Finally... - Barry & Barbara

Depuis mon arrivée à Gotham, j’avais fait profil bas. Bien sûr je m’étais retrouvé face à Poison Ivy mais j’étais parvenu à ne pas me faire démasquer et elle n’avait visiblement pas fait le rapprochement avec Flash ce qui était une petite victoire dans ce monde où j’étais encore grandement esseulé. Mon incursion à la gare ne m’avait guère aidé à obtenir le moindre indice quant aux alliés de Batman cependant leurs exploits eux avaient atterris jusqu’à mes oreilles. D’après ce que j’avais cru comprendre, ils s’étaient opposés à Bane pour sauver l’ancien maire de Gotham ce qui n’était pas une mince affaire. Je n’avais jamais rencontré Bane mais sa réputation le précédait et je n’avais que peu de doute sur le fait que malgré leurs actions, les jeunes justiciers de Gotham devaient être dans un état de forme pour le moins précaire. Néanmoins j’avais peu de doute sur le fait que quelque soit leurs blessures, ils étaient sans doute encore en train de patrouiller dans les rues de la ville nuit après nuit. J’avais du mal à concevoir de continuer à lutter contre le crime seul, notamment parce que même si j’en savais un petit peu plus sur ce qui se passait depuis notre disparition, je ne pouvais pas me contenter de rentrer tranquillement à Central City et d’abandonner les jeunes à leur sort.

Du coup, j’avais pris la décision de patrouiller moi aussi. Malgré l’heure tardive et la nuit noire et pluvieuse, je me devais de sillonner les rues à la recherche d’indices ou mieux de justiciers masqués. Mon costume était toujours soigneusement rangé dans ma bague et je portais donc un sweat à capuche classique pour me protéger de la pluie. Après tout, niveau discrétion, le rouge pétant du costume de Flash c’était pas vraiment le top. Malgré le mauvais temps, je parcourais donc les rues de Gotham dans l’espoir de trouver quelque chose me permettant de me rapprocher de mes alliés.

Malgré ma vitesse supersonique, je restais bouleversé par le spectacle qui s’offrait à mes yeux. Si Gotham n’avait jamais, du moins à ma connaissance, été une ville qui sentait la joie de vivre, c’était encore plus perceptible en cette période trouble. Malgré le peu de présence de vie dans les rues, on pouvait tout de même se rendre compte de toute la misère qui accablait les gothamites. Les rues étaient dans un état lamentable, entre murs défoncés, poubelles à tort et à travers ou encore vitres brisées, la ville était dans un bien piètre état. D’après ce que j’avais compris, elle comptait d’ailleurs certains des plus grands criminels de notre monde, ce qui expliquait assez simplement l’état dans laquelle elle se trouvait. En même temps, entre le Joker, Bane ou je ne sais quel autre timbré, c’était finalement peu étonnant que la ville paraisse si abandonnée.

Au fur et à mesure de l’avancée de ma patrouille, je commençais à perdre espoir. Allais-je encore passer une nuit à chercher dans le vide ? C’était en tout cas l’idée qui me traversa l’esprit lorsque je cru apercevoir du mouvement d’un toit à l’autre à quelques mètres devant moi. Je marquai alors une pause, le doute restant présent dans mon esprit. Était-ce le fruit de mon imagination ? Le fait de vouloir à tout pris retrouver la Batfamily m’avait-elle fait imaginé ce qu’il me semblait avoir vu ? Je ne pouvais me contenter de me poser ces questions sans y apporter de réponse. Ainsi, je décidai d’accélérer le rythme, courant le long des bâtiments puis sur la surface de ses derniers pour tenter de rattraper la silhouette que je pensais avoir aperçu. Complétement survolté à l’idée de retrouver un visage familier, mon cœur s’emballa lorsque, arrivé sur le toit, j’aperçu effectivement quelqu’un voguer de toit en toit. J’accélérais encore pour me planter face à cette personne et l’interpeller. N’ayant pas la moindre idée de si elle m’avait remarqué, j’arrivai à toute allure face à elle et me tins debout face à elle, mon visage à moitié caché par ma capuche avant de prendre la parole tout excité. « Enfin ! Ça fait tellement longtemps que j’attends ça, c’est trop cool ! » J’étais tellement dans l’euphorie que je n’avais pas du tout fait attention à qui se trouvait en face de moi, ni même à si je l’avais effrayé en arrivant comme un bourrin. J’aurais l’air bête si c’était pas un allié de Batman.

Installée sur l’un des rebords du haut de la Tour, j’observe la ville en contrebas. Vu d’ici on pourrait presque croire que tout est normal – si tant est que quoi que ce soit ait déjà été normal à Gotham. Mais les sons et les lumières sont différents malgré tout. L’atmosphère est lourde et saturée  de puanteurs, aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. On pourrait penser que c’est purement imaginaire, et peut-être est-ce le cas. Peut-être que mes souvenirs aussi précis soient-ils sont-ils trop imbriqués dans ma tête avec une époque plus heureuse et que le résultat en est faussé. Mais je ne le crois pas. Ce n’est pas tangible, ni réellement mesurable – en dehors des poubelles qui s’amoncellent  – mais il y a véritablement une atmosphère malsaine et souillée qui englobe et ronge petit à petit la ville.

Inspirant profondément, je me relève et esquisse un sourire. Parce que malgré tout, nous sommes toujours là. Et qu’on est plus que jamais décidé à se battre pour elle, pour notre ville, pour ses habitants. Et qu’on regagnera petit à petit ce qui a été perdu. Je ne me leurre pas, ce ne sera ni rapide, ni facile. Notre combat contre Bane l’a bien prouvé. Tout comme il nous a prouvé ce dont on était capable, alors même que l’on était que moyennement préparé. On a réussi. On a échoué. Les deux sont aussi vrais l’un que l’autre. Serrant les poings, je lève un instant les yeux vers les étoiles. Nous n’échouerons plus. On ne peut pas se le permettre. Les pertes civiles sont intolérables… et inexcusables. J’ai essayé de trouver les noms des victimes, mais c’est impossible. Mais on se souviendra. Je me souviendrais d’eux et en quelque sorte, je me battrais pour eux, pour ne pas que cela ait de nouveau lieu.

Alors je m’élance, passant d’immeubles en immeubles. J’ai promis à Dick d’être prudente et raisonnable, et j’essaie vraiment de l’être. De toute façon, dès que je force un peu, ma jambe me tire et j’ai l’impression que ma plaie sur le côté se rouvre. Ce qui est totalement faux, Dick a fait ça soigneusement et je suis bien loin de faire des mouvements suffisants pour faire sauter les points de sutures, même maisons. Mais si la jambe est supportable, l’autre l’est moins. Pourtant, il faut bien que je continue. Je suis déjà surprise, et soulagée, que ma place au Mad Cops n’ait pas été filé à une autre quand bien même le gérant m’aime bien. Et je ne parle pas des patrouilles qu’on a laissé de côté durant quelques jours. Et qui m’ont évidemment bien plus manqué que tout le reste.

Ça a toujours été un de mes moments favoris. Pouvoir sauter d’un bâtiment à l’autre. Cette sensation absolue de liberté qui dure quelques secondes. Voler. Tout oublier.
Je ne sais pas trop ce qu’ils en penseraient. Que la montée d’adrénaline soit presque plus présente chez moi à ce moment-là que lorsque je me retrouve face à quelques méchants. Je me demande si c’est pareil pour eux. Peut-être pour Dick vu qu’il s’amuse à faire l’idiot à chaque fois et qu’il semble parfois avoir des ailes tellement cela semble naturel chez lui.

Mes yeux s’écarquillent et je vacille, ma main se tendant et attrapant par réflexe le sweat de la personne venant d’apparaître face à moi pour ne pas tomber en arrière. Putain mais c’est quoi ça ? C’est qui lui ? D’où il sort ? Mais de quoi il parle ? Sans prendre le temps de réfléchir, par pur réflexe, je parviens à le faire basculer, me retrouvant à califourchon sur lui, un tonfa contre sa gorge. Je fronce les sourcils, essayant de distinguer le visage à moitié dans l’ombre, et un doute effleure mon esprit. C’est pas tant le fait qu’il ne se défende pas qui m’étonne – le tonfa était dans ma main avant que je ne pense à le sortir – mais je suis sûre qu’il n’était pas là quand j’ai sauté de l’autre toit. Du coup, ça réduit les possibilités, non ? Essayant de superposer la taille et la silhouette que je n’avais aperçu que de loin à celle qui me fait face, je secoue la tête. Ça peut pas être lui. Pourtant…

« Flash? »

Okay, plus incrédule, tu meurs. Mais qui ça pourrait être d’autre  ?