[FB 1998] Remember the night we met... [Batou]

REMEMBER THE NIGHT WE MET

ANDREA & BRUCE

La neige tombait sur Paris. Le manteau blanc recouvrait tout, ressemblant à du sucre glace. C’était magique et nombre de personnes semblaient joyeux, sourires aux lèvres. On était encore à un mois de Noël et les plus pressés commençaient déjà les courses pour les fêtes de fin d’année. L’ambiance était détendue, la fin de l’année approchait et dans les habitations, les familles étaient occupées à choisir la buche ou le chapon. Les petits restaurants français préparaient leurs menus de fête. Une jeune femme marchait d’un pas assuré, ses chaussures à talons haut couleur pourpre s’enfonçant légèrement sur la mince couche de neige du trottoir. Sa chevelure rousse se dégradait sur ses épaules. Elle portait un manteau cintré à la taille de couleur clair mais qui laissait deviner une robe rouge en dessous. Des bas noirs habillaient ses jambes. Elle marchait d’un pas rapide mais assuré, tentant de ne pas trop s’enfoncer dans la neige. Certains visages masculins se tournaient sur son passage mais elle semblait ne pas les voir. Sourire aux lèvres, elle irradiait la joie de vivre et le bonheur.

Ses pas la menèrent jusqu’au restaurant « Au Petit Trianon ». Un restaurant considéré comme romantique et haut de gamme par le tout Paris. Il fallait réserver longuement à l’avance pour espérer obtenir une table. Andrea observa la façade. Elle avait eu une longue journée de cours à la Sorbonne et se détendre lui ferait du bien. Elle avait hâte de le retrouver. Le cœur battant, elle observa l’intérieur par la façade, tentant de deviner la silhouette familière. Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte que l’homme à l’entrée la saluait.

Pardonnez-moi. J’ai une réservation au nom de Wayne. Je suis attendue.
En effet. Entrez, mademoiselle, je vous en prie.

Elle s’exécuta et entra dans le grand restaurant. Un groom à l’entrée prit son manteau et la débarrassa. Andrea arborait à présent une robe rouge échancrée, fort élégante mais également sensuelle qui laissait apparaître la naissance de son décolleté et dévoilait sa cuisse. Un serveur lui adressa un sourire et la guida à travers les tables. Le décor était élégant sans être ostentatoire. Les teintes pourpre et grises se mêlaient à la fois sur les murs et sur les tables, quelques fleurs étaient présentes mais rien de rococo. L’élégance et le raffinement dominaient. Autour d’elle, des couples fort élégamment vêtus, l’élite parisienne.

Enfin, après avoir traversé la salle principale, ils atteignirent une salle plus petite et plus intime. Il n’y avait là que quelques tables et à l’une d’elle, un homme était assis. Il se leva lorsque Andrea entra. Le serveur la conduisit jusqu’à lui, lui tirant galamment la chaise pour qu’elle puisse s’installer. Il leur laissa les cartes et disparut. Andrea sourit et tendit la main pour attraper celle de Bruce.

Bonsoir…

Elle garda son regard dans celui du milliardaire. Cela faisait maintenant un an qu’ils se fréquentaient. Et le bonheur était bien là. Bruce et elle s’étaient retrouvés à Paris, faisant tous les deux leurs études à la Sorbonne. Comme si le destin les poussait à se retrouver, depuis cette nuit au cimetière où chacun était venu sur la tombe de leurs parents.

Dis-moi, tu n’as pas choisi n’importe quel restaurant… Impressionnée, je dois dire.

Un sourire heureux, épanoui, jouait toujours sur ses lèvres.

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L’entraînement avec Ducard se poursuivait. Et il était toujours aussi intense. Le corps était marqué de coups, d’ecchymoses violacées qui me laissaient parfois tremblant, ou raidi par la douleur. J’étais en train de m’endurcir, et c’était un complément bienvenu à côté des cours que je recevais ici des meilleurs spécialistes au monde dans quantité de domaines, de l’histoire à l’économie en passant par la sociologie urbaine ou l’ethnographie. L’internat avait été compliqué, en Ecosse, mais j’y avais forgé une âme travailleuse et volontaire, suivant les préceptes que j’avais pu fixer avec Alfred. Je m’améliorais. Je devais ingurgiter en quelques mois, quelques années, des connaissances qui prendraient normalement une vie ou plus à être acquises. Mais j’avais la détermination, le feu sacré. Je revoyais à chaque heure du jour ou de la nuit cette soirée fatidique durant laquelle j’avais perdu mes parents, et cela agissait comme un moteur à combustion qui pétaradait et me redonnait de l’énergie, suffisamment pour aller au bout du livre, de la leçon, du combat.

Et à côté de tout ça, je parvenais à donner le change. De me donner l’illusion d’être un jeune homme normal, un étudiant à peu près comme les autres. Ce serait sans doute parfait si je ne me sentais pas pris de rhumatismes à force d’encaisser des coups…

Il y avait Andréa, aussi. J’arrivais en retard au restaurant, comme d’habitude. Les emplois du temps se télescopaient les uns les autres et je n’arrivais pas encore à me dédoubler. Mais non. En courant à demi en quittant le métro, j’arrivais à voir que j’étais finalement à l’heure ou peu s’en faut. En costume. Changé de frais, rasé de près. La douche avait dû être bouillante pour endormir un rien la douleur, et même si j’avais eu l’impression de cuire dans une cocotte-minute ça n’avait aidé qu’un temps, avant que les bousculades du métropolitain parisien n’achèvent de réveiller chaque petit douleur qui pouvait me traverser le corps.

J’arrive à l’heure prévue, c’est-à-dire avec cinq minutes d’avance. La réservation est prête. Tout l’est. Mon costume gris foncé est classe, mais sans ostentation. Crave rouge foncé, par contraste. Quand Andréa arrive, je me lève, mince sourire charmeur au coin des lèvres. On est jeune, on est beau. Rien ne saurait être plus parfait que ce soir.

| Bonsoir, Andréa. |

Elle est magnifique, même si ce n’est pas la première chose que j’ai remarqué chez elle, au début. Ce soir, ce serait de la mauvaise grâce que de ne pas le reconnaître de prime abord… Sa robe souligne sa silhouette parfaite et elle a su mettre en avant chaque détail de sa beauté avec brio. Je ne saurais en dire autant, évidemment, mais je lui offre mon plus beau sourire. Je fais mine de ne pas pouvoir me détacher de son regard si intense, alors qu’elle me complimente sur le choix du restaurant.

Forcément, quand on s’appelle Wayne, on a quelques entrées, même en pays étranger, et même en vivement assez simplement sur le campus. Cette occasion était importante…

| Parfait alors, si je sais encore t’impressionner au bout d’un an… |

Je me passe une main dans les cheveux comme pour m’assurer qu’ils ne sont pas dans le plus parfait désordre, mais une grimace fugace me déforme les traits un instant. Mais je me refais une contenance aussi vite.

| Tu es magnifique, Andréa. Et je suis sérieux. |

Nouveau sourire, alors que j’ouvre les cartes… Mais que déjà, un verre du vin préféré de ma petite amie arrive sur un plateau, avec un whisky écossais à côté pour moi, et nous trinquons.

| Ton préféré je crois… Santé. A toi, et à tout ce que tu as fait pour moi depuis un an. Je ne te remercierais jamais assez, Andréa. Je me sens revivre ici, avec toi. |