You can't always get what you want... | Barry

Je plisse des yeux, alors qu’il secoue de nouveau la tête et me montre la sortie. Le silence s’est fait autour de nous alors que je sens bien les regards peser sur moi. Et si j’étais déjà en colère, là c’est le pompon. J’attrape mes eskrimas posés sur la table d’un geste rageur et je me dirige vers l’ascenseur, jurant entre mes dents alors que je rêve d’une porte à claquer ou d’un truc à casser. Sauf qu’il y en a pas dans cette fichue batcave.

L’ascenseur se referme derrière moi et je croise les bras, tapant du pied alors que je remonte d’un niveau. J’ai même pas pris la peine de virer mon costume tellement je suis furieux et que j’avais juste une envie, m’éloigner de Batman et de ses grands principes à la con. Ah c’est sûr, quand il s’agit de mes propres démons, il sait y faire pour être le justicier irréprochable et pour dire qu’il ne faut surtout pas tuer qui que ce soit. Et pour me faire la morale devant tout le monde. Sérieux, devant la Justice league quoi. Ca craint à mort putain. Je passe pour quoi moi ? Le sale gosse incapable de se contrôler. Alors que j’avais vu Flash quoi, une fois ? Deux ? Tu parles d’une impression de merde.

Et je me retrouve dans l’un des salons, me figeant un instant devant le miroir. Et je vois quoi ? Un gamin de même pas 18 ans, engoncé dans un costume aux couleurs vives, le visage masqué et le regard brillant d’une colère impossible à contenir. « Va te faire foutre Batman. Allez tous vous faire foutre. » J’attrape mon masque et je le balance par terre rageusement. Mais ça suffit pas. Evidemment que ça suffit pas. Je pouvais aller venger mes parents, aller me confronter à Zucco mais non, il faut être réfléchi, raisonnable et tout. « Des conneries tout ça. » Un coup de pied dans le meuble histoire de bien ponctuer mon immaturité. Avant que je me fige quand j’entends une voix familière. « Maitre Richard. Je vous ai apporté de quoi manger et de quoi boire. Pour que vous puissiez rester ici sans avoir à … discuter avec qui que ce soit. »

S’il y a bien quelqu’un contre qui je peux pas être en colère, c’est Alfred. Mais là, il arrive juste à me filer un peu plus mauvaise conscience alors que je le vois déposer le plateau et refermer derrière lui, comme si tout était normal. Enfin, faut dire que c’est devenu habituel mes engueulades avec Bruce ou Batman ces derniers mois. C’est même notre quotidien. Et c’est de pire en pire j’ai l’impression. Je soupire longuement, finissant par me baisser et par ramasser mon masque. Que je regarde sans vraiment le voir, tout en murmurant, sans même m’en rendre compte. « Mais qu’est-ce que je vais faire… » Que ce soit maintenant, demain ou … ou j’en sais rien en fait. Je me sens largué comme jamais. Et je déteste ça.

L’ambiance était lourde dans la Batcave. La tension entre Batman et son jeune acolyte était plus que palpable et les membres de la Justice League assistait à la scène quelque peu  malgré eux. Pour Barry c’était l’une des toutes premières fois qu’ils étaient aux cotés de ses superhéros qui l’avaient intégré à leur groupe. Il aimait bien Robin, à vrai dire il était même admiratif des capacités que possédait le jeune homme et il était impressionner par la maturité dont il savait faire preuve malgré son jeune âge. Alors après cette dispute entre ce dernier et son mentor, le Flash ne put s’empêcher de se sentir un peu mal pour l’acolyte du Chevalier Noir. Ainsi, il le regarda donc quitter les lieux d’un air rageur tandis que lui restait immobile ne voulant pas faire de vagues face à ses nouveaux partenaires.

Alors que la réunion entre les membres de la Ligue avait repris, elle fut finalement achevé quelques instants plus tard et alors que Batman se dirigeait vers son super-ordinateur, Barry décida d’aller voir Robin. Il se mettait quelque peu à la place du jeune homme et il aurait lui aussi été vexé d’être confronté de la sorte par son mentor. Fidèle à lui-même, le justicier de Central City prit la décision d’aller remonter le moral du jeune homme. Prenant donc le même chemin que ce dernier, il prit l’ascenseur le menant dans le manoir Wayne.

Arrivé au cœur du manoir, il croisa le majordome de Bruce, un dénommé Alfred que Barry avait juste brièvement rencontré par le passé. « Excusez-moi Alfred, pourriez-vous m’indiquer où se trouve Dick ? » « Bien sûr monsieur Allen, veuillez me suivre je vous prie. » Barry s'exécuta et suivit le majordome qui le guidait à travers le manoir. Durant le trajet, il tenta de s’imaginer ce que pouvait être la vie dans ce manoir. Il y avait tant de richesse et il était tellement grand qu’il avait bien du mal à se faire une idée du quotidien dans cette bâtisse. En tout cas, il avait déjà pu constater que le manoir était impeccable et à n’en pas douter, cela était du au talent sans pareil du vieil homme qui lui indiquait le chemin. Arrivé devant la pièce où se trouvait Dick, Barry remercia Alfred avant de frapper à la porte. Quelques secondes après, il ouvrit doucement la porte. Inquiet pour l’état d’esprit du jeune garçon, le bolide décida donc d’engager la conversation avec une question simple mais qui lui paraissait pourtant essentiel. « Salut. Comment tu te sens ? » Barry était quelque peu mal à l’aise, après tout il n’était par particulièrement intervenu pour prendre la défense de Robin même si il avait de la compassion pour lui. Il espérait néanmoins que l’acolyte de Batman ne lui en tiendrait pas rigueur plus que ça et qu’il comprendrait sa position.

Je soupire doucement, alors que je regarde encore et toujours ce fichu masque. Il représente tellement de trucs et j’ai tellement envie de l’envoyer valdinguer au bout du monde que je me demande vraiment ce que ça veut dire. Est-ce que c’est juste un coup de colère ? Est-ce que ça va plus loin ? En réalité, je me rends compte que je ne comprends pas ce qu’il veut de moi. Que ce soit en Bruce ou en Batman. J’ai toujours tellement peur de lire de la déception dans ses yeux qu’à force, j’évite de le regarder. Comme si j’étais pas à la hauteur de celui qu’il essayait de forger. Comme si je n’étais pas assez bien pour rester dans son ombre.

Et mon regard se perd de nouveau dans le vide. « Fait chier… » Peut-être que je devrais faire mes valises, partir d’ici, m’éloigner de son influence pour savoir qui je suis. Ou ce que je veux être. Sauf que… ouais c’est mon père. On dira ce qu’on voudra, j’ai beau le nier de toutes mes forces, je me suis beaucoup trop attaché à lui depuis la mort de mes parents. Alors, forcément, quand ça se passe mal, et dieu sait si ça arrive de plus en plus souvent, je me demande à quel point il regrette d’avoir fait de moi son pupille. Et si je lui enlèverais pas une épine du pied en disparaissant de sa vue. Le pire ? C’est que je sais même pas ce qu’il dirait si je lui en parlais. A part me dire de faire ce que je juge le mieux ou une connerie dans le genre. Alfred lui, il saurait. Il sait toujours.

Je sursaute quand on frappe à la porte et j’ai quand même un temps d’arrêt avant de me décider à dire d’entrer. Je sais pas trop si j’ai envie de parler à qui que ce soit, encore moins Bruce que les autres. Et pourtant, j’essaie d’ignorer cette pointe de déception en voyant que ce n’est pas lui. Comme s’il allait venir s’occuper du petit Robin. Il a bien mieux à faire hein. Genre, sauver le monde. Par exemple. Et, à la question de Barry, j’ai un rire sans joie. « Comme un gamin qui fait une colère alors que son père a bien plus important à faire. » Quoi ? C’est la vérité. Je finis par laisser tomber le masque à côté du plateau ramené par Alfred et je m’assois juste à côté, désignant un siège à Barry. « Je suis désolé d’avoir… enfin que vous ayez tous eu à assister à ça. C’est pas hyper pro hein. » Boarf, au pire, on mettra ça sur le compte de mon âge et de mon côté … mon côté quoi au juste ? J’essaie toujours d’être un bon élève, d’être le meilleur pour qu’il soit fier de moi. Tout ça pour me faire envoyer sur les roses au pire des moments. « T’as faim ? Alfred m’a encore fait à manger pour 12. » Ca se fait de demander ça à un super-héros ou pas ? Je sais pas, j’en suis pas un et, clairement, vu comment ça s’est passé aujourd’hui, ça risque pas d’arriver.  

A en croire la réponse du jeune acolyte de Batman, ce dernier s’en voulait d’avoir réagit de la sorte lors de son embrouille avec le chevalier noir quelques instants auparavant. Barry ne lui en tenait pas rigueur après tout il n’était pas des plus expérimentés et il comprenait parfaitement qu’il était parfois trop compliqué de refréner ses émotions d’autant plus quand on avait l’âge de Robin. Un large sourire s’étendit sur les lèvres du justicier lorsque le jeune homme proposa de partager le stock de nourriture qu’avait préparé Alfred. La réponse de Barry fut aussi rapide que s’il poursuivait un ennemi. « Grave ! J’ai trop faim. » Barry pris donc de quoi manger avant de s’installer dans un fauteuil. Alors qu’il prit une bouchée du sandwich préparé par le majordome des Wayne, il ferma les yeux quelques secondes pour savourer sa bouchée. Alfred était vraiment un pro de la cuisine cela ne faisait aucun doute. Barry prit la parole après avoir pris soin de bien avaler ce qu’il avait en bouche. « Je devrais venir manger ici plus souvent, Alfred cuisine trop bien. » déclara-t-il le sourire aux lèvres. Puis il reporta son attention sur Dick avant de reprendre la parole. « Tu sais à ta place je ne m’en ferais pas trop, ça arrive de s’engueuler avec son père. C’est toujours compliqué comme relation. En tout cas t’inquiètes pas je ne t’en tiens pas rigueur perso. »

Barry avait toujours été plutôt à l’aise avec les adolescents. Peut-être était-ce parce qu’il n’était pas si vieux que ça par rapport à eux néanmoins le passage à l’âge adulte ne l’avait pas rendu aigri ou critique vis-à-vis des plus jeunes comme pouvait le devenir certains jeunes adultes en oubliant qu’ils avaient eux aussi été dans cette position peu avant. Il devait avoir environ 5 ans de différence avec Dick ce qui en faisait le membre de la Justice League le plus proche en termes d’âge de l’acolyte de Batman, c’était pour cette raison qu’il essayait de se montrer bienveillant avec le jeune homme. Il n’avait pas intégré l’équipe depuis bien longtemps mais il était conscient que sa personnalité était assez légère et qu’il n’aurait aucun mal à s’intégrer par conséquent il voulait aider le jeune Grayson à en faire de même. Il avait bien conscience que leurs positions étaient assez différentes, Barry étant un membre à part entière de l’équipe tandis que Dick était avant tout l’allié de Batman. Cependant aux yeux du bolide la distinction n’avait pas vraiment lieu d’être, il s’estimait tout autant en sécurité si Robin couvrait ses arrières que s’il s’agissait de Superman, pouvoirs mis à part bien entendu. Il avait le sentiment que pour pouvoir donner la plénitude de ses capacités, Dick avait besoin de se sentir soutenu et s’il avait fait le chemin jusqu’à lui après la scène entre son mentor et lui c’était avant tout pour remonter le moral du jeune homme. « Je ne voudrais pas paraître indiscret mais ça vous arrive souvent de vous disputer Batman et toi ? Si tu ne veux pas en parler je comprends ne t’inquiète pas. » rajouta-il ne voulant pas imposer une discussion que son interlocuteur n’avait possiblement pas envie d’avoir.

Ca devrait pas me toucher autant. Je suis supposé devenir fort, responsable et l’acolyte dont Batman a besoin. Son petit toutou qui dira amen à tout ce qu’il demande sans chercher à réfléchir.

… je sais, je suis injuste. Il est pas comme ça, j’en suis bien conscient et jamais il m’a demandé d’agir comme un toutou obéissant. Mais je suis énervé. Frustré. En colère. Et j’en passe. Parce que plus les jours passent, plus je me dis que je serais jamais à la hauteur de ce qu’il attend et que, pire encore, il y a des trucs que j’approuve pas dans sa façon de faire. Encore moins quand ça me concerne directement. Sauf que c’est compliqué d’assimiler tout ça en plus du reste, de savoir comment me positionner par rapport à lui, par rapport aux autres. Et par rapport à ce que je veux être. Je crois que c’est ça, le plus important… non ?

J’arrive quand même à esquisser un sourire à l’attention de Barry. Il est carrément cool lui et me donne pas l’impression de mettre les pieds dans le plat à chaque fois que j’ouvre la bouche. « T’as pas idée. Perso, je suis pas capable de me faire un thé sans mettre le feu à la bouilloire. Mais lui il arrive toujours à faire des trucs de dingues. Même pour des simples sandwichs. » Je me laisse couler dans le fauteuil, soupirant longuement avant qu’il ne reprenne la parole. « Sauf que… c’est pas… » … mon père déjà. Mais je l’ai bien cherché avec ma réplique. Comme quoi, faut vraiment que j’apprenne à réfléchir avant de parler. « Je te garantis que c’est encore plus compliqué quand c’est Batman. » Bon, on va dire qu’on a une relation filiale. C’est bien ça. Ca veut pas dire grand-chose, ça mange pas de pain. Je continue de grignoter mon sandwich, la mine songeuse, réalisant vaguement que je suis content que Barry soit là. Même si ouais, c’est carrément la honte de se prendre un sermon comme ça devant tout le monde, au moins il a pas l’air d’être du genre à me juger ou à se foutre de moi. C’est toujours ça de pris.

A sa question, j’ai un profond soupir, sans bien savoir par où commencer. « Je… ouais ? Enfin de plus en plus ces derniers temps. C’est stupide mais j’ai l’impression de pas… » Je fronce les sourcils, cherchant mes mots, avant de pointer du doigt ce qui va pas. « De pas être moi-même. A ma place. Ouais, je sais, en portant un masque, difficile d’être soi-même, je sais bien. Ca te l’a jamais fait à toi ? » Je grimace, me demandant à quel point ma question est beaucoup trop personnelle pour avoir une vraie réponse, avant de continuer, toujours aussi hésitant. « Il dit que je dois pas me focaliser sur le passé, sur ce qui est arrivé à mes parents. Que je dois pas chercher à me venger. Mais tu trouves ça normal que ceux qui les ont tués ne paient pas ? Alors qu’on a carrément les moyens de les trouver et tout ? » Ca va faire six ans et pourtant, y a pas un jour où je pense pas à eux, où je me dis pas que je pourrais au moins honorer leur mémoire de cette façon, à défaut d’autre chose. J’ai déjà pris un chemin bien différent du leur et, si je me détourne même de leur meurtrier, je serais vraiment le pire des fils non ?

La réponse du jeune justicier ne tarda pas. Effectivement les disputes entre son mentor et lui était de plus en plus fréquentes. Cependant ce fut davantage les paroles qui suivirent qui interpellèrent Barry. Dick disait ne pas se sentir toujours à sa place, de ne pas être lui-même lorsqu’il portait le masque de Robin. Il demanda par ailleurs si cela était déjà arrivé à Barry, ce qui ne manqua pas de faire réfléchir l’homme le plus rapide du monde. A l’inverse du jeune homme face à lui, Barry se sentait parfaitement à l’aise en temps que Flash et il n’avait pas particulièrement la sensation d’être un homme totalement différent lorsqu’il portait ou non son masque de justicier. Mais avant qu’il ne réponde, il continua à écouter les paroles de Dick qui lui expliquait que Batman ne souhaitait pas que le jeune homme cherche à se venger des assassins de ses parents. Barry connaissait l’histoire des parents de Dick, la mort des Flying Grayson avait fait la une des journaux alors qu’il était adolescent et il avait eu beaucoup d’empathie pour le jeune orphelin qui avait par la suite été adopté par Bruce Wayne. A travers les paroles de Dick, il comprenait que la douleur de leur perte était encore très présente pour lui et il ne pouvait s’empêcher de faire un parallèle avec le meurtre de sa mère lorsqu’il était lui aussi enfant. Barry ne savait pas qui avait tué cette dernière néanmoins il comprenait ce désir de vengeance presque viscérale. Il ne pouvait pas nier qu’il ignorait parfaitement quelle serait sa réaction si d’aventures il retrouvait l’homme ou la femme responsable de la mort de sa mère. Ainsi il comprenait parfaitement le point de vue de Dick tout comme il était en mesure de comprendre celui de Batman qui devait probablement estimé qu’une quête de vengeance n’apporterait rien de bon à son protégé. C’était une équation compliqué à résoudre et Barry n’avait pas de réponse meilleure qu’une autre à apporter néanmoins, il décida d’apporter son point de vue à son interlocuteur.

Se servant de nouveau un sandwich, après tout Barry était un éternel affamé, ses besoins caloriques étant énormes tant ses pouvoirs puisaient dans son métabolisme, Barry l’englouti rapidement avant de prendre la parole. « Pour répondre à ta question à vrai dire je ne sais pas. D’un côté je suis d’accord pour dire que si tu le peux tu devrais faire payer ceux qui ont tué tes parents et de l’autre je me dis que peut-être que cette quête absolue de vengeance peut aussi te perdre. Je sais que ce que je dis est un peu confus après tout, j’ai pas la prétention de détenir la vérité absolue. Je pense tout de même qu’il est important que tu gardes bien ce risque en tête. » commença Flash avant d’enchainer. « Mais il y’a quelque chose dont je suis sûr. Si tu ne te sens pas toi-même sous le masque de Robin, c’est peut-être que tu as besoin d’autre chose. Je ne dis pas que tu dois te séparer de Batman, ce n’est pas ma décision et je suis mal placé pour te dire de te détourner de ton mentor. Ce que je veux dire c’est que quand on est sur le terrain on doit être concentré à cent pourcents. Tu ne peux pas avoir d’état d’âme quand tu vas te confronter à des hommes qui veulent ta peau. Pour être totalement transparent avec toi quand je cours avec mon costume sur le dos je suis toujours Barry Allen, j’ai les mêmes forces et les mêmes faiblesses et surtout je me sens bien dans ma peau. Ce que je veux dire par là c’est que tu as besoin qu’avec ou sans masque tu te sentes à ta place. J’ai pas de solution toute faite mais tu dois prendre le temps de la réflexion et prendre conscience qu’il faut réussir à rassembler tes deux identités et qu’elles soient en accord sinon tu risques de ne jamais te sentir vraiment toi-même. Et si tu veux mon avis ce serait vraiment dommage parce que le monde dans lequel on vit à besoin de Dick Grayson pour assurer sa protection. » Barry était lui-même étonné par les paroles qu’il venait de prononcer n’ayant jamais auparavant eu ce besoin de remonter le moral d’un jeune justicier mais il espérait que ses paroles avait atteint Dick et qu’il prendrait son point de vue en considération pour évaluer sa situation et trouver une solution à son problème.

Plus d’une fois, Je me suis demandé si j’étais pas trop jeune pour ça. A un âge où j’aurais dû m’amuser à faire du vélo, où j’aurais dû partir en voyage et squatter une piscine à l’autre bout du monde dans un hôtel de luxe, draguer une jolie fille allongée sur un transat et où j’aurais dû tenter de faire des mojitos avec les moyens du bord, je me suis retrouvé à apprendre je ne sais combien d’arts martiaux, à m’entraîner des heures tous les jours. J’ai été confronté au mal sous bien des formes, mais aussi à la justice, la vraie, avec tout ce qu’elle a de bon comme d’horrible dans son objectivité. Et la plupart du temps, j’ai trouvé ça… super cool. On va pas se mentir. Etre dans l’ombre de Batman, c’est pas comme une colonie de vacances et le farniente, c’est hors de question. Mais c’était… grisant, quand bien même j’avais probablement pas l’âge pour apprendre comment neutraliser un type de 18 façons différentes. Et ça l’est toujours. Grisant. Au-delà de la colère, de la frustration de devoir suivre des règles qui ne me plaisent pas toujours. Je travaille avec Batman. Pour Batman. Et je côtoie des gens comme Flash. J’ai de la chance. Vraiment.

Je soupire longuement, alors que je me rends compte que je suis totalement en train de m’embrouiller. Je suis heureux d’être là, mais je me sens pas à ma place. Je suis en colère, mais je suis fier d’avoir été choisi et de pouvoir les épauler comme je peux. J’écoute Barry qui finit par me répondre, en silence, alors que je mange quelques sandwichs sans vraiment faire attention à ce que je fais. Alfred a toujours eu ce don de réussir à nous nourrir sans même qu’on le voit. Et je suis sûr qu’il sait. Qu’il comprend. Mais comme je sais qu’on pourra jamais en parler vraiment.

Je hoche la tête doucement, avant de souffler, à mi-voix. « Tu crois que c’est pour ça qu’il veut pas ? Pas uniquement pour m’empêcher de faire des vagues et pour rester dans le rang, mais pour éviter que je… je sais pas… que je me retrouve du mauvais côté de la barrière sans réussir à revenir. » Ce serait pas si surprenant. Même si je suis assez arrogant pour me persuader que je serais tout à fait capable de me venger et de reprendre ma vie comme si de rien était, je suis encore assez réaliste pour me rendre compte que ça serait peut-être pas aussi simple que ça, même si je sais pas jusqu’à quel point. « Je sais pas comment tu fais pour pas te perdre en cours de route Barry… » Je soupire de nouveau avant d’ajouter, à mi-voix. « Je ne suis pas… Dick Grayson. Quand je porte ce masque. J’ai pas le droit de l’être. Si je le suis, on pourra deviner qui est Batman. » Je me relève sans réfléchir et je vais ramasser le masque avant de me rassoir, songeur. J’ai ce sentiment étrange d’être au bord de la noyade, de devoir lutter pour aspirer de l’air avant qu’il soit trop tard pour moi. Et autant dire que c’est pas super agréable à vivre.  « Et je ne suis pas vraiment sûr d’être à ma place dans ce manoir non plus. » J’ai un sourire sans joie alors que je continue de serrer mon masque, le regard dans le vide. « C’est… Bruce est… difficile à approcher. » Dans tous les sens du terme. Mais je pense qu’il comprendra sans trop de problèmes. « Je sais que j’ai de la chance hein… j’veux dire… je suis formé par les meilleurs depuis quoi ? 6 ans ? Pour lutter contre le mal, contre des gens qui n’ont aucun scrupule. C’est un truc dont plein de monde rêve. Je crois. » Et à 18 ans, quand on se sent invincible, autant dire que c’est le pied. La plupart du temps donc. Je finis par froncer les sourcils et par relever la tête en direction de Barry. « Tu crois vraiment ? Que le monde a besoin de quelqu’un comme moi ? » Là de suite, vu comment je suis paumé, j’avoue que j’ai du mal à le croire.  

La détresse de Dick n’était pas des plus simples à appréhender pour Barry. Autant il parvenait à comprendre le point de vue de Bruce, autant il ne pouvait s’empêcher de compatir avec celui de son jeune acolyte. Ecouter son désarroi était loin d’évident, ainsi, Barry prit bien le temps de laisser le jeune homme parler. Il ne répondit donc pas lorsque le jeune Grayson demanda si c’était par peur de le voir franchir un pas dont on ne pouvait pas revenir que Batman l’empêchait de rechercher la vengeance qui le tentait tant. Pour être honnête, Barry n’avait pas de véritable réponse à cette question, il connaissait assez peu Bruce même s’il se doutait que peut-être qu’effectivement il refusait à sa vengeance à Dick afin que celui-ci ne sombre pas. Il entendait le propos du jeune homme lorsque ce dernier affirma qu’il ne pouvait être lui-même sous le masque sous réserve de mettre en péril l’identité de son mentor. Néanmoins, il comprenait les doutes qu’il pouvait ressentir et notamment lorsqu’il lui demanda si Barry était bel et bien sûr que le monde avait besoin de lui. Pour première réponse, le justicier le plus rapide du monde eut un sourire qu’il voulait rassurant. Il n’était pas toujours facile de trouver sa voie, il le savait bien ayant lui-même eut à se poser tout un tas de questions en se lançant dans une carrière de justicier. Cependant il était convaincu d’une chose c’était que lorsque l’on choisissait cette voie on était quelqu’un de bon.

Conscient de devoir de nouveau rassurer le jeune homme, Barry reprit la parole. «  Tu sais, je crois qu’il est vraiment compliqué de trouver sa voie, même quand tu cours vite ça ne rend pas la tâche plus simple. » affirma-t-il avec un trait d’humour. « Mais je crois qu’au fond tout est lié. Si Bruce t’interdis cette vengeance c’est parce qu’il pense que c’est la meilleure solution pour toi. Ça part d’une bonne intention. Je comprends que quand tu portes ce masque c’est difficile pour toi d’être Dick Grayson, je comprends que tu ais peur de trahir l’identité de Bruce en étant toi-même mais tu dois te poser la question de savoir si Robin et Dick sont compatibles. Encore une fois je ne dis pas que tu dois te séparer de Bruce mais tu ne peux pas te séparer de toi-même lorsque tu combats le crime. Tu l’as dit toi-même tu as de la chance. La chance d’être entouré par des héros qui ont de l’expérience et qui veulent bien te la transmettre c’est pour ça que je pense qu’il est primordial que tu sois toi-même sur le terrain. Parce que à mes yeux on ne peut pas se donner à cent pourcents si on est pas soi même, masque ou pas masque. C’est juste mon point de vue mais je pense qu’il faudra que tu te poses cette question un jour ou l’autre sinon tu seras toujours frustré. Et enfin non je ne crois pas je suis persuadé que le monde à besoin de quelqu’un comme toi. Il faut un sacré courage pour mettre en danger sa vie pour sauver celle des autres et c’est encore plus remarquable à ton âge et sans super pouvoirs. Je ne suis pas sûr que j’aurais eu le même courage que toi si je n’avais pas mes pouvoirs donc tu peux vraiment être fier de toi. En tout cas moi je le suis et je suis admiratif quand je te vois sur le terrain parce que je sais qu’avec toi, la ville et ses habitants seront protégés quoi qu’il arrive. » Bien que n’étant pas coutumier de devoir remonter le moral de quelqu’un Barry était agréablement surpris tant les mots lui venait aisément. Il ne s’en était pas rendu compte avant de le prononcer mais il avait véritablement de l’admiration pour Dick et pour la dévotion qu’il avait vis-à-vis de la mission qu’il s’était fixé.

Je pensais pas que discuter avec Barry m’apaiserait autant. Il sait trouver les mots, contrairement à Bruce. Enfin, peut-être que lui je l’écoute plus que Bruce, ce qui n’est pas difficile. Dès qu’il me parle, je me braque, surtout ces derniers temps. Et je me sens en colère contre lui, contre le monde entier, sans trop savoir pourquoi. Sauf qu’à écouter Barry, je commence peut-être à entrevoir des réponses à cette question. Parce que je dois trouver qui je suis vraiment, sans rester dans son ombre. « Je pensais que tu pensais aussi plus vite que la moyenne avec tes supers pouvoirs. » J’ai un sourire, même si je continue de l’écouter, songeur. « J’me suis jamais… posé la question. Quand je suis devenu Robin, c’était pour aider Batman. Pour combattre le crime, rendre la justice. Je me suis jamais demandé si c’était ce que je voulais… enfin… je veux faire ça mais… tu vois ce que je veux dire ? » Est-ce que j’ai envie de rester Robin ? Est-ce que je peux lutter contre le crime autrement ?

Je fixe mon masque, le serrant entre mes doigts avant de souffler, non sans finir par lever les yeux vers Barry. « Je sais pas. Si je peux être moi-même avec ce masque. Sauf que je sais pas qui être d’autre. » Dick Grayson doit aussi rester dans l’ombre, pour éviter que les gens fassent le lien entre Bruce Wayne et Batman. Et depuis 6 ans, je me suis construit autour de cette identité, sans vraiment savoir si elle me convenait vraiment. « Les pouvoirs, ça fait pas tout. J’veux dire. C’est pas parce que tu en as que tu décides de devenir un justicier. Ca aide c’est sûr, mais que ce soit toi ou n’importe quel membre de la Ligue, si vous êtes là, c’est parce que vous voulez veiller sur les autres. Si t’en avais pas eu, j’suis sûr que t’aurais aidé à ta façon dans tous les cas. » Et j’ajoute, avec une moue. « J’fais pas partie de la Ligue moi hein. » Est-ce que c’est bien ou pas ? Est-ce que j’aurais aimé qu’on me le propose ? J’en sais rien. J’avoue que je suis un peu largué là, de suite.

J’ai quand même une ombre de sourire quand il continue et me dit qu’il est persuadé que le monde a besoin de quelqu’un comme moi. « J’sais pas si la ville sera toujours bien protégée avec moi. Parce qu’il y aura toujours Batman dans tous les cas. Moi j’fais… ce que je peux. » Même si c’est pas suffisant pour Bruce ou, en tout cas, c’est le sentiment que j’en ai. « … Il se passe quoi si… je décide de plus être Robin ? » Je suis pas sûr que Barry ait vraiment une réponse à cette question en vrai, mais ptet qu’il peut m’aider à ne pas avoir peur de la réponse.

Dick semblait en pleine réflexion, Barry comprenait par ailleurs parfaitement lorsque le jeune homme lui expliqua qu’il était devenu Robin pour aider Batman. Il comprenait la spontanéité avec laquelle Dick avait pris le costume, c’était par ailleurs assez semblable à ce qui lui était arrivé à la différence prêt qu’il avait fallu des supers pouvoirs à Barry pour devenir un justicier. Regardant toujours Dick il continua de l’écouter avec attentions se confier sur les doutes qui l’assaillait. Barry nota que la position de Dick vis-à-vis des autres héros semblait ne pas lui convenir notamment lorsqu’il ajouta la précision que lui ne faisait pas partir de la Ligue de Justice. Bien que correcte, cette affirmation n’était pourtant pas totalement approuvé par Barry. Oui il ne faisait pas parti de la Ligue néanmoins aux moins à ses yeux il en était un membre à part entière, après tout, lui aussi mettait sa vie en jeu face aux dangers auxquels ils faisaient face. Barry fut également interpellé par la vision de Dick vis-à-vis de la protection de la ville. Il ne souhaitait pas être un oiseau de mauvais augure mais il n’était pas entièrement d’accord avec Dick lorsque ce dernier affirma qu’il y’aurait toujours Batman pour défendre Gotham. S’il était d’accord pour se dire que Bruce ne lâcherait jamais sa croisade contre le crime, il devait aussi se rendre à l’évidence que ce dernier n’était pas immortel et qu’un jour, tôt ou tard, il faudrait faire face à l’épineuse question de la succession de Batman. Néanmoins malgré ce désaccord de point de vue, il garda le silence, laissant Dick continuer sans l’interrompre jusqu’à ce que ce dernier demande ce qui se passerait si jamais il ne voulait plus être Robin.

La question avait l’air de commencer à faire son chemin dans l’esprit du jeune justicier et Barry ne voulait pas donner de réponse trop définitive. Il estimait qu’il était nécessaire pour le jeune Grayson de prendre tout en considération afin de répondre à cette question et que si jamais il prenait cette décision, elle devait être entièrement réfléchi et ne pas être un caprice ou prise sur un coup de tête. « C’est une bonne question que tu poses. A vrai dire je ne suis pas sûr que je serais capable de t’apporter une réponse convenable. » affirma Barry avec une moue réconfortante. « Ce que je peux en revanche te dire c’est que si c’est ta décision il faut que tu sois entièrement en accord avec celle-ci. Tu peux lâcher le costume, c’est ton droit mais si tu le fais tu dois le faire pour les bonnes raisons. Je t’avoue que c’est compliqué pour moi de te répondre parce que ça fait pas si longtemps que ça que je fais tout ça. Sauver les gens, je crois que j’aurais du mal à m’en passer maintenant que j’ai commencé mais si tu penses que tu peux davantage venir en aide aux autres en cessant d’être Robin, tu as raison de poser la question. » Barry ne s’était jamais posé la question de savoir ce qui se passerait si il cessait d’être Flash. C’était très abstrait pour lui et il comprenait que la question soit loin d’être évidente pour un adolescent. « En vérité quelque soit ta décision, elle doit être sincère. Si tu décides de ne plus être Robin ça ne veut pas non plus dire que tu dois cesser de combattre le crime. La question qui est important également c’est de savoir si c’est d’être Robin qui te pose problème ou si c’est de combattre le crime qui n’est plus en adéquation avec celui que tu es devenu. » Barry espérait ne pas être trop confus dans ses explications. Selon lui Dick devait parvenir à faire le point sur la situation et il n’y avait personne en mesure de lui dire si ses décisions étaient les bonnes ou non. « Quoiqu’il en soit et peu importe ce que tu décides, c’est vachement courageux de ta part de te remettre en question de la sorte à ton âge. Tu as une maturité vraiment incroyable pour ton âge. »

Plus les secondes passent, plus je réalise que je vais bientôt me retrouver à prendre une décision qui aura forcément un impact sur ma vie. En bien comme en mal, ce sera à moi de le décider. Faut dire que c’est pas simple tout ça. J’ai l’impression de construire mon identité avec un costume qui n’est pas vraiment taillé pour moi. Etre Robin est quelque chose qui a été salutaire pour moi et qui m’a évité de me perdre dans la colère que j’éprouvais au moment où ma route a croisé celle de Bruce.

Et maintenant ? Oh, je suis toujours en colère contre plein de trucs. Mais c’est différent. J’ai appris que je pouvais me rendre utile, que je pouvais aider les gens. Et on va pas se mentir, à 18 ans, être un héros, c’est carrément cool. Je continue de parler avec Barry, sans trop m’attarder sur le fait qu’il va en savoir plus en quelques minutes sur ce que je pense que Bruce en plusieurs années. Ca a toujours été compliqué avec lui et j’ai pas l’impression que ça va aller en s’arrangeant.

Je soupire doucement alors qu’il confirme ce que je pensais. Personne ne sera capable de vraiment répondre à cette interrogation à ma place. Mais si je saute le pas, ça se passera comment ? Et surtout, comment va le prendre Bruce ? Plus ça va et plus je me rends compte que, d’une certaine façon, ma décision est déjà prise. Il aura juste fallu que je le dise à haute voix pour que je réfléchisse à ce que ça implique réellement. « … je… c’est juste ce costume que je veux lâcher. Je ne me vois pas ne pas continuer à faire ça. A aider les gens, à faire ce que je peux pour protéger la ville. J’en ai les capacités et fermer les yeux ce serait pas bien. » Je ne pense pas être trop suffisant ou arrogant pour affirmer ce genre de choses. Sinon, jamais Batman n’aurait fait de mon son… apprenti ? Ouais je suppose que c’est ce que je suis. « J’suis pas bien sûr de savoir qui je suis devenu en fait. J’ai… besoin de faire ça. D’être utile. Mais j’ai le sentiment qu’on attend pas la même chose avec Batman. Je ne comprends pas ce qu’il veut de moi en fait. » Et j’ai l’impression qu’il ne comprend pas ce que moi, j’attends de lui. Alors, forcément, le dialogue est pas terrible. Je grimace, mon regard fixant le vide, avant d’esquisser un sourire quand il reprend. « J’suis mature ? Moi ? Pourtant, j’ai juste l’impression d’être un ado en pleine crise vis-à-vis de son p… » Je finis pas ma phrase. Parce que Bruce n’est pas mon père, je dois pas l’oublier. Je finis par ciller et par me laisser retomber en arrière sur mon siège. « Et ça se passe comment en fait ? Je range ce costume dans un placard et j’en commande un nouveau à… à qui au juste ? Et si je suis plus Robin, j’suis qui en fait ? » Ouais, ça fait un paquet de questions en fait. Qui me donnent envie de partir dans un fou-rire nerveux sans que j’arrive trop à savoir pourquoi. C’est probablement pour ça que j’ajoute, le regard pétillant. « Tu crois que je peux aller demander au premier magasin d’Halloween du coin ce qu’ils ont en stock ? » Bon, là je m’imagine avec un costume pas cher de Batman et je pouffe de rire, incapable de faire autrement.

Finalement, Dick mit enfin les mots sur son mal être du moins c’est ce que Barry cru comprendre lorsqu’il expliqua ne plus vouloir de ce costume tout en souhaitant continuer à protéger les habitants de Gotham. Un léger sourire parcourait les lèvres de Flash. Il savait qu’au fond ce jeune garçon face à lui était perdu et malgré cette détresse personnelle, il souhaitait tout de même venir en aide à ceux qui en avait besoin. L’homme le plus rapide du monde était content de réaliser qu’il ne s’était pas trompé sur le compte de Dick et même si pour le moment, ce dernier n’était probablement pas en mesure de réaliser tout le courage et la détermination qu’il possédait, il laissait son ainé admiratif. Néanmoins si sa décision semblait prise, Barry put également constater qu’il y’avait de nombreuses questions qui restaient en suspens. Comment s’équiper lorsque l’on voulait se séparer de son mentor qui jusqu’à présent lui avait tout fourni pour être dans les meilleures conditions pour réaliser sa mission. Qui devenir lorsque l’on désirait voler de ses propres ailes. Si ces questions étaient légitimes, Barry n’était cependant pas sûr d’être entièrement en mesure de pouvoir répondre à tout mais il s’y essaya tout de même. « Tu peux tout à fait aller dans le premier magasin de déguisement que tu trouveras. Je pense que tu aurais l’air très crédible en poulet géant qui combat le crime. » Barry ignorait pourquoi ce choix de déguisement mais c’était le premier qui lui était venu à l’esprit lorsque Dick avait mentionner les magasins de déguisements et le justicier ne pu s’empêcher de rigoler à cette idée.

Après s’être remis du début de fou rire qui lui était venu, Barry tenta d’apporter de nouveau des réponses au jeune homme. « Je sais pas comment tu veux  que les gens t’appelle si tu n’es plus Robin, en vrai tu as le temps de trouver un nom qui te plait et puis qui sait si ça se trouve c’est la Gotham Gazette qui va te trouver un super nom. Après pour ce qui est du costume, je sais pas trop quoi te dire, je peux t’aider si tu as besoin après tout j’ai fabriquer le mien donc je peux surement te donner un coup de main pour le tien si tu le veux. On fera du mieux qu’on peut, ça peut être un début, sauf si tu veux gérer de ton côté, y’a pas de soucis, je comprendrais tout à fait que tu veuilles prendre ton envol en toute indépendance. En tout cas si ta décision est prise, je pense que tu dois en parler avec Bruce, je sais que ça risque d’être compliqué mais quand tu seras prêt, si tu ne veux vraiment plus être Robin il faudra que tu lui dises. Quoiqu’il en soit tu peux compter sur moi. » Barry appréciait le jeune homme, ce n’était pas simplement dans un élan de gentillesse qu’il avait tenté de trouver des mots pour aider Dick, c’était parce qu’il éprouvait un vrai respect et une véritable affection pour cet ado qui se battait au péril de sa vie pour protéger ceux qui ne pouvaient le faire eux même. C'est pour cette raison qu'il lui paraissait important de le rassurer et de lui assurer qu'il avait son soutien, conscient que parfois un simple soutien pouvait être décisif dans une prise de décision.

Au final, maintenant que j’ai fini par verbaliser ce qui ne va pas, j’ai l’impression que c’est plus simple, que toutes les pièces du puzzle se mettent en place. Je rends son sourire à Barry sans y réfléchir, perdu dans mes pensées qui se bousculent trop vite dans mon esprit pour que j’arrive à tout suivre. Si je ne suis plus Robin, je deviens qui moi ? Et surtout, comment je vais le dire ? Quand ? Il se passera quoi après ? Je me rends aussi compte que, pour réussi à faire passer tout ça, je vais en parler d’abord à une personne. A cette ombre qui est toujours derrière nous, qui est un père pour toutes les personnes qui vivent sous ce toit et qui est là, quoi qu’il arrive. Alfred. Si j’ai encore du mal à définir ma relation avec Bruce, celle que j’ai avec notre majordome est bien plus claire. C’est un roc pour moi et je sais qu’il pourra m’aider dans tout ça.

Je finis par lâcher quelques-unes de mes idées à haute voix et j’ai un rire quand il me parle d’un costume de poulet géant. « Chickenman… ce serait… particulier et je pourrais ptet éliminer mes ennemis en les faisant mourir de rire. Remarque, y aurait toujours le côté ailé, on resterait dans le thème. » Le rouge-gorge des Robin qui me colle à la peau depuis 6 ans maintenant. Je me fais pourtant plus songeur, alors que je repense, sans trop savoir pourquoi, à la légende que m’a raconté Clark il y a quelques mois. J’hésite à en parler à Barry, mais je finis par souffler, à mi-voix. « Superman m’a parlé d’une légende chez eux… Nightwing… j’aime bien ce nom. » En fait, j’y ai beaucoup plus réfléchi que je l’aurais cru. Et maintenant que la colère est dissipée, je m’en rends pleinement compte.

J’inspire longuement, alors qu’il continue de me parler, laissant filer nouveau rire quand il me parle de la Gotham Gazette. « Tu parles, ils sont jamais doués pour ce genre de trucs. Je vais me retrouver avec un surnom encore pire que Chickeman. » Je me frotte la nuque, songeur, avant de regarder autour de moi. « Quelle que soit ma décision, Bruce me laissera jamais sans rien. » J’ai pas beaucoup de certitudes mais, si je décide de continuer à œuvrer dans l’ombre à ma façon, je sais qu’il m’aidera, quoi que ça lui coûte, au niveau personnel ou matériel. Mais je grimace au reste des propos de l’homme le plus rapide du monde. « Je sais… et parler va pas être une partie de plaisir. On sait pas trop faire ça dans cette fam… maison. » On est une famille ? Je sais pas. Je suppose que je vais avoir rapidement la réponse selon comment ça va se passer tout ça.

Je finis par me relever d’un bond et par remettre mon masque. En attendant, quoi qu’il se passe, hors de question de continuer de me lamenter sur mon sort. Et je me tourne vers Flash, un large sourire sur les lèvres. « On a du boulot je crois. » J’ai un temps avant d’ajouter un rien plus hésitant. « Merci. D’être là. Et de m’écouter me plaindre. » J’ai un sourire penaud. « … quoi qu’il se passe… je lâcherais pas. Je lâcherais jamais. » Et ça, c’est une certitude.

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