommeil avait pu s'inviter. Je me passe une main dans les cheveux à la recherche d'une bonne excuse. « C'est.... » et là, mon regard tombe sur son dos, son flanc droit...qu'est ce que...

La couverture vole alors que je me lève d'un bond, je ne réagis même pas a l'air frais sur mes jambes nues. « Qu'est ce que c'est que ça Gar ?! » Il y a un nombre de bleus assez impressionnant qui s'étalent sur sa peau et, en y réfléchissant, j'ai l'impression qu'il avait du mal a bouger aussi. Je fronce les sourcils, sentant quelque chose s'agiter derrière mes yeux. J'inspire profondément. « Tu t'es fait passé a tabac ? » Je tente de contrôler ma voix qui a soudainement tendance a partir dans les graves. J'expire lentement. C'est con ce genre d’exercice mais ça marche généralement. Encore une inspiration profonde. Calmons nous, calmons nous. Ce n'était pas le moment, vraiment pas...Si ça se trouve, il était juste tombé dans les escaliers...Les escaliers ? Mon cul...Gar était agile, assez pour s'éviter une chute...Alors quoi ?

Je lui tourne autour, admirant l'étendue des dégâts. « Qu'est ce qui s'est passé ? Et évite l'excuse « Je me suis pris une porte » » Parce que je risquais de perdre le peu de contrôle que j'avais sur moi même là. Bosser avec Constantine avait ses avantages, mais ces avantages là sautaient littéralement lorsque ça concernait Gar. Pourtant, c'était principalement pour lui que je me forçais a supporter le vieux. Enfin lui et moi quoi. D'ailleurs, je n'avais même pas eu le temps de lui en parler qu'il m'avait annoncé qu'il partait quelque jours. J'ai résisté a l'envie de voir ce qu'il se passait et là, là je m'en mordais les doigts. Bordel, j'aurais dût garder un œil sur lui ! Du bout des doigts, j'effleure un bleu déjà bien marqué sur son épaule. « Ca fait mal ? » Je lève des yeux inquiets sur son visage et là, je regrette tellement de ne pas avoir de pouvoir de guérison...Vraiment...

Malgré moi, je recule un peu quand Rachel se lève brutalement et se précipite vers moi, me demandant ce qu’elle me veut au juste. « Hein ? » Je ne capte pas tout de suite de quoi elle parle en fait. En plus, elle ne répond même pas à ma question. « Rachel, qu’est-ce que tu fais dans mon lit ? » Oui, j'insiste, parce que je pensais pouvoir rentrer chez moi pépouze et en fait… Surprise, il y a une fille dans mon lit, qui vient de me capter à poil. Alors, ce n’est pas que cela me pose problème en temps normal, ça m’amuse même, mais avec Rachel… Cela n’est pas totalement innocent dans mon esprit. Bref. Et là, je comprend de quoi elle parle. Oh ça… Euh… Je me passe une main sur la nuque, un peu embarrassé mais je me fige quand son regard s’assombrit. Oh… Non. On ne va pas déclencher une catastrophe. « Non. » Je réponds fermement, mais j’insiste quand même : « On ne m’a pas passé à tabac, Rachel. Promis. » J’espère au moins qu’elle va me croire, alors que je la regarde droit dans les yeux. Cela m’évite de m’attarder sur ses jambes. Le sweat est tellement long que j’aurais pu penser qu’elle n’avait rien en dessous, mais sil, y a un un micro short.

Elle se met alors à me tourner autour pour me détailler et je résiste très fort à l’envie de me dandiner, comme un gamin pris en faute. « Arrête de me tourner autour comme ça. C’est moi qui peux me transformer en vautour, pas toi. » J’ai l’impression d’être un morceau de viande, ce n’est pas super agréable. Je suis encore en train de me demander quoi lui répondre sans trahir ma parole, quand elle effleure mon épaule et me fait frissonner. Pas que de douleur d’ailleurs. J’attrape son poignet instinctivement, pour la faire arrêter. « Un peu. » Je m’adoucis un peu. Relax. Rachel est inquiète et c’est normal. Cela ne sert à rien de jouer les mystérieux ou de me braquer, ce ne sera que pire. Du coup, je ne la relâche pas, mais je l’entraîne avec moi, et je m’assois sur le lit, non sans grimacer un peu. J’ai mal aux jambes aussi. Après, j’ai la chance d’avoir un bon métabolisme. Demain, ça ira déjà mieux.

« Détends toi, y’a rien de grave. J’ai profité de ce petit séjour pour commencer à apprendre un peu à me défendre… Normalement. Pas en me transformant. Avec des potes. Du coup, beeeen… Forcément, j’ai fais bosser des muscles qui n’y sont pas habitués. Et je n’ai pas esquivé assez vite… Je ne suis juste pas doué au combat. » J’ai un léger sourire d’auto-dérision. Ca me tue de ne pas pouvoir tout lui dire. Mais j’ajoute quand même, avec un brin de fierté dans la voix : « En fait, je ne suis pas si nul, paraît que j’apprends vite. Je me suis dis que ce ne serait pas du temps perdu… Désolé de t’avoir inquiété , ce n’était pas mon intention. »

Il m'agace a insister, surtout quand mon attention est ailleurs. Je claque de la langue avant de lâcher avec un peu d'agacement. « Tu me manquais. Mais là, c'est pas le sujet je crois. » Clairement pas, surtout pas quand je vois sa peau marbrée de bleus. Sa couleur a lui c'est le vert, pas ce bleu violacé. Pour moi c'est clair, il a été frappé et pas qu'une fois et pas doucement. Il n'en faut pas vraiment plus pour que je sente déjà quelque chose grouiller en moi. J'applique immédiatement mes exercices de respiration mais je n'ai pas vraiment l'impression que c'est efficace pour le coup. Il nie immédiatement, s'attirant un coup d'oeil dubitatif. Si ce n'était pas des coups, c'était quoi alors ? Gar ne tombait jamais, si il y a bien une chose que je lui enviais, c'était cette agilité insolente qui le caractérisait.

Je veux voir l'étendue des dégâts et autant le dire, ça ne lui plaît pas. Mais là, je m'en fiche. Je suis beaucoup plus concentrée sur lui et les rênes de mon esprit que je tenais a pleines mains pour m'en préoccuper. « Les vautours sont des charognards et t'es pas mort. » ronchonnais je avant que l'inquiétude ne prenne vraiment le pas sur ma colère montante. Je frôle un bleu, je n'appuie même pas et mon regard se fait plus acéré. Il a mal et je n'aime pas cette idée. Je sursaute alors qu'il m’attrape le poignet, papillonnant un peu des paupières pour le regarder.  Je me laisse entraîner vers le lit sans rien dire mais je note sa légère grimace. Bordel ! Mais dans quoi c'était il fourré ?!

A vrai dire, je crois que je m'étais attendue a tous, sauf a ça, alors qu'il m'explique avoir commencé a prendre des cours de self défense. « Oh. » Oui bon, avec du recul, ma réaction avait peut être été exagérée. Je n'y pouvais rien, j'avais l'impression que, depuis mes aveux, quelque chose avait craqué en moi, je ne mesurais plus l'étendue de mes émotions quand ça le concernait. Je laissais passer un peu trop de chose et, comme je leur avais tenu la bride durant 20 ans, le moindre sentiment prenait des proportions inédites. Il allait falloir que je travaille la dessus... Je me passe une main dépitée sur le front. « Mais quand même, tes potes devraient y aller moins fort. » bougonnais je en secouant la tête. « Tu as l'air tout courbaturé et tu es couvert de bleus. Tu es sûr que ce sont des potes ? » Enfin, je préfère ça plutôt qu'un passage a tabac en règle. Et avec un temps de retard, je remarque son visage lui, va très bien. J'aurais dût tiquer plus tôt, qui tabasse un mec et lui laisse un visage niquel hein ? « Non, c'est pas grave...C'est juste que j'ai vu où tu traînais a Gotham...Jason était avec toi ? Si oui, j'espère qu'il est dans le même état. » Mince vengeance mais valait mieux que je pense ça plutôt que j'aille moi même lui demander des comptes. Bon et puis Jason était sympa. Bizarre mais sympa. Je soupire. « Préviens moi juste la prochaine fois.... » Puis j'agite mes doigts devant lui. « Tu veux que je t'aide avec tes courbatures ? Emy m'a apprit a me masser après nos soirées trop longues, ça pourrait t'aider. » Je parle bien de massages massages, pas le genre de massages en petites tenues hein ! Emy était une collègue, on se retrouvait souvent ensemble sur les même soirées mais là où moi je me tenais a l'écart, elle, elle en profitait pour tenter de se trouver un protecteur, un mec qui pourrait l'entretenir. Je ne la condamnais pas pour ça parce que dans le fond, c'était une fille sympa.

Je lui manquais ? J’ai un sourire en coin, plutôt content, qui fleurit naturellement sur mes lèvres. Et donc, je lui manque moins quand elle se roule dans mon lit ? « Ben si un peu quand même. Je pensais rentrer me pieuter discrétos et surprise, il y a une jolie fille dans mon lit… Et qui me capte dans mon plu s simple appareil. On n’aurait pas cette conversation si tu n’étais pas là. » Je tiens quand même à lui rappeler que je suis dans MA chambre. Et je lâche aussi que je comptais faire en sorte que tout ça passe à la trappe et qu’elle voit rien. Mais bon. Remarque, quand je vois comment elle est déjà en train de partir en vrille pour pas grand-chose, cela me conforte dans le fait de ne pas trop l’inquiéter me concernant, mais heureusement, elle redescend tout aussi vite. Je ne sais pas si je la rassure, ou si elle arrive à se discipliner toute seule, mais l’orage est passé en tous cas.

Quand je lui fais remarquer que ce serait bien qu’elle arrête de me tourner autour comme ça, sa réponse me fait rire. « Je n’ai pas l’intention de passer l’arme à gauche maintenant. » J’ai trop de trucs cools à faire. Genre devenir un super héros. Rien que ça. Et rien qu’en y pensait, j’ai envie de sautiller partout. Mais je ne peux pas. Parce qu’elle ne comprendrait pas et en plus, mon corps est tout courbaturé. On va éviter alors. D’ailleurs, elle me le rappelle en touchant un hématome, qui me fait lui attraper le poignet pour qu’elle arrête son inspection. Elle a regardé, pas besoin de toucher. Et ce n’est pas que la douleur qui m’embête.

Je réponds alors à sa question, en essayant de me montrer le plus honnête possible. Et je le suis. Les meilleurs mensonges sont ceux qui se rapprochent de la vérité. Finalement, j’omets juste de lui dire que ces potes sont des super-héros. Et que je ne fais pas qu’apprendre à me défendre. Mais peu importe. C’est complètement crédible. « Ouais, ils ne mesurent pas trop leur force… » J’ai une petite grimace au souvenir des volées que j’ai pu prendre. Et encore… ils ne sont pas à fond. Je crois qu’ils me ménagent quand même. Sinon, je serais possiblement à l’hosto. Un rire me secoue quand elle fait un constat de mon état et demande si ce sont bien des potes. « Ils ont l’amitié un peu brutale ? » Je penche la tête avec un sourire en coin. « A t’entendre, le tableau est pas glorieux. » Je tique un peu quand elle parle de Jason. « Gotham craint, où que j’aille tu sais. » Et je hoche finalement la tête. « Ouais, ce sont des potes à lui. On dirait pas comme ça, mais Jason en a dans le ventre. » Plus que ça même… « Je suis au regret de t’annoncer qu’il se porte mieux que moi. Mais je lui ferais part de ta sollicitude, il sera ravi. » De nouveau j’acquiesce. « Ce n’était pas spécialement prévu. » Difficile de la prévenir. Enfin, si, c’était prévu, mais je ne pensais pas en chier autant.

Je regarde alors ses doigts s’agiter devant moi alors qu’elle me fait une proposition très alléchante. Mais je ne suis pas sûr que ce soit très raisonnable. Je la regarde, hésitant. Oh et puis zut. « Pourquoi pas. » Cela ne me déplait pas qu’elle prenne soin de moi. Qu’elle me touche. Vu comment elle a du mal avec les autres, je me sens privilégié. Et je me fais peut-être des idées. Du coup, avec un petit ton un peu arrogant, je demande : « Alors comme ça, je te manquais ? » Oui, je suis resté sur ça.

Là, je le fusille des yeux alors qu'il me sourit malicieusement. Et j'adore ce sourire. « Ah parce que tu comptais ne rien me dire !? » oui j'esquive assez rapidement la question de ma présence dans sa chambre. Quelle idée de lui dire qu'il me manquait bordel !? J'avais parlé plus vite que mon cerveau n'avait réfléchit, alors je me retranchais derrière mon inquiétude et ma colère montante. Il me trouve jolie... je ne sais pas rougir ou rien de ça alors je frémis juste un peu avant de revenir au sujet principal, a mon sens du moins, même si Gar n'a pas l'air d'accord avec ça.

Mais je suis effarée de l'étendue de ses bleus. J'exagère sûrement mais j'ai l'impression qu'ils couvrent tout son corps. Ou alors je ne me focalise que dessus, ce qui ne serait pas faux. Je n'aime pas l'idée qu'on ai porté la main sur lui, vraiment pas et apparemment, il a remarqué que quelque chose n'allait pas vu la vitesse a laquelle il me rassure. « Tu m'en vois ravie. » grognais je, j'ai parfois l'impression qu'il prend vraiment tout a la légère. Ca a le don de m'agacer parfois, même si j'adore ce côté là de lui, cela contrebalance parfaitement mon sérieux parfois trop pesant. Je crois. Mais là franchement...

Finalement, je me suis inquiétée pour pas grand chose...Je me sens ridicule. Vraiment. Je regarde n'importe où sauf lui et je résiste a l'envie de me dandiner sur son lit. J'ai l'impression d'avoir fait d'un petit tas de boue une montagne infranchissable. Heureusement que le ridicule ne tue pas, cependant, je trouve que ses potes en ont fait un peu trop. « L'amitié un peu brutale ? T'es sérieux ? » Bon. Je soupire, je ne suis pas sa mère, ni même sa copine...Je...Je n'aime pas ça, évidemment, mais Gar est débrouillard, ce n'est plus un enfant, loin de là...J'ai la sale impression de le couver et, honnêtement, ce n'est pas moi. Enfin si mais...Pas comme ça et Gar ne le supporterait pas non plus. « Beeen...Ils t'ont pas loupé ? » J'essaye de mesurer mes paroles ou même mon indignation, j'évoque Jason parce que lui au moins, je le connais. Si Gar était avec...c'était rassurant quelque part. Je crois. Je fronce un peu le nez a la suite. « oui, j'ai pas trop aimé ma visite mais bon, je suppose que pour un habitant de Gotham, Starcity fait le même effet. » J'esquisse un sourire lorsqu'il affirme que Jason en a dans le ventre. Ouais ça je voulais bien le croire. « Oui j'en ai eu l'impression. » Puis je fais une moue. « Non il dira que je suis cheloue et il se demandera si il doit s'inquiéter que je débarque sans prévenir. » La première fois, je m'étais retrouvée avec un flingue entre les deux yeux... Donc bon. « Bah, c'est pas grave, je m'inquiètes trop. » En même temps, Gar était la personne qui m'était la plus précieuse...

Finalement, j'agite mes doigts devant lui. Je viens bien que je le surprends avec ma proposition. Moi aussi je me surprends en fait. Et, honnêtement, je m'attendais a ce qu'il refuse...Et bien non. « ok, allonge toi et dis moi où tu as mal...Sauf les bleus hein. » Non parce que masser un bleu ne servait a rien, sauf a lui faire foutrement mal. Je m'agenouille a ses côtés et...Merde...Il n'a pas oublié... « Pourquoi tu as l'air si surpris ? » Répondre a une question par une question...basique. Oui il m'avait manqué, ne pas l'entendre, ne pas le voir, alors j'avais craqué et je m'étais glissée dans son lit, là où sa présence était partout. C'était pathétique et si avant, j'arrivais a me raisonner, cette nuit non, je n'avais pas pu.

« Hum… Joker ? » Mon sourire se fait charmeur et angélique quand elle me fusille du regard en notant bien que je n’avais pas spécialement l’intention de lui parler de ça. Baaaah. A quoi bon en fait ? Qu’est-ce que cela lui apportait de plus ? Moi, ça me met juste un peu en porte à faux et dans une situation délicate alors que j’ai promis de ne rien dire. En plus, cela lui provoque une anxiété dont elle n’a pas besoin. Heureusement ça redescend vite. Manquerait plus qu’elle me fasse de nouveau une démonstration à la poltergheist avec tous les objets qui volent partout. Ça coute une fortune de se rééquiper ensuite.

Je prends le temps de lui expliquer calmement la situation et son stress redescend aussitôt. Je n’ai pas besoin d’être empathe pour comprendre qu’elle se sent un peu idiote d’être montée dans les tours comme ça. De toutes façons, même si j’avais été tabassé, j’étais revenu, vivant, donc, pas la peine de s’énerver n’est-ce pas ? Ouais, sauf que Rachel est plus extrême que moi, on ne raisonne pas vraiment de la même façon. « Totalement sérieux. » C’est marrant le contraste entre Rachel et moi pour appréhender une situation. Pour moi, rien n’est jamais grave. Enfin, souvent. Pour Rachel… elle prend les choses très à cœur. « Non en effet. Je les soupçonne de s’être vengés un peu parce que je suis insupportable. » Je ne me sépare pas de mon sourire. Je suis détendu moi. Enfin, mon esprit l’est, mon corps ne suit pas forcément. « Probablement. » Je ne mens pas concernant Jason, encore une fois. Cela semble la rassurer alors… « Il te trouve cheloue ? Je me demande ce qui lui a fait penser ça. » Il y a un peu d’ironie dans ma voix, évidemment. « Bah, au moins, mon sort ne t’indiffère pas. » Et c’est plaisant.

Et voilà qu’elle me propose un massage… Carrément. Je ne la savais pas versée dans cet art là, mais après une brève hésitation, j’accepte finalement. Je pense à mon propre bénéfice là, j’avoue. Du coup, je me recule sur le lit et m’allonge donc sur le ventre, avec précaution, avant d’émettre un ricanement. « J’ignore si j’ai des bleus là où j’ai mal en fait. Mais les épaules, ça me parait bien. » Et sans trop de risques de dérapage intempestif. Je tourne la tête vers elle quand elle ne me répond pas et l’épingle du regard : « Et pourquoi tu ne réponds pas franchement à mes questions ? » Je soupire et détourne les yeux, enfouissant mon visage entre mes bras croisés. « Je suis pas surpris. Je suis… content. De te l’entendre dire… » J’avoue simplement. Si Rachel a du mal à être franche ou à dire ce qu’elle ressent, ce n’est pas mon cas.

« Tu m'agaces. » assénais je en avisant son visage angélique mais très manipulateur. Le pire étant que j'étais toute prête a tomber dans le piège a chaque fois, mon cœur ratait un battement a chaque fois et là, il en jouait contre moi. Une part de moi avait envie de le frapper mais l'autre...voulait juste se lover contre lui. Je n'arrivais plus a gérer cette balance émotionnelle depuis mes aveux, peut être parce que j'y avais goûte et que ça m'avait tellement plut...Et si l'inquiétude provoque ma colère, elle la calme tout aussi vite, pour une fois... je vois bien que Gar a sentit le vent tourné, c'est peut être pour ça qu'il m'avoue tout.

Et je me sens stupide. Tellement. Gar n'est pas sans défense bordel ! Il n'a pas besoin de ma protection ! Mais je ne peux pas m'en empêcher, c'est ironique lorsque l'on sait que j'étais sans aucun doute le plus grand danger pour lui. Et je lâche un tsss agacé. Des amis ? Pour moi c'était pas ça ! Mais après, qu'est ce que j'en savais, je n'étais pas une spécialiste de l'amitié, j'en étais même très loin. Et puis je ricane. « Insupportable hein...on se demande pourquoi. » En vérité, j'adorais ce qu'il était, même si parfois, ça me portait sur les nerfs. Il était comme ça et j'avais accepté sans concessions ce qu'il était. Même tête à claques. Il n'empêche qu'il s'est fait laminé et j'ose espérer qu'il n'est pas le seul dans cet état...Mais on parle de Jason et le peu que je savais...Ah... « Gamine cheloue pour être précise. » fis je en haussant une épaule. En vrai, je m'en fiche un peu, quoique je cherche toujours en quoi je suis cheloue. Je suis froide, distante avec les étrangers mais est ce que c'est ça être cheloue ? Je n'en suis pas sûre. « Je suis juste pas douée avec les gens, c'est tout. » alors qu'il ironise. Puis je le regarde, un peu surprise. « Pourquoi tu penserais ça ? » Que son sort m'indifférait ? C'était même clairement le contraire. Je me trouvais beaucoup trop inquiète pour lui, surprotectrice...

Et puis je balaye tout ça pour lui proposer un massage. Utile le massage hein, le vrai massage reposant et délitant.  Je suis surprise qu'il accepte mais en même temps...fébrile. Je suis pathétique... Je m'agenouille a côté de lui tandis qu'il évoque ses épaules. Épaules que je regarde. Je ne vois pas de bleus...Mais ma position n'est pas la plus adéquate.  Oh tant pis ! Il n'y avait que moi qui me faisait des nœuds au cerveau...D'un mouvement souple, je me juche sur lui sans pour autant lui laisser supporter mon poids. Même si il est un peu plume. « C'est pas que je ne réponds pas franchement, c'est que je ne vois pas quoi dire d'autre. Tu me manquais...c'est tout. » fis je finalement alors que je me rends compte qu'il ne lâcherait pas le morceau aussi facilement que je ne l'aurais voulu et puis, je me retrouve a rétorquer... heureusement qu'il ne peut pas me voir parce que je crois que je dois faire une tête étrange a l'entendre me dire qu'il est content de me manquer. Je ne sais pas comment je dois le prendre... Songeuse, je pose mes mains sur ses épaules avant de, doucement, en masser la chair et la peau. Je sens la raideur, la tension de ses muscles et j'insiste légèrement sur ces zones là. « Tu crois que je ne ressens rien ? » Est ce qu'il me croit sans cœur ? Non sans doute pas...je ne sais pas pourquoi il est content en fait...Ce n'est pas ça être ami ? Même si je voulais autre chose que cela...Je... Je ne suis pas franchement douée hein...

« Je sais. » Et je pense aussi qu’elle m’aime bien pour ça. Je ne me prends pas la tête comme elle et peu de choses m’affectent réellement au final. Mais je sais aussi déceler les réels signes d’inquiétude chez elle et ce qui pourrait engendrer de nouveau un muni cyclone dans notre modeste appart. De plus, maintenant que je suis grillé, autant jouer cartes sur table. Du moins autant que je peux sans trahir les autres. Et l’excuse d’avoir subi un entraînement pour apprendre à me défendre passe comme une lettre à la poste. En même temps,c’est totalement plausible, donc bon. Et une grosse, grosse partie de la vérité. La seule omission vient du fait que ce sont déjà des super héros super entraînés, contrairement à moi. Et que je ne fais pas ça juste pour protéger ma petite personne. Quand elle s’agace et répond avec un ricanement, je prote les mains sur ma poitrine, là où se trouve le cœur, dans un geste théâtral. « Outch, ça fait mal ça. Tu me fais beaucoup de peine. » Absolument pas.

Elle évoque alors Jason et je ne mens pas. Cependant, je fronce les sourcils quand elle me confie comment il la qualifie. « Gamine ? Mais tu es plus vieille que lui. » C’est assez ironique en fait. Rachel a mon âge, alors que Jason est de trois ans plus jeune. Le gamin,c’est clairement lui. Je ne relève pas davantage le chelou la concernant, parce que je peux comprendre ce qui motive ce qualificatif, aussi peu flatteur soit-il. Pas douée avec les gens… C’est un euphémisme. Même si elle reste socialement adaptée, bien sûr. Je hausse une épaule, me sentant un peu con quand elle me demande pourquoi je pourrais penser qu’elle se fiche de ce qui peut m’arriver. J’ai sans doute parlé trop vite et sans réfléchir. Rachel n’est pas dépourvue d’émotions, loin de là, mais elle les verrouille tellement bien… il m’a fallu du temps pour comprendre qu’elle l’aimait bien quand même. Et peut-être que je n’en suis pas toujours convaincu. « Tu n’es pas très démonstrative… mais c’était idiot, je sais que tu m’aimes bien. » Je conclue avec un sourire charmeur.

Elle a quand même le don pour me surprendre. Parce qu’un massage de sa part, c’est incongru, tandis qu’elle n’aime pas spécialement le contact. Et là, c’est du genre prolongé. J’accepte. Par curiosité principalement. Je me demande si elle est douée, comment elle va s’y prendre ou réagir. Je sens alors qu’elle passe à califourchon sur mon dos et je ne peux m’empêcher de ressentir un frisson de plaisir en l’imaginant juchée sur moi comme ça. Alors on va arrêter tout de suite d’avoir ce genre de pensée parce que ça va être difficile de se détendre dans ces conditions. Je note que Rachel ne répond pas à mes questions, préférant en poser d’autres. Sauf que je ne tourne pas autour du pot et lui dit carrément. « C’est pas trop ta tasse de thé d’analyser ce que tu ressens hein ? » Je ris un peu, avant de me raidir quand elle commence à masser. Aïe… Pas sa faute, je suis tellement fourbu, que forcément, quand on malaxe les muscles endoloris, ça fait mal. Ce serait top si elle arrivait à les détendre quand même. « Non, c’est pas ça. Mais tu ne le dis jamais… Et parfois, y’a des choses qu’on a besoin d‘entendre… » Ma voix se termine dans un murmure. Un gémissement m’échappe, douloureux. « Je crois que c’est coincé là. »

Je lève les yeux au ciel. « Tu ne seras jamais nominé aux Oscars tu sais. » Bon peut être que je le connaissais un peu trop pour ça, mais j'aimais bien ce côté là de lui, un peu superficiel, un peu tout fou. C'était très différent de moi en fait, mais ça avait le don de m'apaiser. Etrange non ? Finalement, il arrive sans trop de peine a éloigner l'orage qui commençait a gronder sous mon crâne et m'explique ce qu'il faisait. Ce n'était donc que ça...Enfin on ne l'avait pas vraiment épargné non plus. J'aurais deux mots a dire a Jason quand je le reverrais... Je hausse une épaule. « Bah...J'ai pas été vexée, dans l'absolu, je m'en fiche même. » Ca vaudra jamais les petits noms de Constantine hein...Parce que lui, il me sortait pas que des gamines. Et puis je tique a la suite, fronçant les sourcils, un peu perdue pour le coup. Etais je si hermétique que ça ? Oui sans doute... Là où Gar était un homme avenant qui se liait facilement d'amitié, moi, j'étais tout le contraire...Mais quand même, on vivait ensemble depuis un moment, on se connaissait depuis plus longtemps que cela...Et même si il mettait ma balance émotionnelle a mal la plupart du temps, je ne voyais pas pourquoi il doutait de mon attachement...Même si j'y mettais un frein ou que j'en cachais tout l'étendue. « Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas ici. J'ai pas beaucoup d'ami...voir aucun en fait, a part toi. » Et si seulement je n'aspirais pas a beaucoup plus... Ah.... Je cille un peu a son sourire. Mince, son attaque la plus efficace... Et j'ai de plus en plus de mal a en faire abstraction en fait.

Si je pensais me sortir de cette situation en proposant un massage, je me suis loupée. En même temps...un massage...C'est pas le truc le plus soft du monde quand on veut garder une certaine distance contre son gré. Pourtant, pour le coup, je ne pensais vraiment qu'a le soulager, mais là, juchée sur ses reins...Ahum...D'autant plus qu'il ne lâche absolument rien, c'est fou ce qu'il peut être têtu parfois et si je savais biaiser parfois, ne pas répondre a une question directe...C'était plus difficile. J'ai un sourire ironique qu'il ne peut pas voir mais il n'y en a pas de trace dans ma voix lorsque je réponds. « Au contraire, je sais très bien ce que je ressens Gar. » Oh oui, je le savais très bien. Trop bien même. C'était juste ma nature de ne pas le montrer, de tempérer mes élans, quelqu'ils soient. Parce que j'ai bien trop peur de glisser inexorablement dans les ténèbres...Parfois, je me demande a quel point Constantine attend ce moment d'ailleurs. Il n'est pas un ami, ni un allié, enfin si peut être, mais je sais aussi que si je dérape, il sera mon meurtrier. Je me secoue intérieurement. Je n'ai pas envie de penser a ce vieux schnock.

Je sursaute un peu lorsqu'il se crispe de douleur. « Je t'ai fais mal ? » J'essayes d'être la plus douce possible mais...Quand il y a des nœuds, faut les défaire... Et là, je lui demande si il me pense sans cœur...Peut être que je peux paraître ainsi oui, ce n'est pas voulu mais...Je soupire légèrement avant de reporter mon attention sur ce qu'il dit. « Je ne sais pas comment le dire, c'est tout... Tu veux m'entendre te dire quoi au juste ? » parfois, je ne sais pas ce qu'il veut de moi, ou même ce qu'il attend de moi. Gar pouvait paraître simple au premier abord, mais c'était loin d'être le cas. « Où ? Là ? » j'appuie doucement sur un angle de l'omoplate. « Désolée, je ne voulais pas te faire mal... Mais c'est un passage obligé, supporte le un peu. » Repris je avec un sourire pour moi même.  

Je ricane à la pique de Rachel et rétorque avec un air suffisant : « Pas besoin du talent, j’ai le physique. » J’appuie mon propos pompeux d’un sourire colgate du plus bel effet. Avant de me mettre à rire devant cette absurdité que je viens de sortir. Mais si cela peut détendre Rachel et la faire rire un peu, ce sera tout bénéf. Mais ce qui la détend, c’est de savoir ce qu’il s’est passé. La pression redescend d’un cran. Voire même de plusieurs en fait. Marrant quand même, ce décalage entre l’image de jeune femme froide qu’elle renvoie en permanence et la connaissance de ce qui se cache derrière cette surface lisse et glacée. Comme un volcan endormi sous un iceberg. Je sais que je vais me montrer beaucoup plus prudent avec elle désormais. Et que je ne saurais jamais effacer de mon esprit ces yeux totalement noirs, cette voix déshumanisée et ce ballet d’objets fous. « Cela ne m’étonne pas. » Qu’elle se fiche de ce qu’on peut penser d’elle ou comment on peut la qualifier. Pour ça que ce n’est pas facile de savoir ce qu’elle pense ou ce qu’elle ressent. Et qu’elle le pointe du doigt d’ailleurs, ce qui me met en situation délicate. Je ne souhaite pas être désobligeant ou blessant envers elle. Mais elle ne peut pas s’étonner d’être méjugée quand son attitude contraste avec ce qu’elle est. Et son aveu de n’avoir que moi en ami est presque pathétique. C’est triste de se lier si peu avec les autres quand on y réfléchit. Et je comprend d’autant plus sa peur de me perdre. Que de m’avoir révélé ce qu’elle est la terrorise.

J’accepte son massage, étonné et ravi et prends donc place. Je ne lâche rien, l’interrogeant jusqu’à avoir une réponse. Même si elle ne me satisfait pas vraiment finalement. « Oh. Alors tu ne veux pas me le dire. » Oui je l’asticote. Oui je voudrais bien qu’elle me dise un peu ce qu’elle pense de moi, ce qui lui plaît ou lui déplaît. Pourquoi je lui manque. Pourquoi elle retourne une ville pour retrouver ma trace, morte d’inquiétude. Je ne sais pas vraiment ce que j’attends d’elle en fait… Qu’est-ce que j’ai envie d’entendre et qu’est-ce que cela changera. Je ne réfléchis pas aussi loin. Je suis plus dans l’instant.

Mais le massage n’est pas très agréable pour le moment. Sans que ce ne soit sa faute, mais aller pétrir des muscles endoloris et malmenés, ce n’est pas la panacée. « C’est rien. » J’ai un petit ricanement : « Je devrais faire gaffe à ce que je dis, si je te contrarie, je vais passer un sale quart d’heure. » Et j’ai un moment de silence quand elle me demande ce que je veux entendre. Nous y voilà. Je n’en sais rien… Qu’elle m’aime peut-être plus que bien… « Ben ça. Que je te manque. Que tu m’aimes bien. Que je suis important pour toi. » Que je compte pour quelqu’un. Et qu’elle ne me trahira pas. J’en ai soupé des proches qui se retournaient contre moi par intérêt… « Aïe. » Oui là par exemple. Je sens le muscle de mon épaule qui roule contre l’omoplate. « Je supporte. Quand ce sera intolérable, je m’échapperais. »

Je ricane. « La modestie aussi apparemment. » Mais je ne peux pas nier qu'il est séduisant et qu'il capte assez facilement l'attention de son entourage. Je hausse un sourcil devant son sourire éclatant. « Je suis sensée me pâmer ? » Ce que j'étais a deux doigts de faire d'ailleurs, alors je détourne les yeux. Je sais ce qu'il fait, il allège l'ambiance parce qu'il sait que je ne suis pas passée loin de me mettre en colère. Il l'a sentit. Peut être ses dons ou son côté animal, j'en savais rien, mais toujours est il que c'est efficace. Je soupire en me posant sur son lit, lit que j'occupais y a encore 30 minutes. Son explication tenait la route et je n'avais absolument aucune raison de douter de lui. Et puis, franchement, qui laissait un visage tout propre et neuf quand il tapait quelqu'un ? Je me sentais ridicule mais passons. Au moins, j'étais un peu rassurée, il était avec Jason. Je connaissais mal ce type mais il ne m'avait pas fait mauvaise impression. Même si il me traitait de gamine cheloue, je passais facilement outre. « Ma vie serait littéralement un enfer si je devais me vexer pour un rien tu sais. » J'esquisse un sourire en coin un peu amusé qui s'éteint quand il continue. Il me demande quelque chose auquel je ne suis pas habituée. Je ne suis pas démonstrative, je ne suis pas tactile, je ne sais même pas comment faire en fait. La plupart des gens ne s'approchent pas de moi, tout simplement parce que je ne réponds pas a leurs avances, quelqu'elles soient d'ailleurs. Amoureuse, amicale ou juste...Enfin bref. Plus asociale que moi, on fait pas.

Et pourtant, je me retrouve juchée sur lui et les mains sur sa peau. C'est vrai que plus éloignée, on fait pas mieux et je me demande si je n'ai pas fait une erreur pour le coup, mais trop tard. Et il cherche a me faire dire quelque chose dont je n'ai aucune idée. Oui il me manquait...J'avais mis des mots dessus et les lui avait dit, que voulait il de plus ? J'interromps un instant mon massage. « Franchement, je ne sais pas ce que tu veux m'entendre dire là. Tu me manquais oui, je n'aime pas quand tu n'es pas là et ça m'inquiètes. Ton oreiller sent comme toi alors je suis venue dormir là, ça m'apaise. » Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus pour le coup. Même si je sais très bien que ce que je ressens pour lui dépasse très largement les limites de l'amitié, il y a des mécanismes que je ne comprends pas, même mes réactions me sont parfois incompréhensibles. Trop soudaines, trop intenses et ça s'est aggravé depuis que je lui ai parlé de moi et qu'il semble m'accepter comme j'étais.

Je me secoue intérieurement et continue mon massage. Non sans douleur d'ailleurs si j'en juge par ses gémissements, lui il souffre et moi je laisse échapper un léger rire. « Je ne suis pas aussi cruelle, tu exagères. » Avant qu'il ne fige mes mouvements. Ca ne dure rien, juste une demi seconde. Je ne m'étais pas forcément rendue compte que j'étais aussi fermée. Enfin si, je le savais...Mais pas tant que ça, je ne disais juste rien, je montrais plus facilement. « Tu accordes beaucoup d'importance aux mots... » fis je un peu songeuse. « Et je ne suis pas douée pour ça, mais si je suis foutue d'aller te chercher en plein Gotham avec un type que je ne connais pas, ce n'est pas pour rien. » Je ne sais pas ce qu'il me prend de me pencher pour poser mes lèvres sur son épaule, mais je le fais avant d'ajouter. « Tu es important pour moi Gar. Très important et si je n'arrive pas forcément a te dire ce que tu veux entendre, ça ne veut pas dire que ça n'existe pas... » Mince, je ne suis pas sûre d'être super claire en fait et je suis rouge pivoine en prime. Et en réfléchissant, je tombe sur un nœud, au creux de son épaule. « Petite nature. » un comble quand on savait qu'il pouvait prendre la forme d'une force de la nature comme un éléphant sans sourciller.

Mon sourire s’agrandit quand Rachel se moque de ma modeste. Cela fait partie du jeu, c’est de bonne guerre et je n’en suis pas vexé le moins du monde. « En effet. » Je prends un air pensif en me caressant le menton. « Hum, on dirait que je vais devoir bosser davantage pour avoir le résultat escompté. Madame fait de la résistance. » C’est assez amusant de jouer sur cette note légère avec Rachel. Cela ressemble même un peu à du flirt il me semble. Même si la situation ne s’y prête pas vraiment. Au départ, c’est surtout qu’elle flippe de me voir blessé et que quand elle flippe ou est blessée, elle devient dark. Mais cela n’arrive pas cette fois ci alors que je minimise les choses, pour n’en faire qu’une anecdote risible sur mes compétences martiales assez déplorables.

Et cela se conclue par une proposition de massage. Non mais, si j’avais su, je serais rentré en vrac avant en fait. Je ne vais pas cracher sur le fait de me faire tripoter par une jolie fille. Et si elle n’était que ça encore… parce que forcément, qu’elle soit à califourchon au dessus de moi et ses mains sur ma peau, ça me fait un peu d’effet quand même. Ce n’est pas juste une jolie fille. C’est une fille dont je suis en train de tomber amoureux je crois. Si ce n’est pas déjà fait. Et c’est un peu un mauvais plan. Parce que si elle m’aime bien et c’est probablement pour ça que j’ai besoin de l’entendre le dire, elle n’est pas habituée à ce genre de relation et peut très bien rechercher juste un ami sur lequel compter et rien d’autre. Ce serait con de tout gâcher. Et je souris quand elle répond à ma question, même si elle ne voit pas trop ce que je veux. Un sourire qu’elle ne peut pas voir et c’est bien pratique. « Ben juste ça, ça me va. »

Bon, cela dit, je ne me détends pas vraiment, parce que j’ai vraiment mal et Rachel n’y va pas avec le dos de la cuillère. Je plaisante sur le potentiel pouvoir de torture qu’elle a sur moi là et cela la fait rire. « Ouais… On dit pas assez les choses. Après, je sais que c’est stupide, parce que c’est facile de mentir. » Plus facile de le faire par la parole que par les actes. C’est un niveau au dessus ça. « C’est vrai. » Retourner une ville inconnue avec un mec inconnu pour me trouver, j’avoue que ce n’est pas rien. Et je frémis quand elle pose ses lèvres sur mon épaule, tournant ma tête sur le côté pour l’observer du coin de l’œil, interdit. « Si tu ne sais pas le dire avec des mots… Fais le avec des gestes… » Je murmure. Cela appuie son baiser par exemple. Je grimace et me raidit quand elle appuie sur un nœud. « Ouais ouais… Je saurais m’en souvenir le jour où ça t’arrivera. » Peuh. Et je continue en ronchonnant un peu : « Demain ça ira mieux. » Je guéris relativement vite et bien. Probablement un truc lié à mon métabolisme modifié. « La prochaine fois, je te demande un massage en n’étant pas passé dans un rouleau compresseur, je profiterais davantage. »

Alors non, je n'étais pas pour qu'il bosse un peu plus sa technique, elle était déjà bien assez efficace comme ça. Je me contentais donc de hausser un sourcil ironique. J'adorais Gar quand il était comme ça...Je devais d'ailleurs lui paraître frustrante a ce genre de jeu...Le plus souvent, je répondais pas un demi sourire ou une expression quelconque, pas souvent par les mots. Il n'empêche que je n'étais pas vraiment préparée aux montagnes russes qu'étaient devenues mes émotions avec lui. Je peinais a en garder le contrôle, plus qu'avant et, honnêtement, ça me faisait parfois vraiment peur. Comme là, mes réactions sont trop violentes et en reprendre les rênes était assez laborieux. Heureusement, ce n'était rien...Ou presque...Juste un entraînement, ce qui me colle une honte un peu acide devant mon propre manque de maîtrise. Mes mentors doivent se retourner dans leur tombe... Ou ils me répéteraient a l'envie que me lier a quelqu'un était dangereux...Oui, certainement la seconde option...Mais ils n'étaient plus là et c'était bien trop tard maintenant.

Je me retrouve juchée sur son dos en me traitant de tous les noms. Je n'aimais pas toucher les gens, comme je n'aimais pas qu'ils me touchent d'ordinaire. Mais il faut croire que j'y avais pris goût du moment que c'était lui.  Lui qui est beaucoup trop persévérant pour mon bien. Honnêtement, j'ai beaucoup de mal a comprendre ce qu'il veut de moi, avant la question ne s'était jamais vraiment posée mais peut être avions nous passé un cap ou franchit une frontière sans même le savoir. Je ne le savais pas. Ni même quelle genre de barrière c'était écroulée. Ce que je dis, je le dis sans arrière pensée, sans même en percevoir le double sens quelque part. Je ne suis pas douée avec les gens et lui, je peux l'aimer, je ne sais pas comment l'aimer. Aimer et savoir aimer, c'était deux choses différentes j'avais l'impression. Je suis surprise qu'il se contente de ça.... « Ah ? oh..D'accord. » je n'avais pas l'impression d'avoir dit quelque chose de différent d'avant....Enfin je crois.

A force de le masser, je tombe sur une zone plus tendue que les autres et lui fait mal sans le vouloir. De toute façon, même une caresse lui aurait fait mal je crois tellement les muscles étaient noués. Pensivement, je reprends le fil de la conversation. Parler. Communiquer. Ce genre de truc. Je ne suis pas très habituée a ça. Jusqu'a maintenant, ça n'avait jamais semblé le déranger, peut être que maintenant si. Et, honnêtement, parler sans trop en dire est un exercice difficile. Plus difficile que je ne le pensais, mais moins que le baiser que je dépose sur son épaule, me surprenant moi même. « Je peux mentir...Mais autant ne rien dire, c'est plus simple. » Je mentais mal en prime. Alors il était vrai que je ne disais rien. Moi je préfère agir, enfin je préfère juger selon les actes en fait. Ou alors j'étais bizarre, c'était possible aussi. Encore penchée sur lui, je capte son coup d'oeil...Et durant un instant, je me laisse totalement happée par l'éclat de ses yeux avant que les miens ne tombent sur sa bouche. Faire avec des gestes... Si je l'embrassais maintenant...Est ce qu'il comprendrait ? Et après, est ce qu'il serait désolé ? Méfiant ? Dégoûté dans le pire des cas ?  Je bas des paupières avant de me redresser, les joues en feu. Un peu chamboulée par mes propres pensées, je ne fais pas vraiment attention a ce que je fais, résultat, j'écope d'un gémissement douloureux... Je culpabilise un peu mais ça ne m'empêche pas de me moquer gentiment. « Si je me souviens bien, tu as appuyé fort sur ma plaie par balle, donc bon. » Cela dit, j'étais tellement dans les vapes a ce moment là que je ne me souviens plus vraiment de la douleur. « Si tu n'as rien, pas besoin de massage. » Mais il peut entendre un sourire dans ma voix. Finalement, je soupire un peu avant de cesser la torture, me laissant tomber dos a côté de lui, les yeux rivés au plafond. « Ca t'embête si je dors avec toi cette nuit ? » fis je soudainement en me tournant de son côté.

« Je préfère que tu ne dises rien que de me mentir… » Cela tombe bien. Rachel n’avait jamais été très bavarde en ce qui la concernait. Maintenant que j’en sais plus sur elle, je comprends aussi pourquoi elle n’a jamais trop souhaité divulguer son passé. Ce n’est pas le genre de truc qu’on déballe aux inconnus. Et même si je ne le suis plus, c’est difficile de faire confiance aux gens. Dans son cas, c’est la peur de m’effrayer qui l’a retenue. Dans mon cas, ce sont surtout les trahisons qui m’ont refroidi. Même si je demeure assez ouvert et pas suffisamment méfiant, très probablement. En attendant ce baiser anodin a un sacré effet sur moi, je ne peux pas le nier. Et je ne serais pas contre un vrai baiser là. Parce que je ne sais pas trop comment interpréter ce geste de sa part. Je l’observe alors et je la vois s’empourprer et reculer un peu. Des fois, je me dis que ça doit être pratique d’être télépathe. Même si ce serait assez gênant dans certaines circonstances. Ne rien pouvoir cacher du tout… Voilà quoi.

Mais avoir mal, ça coupe bien les idées un peu déviantes. Rachel a trouvé une super parade. « Hey, ce n’était pas du tout comparable ! » Je m’offusque quand même face à sa mauvaise foi. Attends, fallait bien que je fasse quelque chose pour l’empêcher de se vider de son sang. Je propose un massage quand je serais moins en vrac et… ah ben raté. Enfin, non elle me taquine. Je crois. « Pour le moral, ça compte ? » Pour juste un peu de bien être. Pour que quelqu’un s’occupe de moi. Quand j’y pense, ça fait longtemps que ce n’est pas vraiment arrivé. Qu’on fasse attention à moi, qu’on s’inquiète pour moi. Cela a quelque chose de réconfortant. Et me rend nostalgique aussi. Le poids s’allège sur mon dos alors qu’elle tombe allongée à côté de moi, pour se tourner et me faire une demande incongrue. Je papillonne des paupières, un peu surpris par la demande. La dernière fois qu’on a dormi ensemble, j’étais changé, parce que c’était plus simple et parce qu’elle avait froid et était en convalescence. Là, aucun de nous n’est gravement blessé… « Euh… non. Tu ne m’embêtes jamais. »

Avec précaution, je me retourne, non sans grimacer, pour me retrouver sur le dos. « Je ne bougerais plus jamais. » Le mode tortue, c’est bien. Je tends alors le bras vers elle, le passant au dessus de sa tête : « Allez viens. » Je ne suis pas contre sa chaleur, ni sa présence, loin de là.

« Le mensonge te revient toujours en pleine poire, j'en sais quelque chose. » Si on ne m'avait pas mentit ou si on n'avait pas esquivé mes questions...peut être que je n'en serais pas là. Je ne sais pas et, franchement, je n'ai pas vraiment envie d'y penser maintenant, surtout que je me ferais des nœuds inutiles au cerveau. Et mon cerveau décide de faire n'importe quoi. Durant un instant, une seconde, j'ai envie de l'embrasser, juste pour savoir enfin ce que c'est que de le faire avec lui. Je me demande aussi comment il réagirait...Et quelque part, je n'ai pas trop envie de le savoir. Je sais, c'est lâche, débile peut être ou prudent, cela dépend du point de vue sans doute, en attendant, j'ai les joues en feu et un œil hagard sur le plafond. Me traiter de tous les noms marche bien aussi, sauf que je ne fais plus attention a ce que je fais. Grossière erreur, que je retourne aussi sec. Après tout, lui aussi m'avait fait mal en compressant ma blessure...oui bon, je ne m'en souvenais pas très bien, trop dans les vapes sans doute. « Certes, tu ne pisse pas le sang. » fis je avec un léger rire.

Et puis celui ci s'estompe un peu quand il embraille. « Alors peut être, ça dépendra de mon humeur. » En vérité, si il me le demandait, je le ferais, un peu honteusement parce qu'honnêtement, mes pensées ne sont pas spécialement pures le concernant. Je sais que je tire sur la corde, que je me fais sans doute plus de mal que de bien, mais je ne sais pas quelle force me pousse a enfoncer mon avantage. Lui demander de dormir avec lui est sans doute la plus belle connerie du monde, mais c'est plus fort que moi. Et cette fois, il n'est pas un gros chaton plein de poil. Je me sens un peu con...Mais il me surprend en acceptant, tellement que je bats un peu des cils de surprise. Je le regarde passer un bras au dessus de ma tête et sur le coup, je ne comprends pas vraiment ce qu'il veut...Ah... j'avais pas pensé a ça.

J'hésite un peu, pas a cause de lui mais plutôt a cause de moi avant de jeter mes pensées tourbillonnantes aux orties et de me pelotonner contre lui. En vérité, le savoir là, près de moi m'apaise vraiment et il me rassure, même si il n'en a sans doute pas conscience. Au début, je ne pensais pas m'endormir, pas en écoutant son cœur battre, pas en sentant son corps contre le mien mais au final, je me dépend et je finis par sombrer. Je crois que cette nuit restera la plus belle que j'ai jamais passée depuis longtemps. Vraiment.