Paint it Black [Intrigue I - Terminé]

Les mains enfoncées dans les poches de mon sweat, la capuche rabattue sur mon visage et mon écharpe remontée sur mon nez, j’observe les alentours, sourcils froncés. J’ai la vague impression d’être comme une souris qui va se jeter dans un piège avec un gros chat bien gras qui me regarde en se léchant les babines. Une part de moi est persuadée qu’on est totalement inconscients d’être venus ici. L’autre se dit qu’on aurait pas pu faire autrement. Jason y serait allé de toute façon, avec ou sans nous. Alors, comme on abandonne pas sa famille, surtout en cas de crise, on pouvait pas se contenter de lever les yeux au ciel et de lui dire de pas rentrer tard pour le dîner.

Je grimace en voyant les fusils automatiques, inspirant longuement pour chasser cette boule d’angoisse qui se forme petit à petit. Jason nous a laissé quelques heures pour songer à un plan acceptable et j’avoue que je suis toujours pas convaincu du résultat. Mais vu que c’était ça ou y aller les mains dans les poches, c’était toujours mieux que rien. Mon regard s’attarde ça et là, alors que je me fais bousculer de temps en temps par une foule à la fois nerveuse, excitée et anxieuse. Ca fait beaucoup et ça va la rendre difficilement contrôlable. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose, même si ça peut contrarier nos plans.

Et je continue d’observer avec attention, mon regard se portant sur les miradors. La plupart sont inoccupés vu que tout ce beau monde est massé autour de l’estrade. J’ai pu en repérer simplement trois pas vraiment à couvert mais avec des sacrés flingues. Une dizaine de mecs armés jusqu’aux dents autour de nous. Pas moyen de prendre le dessus de façon frontale, c’est certain. Mais de toute façon, c’est pas le style de la maison, ça tombe plutôt bien. Je regarde de nouveau les hauteurs, ce sera un bon terrain de jeu pour nous au final.

Je note mentalement les différents points stratégiques autour de l’estrade, non sans jeter un regard à ma montre. Encore quelques minutes avant que Robin et Batgirl ne soient tout près. L’idée est simple et j’espère qu’elle sera efficace, au moins pour le début. La suite risque d’être un rien plus hasardeuse mais chaque problème en son temps. Et je me fige au moment où Bane en personne débarque avec une putain d’armure et un mégaphone. « Ah ouais quand même… » Ca m’a échappé dans un murmure et les gens autour de moi ont le regard rivé sur lui. Le silence s’est fait et la tension est encore plus palpable que quand je suis arrivé. Je dois agir maintenant, avant qu’il ait fini son discours, même si une part de moi aurait tendance à vouloir l’écouter jusqu’au bout. Mais il est temps d’agir, de leur montrer qu’ils n’ont pas gagné, qu’on est toujours et qu’on peut aussi les inquiéter.

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Je grimace sans pouvoir retenir une exclamation de dégoût quand ma main touche une substance non identifiée. Je sais, je devrais être habituée et être bien moins délicate. Sauf que j’ai beau jouer aux acrobates, je traîne rarement dans les égouts et autres lieux peu ragoutants. Et cet accès n’aura pas dû être aussi délabré, avant tout ça, il y a quelques années, il devait même être assez bien entretenu. Mais les quelques ouvriers au courant ont dû partir ou mourir, et de méconnu, après les diverses attaques, il est devenu totalement inconnu et laissé à l’abandon. Tant mieux pour nous effectivement. Et heureusement que j’étais passée sur les plans un peu par hasard pour un exam au lycée… Ayant plus ou moins réussi à en tracer un schéma, je sais néanmoins d’où il part et il mène. Et c’est pas uniquement pour avoir un œil sur ce qui se passe dehors que Dick est pas venu avec nous, je ne suis pas certaine qu’il aurait pu passer partout. Déjà que c’est un peu limite pour Jason parfois…

Je jette un coup d’œil à l’intéressé, finissant par tristement essuyer ma main sur mon costume, m’assurant qu’il arrive à se faufiler derrière moi. De toute façon, il n’y arriverait qu’il serait déjà en train de jurer et de vouloir démonter le mur à mains nues ou un truc du genre. Je ne sais pas trop ce qui a pu se passer avec Bane, mais ses réactions sont pires qu’avec les autres boss. Bien pires. On a eu de la chance de réussir à le maintenir en place suffisamment longtemps pour établir un semblant de plan, pour pas arriver droit dans la gueule du loup en petite culotte. Même si c’est loin d’être suffisant et que pour avoir vu de loin ce que donnait déjà en temps normal la sécurité dans la prison, je sais qu’on va être dans la merde. J’espère juste que ce ne sera pas pire que dans mes pires prédictions…
Je retiens un soupir, ma lampe éclairant en vacillant le tunnel qui tient plus du terrier du lapin blanc d’Alice que d’un couloir d’entretien ou d’accès secret. Je fronce les sourcils à cette pensée, accélérant le pas s’en m’en rendre compte, autant que faire se peut du moins. Clignant des yeux, je contemple le mur qui me fait face, mettant quelques secondes à me rendre compte qu’on est arrivé au bout dudit tunnel. Je me tourne vers Jason pour le fixer, même si on ne voit pas grand-chose.

« On monte et on récupère Dick. Pas… trop d’imprudences. Ne fonce pas dans le tas comme… » Comme tu le fais tout le temps. Je me mords la lèvre. « On agit ensemble, sinon ça va mal finir. En équipe. D’accord ? » Oui, venant de moi, c’est assez risible. N’empêche que j’ai pas envie de mourir sur cette île. Encore moins de les voir eux mourir.

Et si on galère un peu à ouvrir la porte, elle donne sur un coin visiblement lui aussi à l’abandon – tomber directement nez à nez avec des sbires de Bane aurait été un peu contre-productif – et on a pas trop de mal à en sortir en toute discrétion. Je referme la porte, essayant de remettre les ronces et racines qui ont poussé devant histoire de dire, et je reprends mon sac.
Bon, deuxième étape : espérer que Dick parvienne rapidement jusqu'à nous et lui filer son matos. Easy.

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Comment Babs avait pu découvrir un endroit pareil ? Ca ne devrait pas tellement m’étonner, venant d’elle. Elle brillait dans l’art de disparaître comme par magie, bien avant que Gotham ne sombre dans le chaos. Je voyais quand même les choses différemment, avant de m’aventurer à sa suite… Le tunnel de service puait l’eau croupie et la pourriture à plein nez. Je cherchais à l’occulter tant bien que mal pour me frayer un chemin derrière Babs. Là où elle passait, des fois, c’était plus compliqué pour en faire de même. C’était parfois branlant, ou alors presque obstrué. Je devais alors jeter les affaires de Dick devant moi avant de me contorsionner, en évitant au mieux les écorchures, ou de faire s’effondrer un peu plus les lieux.

On progressait assez vite, dans un silence total. Je faisais au mieux pour ne pas m’énerver sur le décor, quand il ralentissait un peu trop ma progression à mon goût. Je voyais bien Babs se retourner de temps à autres, pour vérifier que je suivais. Je ne faisais aucun commentaire. J’étais concentré sur notre mission, dans une humeur si noire que pas un son ne sortait de ma bouche. Ca devait encore plus l’inquiéter. En vérité, depuis que nous avions eu l’écho de cette exécution publique dans la prison de Bane, je n’avais plus eu qu’une seule intention… L’en empêcher par tous les moyens. Je leur avais bien expliqué la situation. Pour Dick comme pour Babs, c’était bien trop dangereux, mais ils étaient plutôt d’accord avec moi. Si nous ne faisions rien maintenant, alors autant rendre nos costumes et cesser de se prendre pour des justiciers. On ne pouvait pas fermer les yeux là-dessus. Je ne pouvais pas le faire.

J’avais pris la décision, avec ou sans eux, de me rendre sur place, et de tout tenter pour arrêter Bane au péril de ma vie. Si j’en faisais une affaire personnelle ? C’était même certain. Ca avait toujours été le cas, avec Bane, depuis le début. Je leur avais laissé à peine quelques heures pour dresser un plan, et s’il n’était pas parfait, il avait le mérite de nous donner plus de chances de l’emporter. A trois, on était plus fort. Je ne le savais que trop bien. C’était moi qui m’étais mis en tête de retrouver Dick, après tout. Je n’en étais pas moins conscient de les entraîner dans la gueule du loup.

Je plissai les yeux, alors qu’un fin rayon de lumière venait m’agresser un peu. Babs dévoila la sortie de son passage secret, avant de me mettre en garde. Elle ne pouvait pas se la fermer, des fois ? « Je suis pas complètement stupide, Batgirl. » Ils faisaient vraiment la paire tous les deux. Pourquoi ils étaient venus, s’ils me faisaient aussi peu confiance pour faire ce qu’il fallait ? Je laissai retomber les affaires de Dick au sol, m’accroupissant à côté. Je retirai la cape noire que j’avais mis par-dessus mon costume aux couleurs bien trop chatoyantes. « On attend le signal, comme convenu. » J’entendais vaguement, à l’extérieur, que le discours de Bane avait déjà commencé. Entendre sa voix déclenchait un sentiment d’appréhension et de colère en moi, difficile à réprimer. « Tu as une idée de comment on va repartir ? » J’espérais qu’elle avait pensé à une autre solution, surtout pour Dick. Combien il y avait de gardes, là-dedans ? Dès que la foule serait dispersée par la diversion de Dick, on serait dans leur viseur.

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C’est le moment ou jamais d’agir. Si je le fais pas maintenant, je vais rater le coche et on aura juste à regarder le maire se faire exécuter sur la place publique. Alors je continue de me faufiler dans la foule, regardant les meilleurs endroits où déposer mes pétards. Rien de bien dangereux ou de bien méchant, sauf si on garde la petite balle ou le petit sachet entre les mains quand ça pète. Ce qui n’est pour le moment pas dans mes projets à court terme.

Je me fige de nouveau quand j’entends Bane qui continue son discours. Le pire ? C’est que je suis sûr que plus d’une personne ici va le croire. Et que ça ne fera qu’accentuer une violence quotidienne qui n’en a clairement pas besoin. J’ai un profond soupir, grimaçant alors que le Maire finit par prendre la parole. Je sais pas si on arrivera à le sauver vraiment mais, si on doit essayer. Ensemble.

Alors, je commence à allumer mes petits pétards faits maison. Une bonne idée, venue de Babs ou de Jason, je sais plus. En tout cas, je n’ai que quelques secondes devant moi pour faire le tour. Et ça commence à péter. Un premier boum qui n’alerte personne, vu que tout le monde a son attention rivée sur Bane et son spectacle. Un deuxième qui fait dresser l’oreille de certains.

Et c’est au troisième que le silence religieux qui avait suivi le discours commence à se briser. La foule commence à s’agiter, les gens à chuchoter, inquiets. Un nouveau boum, un peu plus fort que les autres fait crier quelqu’un. J’ai un sourire satisfait que dissimule ma capuche alors que ça continue d’exploser et que là, on peut commencer à entendre des « on nous tire dessus ! », « on veut nous tuer ! », « laissez-moi partir d’ici ! ». Ca bouge, ça se déplace, et autant dire qu’une foule comme ça, ça se contrôle pas aussi facilement qu’on veut nous le faire croire.

Je continue de disséminer des pétards sur mon chemin, qui continuent de faire leur petit effet. J’ai pas un regard en arrière et je dois donner, comme de plus en plus de monde, l’impression que je veux juste m’éloigner du bordel qui commence à prendre le pas sur la peur de Bane. Et je me faufile en direction de la porte indiquée par Babs, en espérant tomber sur personne en cours de route. Faut dire que là, tout le monde s’agite derrière moi. Ca continue d’exploser derrière moi et j’ouvre la porte un peu brusquement, pour tomber nez à nez avec Robin et Batgirl. « Au moins trois mecs sur les miradors. Une dizaine autour de Bane. Le maire est attaché mais encore vivant. » Pour le moment en tout cas. Pas dit que ça dure. « La diversion peut marcher encore mieux si on continue de faire exploser des trucs. J'en ai encore en stock pour qu'ils savent plus où donner de la tête. Et faut qu’on se fasse remarquer, qu’ils se rappellent qu’on existe. Ca va les embrouiller encore plus.» J’ai un sourire à voir la tenue de Robin. Voilà qui devrait en effet bien faire l’affaire. Quant à savoir comment on va gérer le reste... On va dire que l’improvisation, ça marche tout aussi bien.

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Franchement, parfois, je me demande ce qui me retient de lui e n coller une. Peut-être le fait qu’il y ait une probabilité qu’il me la rende. Mais plus certainement parce que ça serait aller trop loin oui, et que j’aurais plus moyen de le récupérer après. Enfin, là, en l’occurrence, il le mérite pas tant, une pichenette à la rigueur ne serait pas de trop, mais je me contente de plisser les yeux en le fixant. « Non, tu ne l’es pas. Mais Robin a toujours été gage d’impulsivité. » J’insiste sur le toujours, comme pour indiquer que ce n’est pas le seul à l’être. Et si je les trouvais parfois particulièrement stupides effectivement, c’était plus lié à leur qualité de mâle macho qu’à leur personnalité propre… Enfin bref, je me comprends. Je hoche la tête quand il reprend, ajustant mon masque et m’assurant que ma cape à l’intérieur jaune fluo est bien attachée. Bien que moins voyant que celui de mon acolyte, mon costume et ses touches de jaune n’en est pas moins reconnaissable… tout comme mes cheveux, que je refuse encore et toujours d’attacher. Je le fixe et sourit. « Evidemment que j’ai une idée. » Mais sérieusement… Pourquoi il me demande ça ? Pourquoi est-ce que genre ce serait à moi particulièrement de penser à ça ? Je sais que je suis la plus maligne et que j’ai trouvé comment entrer, mais justement, j’ai fait ma part non ?… Et évidemment que j’ai cherché une idée… Sans en trouver de très probante. Déjà parce que j’aimerais garder ce passage secret et que repartir par là risque de le compromettre. Et que Dick n’y passe pas de toute façon. Donc reste le pont. Ce sera bien le pont, et y a moyen que ça marche. Instinctivement je pose ma main sur mes sacoches, m’assurant que tout est bien là. Ça marchera. On a pas trop le choix.

Et si je n’ai prêté qu’une attention distraite au discours de Bane, je suis heureusement sauvée de questions plus approfondies par des explosions qui commencent à se faire entendre. Je me tends un peu, avant d’être à la fois soulagée et inquiète quand la foule se fait moins sage et que des cris se mêlent aux explosions. Ça marche c’est cool. Une foule en panique, c’est moins cool, mais on avait pas vraiment le choix. Si la tension ne diminue pas, j’esquisse un sourire en voyant Dick. On lui tend ses affaires et je regarde derrière lui alors qu’il parle, essayant de visualiser les positions des hommes. Okay, une quinzaine d’hommes… Sans compter Bane.

J’ai un léger sourire quand il termine. « On va leur rappeler. » Je regarde Jason, essayant de faire abstraction de Dick qui se change en quatrième vitesse pendant que je parle. « Tu joues les fils de l’air en mode Tarzan, bien voyant et bruyant. Je neutralise autant de gardes au sol que possible pendant que Dick récupère le maire. » Pas vraiment des questions, pas plus que le reste, mais je préfère perdre 5 secondes pour rappeler l’essentiel. Je sors un grand tube que je tends à Dick avec un briquet. « Une bombe lacrimo maison… Tu allumes la mèche, dès qu’elle s’éteint, ça fait pschit et fumée. J’ai testé normalement, ça marche. J’en ai pas beaucoup, j’aimerais les garder pour la fuite… » Je me mords la lèvre. Ça, c’est du plan qui déchire. « … Pas besoin de dire de faire attention à vous hein. »

Je me redresse et récupère quelques petits pétards maison avant de leur faire un signe et de m’esquiver de mon côté. J’attends quelques secondes supplémentaires, histoire de laisser le temps à Jason de grimper et de commencer son show de son côté. Effrayer et distraire le monde qui reste, ça c’est facile, personne n’est encore calmé et les gardes ont déjà du mal à essayer d’endiguer la foule. Je ne devrais pas avoir trop de mal à en assommer deux ou trois avant qu’ils s’en rendent compte. Après, on avisera.

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Je détestais vraiment quand Barbara me mettait dans le même panier que Dick, surtout quand elle prenait ses airs de grande sœur. Quand elle parlait de Robin, c’était souvent pour qu’on prenne tous les deux pour notre grade. Franchement, elle croyait vraiment que c’était le bon moment pour me faire la morale ? Je n’étais pas aussi impulsif qu’elle le croyait. La preuve… J’attendais patiemment le signal, alors qu’on entendait clairement le discours à vomir de Bane d’ici. Je grimaçai d’un air mauvais. « Comment ils peuvent croire tout ça… La loi du plus fort ? S’il comprend que ça, on va lui montrer. » J’enrageais. Hors de question de le laisser croire qu’il pouvait faire ce qu’il voulait… De le laisser gagner.

Je redressai un peu la tête, à entendre les détonations dans l’air. Bientôt, des cris y répondirent. Le signal… Les pétards de Dick avaient eu l’effet escompté, et déjà la foule s’agitait, persuadée qu’on leur tirait dessus. On aurait le champ libre sous peu pour agir. Je levai un de mes deux flingues, quand la porte s’ouvrit à la volée. Un visage familier se dessina de derrière mon viseur. « Pas mal, la diversion. » J’écoutai le topo’ de Dick puis de Babs, avant d’hocher la tête. « On s’en tient au plan. » Inutile de me le rappeler, encore et encore, comme si je risquais de n’en faire qu’à ma tête. Du Babs tout craché, là. J’eus un sourire en coin, alors qu’ils reprenaient mes propres mots. Ils étaient gonflés, eux… « On est là pour ça, non ? Leur rappeler qu’on existe. » La mission était périlleuse, mais ils en avaient rapidement compris la nécessité absolue. Il fallait agir maintenant, ou jamais.

Je n’attendis pas plus longtemps pour leur fausser compagnie, brûlant d’envie de me mettre en action. Je franchis le seuil de la porte pour lancer immédiatement mon grappin en direction du mirador le plus proche, me soustrayant à l’agitation de la foule. Ma cape noire et or claqua au vent. Je passai trop vite pour que l’homme de main de Bane ne me repère à l’intérieur. M’agrippant au toit, j’entrai les deux pieds devant, pour profiter au maximum de l’effet de surprise. Il s’écroula, à moitié sonné, contre le mur d’en face, alors que j’atterris d’un mouvement souple à l’intérieur. Ses réflexes d’homme entraîné prirent rapidement le dessus. Ils s’apprêtaient à tirer en représailles, mais je le pris de vitesse. La détonation claqua dans l’air sans inquiéter personne, tout comme les cris du garde qui se tordait au sol en tenant son bras meurtri. J’étais déjà ressorti pour me percher sur le toit, bien visible de tous, gueulant aussitôt : « Robin est dans la place ! » … Les gardes dans les autres miradors traquaient toujours une présence au sol à cause du bruit des pétards, sans m’avoir entendu à cause du vent. « … Sérieusement ? » Personne ne m’avait encore remarqué, à croire que je m’étais fait aussi discret que Batman.

Je laissai échapper un juron bien senti en lançant mon grappin vers le second mirador. Le garde, plus alerte, s’était retourné à temps pour ne pas se faire prendre par surprise également. Ah, quand même ! … Sauf que ces tirs comme les miens passèrent inaperçus dans l’agitation ambiante. Tu parles, d’une diversion ! Je ferais bien de me débarrasser rapidement de ce gêneur pour passer au suivant. A défaut d’attirer l’attention sur moi comme convenu, j’avais au moins la leur. Ils me donnaient plus de fil à retordre que prévu, alors que je m’agrippai au mirador sans encore parvenir à me glisser à l’intérieur, les tirs de son voisin et les siens me tenant pour le moment en respect.

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Des tirs déchirèrent l’air… Et ce n’était pas les miens.
Je risquai un regard vers la scène en contrebas pour voir l’horreur se dépeindre sous mes yeux. Les portes de la prison se refermèrent, la foule prise au piège, à la merci de la vindicte de Bane. Il venait de tirer une rafale avec une mitrailleuse sur le premier rang… Sa meilleure réponse pour exiger le silence et la discipline. Mon sang bouillonnait dans mes veines, le poing serré à en trembler, tandis qu’il proférait ses menaces dans son mégaphone pour mieux se faire comprendre. Difficile de me convaincre que ce n’était pas vraiment ma faute, ce qu’il venait de se passer… Je m’étais bien foiré. J’aurais tenu mon rôle, peut-être que ça ne serait pas arrivé. Peut-être, oui… Je ne le saurais jamais.

Après tout, Bane aurait réagi de la même façon pour me forcer à me rendre. La foule lui procurait des otages par centaines. Batgirl et Nightwing devaient rapidement entrer en jeu si on voulait éviter de nouvelles victimes. Je ne pourrais pas protéger tout le monde. Je pouvais déjà à peine me protéger moi-même. Le compte à rebours avait déjà débuté, à sonner le glas.

10… 9…

J’avais fini par grimper dans le mirador d’un geste souple, en me maintenant d’une main, ma lame brillant dans la seconde. J’esquivai sans mal le coup porté par le sniper pour lui entailler le bras en représailles, le forçant à lâcher son arme. Je l’assommai ensuite d’un coup de botte bien placé, avant que mon regard se porte sur le dernier mirador.

6… 5…

Je troquai ma lame contre une de mes armes de poing, la braquant sur le dernier gêneur… Mais il tira plus vite que moi, il avait eu davantage de temps pour s’y préparer. Je me décalai au dernier moment, mais mon propre tir était déjà parti. La balle siffla à mon oreille, m’écorchant la tempe en passant. Raté. Il avait visé la tête. Il aurait presque réussi à me tuer… Mais il s’effondra, mort avant de toucher le sol.

3… 2…

Je l’avais tué, putain ! Comment ça avait pu arriver ? Je m’étais trop précipité. Le sang s’écoula rapidement sur mon œil gauche. Le compte à rebours défilait à toute vitesse. Je me hissai d’un salto arrière sur le toit du mirador pour m’écrier avec rage : « BANE ! » Malgré les cris, l’agitation… Les détonations avaient cessées. Les regards se tournèrent vers moi, incrédules… Alarmés aussi. Ils avaient peur d’être pris entre deux feux, en reconnaissant la cape jaune et noire qui claquait au vent derrière moi. Robin contre Bane. Je repris, pour gagner un peu de temps, pour que tous les regards restent levés vers moi : « Tu sais très bien qui je suis. Je suis Robin, l’héritier de Batman ! Je suis venu ici pour t’arrêter. »

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Je jette un regard à Jason, avant de le reporter sur la foule. « Ils vivent dans la peur depuis des mois, on peut pas leur en vouloir. » J’esquisse un sourire un peu triste. « C’est à nous de redonner espoir, de leur rappeler que c’est pas censé se passer comme ça. On va lui montrer. » Et pas uniquement parce qu’il semble sur le point de vouloir aller casser la gueule de Bane en direct. On doit le faire, point.

Et Dick arrive rapidement, après une diversion qui semble marcher plus que bien, ce qui nous permet de faire rapidement le point avant de se disperser. Faire des groupes de un, en soi, ne me pose aucun problème, je travaille bien en solo. Sauf qu’en général, c’est en hauteur et je peux me déplacer comme je le souhaite, et pas au milieu d’une foule paniquée. Je lève rapidement les yeux vers les miradors, voyant rapidement une ombre se déplacer… Sans que personne ne réagisse pour autant, parce qu’évidemment, on ne l’entend pas et que personne ne regarde plus vers les cieux… Ouais, pas de bol. Sauf qu’en vérité, c’est pire. Je me suis trompée, je m’en rends compte en tournant les yeux vers la scène. Il y en a un qui réagit, trop vite et trop brutalement pour que je puisse tenter de passer devant et… Et faire quoi ? Me faire tirer dessus à leur place. Je me fige totalement, le regard rivé sur les corps des personnes sur qui il vient de tirer. Sur ceux qui ne se relèvent pas. Il les a tués. A cause de nous.

Respire. On change pas le plan. Jason en haut, Dick s’occupe du maire… Même si ça va être encore plus compliqué et… Ouais, je ne peux plus me contenter de mettre les gardes HS. On doit faire sortir les civils, et vite. Je serre les poings, me déplaçant aussi discrètement que possible, essayant d’esquiver la foule qui continue de paniquer malgré tout…. Ou à raison plutôt pour le coup. Et j’évite de regarder vers le haut. Je sais bien qu’il va se montrer, il n’a pas le choix, pas la peine de perdre du temps à le chercher. D’autant qu’il ne se fait pas attendre, et que sa voix porte enfin jusqu’à nous. Un sourire nait malgré moi sur mes lèvres en l’entendant. Et en entendant les murmures qui prennent aussitôt le relai. Batman. Batman et Robin. Le duo de superhéros.

Je finis par voir la porte, solidement fermée, ainsi que les deux gardes qui en bloquent le passage… Je regarde autour de moi, replaçant mentalement les gardes que j’ai aperçu en avançant. Ils ont tous les deux le nez levé vers Robin, ce qui m’arrange bien. Jusqu’à ce que je me fasse bousculer, attirant aussitôt l’attention de l’un deux… Qui me fixe une seconde avant d’ouvrit la bouche en voyant le symbole plus que caractéristique de ma tenue. Je me précipite sur lui, enchaînant coups de pieds et coups de poings, jusqu’à le faire tomber à terre, dans les vapes. Accroupie, je regarde du côté de l’autre garde, qui ne semble rien avoir vu. Tu parles de gardes du corps… Mais la foule est trop près pour que je puisse l’atteindre, lui ou la porte du coup, sans devoir les pousser et me faire remarquer.

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J’ai une ombre de sourire à la répartie du gamin quand il parle de l’efficacité de ma diversion, avant d’attraper la bombe lacrymo maison de Babs en hochant la tête. « On est là pour ça ouais. Mais je l’ai potentiellement un peu oublié jusque-là. » Je pense qu’ils ont pigé l’idée et, de toute façon, c’est pas le moment d’en dire plus. Je laisse un peu d’avance à Robin pour qu’il fasse ce qu’il fait le mieux… emmerder les gens et apparaitre aux endroits les improbables.

… sauf que rien ne vient.

« Non mais… pour une fois qu’on lui demande de faire le mariole, il se la joue discret… tout se perd. » Je marmonne tout seul alors que Batgirl suit sa propre route, me rappelant qu’ils sont tous les deux très capables de se débrouiller tout seuls. Probablement mieux que moi-même. Alors je me concentre sur ma propre mission, la bombe lacrymo en main, alors que je me rapproche de l’estrade. Avant de me figer quand il sort son arme et qu’il descend plusieurs personnes aléatoirement. La colère prend un instant le pas sur tout le reste, avant que j’essaie de me raisonner et de me rappeler pourquoi on est là. Pour pas que ça se reproduise, pour que les gens se rappellent qu’il y en a encore qui luttent pour eux. Et j’essaie de pas me dire que c’est de ma faute, que c’est ma diversion qui les a tués.

10 secondes ? C’est tout ce qu’il nous laisse ?

Je sais qu’ils vont assurer mes arrières, qu’ils vont faire ce qu’il faut. Alors, pendant ces dix secondes, je continue de glisser entre une foule qui ne fait pas du tout attention à moi, alors qu’elle est en proie à une terreur palpable. Je pose une main sur l’estrade alors qu’il ne reste que deux secondes au décompte, allumant la mèche du petit cadeau de Batgirl. Pour entendre la voix de Robin qui se fait entendre. Bien joué…

Et, dans le même temps, je lance la bombe sur l’estrade. J’ai un sourire satisfait quand je vois que la fumée se propage à toute vitesse dans une explosion qui fait crier la foule une fois de plus. Prenant appui sur l’estrade de la main, je saute sur le premier garde qui s’est approché de moi avant que la bombe ne fasse son petit effet. Et je sors mes bâtons d’eskrima, non sans ressentir une certaine satisfaction à entendre un os craquer sous le premier coup violent que je porte sur le tibia du garde.

Je me déplace au plus vite, gardant en tête mon objectif dissimulé par la fumée. Et je frappe tout ce que j’ai à portée, esquivant les coups, les rendant avec toute la force que j’ai, sautant par-dessus les gardes pour les frapper par-derrière. Pas beaucoup de temps. On a pas beaucoup de temps. Bane va réagir, c’est obligé. Mais il sait maintenant, qu’il ne pourra plus jamais être tranquille. Cette pensée me distrait une demie-seconde, suffisamment pour que je ne vois pas le coup de crosse de fusil arriver et me frapper en plein dans les côtes.

… ouais, ça fait toujours aussi mal.

J’ai le souffle coupé et des petits points noirs qui dansent devant mes yeux, autant dire que c’est pas le meilleur moment de ma journée là, de suite. Mais je continue. Pour eux deux surtout. Je frappe un nouveau garde, lui assénant un violent coup de bâton en pleine face avant de me figer quand je reconnais la silhouette de Bane à travers la brume.

J’essaie de reprendre tant bien que mal mon souffle et je me rapproche, pour poser ma main sur celle de cette pourriture. « Salut. Moi c’est Nightwing. J’suis un pote de Robin qui déboite tes gardes là-haut. La forme ? » Je sais, j’aurais dû bosser sur cette punchline mais là, j’avoue que j’ai un peu manqué de temps. Faudra que je pense à me rattraper. Et maintenant ? Aucune idée. Mais je pensais même pas qu’on irait aussi loin alors…

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Depuis le toit du mirador, je ne perdais pas une miette de la scène qui se jouait sous mes yeux. Alors que j’avais l’attention de toute l’assistance venue pour ce macabre spectacle, les yeux levés vers le ciel obscur, la fumée s’éleva subitement depuis l’estrade. L’oiseau nocturne projeta son ombre sur la scène, qui échappa momentanément au contrôle de Bane. « Alors, surpris ? » Non, je n’étais pas venu sans aide. Contrairement à ce qu’il aurait pu penser, même sans Batman, Robin n’était pas seul. Sauf que je venais de me rappeler désagréablement à ses pensées… Et Bane oublia bien vite sa mise en scène savamment orchestrée pour une justice plus expéditive.

L’instant de satisfaction fut de courte durée. La colère prit rapidement le dessus à entendre les paroles qu’il proférait, avant que la sentence finale ne soit prononcée. J’étais prêt à me ruer sur lui, tous les muscles tendus, pour lui faire ravaler ses paroles… C’était sans compter sur sa milice personnelle. J’ouvris de grands yeux surpris, à voir autant d’armes se braquer subitement sur moi. Ils étaient… Une bonne dizaine ? Et bien sûr, tous armés de mitrailleuse quand je n’avais que de pauvres flingues pour tenir la cadence ! Ma mâchoire se crispa. J’allais devoir garder ma vengeance pour plus tard, ce qui me laissait goût bien amer en bouche. C’était impossible de les viser correctement à une portée pareille avec uniquement des armes de poing. Je toucherais forcément quelqu’un dans la foule. Je devais à tout prix me rapprocher.

Tu n’es rien… Tu parles ! Bane se donnait beaucoup de mal pour me tenir en respect, tous ses hommes focalisés sur moi. Je faisais au moins mon œuvre, à défaut de réussir à me rapprocher de la scène. A chaque fois que je quittais mon couvert pour un autre, les détonations m’accompagnaient dans l’air. Il s’en fallait parfois de peu, si bien que je ne pouvais prendre aucun risque, aucune initiative. Impossible de me poser au sol, sinon la foule serait touchée également. Impossible d’y voir non plus quoi que ce soit dans cette fumée… Que se passait-il exactement là-bas ? Peu importe, au fond. Je guettais l’ouverture des portes, dans l’expectative pour pouvoir agir et soutenir Nightwing. Je devrais prendre mon mal en patience. Je devais leur confiance pour réussir, pendant que je serais moi-même occupé à les retenir le temps qu’il faudrait.

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J’entends les murmures et les exclamations. Et je vois la fumée, ce qui m’arrache un sourire de satisfaction – même si je n’ai jamais douté qu’elles fonctionneraient – avant de voir Dick réussir à monter sur l’estrade, et se retrouver à côté du maire, face à Bane. Ça, c’est bien. Je continue de me faufiler dans la foule pour atteindre l’autre garde, passant presque inaperçue entre l’inquiétude, la peur et la curiosité que cette confrontation inattendue suscite. Il y en a bien un ou deux qui commencent à ouvrir la bouche, mais Bane à ce don de savoir capter l’attention, à grand renfort d’intimidations et de flingues, mais ça marche. Je ne m’arrête qu’une demi-seconde, pour m’assurer que Jason parvient à éviter tous ces tirs, la foule reculant encore une fois d’un mouvement instinctif. Tant mieux, ils ne sortiront de là que plus rapidement.

Okay. On aurait dû se douter, j’aurais dû savoir que Bane en profiterait quoiqu’il arrive. Peu importe. Il faut que je fasse sortir tous ces gens d’ici. Je réussis à arriver jusqu’au second garde sans qu’il ne me porte attention, de toute façon, il ne m’a même pas vu dégommer son pote tellement il est concentré sur Bane et Jason. Le combat ne dure pas plus longtemps qu’avec le premier, et je fronce les sourcils alors qu’il tombe à terre. Certains vont sauver l’univers, d’autres les présidents ou encore  des villes. Jason se fait canarder par des mitraillettes, Dick va devoir gérer et combattre Bane.
Et toi Babs, tu fais quoi ? Oh, moi, je ne savais pas trop quoi faire, je m’ennuyais un peu, alors j’ai décidé de faire un peu de nettoyage, histoire de me rendre un peu utile vous voyez ? Je sais, j’étais d’accord avec le plan, on a bossé dessus ensemble. Mais… Sérieux, à quoi je sers là ? Une promenade de santé m’aurait demandé plus d’efforts. Et eux… Ma mâchoire se crispe. Ils vont bien, ils savent ce qu’ils font. Fait sortir tout le monde et va les aider.

Je grimace tout en tirant les lourdes portes, les bloquant avec le corps des gardes. Tant qu’à faire… Oh merde. Bane sous venin. Okay. Au temps pour la discrétion. Je commence à attraper plusieurs personnes, leur tirant le bras, les incitant à partir, les poussant vers la sortie. D’autres tournent la tête, voient la porte ouverte et se rendent compte qu’ils peuvent fuir ce qui a toujours été une mise à mort en public. Mais il n’y en a pas assez. La majorité de la foule est hypnotisée par Bane et la confrontation qui va avoir lieu sous leurs yeux.
… Paie ton héroïne. Ils vont tous s’entretuer, et moi… Moi rien. Fait chier.

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J’ai un sursaut quand je vois Bane ordonner à ses hommes de viser Robin. Mais je sais qu’il va s’en tirer. Il s’en tire toujours de toute façon. Voyez, j’arrive à ne pas faire ma mère poule quand je veux. En tout cas, j’ai quand même une pointe d’appréhension à l’idée qu’il leur arrive quelque chose mais, dans le feu de l’action j’ai pas le droit de m’appesantir là-dessus. Surtout que j’ai pas la moindre idée d’où est Batgirl mais, visiblement, Bane non plus. Et ça, c’est top.

Alors je me concentre sur le problème le plus pressant, chacun de nous sachant exactement ce qu’il a à faire.

Bane.

J’ai un sourire satisfait à voir qu’il semble bien déterminé à nous éliminer. Finalement, c’est qu’on doit quand même être encore des sacrés épines dans leur pied malgré nos manques de moyens. Et j’aime cette idée. Bien plus que je l’aurais cru. Se terrer n’est définitivement pas la solution et œuvrer dans l’ombre, en espérant que les gens seront plus reconnaissant qu’effrayés quand on les sauve, n’en est pas une non plus. Et, alors que le maire se glisse derrière moi, je souffle, avec un haussement d’épaules. « Peu importe ce qui arrive maintenant Bane. Les gens retiendront juste qu’on a réussi à foutre en l’air ta petite cérémonie bien huilée. Les héros existent et il y en aura toujours un pour jeter du sable dans tes parfaits rouages. » Que ce soit nous ou d’autres. Tant qu’il y aura quelqu’un, ils n’auront jamais la paix.

Tout en parlant, je recule, poussant le maire sur le rebord de l’estrade. Je pense qu’il a pigé le message et, bien vite, je ne sens plus sa présence derrière moi. Je sais pas s’il va s’en sortir parmi les gardes et la foule mais, dans l’immédiat, j’ai autre chose à gérer. Mon sourire se fait plus large à le voir activer son venin. « On dirait qu’on passe aux choses sérieuses. Tu sors la grosse artillerie alors qu’on est rien pour toi ? J’suis flatté. » Je fais craquer les muscles de mon cou, rangeant la douleur dans un coin de ma tête. Juste une information parmi d’autres, rien de plus.

Et je dégaine mes escrimas, enclenchant les tasers, ce que je fais jamais ou presque pour économiser le matos. « Tu gagneras pas aussi facilement. » Sans lui laisser le temps de la réflexion, ou me laisser le temps de me dire que c’est un peu suicidaire de se jeter sur un type comme ça, je prends mon élan et je bondis sur lui, concentré comme jamais. Je suis le premier de nous deux à frapper et, même si mes escrimas font un bruit de dingue sur son armure, j’ai comme un sérieux doute sur leur totale efficacité.

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Ne jamais dire jamais. Et surtout, ne jamais penser qu’un plan peut se dérouler sans accro. Bon, j’ai pas le cigare, mais j’aime bien quand c’est le cas quand même… ça arrive jamais, mais ce serait cool un jour que ce le soit. Les portes ouvertes, c’est un bon point. Le maire qui parvient à quitter l’estrade, c’en est un autre. Et à côté de ça, tu as des civils morts, d’autres hypnotisés. Jason qui se fait tirer dessus en rafale. Dick qui va devoir affronter Bane sous venin.

Ouais ça craint à mort. Mais ça va aller. Faut rester positif, on s’en sort pas si mal. Et mine de rien, si quelqu’un peut s’en sortir face au monstre, c’est bien Wonder Boy. Je m’inquiète pas trop non plus pour l’oiseau, il vole bien assez rapidement pour esquiver les tirs des lourdeaux qui nous font face.
C’est donc à moi de sortir le maire, et la multitude de civils, d’ici. Vu qu’on est un peu là pour ça, faut que j’arrête de me lamenter je sais et que je continue de faire ma part.

Je parviens à rejoindre le maire qui a bien du mal à avancer. « On va vous sortir de là Monsieur. » Je regarde autour de moi et fronce les sourcils en reconnaissant un visage. Merde, c’est pas parce que c’était un flic qu’il l’ait toujours, loin de là. Mais en même temps, je n’ai pas bien le choix. « Sergent Davis ! » Il se retourne avant de jeter un coup d’oeil paniqué autour de lui, mais j’ai soufflé son nom et personne ne nous prête vraiment attention. « Sortez le maire d’ici. » Il commence à protester, mais mon poing se pose sur son torse et je le fixe. « Vous étiez un bon flic. Faites-le. » Je suis pas vraiment sûre qu’il l’ait été, mais ce n’était pas le pire. Je le pousse vers le maire en lui donnant une adresse, où – j’espère – mon père va toujours traîner ses oreilles de temps à autre.

Si quelques civils sortent et que d’autres continuent de m’ignorer, ce n’est malheureusement pas le cas des gardes. J’entends un cri. J’entends mon nom. Et j’ai à peine le temps d’écarquiller les yeux et de m’éloigner des quelques civils qui m’entourent et du maire, que je pousse au loin, que plusieurs d’entre eux m’ont pris pour cible. Et j’essaie, je vous jure que j’essaie. Mais je ne suis pas assez rapide. Et ma tenue est loin d’être en assez bon état pour encaisser autant de tirs. Je sens la brûlure d’une balle au moins, et l’impact de plusieurs autres alors que je bascule en arrière. Je parviens tout juste à me planquer derrière un muret en essayant de reprendre mon souffle que les tirs reprennent de plus belle. Merde. Et j’ai perdu le maire de vue. Le bon côté, c’est que plusieurs civils prennent leur jambe à leur cou. Le mauvais… C’est que je saigne un peu trop à mon goût. La douleur c’est dans ta tête. Relève-toi. Sauf que j’y arrive pas. Fait chier.

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J’avais du mal à suivre ce qui se déroulait en contrebas. A peine je risquais la tête hors de mon couvert que les hommes de Bane m’alignaient… Bordel ! Ils devaient être au moins dix ! Dick se retrouvait seul, séparé de nous, aux prises avec ce fou. Et où était Babs au juste ? Je ne pouvais strictement rien faire sans risquer un bout de cape à l’extérieur. Et le pire n’était même pas l’inaction forcée, non… C’était d’en voir une moitié d’entre eux se détourner finalement de moi pour mitrailler ailleurs. S’ils divisaient leurs efforts, ça ne pouvait signifier qu’une chose : Ils avaient une nouvelle cible en vue.

Je jurai tout bas avant de quitter mon couvert précipitamment. J’eus uniquement le temps de voir sur qui ils venaient d’ouvrir le feu… Le maire avait disparu. C’était Batgirl ! J’écarquillai les yeux, à la voir s’écrouler à terre. Je manquais de me prendre une balle en atterrissant enfin à terre. Je lançai les rares fumigènes en ma possession pour couvrir ma chute et empêcher le pire. Ils semèrent aussitôt la confusion chez nos ennemis autant que dans la foule. Je les entendais hurler, alors qu’ils couraient en tout sens… Ils étaient combien encore comme ça ? Bien la moitié d’entre eux n’avaient pas évacué à l’ouverture des portes ! « Mais cassez-vous ! Dirigez-vous vers le pont ! » Je commençais à perdre définitivement patience. Ils me gênaient. J’en poussai quelques uns sur mon chemin, pour accélérer le rythme tout autant que leur éviter des balles perdues. Difficile de se repérer là-dedans… Mais c’était encore pire pour nos adversaires dotés d’armes à feu, sauf qu’ils avaient décidé de ne pas faire de quartier et tirer simplement dans le tas. Merveilleux.

Je m’accroupis à hauteur de Batgirl, vérifiant rapidement son état. « Ca va ? » Elle bougeait encore, mais sa combinaison n’avait pas suffi à contenir les tirs de nos assaillants. Le sang qui s’écoulait de ses blessures m’alarma aussitôt. Je passai une main autour de sa taille avant de m’aider de mon grappin pour nous extraire de là. Il n’y avait aucun angle mort dans cette prison, et contrairement à elle, je n’avais pas eu le temps d’étudier le terrain. Je visai la muraille pour nous rapprocher des portes et la déposer là, à couvert de celle-ci et assez proche de la sortie. « Je dois aller aider Nightwing, toi, tu pars avec la foule et le maire. » Je la voyais déjà faire mine de protester, ce qui déclencha aussitôt ma colère. Je me retournai vivement vers elle : « T’es un poids pour nous dans ton état, alors tu te casses ! » J’étais clairement sur les nerfs, mais surtout, il y avait que la manière forte qui marchait avec elle. Je n’attendis pas qu’elle me réponde. Ca ne m’aurait sans doute pas plu. Je profitais que les fumigènes fassent encore effet pour revenir en arrière. J’avais sorti mon arme blanche, prêt à faire une percée dans les rangs des sbires de Bane… Mais tout ce que je réussis à faire, ce fut d’éviter de me faire tuer. Putain… Je servais à rien, moi non plus. Ils étaient bien trop organisés. Comment j’allais réussir à sortir Dick de ce mauvais pas maintenant ? Je tentais de crier par-dessus la foule en panique, les détonations qui ne cessaient de retentir dans l’air. « Nightwing, tire-toi ! Maintenant ! » Prendre Bane au corps-à-corps, c’était du suicide. Il avait assez gagné de temps. Avec un peu de chance, il trouverait une solution par lui-même et comprendrait aussitôt que le maire était bien en fuite.

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Gagner du temps. C’est tout ce qui importe. Chaque seconde, chaque mouvement est important. Tout ce qu’il faudra pour qu’on puisse sortir de là vivants. J’irais pas jusqu’à dire indemnes, c’est plutôt mal barré mais au moins, qu’on y laisser pas toutes nos plumes. Et déjà, le fait qu’il n’ait plus le maire sous les yeux est une sacrée victoire. En espérant que les autres arrivent à l’exfiltrer rapidement. L’avantage de la foule, c’est que ça embrouille tout le monde. L’inconvénient, c’est que ça embrouille tout le monde.

… bref. J’ai un GROS problème à gérer. Non pas que Bane soit gros, même si je dirais pas non à ce qu’il perde quelques kilos et il est plutôt baraqué et tout mais, quand même, à voir le venin couler dans ses veines, je me dis que ça va pas être une partie de plaisir. Et, si je pourrais être assez arrogant pour croire que j’ai une chance en face à face, il y a trop de paramètres à prendre en compte autour de nous pour que je sois assez stupide et penser qu’on pourrait gagner à la loyale. Parce qu’ils doivent même pas connaître ce terme.

J’essaie de le frapper, visant là où je pense qu’il peut avoir des points faibles, même si je suis plutôt sceptique quant au résultat. Et, quand il reprend la parole, je me fige un instant, reprenant mon souffle alors que je profite de cet instant de répit pour songer à mes possibilités de fuite. Bien maigres au demeurant. J’ai un sourire à ses propos avant de souffler, d’un ton narquois. « Continue de sous-estimer tes adversaires, tu as bien raison. Et même si tu me tues, même tu m’exécutes devant tout le monde, jamais tu ne briseras ce qu’on représente. Vous n’avez toujours pas réussi, malgré toute l’énergie que vous mettez à nous faire disparaitre. Il y aura toujours quelqu’un pour se battre contre vous. » Je le pointe avec un de mes bâtons d’eskrima. « Et jamais tu ne pourras m’enlever l’espoir. » C’est moment qu’il choisit pour charger. Je me laisse glisser au sol, ignorant la douleur alors que je roule et que j’atterris juste au bord de l’estrade.

J’ai encore un peu de chance, la fumée ne s’est pas totalement dissipée. Et je suis sur le point de repartir à l’assaut, pour continuer de donner le change, quand j’entends la voix de Robin. Qui me file le coup de boost nécessaire pour me relever et, surtout, pour sauter de l’estrade. Je me heurte directement à la foule, encore bien trop compacte à mon goût, mais je les pousse en soufflant, d’un ton brusque. « Mais TIREZ-VOUS bon sang ! » Jusqu’à ce que je me retrouve devant les sbires de Bane. Jason et Babs doivent être de l’autre côté, j’arrive pas à les distinguer dans tout ce bordel.

… et si je résume bien, j’ai Bane dans mon dos, une poignée de gardes devant. Bien. Ca va bien se passer. Je serre mes eskrimas et j’inspire longuement. « Okay… faudra quand même qu’on rediscute de nos issues de secours. » Et je fonce vers eux, sans la moindre hésitation.

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J’aurais bien aimé m’assurer que le maire sorte d’ici sain et sauf, tout comme j’aurais aimé pouvoir pousser davantage les gens à sortir d’ici. Mais je vais devoir me contenter de ce que j’ai pu faire et croiser les doigts pour que le sergent ait encore un peu de conscience professionnelle… ou humaine. Enfin une des deux au moins. Et prier un peu pour qu’ils s’en sortent. Mais bordel les gens veulent pas sortir ? J’inspire avant de les entendre. Et heureusement que mes réflexes prennent un minimum le dessus sur ma réflexion, parce que j’ai à peine le temps de les pousser, de m’éloigner, que je me prends des tirs.

Et ça faisait un moment que c’était pas arrivé mine de rien. Le truc, c’est qu’avant, j’avais une vraie tenue pour m’aider à encaisser. Là… Je me retrouve à terre, une main sur une des plaies, non sans avoir laissé filer un cri. Super. Mais je parviens à me traîner derrière un abri, tout va bien. Respire Babs, respire. Celle à la jambe, ça va, ça fait mal, mais c’est une grosse éraflure… Je crois. Celle au flanc par contre… Je regarde ma main déjà couverte de sang et ferme les yeux un instant.

Je sursaute en voyant Robin à mes côtés. Fait chier. Mais il a rien, il va bien, c’est le principal. Je prends appui sur lui pour me relever, m’accrochant à lui quand il nous rapproche des portes. Quoi ? Je le regarde sans vraiment comprendre jusqu’à ce qu’il prenne la parole. Non mais il est sérieux là ? Genre je vais me casser et les laisser ? Et laisser tous les civils qu’il reste ? Il se fout de moi ?! Je me fige, la bouche ouverte prête à l’envoyer péter, quand il se retourne.
Un poids.
Je le suis des yeux alors qu’il repart en arrière sans plus me prêter attention. Mes poings se serrent et je vacille, me laissant vaguement tomber contre la porte.
Inutile.
Je me planque de nouveau, les gardes ayant rapidement retrouvé leur cible, et un juron m’échappe. Il a raison. C’est un sale petit con arrogant, mais il a raison. Je tente de comprimer la plaie, essayant de me soigner, de limiter les saignements comme je peux et je hausse la voix pour engueuler les civils autour de moi. Le peu qui m’a entendu m’écoute et se met à courir pour sortir.
Impuissante.
Je peux pas les laisser ici… Je peux pas sortir non plus de toute manière.
Trop faible. Je suis encore trop faible.

Non. Ils se trompent. Montre-leur. Fais quelque chose… Fait chier.

Spoiler:

Bon. Ca commence à devenir sérieusement tendu là. Je me sens un peu claustro là de suite, et je me dis que, quand même, je serais pas mécontent si on arrive à se tirer de là. Notez que j’ai pas dit qu’on pourrait partir indemnes. Juste partir, ce serait déjà pas mal. Je déglutis à voir Bane dont les muscles semblent se gonfler à mesure qu’il sirote son petit cocktail-là et j’essaie de me concentrer sur ce qu’il y a de concret, sur ce que je peux faire.

Et j’essaie de me tirer donc, sans grand succès. Je commence à voir les possibilités de fuite qui s’amenuisent au point que les différentes options qui me restent ne me plaisent pas particulièrement. Sauf que je dois me décider avant de prendre une patate de Bane en pleine figure. Je réfléchis vite, aussi vite que possible, alors que je souffle, en direction de Bane. « Je te laisserais pas cette satisfaction. Tu ne sauras pas si tu peux me briser ou… » Et je me fige, alors que j’entends les cris de Batgirl et de Robin.

Ils sont touchés.

J’essaie de pas penser à quel point, si c’est grave, ou comment ils vont se tirer de là. J’ai plus le temps de réfléchir maintenant et, quand il reprend, je sens une colère bouillonner en moi à l’idée qu’il ait vraiment pu les mettre à terre. « Je te l’ai dit, tu devrais arrêter de les sous-estimer. » Parce que moi, je crois en eux. J’y croirais toujours, même jusqu’à mon dernier souffle. Et si je me sens tendu comme jamais, si je sens mes jambes trembler à l’idée que je pourrais avoir perdu une des rares personnes qui compte encore pour moi, je relève la tête et j’ai un sourire mauvais.

Parce que j’ai trouvé mon idée ouais.

… autant dire que c’est la pire idée que je pouvais avoir dans mon stock. Mais là, aux grands maux, tout ça tout ça. Alors que je vois Bane faire craquer ses poings, je détache ma ceinture. S’ils sont en état de me voir, ils comprendront tout de suite. « Tu veux une blague Bane ? Qu’est ce qui est noir et bleu et qui court de partout ? » J’appuie sur le petit bouton de la ceinture et je la lance derrière moi en direction des gardes. Et, juste avant qu’elle n’explose je souffle un « Boum », que Bane ne pourra que lire sur mes lèvres.

La suite est… plus confuse. Je me retrouve par terre sous le souffle de l’explosion. L’autodestruction de ma ceinture me fait mal au cœur mais, quand je vois ou plutôt, quand j’entends la foule qui se met à hurler et qui nous entraine avec elle, je sais que j’ai bien fait. Sauf que j’avais pas prévu de voir autant de gardes au sol. J’essaie de me dire qu’ils sont pas tous morts mais, si la foule se met à les piétiner, ça va pas tarder. Et je me concentre sur mon propre problème, celui de pas me faire piétiner ou écraser à mon tour. J’arrive plus à voir les autres pour le moment.

Je suis mal barré.

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La milice ne me laissait aucun répit. A cause des fumigènes, ils avaient resserré les rangs, mais n’en restaient pas moins déterminés à en découdre. Les tirs n’avaient pas cessé, loin de là. Tant qu’ils savaient où leur chef se trouvait et eux-mêmes, peu leur importait qui serait touché. J’eus tout juste le temps de me mettre à couvert pour reprendre mon souffle. C’était moi ou… Nightwing avait le temps de discuter avec le Big Boss ? Sérieusement, il m’épatait toujours lui. Je ferais mieux d’utiliser mes dernières balles pour les tenir en respect. Je sortis de nouveau un de mes pistolets, pour viser là d’où provenait les tirs. Le problème, c’était de savoir où se trouvait Dick exactement. Il aurait mieux fait de continuer de parler pour une fois.

J’eus seulement deux secondes d’hésitation. Deux foutues secondes, avant qu’un tir ne me fauche. Je me renversai en arrière dans un cri de douleur, en lâchant mon arme aussitôt. Et merde ! Cette combinaison renforcée ne tenait plus du tout la longueur. Je retirai une main ensanglantée de mon épaule. La balle s’était logée dans la jonction. C’était une blague ou quoi ? Comment ces types avaient fait pour viser pile à cet endroit, avec le champ obstrué ? Un sérieux coup de chance, rien de plus. Je restai à terre, à tenter de reprendre ma respiration. Les paroles de Bane me glacèrent. La situation se présentait mal… Batgirl et moi étions touchés. Et Nightwing ? Encerclé. Comment on allait pouvoir se sortir de ce faux-pas ? Dire que c’était mon idée de venir ici… Qu’avait-on réussi à prouver, au juste ? Pas grand-chose. Le maire était peut-être à l’abri, mais Bane et ses hommes parvenaient sans mal à nous tenir en respect.

Je tendis une main tremblante vers mon arme. Les blessures à l’épaule faisaient un mal de chien, mais jusqu’à preuve du contraire, je n’avais besoin que d’une main valide pour tirer. Allez, relève-toi… L’explosion me prit au dépourvu. Ma cape me protégea du souffle brûlant. Autour de moi, quelques civils détalèrent après s’être relevés, seulement un peu sonnés. Les tirs s’arrêtèrent un temps. C’était… Nightwing ? Il devait avoir sacrifié une pièce de son équipement pour un résultat pareil. Lui qui refusait de tuer qui que ce soit, je me demandais combien de gardes s’en relèveraient.

Ce n’était pas vraiment important. J’avais enfin une chance de me tirer de ce merdier, grâce à lui. Je ne devais pas la gâcher. J’attrapai enfin mon arme avant de tirer à plusieurs reprises vers les gardes, sans en toucher aucun. Je n’arrivais pas à ajuster correctement mes tirs dans mon état actuel. Mes dernières balles furent gâchées bêtement. Je pestai avant de me relever. Mes jambes me portaient encore, mais impossible d’utiliser le grappin dans ces conditions. Je n’avais pas le choix, il me fallait fuir par là nous étions entrés avec Babs. Je me ruai vers le passage secret avec quelques gardes à mes trousses, ceux-là même qui n’avaient pas été touchés par l’explosion. Leurs tirs se perdirent dans le mur d’à côté, mais j’étais définitivement trop lent pour franchir les obstacles du tunnel. Ils me rattrapèrent sans mal.

Le premier m’arracha un cri de douleur à m’attraper par l’épaule avant de m’envoyer son poing en pleine figure. Je me ramassai au sol. Un éclat métallique m’informa que le second était déjà prêt à m’exécuter d’une balle en pleine tête. Je le déséquilibrai d’un coup de pied dans la rotule. Les vibrations de son tir nous laissèrent tous deux sonnés, mon agresseur et moi, dans un espace aussi exigu. Il fut le plus rapide de nous deux à réagir. Je tentai de me dégager, mon arme encore à la main. Il m’enfonça violemment la crosse de son fusil à plusieurs reprises dans les côtes avant que je n’ajuste un tir. Mes os craquèrent sous l’impact. Le souffle coupé, je fus forcé de lâcher prise sur le pistolet et de l’abandonner au sol. Je n’avais même plus la force de crier. Ce fut l’énergie du désespoir qui me permit de me glisser derrière une tige en fer, hors de portée. Je continuai ma fastidieuse progression, pour mettre le plus de distance avec eux. Ils tentèrent bien de me suivre, mais les débris les bloquaient et me servaient de couverture à leur tir. J’allais devoir me traîner tant bien que mal vers la sortie, avec probablement des côtes cassées et une balle logée dans la clavicule. Est-ce que j’avais déjà connu pire ? Même pas sûr. Au moins, je pouvais encore courir. Je me retournai uniquement pour leur adresser un doigt d’honneur, de mon bras encore valide. Ce n’était pas aujourd’hui qu’ils auraient Robin.

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