Aptitudes et Faiblesses : Quand tu me vois, il est trop tard.
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Sujet: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Mer 17 Juin - 16:01
Il n’y a pas de destin, mais ce que nous faisons. C’est ce que me disait Alfred, parfois. Je ne savais pas dans quelle mesure il avait raison. Il me semblait par moments que tout ce que nous vivions était forcément le résultat des divagations d’un esprit malade, tout puissant, qui orchestrait tout pour son propre plaisir. Je me battais, pourtant. Encore et toujours. Couvert de griffures, d’ecchymoses et de blessures diverses, j’avais survécu aux sbires du Joker dans un Gotham qui n’avait plus d’elle-même que les gratte-ciels qui l’avaient longtemps caractérisée. Echoué dans le fond du fleuve, j’avais dû épuiser mes dernières forces pour nager et flotter jusqu’à la rive opposée, trouver une échelle, et me traîner à hauteur du sol. Le bitume avait au moins ce côté réconfortant que je le connaissais bien, celui de Gotham. Pour en avoir baigné de mon sang quantité d’endroits au fil des vingt dernières années. J’avais mis un moment à trouver en moi les ressources pour me tirer de ce nouveau mauvais pas. Ma ville soumise au crime, abandonnée de tous, et sans plus personne pour la protéger… L’endroit ressemblait à mes pires cauchemars, à ceux qui me hantaient depuis la mort de mes parents.
Elle m’avait retrouvé le lendemain, alors que je me trouvais parmi les sans domiciles fixes de sous le pont nord. Ils avaient bien voulu me filer assez de tissu informe pour m’en faire un drap, une cape, décadence de mon apparence glorieuse et terrible de jadis. Contusionné, j’avais pu me réchauffer auprès d’eux au coin du feu, et soigner mes blessures sous leurs exclamations de surprise et de dégoût. Ils ne m’avaient pas loupé, les clowns de l’usine. Se recoudre avec du vieux fil alimentaire n’est pas une sinécure. Mais elle m’a trouvé. Celle qui m’a fait revenir. J’étais épuisé, affaibli par les épreuves, la faim et les blessures. Je divaguais à demi, mais je l’ai immédiatement reconnue. J’avais failli lui faire remarquer que c’était drôle de la voir sans couronne, sans robe de soie, ni d’épée au côté. Je m’étais abstenu.
Batman ne trouve plus grand-chose de drôle depuis longtemps.
Je me sens las, épuisé, battu par des années d’errance et d’abandons. Je dois tenir, pourtant. Elle nous déplace, nous téléporte, après avoir redonné un rien de normalité à mon apparence. Mais je me sens encore sale, et faible. A New York, je fuis l’hôtel. Bruce Wayne devra faire son retour, mais plus tard, bien plus tard. Sinon certains se demanderont pourquoi Batman et le richissime play boy réapparaissent au bon moment. Heureusement, j’ai un penthouse en face de Wall Street, bien sécurisé. Le gardien promet de garder le silence de ma venue –et de la compagnie de la jolie brune- quand je le lui demande ; je sais qu’il tiendra parole. Avec les enfants, Dick, Jason, il en a vu d’autres. On monte, en silence. Nous avons à peine parlé, avec Zatanna. Elle semble aussi touchée que moi. « Reculer pour nous regrouper », c’est tout ce que j’ai dit, en lui indiquant l’adresse. Son contact au moment du départ m’a crispé, m’a fait douter. Elle me rappelle Elle, forcément. Mais elle n’est pas la même. Elle est la Zatanna que je connais depuis longtemps, depuis sa propre jeunesse.
Nous arrivons enfin au dernier étage, dans un silence de tombe très « batmanien » comme aurait dit Alfred. Impossible de me confier, de me décharger. Depuis toujours. J’entre, quand l’appareil détecte mon pouce, et pique la chair pour tester l’ADN dans la foulée.
L’endroit respire le frais, et le luxe. Bar, énorme salon, cheminée… J’en pleurerais presque, après avoir ramé sur mes derniers mondes et mon retour. Mais pas le temps de s’émouvoir de ce retour. Alfred, Dick, Jason, tous les autres… Ils sont en danger. Zatanna est là. A deux, on peut commencer à faire une différence. Je contourne le bar après l’avoir invitée d’un coup d’œil, et sort plusieurs bouteilles.
| Tu as l’air aussi crevée que moi. En pire, peut être, et pourtant, je me suis fait massacrer avant de finir dans le fleuve. Si tu veux prendre une douche, c’est au bout du couloir, attenante à la chambre. Tu y trouveras des vêtements propres. A ta taille, j’imagine, le dressing est gigantesque… |
Rempli mais pas par mes soins. Pas par les visiteuses non plus. Mais on ne sait jamais qui on doit abriter.
| Qu’est-ce que je peux te servir, avant que tu me racontes ce que notre petite… Aventure… M’a fait louper ? |
Pour la première fois, je la regarde directement. Je reste longtemps silencieux. Je vois dans ses yeux qu’elle a changé. Qu’elle a souffert. Je ne sais pas encore comment ni pourquoi. Et je repense à la dernière fois que je l’ai vue… Mais non, ce n’était pas elle.
| Je suis content de te revoir, Zatanna. |
Zatanna Zatara
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 25 Juin - 11:10
Il est revenu, elle en est certaine. Quelque chose s’est mal passé, l’a empêchée de le ramener auprès d’elle, mais il est de nouveau dans leur réalité, leur univers. Elle le sait. Impossible pour elle de rester sur la scène de l’ancien opéra. Trop à découvert. Si jamais quelqu’un parvenait à entrer de la même façon qu’elle, il lui tomberait directement dessus. Elle se lève, la tête lui tourne, et elle défaille, tombe lourdement à la reverse, ses jambes fauchées par un vertige. Le sort l’a épuisée, sans compter la quantité de sang qu’elle a perdu… Elle halète, allongée dans la poussière, une sueur froide perlant sur son front, sa vue se coupant tout ou partie à plusieurs reprises pendant de longues minutes. Son cœur bat à tout rompre… Et ça finit par se calmer. Sans doute que son organisme tape un peu plus dans ses maigres réserves pour faire remonter son taux de sucre dans le sang… C’est difficile, mais elle parvient à se relever. Les jambes en coton, elle gagne les coulisses, trouve la loge dans l’état le moins lamentable, et ferme la porte derrière elle. D’abord, avec un simple verrou. Elle reste en appui contre cette porte, son front cherchant la fraîcheur du bois… Et puis elle jette un œil par-dessus son épaule. Il reste un lit, un matelas… Sans doute trop lourd pour avoir été pillé. Pas de draps, bien sûr. Quelques accessoires de théâtre. Le miroir de la coiffeuse, lui, est détruit. Elle jauge la distance. Cinq pas. Elle inspire un bon coup… Lance un sortilège pour bloquer l’entrée, titube péniblement jusqu’au lit, où elle sombre, à bout de forces…
Plusieurs heures s’écoulent avant qu’elle ne rouvre les yeux. Quelle heure est-il ? Elle n’en sait rien. Dans son sac, elle pioche dans ses maigres provisions une barre de bœuf séché. Le paquet avait glissé sous une étagère, dans ce qui a été une station-service. Le repas est plus que frugal, mais ça suffit à lui remettre les idées à peu près à l’endroit. Bruce. Il est la première personne à laquelle elle pense quand son cerveau recommence à fonctionner. Bœuf au coin des lèvres, elle écarte des débris de broles et d’autres pour se ménager un large espace au centre de la loge, et étale devant elle une carte du monde et, optimiste, une carte de Gotham. Reprenant son couteau, elle pointe le bout de son index et laisse une goutte de son sang tomber sur la carte. « Ertnom iom ùo tse Ecurb ! » Aussitôt, la goutte migre sur la carte, comme animée d’une volonté propre. Au grand soulagement de Zatanna, elle gagne le coin de la mapmonde pour passer sur celle de Gotham, et se fige, s’encre, dans l’une de ses rues. La magicienne se permet de sourire, émue. Elle sait où se trouve Bruce !
Les cartes sont rangées précipitamment, et tout aussi précipitamment, la magicienne quitte le théâtre. Sac sur le dos, capuche rabattue sur la tête, elle ne perd pas de temps, mais traverser la ville est loin d’être aisé… En particulier de nuit. Elle se faufile aussi discrètement que possible, se planque quand elle n’a pas d’autre choix, prend peu ou pas de risque… Jusqu’à atteindre l’endroit indiqué sur la carte. De loin, la scène est peu engageante… Zatanna n’aime pas les SDF, parce que certains sont hargneux… Et elle a toujours en tête son passage sur l’île d’Arkham… En guise de précaution, elle prend sa baguette, ayant l’allure d’un taser, et son pied de biche en main et tente de se donner une contenance… Qu’elle n’a pas. Ça marche à moitié, malgré tout. Les pauvres erres la regardent, regardent ses armes, voient bien l’arc électrique qui grésille entre les électrodes de son « taser »… ça suffit à les tenir à distance… Il n’y en a qu’un, en fait, qui ne la calcule pas. La carrure finit de l’attirer vers lui. Un coup d’œil sur son visage tuméfié, ça lui serre le cœur. Elle lui prend le bras. « Viens avec moi… » Délicate, elle l’entraîne, tire autant qu’elle peut, pour l’obliger à la suivre. Les clodos les laissent partir, peu envieux de prendre un coup ou une décharge de 20 000 volts pour un inconnu.
Elle les éloigne, et assied Bruce derrière les poubelles d’une ruelle. Elle puise dans ce qui lui reste de forces, avec parcimonie, pour guérir les plaies de son visage au moins, et faire apparaître sur lui quelques vêtements passe partout. La véritable épreuve, c’est de les téléporter tous les deux à New-York. Celle-ci lui fait à nouveau voir des étoiles, mais elle y arrive. « Il y a un hôtel… » Bruce le refuse, propose son penthouse. Zatanna, épuisée, n’a pas la force d’argumenter. Elle suit celui qui a été un playboy, ayant l’allure étrange d’un croisement entre un fantôme et un zombie. Les arrangements avec le gardien lui passent largement au-dessus de la tête. Bruce dit quelque chose, dans l’ascenseur, mais elle ne l’entend pas, appuyée de tout son poids contre la cloison. Elle a l’impression d’être dans un aquarium, de ne plus rien toucher, pas même la terre…
C’est à peine si elle s’émerveille du déploiement de luxe qui s’offre à sa vue à l’ouverture de l’ascenseur. Elle n’est pas en état de s’émerveiller de quoi que ce soit. Quelques pas à l’intérieur, et son sac tombe lourdement au sol, la chute faisant tinter les objets qu’il contient. Suivant l’invitation de Bruce, elle s’avance, mais s’abstient de le regarder. Elle n’en a pas le courage. Les yeux dans le vague, elle va jusqu’à la baie vitrée pour laisser s’égarer parmi les buildings qui s’étendent sous eux. La vie, à quelques kilomètres de la zone de blocus, est tellement paisible… La plaisanterie de Bruce ne la fait pas rire. Du tout. Au contraire, sa gorge se serre. Elle ne répond rien, ne se tourne même pas dans la direction qu’il lui indique. Et c’est pire encore quand il demande ce qu’il a loupé. « Rien. Merci. » Répondre rien que ces deux mots lui a déjà coûté toute sa concentration. Zatanna sent qu’elle va vomir. Trop de fatigue, trop de honte, trop de tout. Elle pivote sur ses talons, prête à courir vers la salle de bain, mais suspend son geste quand Bruce dit qu’il est content de la revoir. Le regard qu’elle lui lance est incrédule. Elle ignore s’il ment, s’il est ironique… Ses yeux s’embuent d’émotion, et elle se dépêche de gagner la salle de bain, où elle s’enferme. Quelques secondes plus tard, l’eau coule à flot, les gouttes martèlent Zatanna, prostrée, en pleurs, au fond de la baignoire.
Bruce Wayne
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 25 Juin - 14:08
Je me sens fatigué, blessé dans ma chair, et meurtri moralement. La situation est difficile à vivre. J’encaisse, comme toujours, mais il n’est rien de plus compliqué que de vivre sans rien. Et quand je disais « rien » je n’entendais pas les ressources matérielles, je parlais de but. D’objectif. Rester ici à végéter et à attendre la prochaine douille qui remettrait toute la survie en question, ce serait sans doute de trop pour moi. J’étais habitué à vivre pour un idéal, un but bien rigide duquel je ne déviais pas. Cela restait dur de rester là, dans cet état, même en me rassurant sur le fait que tout ça me servirait plus tard, que je n’avais pas dévié de ma mission. Mais quand elle vient, je sens que je suis remis sur les bons rails. Parce que c’est elle. Parce que ça veut dire que les affaires reprennent, que je vais pouvoir m’impliquer pour de bon dans tout ce capharnaüm qui a beaucoup trop coûté à ma ville.
La brune me soigne, doucement, masque les coups principaux. Je n’ai jamais donné dans les effusions d’aucune sorte ; ce n’est pas mon genre. Alfred regrette que je ne sache pas plus que cela me lier aux autres. Mais c’est comme ça que je vis depuis toujours, quand je suis honnête avec moi-même aussi bien qu’avec eux.
| Merci. |
C’est tout ce qui sort, comme toujours quand je me fais raccommoder. Ce n’est jamais pérenne, car je ne tarde jamais à me remettre en position de danger. Tout est silencieux, dans ce safe place. Je ne saurais dire la dernière fois que j’y étais venu. L’espoir d’y croiser quelqu’un de la famille était envolé depuis notre entrée dans le bâtiment, quand j’avais vu le gardien. Il n’aurait pas manqué de me signaler la présence à ce niveau d’un de mes proches, qu’il s’agisse d’Alfred, de Dick ou de Jason, et il était clair qu’ils avaient dû disparaître et se fondre dans les Territoires Autonomes quand ceux-ci avaient fini par émerger comme nouvel avatar du chaos.
Zatanna semble suffoquer. Je ne la force pas. Elle me remercie, elle ne semble pas bien… Elle paraît si semblable aux animaux apeurés que j’ai pu croiser dans mon existence, à ces bêtes qui viennent d’avoir la peur de leur vie et qui se retrouvent à devoir gérer leurs émotions. La magicienne semble sur le point de craquer. Les muscles maxillaires de ma mâchoire roulent sous ma peau quand je serre les dents, encaissant une nouvelle maladresse. Ce n’est pas grave. Elle s’en remettra. Elle sait comment je suis. Et moi, je viens de comprendre que tout ceci a été vraiment terrible, pour ceux qui l’ont vécu.
Moi, je n’ai rien le droit de dire. Pas à ce sujet. Et à quoi bon s’épancher sur ce dont j’ai fait l’expérience, entre sauts d’espace et sauts de temps ? Je doutais même parfois être rentré. Pour de bon, je voulais dire. Il y avait tellement de ressemblance, parfois, entre mon monde et ceux des autres. Un univers où le Joker et tous les autres ont gagné me semblait toutefois plus vraisemblable que beaucoup de choses dont j’avais pu faire l’expérience.
Zatanna cherchant sans nul doute à se noyer sous la douche avant de se refaire une contenance, et je la laissais à son intimité sans la déranger. Je n’avais pas été là… Que pourrais-je lui dire, pour la rassurer ? Je n’étais pas psychologue, et je n’étais qu’un bien piètre ami depuis toujours. Moi, j’étais l’enquêteur…
Alors j’enquêtais. Durant tout le long moment que la jeune femme passa enfermée, je me renseignais. En retirant ces frusques, que je mettais directement à la poubelle, je me désinfectais seul les blessures reçues à des endroits cachés par les vêtements. Je passais un coup sur chaque ecchymose, chaque plaie, avec un peu de gaze imbibée de désinfectant. Force était de constater que je faisais tout cela moins bien qu’Alfred… Dont l’absence me pesait atrocement. Télévision allumée, j’avais écouté tout du long les journaux télévisés donnant un « bulletin quotidien de ce qu’on sait de la situation dans les Territoires Autonomes ». Puis, je basculais sur l’ordinateur et sa connexion sécurisée. Je redémarrais mes systèmes, je m’informais, faisant défiler toutes les étapes de la catastrophe à grand renfort de coupures de journaux, de données satellites, de courts moments de duplex retrouvés sur les réseaux.
Je comprenais mieux comment tout ceci s’était passé…
J’étais abattu, car tout ce que j’avais fait en dix-huit ans avait été balayé en quelques semaines à peine après mon départ. Mais je restais résolu, déterminé. Verre de whisky à côté de l’ordinateur, je passais en revue les images ou les données qui me venaient des systèmes implantés à Gotham…
Quand j’entends un bruissement dans mon dos. Je remplis un second verre, sans quitter l’écran des yeux ; trop de travail, et je ne veux pas rajouter de pression, de malaisance, à Zatanna. Le verre, je le fais glisser dans sa direction sur la table surmontée d’une plaque de verre ; j’estime qu’il devrait s’arrêter peu ou prou devant elle.
| Ca t’a fait du bien ? La douche, je veux dire. L’eau chaude peut tour purger, si on lui en laisse le temps. |
Je ferme les fenêtres, déclenche les caméras de la batcave, qui ne renvoyaient rien. Et me tourne vers elle, en faisant pivoter ma chaise.
| Merci de m’avoir fait revenir, Zatanna. J’ai encore une chance, avec toi, de redresser la situation. |
je ne saurais vaincre seul. J’hésite, fuis son regard une seconde.
| Sais-tu ce que sont devenus les autres membres de l’équipe ? |
Pas de jugement, pas d’espoir, rien, qui pourrait nous enfoncer tous deux dans le désespoir en cas de réponse négative.
Zatanna Zatara
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 25 Juin - 16:23
C’est dur, très dur, pour Zatanna. La magicienne est dans la tourmente la plus totale. Elle est épuisée, peut-être pas morte de faim mais peu s’en faut… Mais surtout, elle est à bout. A bout de tout. Le désespoir la prend à la gorge, la culpabilité de l’impuissance lui écrase les épaules, la cloue à terre. Elle pleure, Zatanna, tous ses manquements, toute son incompétence, toutes ses faiblesses… Elle aurait dû faire mieux. Elle aurait dû faire plus. Sentant ses membres peser des tonnes, elle se défait tant bien que mal de ses vêtements trempées, qu’elle jette à bas de la baignoire, ses yeux la piquant de plus en plus. La crise de larmes ne passe pas. Ses yeux n’en peuvent plus. Elle ferme le bouchon, et laisse le bain se remplir, y ajoute un peu de savon… L’eau continue de lui couler sur la tête alors qu’elle la regarde monter de plus en plus, les bulles se former, lèvres muettes serrées contre ses genoux. Quand la baignoire est pleine, les larmes coulent moins dru. Elle est encore agitée de sanglots, qui reprennent aussi vite qu’ils s’arrêtent, mais elle sent ses glandes lacrymales épuiser leurs dernières réserves. Elle joue un peu avec la mousse, comme une enfant. La prenant dans ses mains en coupe, elle souffle pour la regarder voler, flotter pesamment, et retomber. Elle se laisse séduire par la magie simple du savon et des couleurs des bulles, bariolées comme trempées dans un arc-en-ciel.
Et puis… Et puis elle fatigue. Elle s’allonge, si petite qu’elle peut flotter dans le bain géant du penthouse. Elle contemple le plafond, sans chercher à réprimer les quelques larmes qui reviennent… Et suffisent à la faire basculer sous la surface de l’eau. Elle est bien, là. Mieux, en tous cas. Son corps flotte dans l’eau chaude, il n’y a pas de bruit. Elle se dit que ça devait ressembler à ça, dans le ventre de sa mère… Sa mère, où est-elle ? Que fait-elle ? Est-ce qu’elle sait seulement ce que Zatanna est devenue ? Que son père a disparu ? Qu’est-ce qu’elle dirait si elle la voyait, là ? Est-ce qu’elle serait fière ? Sans doute que non…
Plus envieux de vivre qu’elle, le corps de la magicienne se redresse violemment à la recherche d’air. Passée proche de la noyade, de l’asphyxie, elle tousse violemment, s’accroche au bord, s’y laisse pendre mollement, comme la jeune femme brisée qu’elle est. Et puis, morose, ses automatismes forcent une remise en route sans qu’elle ne le souhaite. Elle tire le bouchon pour que la baignoire se vide, se redresse tant bien que mal, les jambes faibles… Elle se lave. Elle, et ses cheveux, dans un état second. L’eau chaude délie ses membres, qui semblent crispés depuis si longtemps qu’ils en ont oublié la détente, mais ne peut rien faire pour son esprit torturé, sinon baigner la prison d’un nuage brumeux, inconsistant…
C’est sans bruit qu’elle ouvre la porte de la salle de bain, et qu’elle en sort en même temps qu’un épais nuage de vapeur. Enroulée dans un peignoir de bain blanc molletonné, ses cheveux à moitié essorés pendent de chaque côté de son visage, tombent sur ses épaules et dégringolent même devant ses seins. Les yeux de la magicienne restent résolument tournés vers le sol. Dans ses pieds, une paire de pantoufles, elles aussi molletonnées. Elle avance, sans joie, presque sans vie, pour rejoindre Bruce. Pendant tout le temps qu’a duré sa douche, elle n’a pas pensé une seule seconde à ce que ça a pu être pour lui. Ses blessures avaient l’air très fraîches, quand elle l’a ramassée. La castagne du retour. Mais pour le reste, il ne semblait pas trop amoché. L’idée qu’elle l’ait arraché à une meilleure vie qu’ici revient la tourmenter.
Il a la gentillesse de ne pas la regarder, bien qu’ayant remarqué sa présence. Elle, elle n’a d’yeux que pour le verre qu’il pousse vers elle. Seul le silence répond à la question du chevalier noir. Zatanna, elle, approche le bout de ses doigts du verre qui lui est destiné. Son estomac est vide, l’idée est mauvaise. N’importe. Après avoir visiblement hésité, elle porte le liquide ambré à ses lèvres et le vide, lentement, consciencieusement, d’un trait, non sans grimacer, avant de le reposer délicatement sur la table. Elle ne répond pas plus à ses remerciements, ni aux espoirs implicites qu’il place en elle. Elle n’a pas le courage de lui dire non, parce qu’elle-même ne pourrait plus jamais se regarder dans la glace si elle le laissait se débrouiller seul, mais… Elle ne s’en sent pas la force. Elle ne s’en sent pas capable. N’a-t-elle pas justement prouvé qu’elle était incapable ?
Elle secoue lentement la tête en signe de négation, à sa question concernant les autres, sans parvenir à l’affronter. Elle n’en a pas la moindre foutue idée. Diana, Clark, Barry, Oliver, Arthur… Elle a envie d’être positive, de lui dire qu’elle sait comment les retrouver maintenant… Mais elle ne parvient pas à desserrer les dents. Elle ne peut rien lui dire non plus concernant Alfred et les enfants… Rien qui lui plairait en tous cas… Elle vient se saisir les épaules, se sentant affreusement vulnérable, affreusement… Nulle. Elle relève à peine les yeux, voit la légende des caméras sur l’écran de Bruce, et les rabaisse aussitôt. « Le Joker a mis le feu au manoir, Bruce… Je ne sais pas ce que la Batcave… »
La détresse l’étreint à nouveau en quelques secondes à peine. Elle n’aurait jamais dû parler. Ses yeux se lèvent à nouveau, mais trouvent Bruce cette fois, qui peut voir qu'ils sont baignés de larmes, et elle éclate à nouveau en sanglots. « Je suis tellement, tellement, tellement désolée Bruce, si tu savais… »
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 25 Juin - 20:34
Travailler me permet de me concentrer sur autre chose que sur ce qui me turlupine, que sur Alfred, sur Dick, sur Jason, sur tous ceux que j’ai laissés derrière moi avec la conviction inaltérable que je partais sauver le monde avec les autres héros, comme moi. Ceux qui se sacrifiaient pour que les autres survivent parce que c’était simplement dans notre ADN, dans notre habitus social et culturel. Impossible pour nous de nous dérober à ce devoir… Et pourtant, maintenant, les regrets m’assaillaient. Je n’avais pas pu me dérober à toutes ces attentes, à ces missions presque sacrées qui jalonnaient ma vie d’adulte avec en toile de fond la protection des habitants de Gotham. Je n’avais pas eu le choix que de partir. Je ne le regrettais pas, pas à proprement parler. Je nourrissais de la culpabilité, malgré tout, pour tout ce qui avait eu lieu pendant mon absence. Tout ce que je n’avais pas su éviter du fait de mes aventures au loin, dans l’espace et dans le temps. Zatanna avait souffert, parce qu’elle était restée derrière. Son regard avait toujours été évocateur.
Il m’avait tout révélé, en tout cas l’essentiel, quand elle s’était figée, avant de s’enfuir dans la salle de bain.
Elle avait été abusée. Meurtrie dans sa chair, mais pas seulement. Je n’osais imaginer ce qu’elle avait subi. Je le voyais très bien. Une femme, seule, jolie. Avec des pouvoirs. Et ils n’avaient pas suffi. Alors j’imaginais mal ce qu’elle pouvait ressentir, maintenant.
J’étais moi aussi blessé. Mais rien d’insurmontable. Comme toujours, j’avançais, dents serrées. Certains étaient brisés bien au-delà de ce que je ne vivrais jamais. J’espérais quand même, égoïstement, que Zatanna soit encore capable d’agir. Je sentais que c’était effectivement le cas, puisqu’elle m’avait ramené, moi. Qu’elle m’avait soigné, et m’avait exfiltré. Elle pouvait agir. Mais ce serait difficile ; je me le représentais très bien.
L’adversité révélait la grandeur d’âme. Et ses abysses, aussi.
Derrière moi, la magicienne prend le verre dans ses mains. Elle boit, lentement. Je l’entends aussi distinctement que si je la voyais. Mes sens s’étaient depuis longtemps affûtés, au point qu’ils soient complémentaires les uns des autres. Je ne suis pas lavé comme elle, qui sent si bon, mais me débarbouiller m’a fait du bien ; je ne dois plus sentir le vieux cuir moisi. Je comprends qu’il est arrivé quelque chose à ma maison. Je sens bien le malaise de Zatanna à propos de tous les autres, ceux que j’entendais dans ma phrase, et tous ceux qui n’étaient qu’implicitement avancés et pourtant, si importants. Je n’y pensais pas. Je m’y refusais. De peur de tout fracasser alentours.
La maison, détruite. Encore. Je me relève, ne laissant rien transparaître, et lui fais face.
| La Batcave a ses propres systèmes de sécurité. Si le Joker a brûlé le manoir, c’est qu’il n’a sans doute rien trouvé de probant en ses entrailles, sinon il en aurait sans doute fait son palais personnel et la base de ses opérations avec mon matériel. Gageons que mes ultimes protections aient fonctionné. |
Mais pour la dégager j’avais besoin de matériel ; je n’avais pas conçu les choses pour qu’il soit possible de les dégager sans aide extérieur ou sans machineries que je ferais venir d’ailleurs. Un problème après l’autre. Mais Zatanna, encore cheveux trempés et à demi-nue, se mettait à pleurer. J’étais mal à l’aise, parce que je ne savais pas quoi dire pour la consoler. Alors j’avance. Doucement. Un peu gauche. Et je souffle du nez avant de la prendre dans mes bras plus épais qu’elle. Je la serre. Pas trop. Je ne sais pas comment faire. Je n’ai jamais été bon à ça, et pas plus avec mes « fils ».
Je reste là, longuement. Sans bouger. Je souffle, contre ses cheveux.
| Ce n’était pas ta faute. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais les montres se sont détraqués à l’aller. On a pu affronter la menace, et la vaincre. Et puis nous avons été séparés. J’ai erré des années. Je ne sais même plus combien. Mon corps changeait aussi, parfois. J’ai vu quantité de mondes, Zatanna. De très beaux, ou d’autres particulièrement vils. |
J’hésite. Je revois nos corps mêlés.
| Parfois les deux en même temps. |
Je brûlais de lui demander pour Alfred et pour les garçons. Mais si elle n’avait rien dit, c’était qu’elle ne savait pas.
| J’en suis revenu grâce à toi et c’est tout ce qui compte. Si j’ai survécu, les autres aussi. |
Au moins certains d’entre eux. Je tentais la vanne, mais mon timbre de voix me trahissait.
| Tu vois quelque chose qui aurait pu abattre notre fermier du Kansas, ou notre déesse amazone ? Sans parler de l’homme le plus rapide du monde, ou du maître des océans. Si je l’ai fait, eux aussi. En attendant, on doit se regrouper. Et tu dois tout me dire, Zatanna. Demain, on y retourne. Ensemble. |
Ce n’était pas une demande.
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Sam 27 Juin - 23:17
Bruce a mal compris ce que Zatanna lui a dit. Le Joker n’a pas détruit le manoir en pensant trouver la Batcave… Le Joker a détruit son manoir parce qu’il le pouvait, et par amour de la destruction. Il avait voulu tuer pour de bon l’image de Bruce Wayne, dans l’ignorance totale que l’antre de sa Némésis adorée se trouvait en-dessous. La Batcave est intacte… Elle veut le lui dire, le lui faire savoir, mais les sanglots nouent sa gorge. Elle ne veut pas parler dans cet état, elle se fait honte, elle s’écœure. Elle s’écœure d’autant plus que sa détresse incommode Bruce. Les hommes, en général, ont toutes les peines du monde à affronter les larmes des femmes. Elles portent des émotions avec lesquelles ils ont du mal à jongler. Elle le sait, et elle s’en veut. Elle ne lui a même pas demandé à quoi avait ressemblé son saut… Mais elle ne parvient pas à reprendre le dessus. Elle a trop de colère en elle, trop de peine, trop de rancœur, trop de honte, trop de tout. Si jamais Bruce venait à se plaindre des épreuves endurées, et que celles-ci avaient le malheur d’être inférieures aux siennes… Elle vrillerait totalement. Elle le sait. Elle n’est absolument pas en état de recueillir son témoignage, ses propres peines… Tout ce qu’elle peut faire, là, tout de suite, c’est le regarder avec ses grands yeux bleus baignés de larmes, et se sentir plus mal à chaque seconde qui passe.
L’étreinte qu’il lui donne n’aide pas. Elle sent son malaise, et elle ne peut s’empêcher de se dire qu’il se force à faire ça pour elle. Cette idée accroît son propre malaise, mais elle n’ose pas le repousser. Avec lenteur, elle referme ses bras sur lui, ses mains se retrouvant dans son dos, s’y crispant. Il la relâchera quand il estimera que son devoir est fait, et elle ne veut pas le priver de cette petite satisfaction, même si elle est loin d’avoir l’effet escompté sur Zatanna. Joue contre son torse, ses yeux se perdent dans le vague de New-York et de ses gratte-ciels. Elle oublie, essaie, de son mieux, de profiter du soutien moral qu’essaie de lui donner son ami. Elle finit par se détendre, un tout petit peu, en sentant son souffle dans ses cheveux fraîchement lavés, et ferme lentement les yeux. Elle écoute, et pendant qu’il parle, elle a l’impression que sa conscience sort de son corps. La fatigue la rattrape. Elle essaie de se figurer, d’imaginer, les mondes desquels il parle, mais elle n’y parvient pas. Trop de possibilités.
Elle a arrêté de trembler, dans les bras de Bruce, Zatanna. Sans s’en rendre compte, elle s’est laissée aller contre son torse musculeux, la joue sur son pectoral. Elle prend un peu de sa chaleur, chaleur qui lui redonne rien qu’un peu de force. Elle s’aperçoit, à la tentative d’humour de Bruce, qu’elle est pourtant trop vide pour s’inquiéter plus qu’elle ne s’inquiète déjà. Un million de choses ont pu arriver, les univers sont innombrables. Dire que les membres de la Justice Ligue peuvent survivre à tout est trop présomptueux. Du reste, elle n’est pas dupe. Elle l’entend, le manque de conviction dans la bouche de Bruce. Elle comprend qu’il essaie autant de se convaincre lui-même qu’elle… Tout comme il a l’air convaincu qu’elle peut faire des choses qu’elle ne peut plus. Qu’elle ne se sent plus capable de faire. Guérir quelques bobos, des tours de passe-passe, oui… Mais du gros œuvre ? Dévorée de honte, de culpabilité, et de peur, une peur qui accroît son sentiment de honte, d’illégitimité, elle ne supporte plus le contact du héros, se sentant brûlée par lui comme le serait un démon par un ange. Délicatement brusque, elle se décolle de lui, s’en détourne, manifestement profondément ébranlée. Face à la baie vitrée du penthouse, l’un de ses bras vient se croiser sous sa poitrine, pendant que la main de l’autre se glisse dans sa nuque. « Tu crois qu’on peut se faire livrer à dîner ? Je meurs de faim… » En réalité, non. Elle sait que son corps manque de tout par trop de privations depuis trop longtemps, mais son estomac est noué, proche du retournement… Le fait est que, dans l’instant, la diversion lui semble plausible. Il est loin, l’héroïsme de la magicienne… Loin sous la culpabilité, la honte, et la terreur…
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 9 Juil - 19:04
Demain, on y retourne. Ces mots sonnent comme une sentence. Comme la dernière faveur à un condamné ; nous sommes saufs ce soir. Mais demain nous retournons au charbon. Il n’est pas question alors de trop prendre ses aises, en tout cas pour moi. Si je regarde en arrière, si je m’arrête de travailler, alors c’en serait fini de moi. Je ne peux pas dire que je n’ai jamais songé à arrêter tout cela, mais je me suis vite rendu compte qu’arrêter d’être Batman, c’était arrêter d’être moi. Même quand tout ce que cette nature, la seconde peau impliquée par le port de ce masque si lourd, devenait trop difficile à porter et à assumer.
Je suis las, je suis fatigué. J’aurais aimé pour une fois, rien qu’une, pouvoir passer ma soirée tranquillement au manoir, à boire un verre avec Alfred en évoquant le passé, les temps de malheurs qui seraient derrière nous, et me coucher tôt avec un bon livre d’un auteur étranger. Mais ce n’était pas possible. Je ne savais pas où était Alfred. Il n’y avait plus de manoir. Plus de livre non plus, de toute évidence. Je ne pouvais pas considérer ces années d’errance dans l’espace et dans le temps comme du passé. Pas encore. Il y avait plus urgent que faire mon deuil de tout ce qui s’était passé et de tout ce qu’on avait pu subir.
Alors il fallait continuer.
L’état de la Batcave n’était pas l’urgence absolue. Elle n’était qu’un moyen, pas une fin en soi.
Comme Zatanna. Comme moi. Comme tous les autres. Elle peine à garder les pieds sur terre, la magicienne. Je comprends ce par quoi elle sait passer. Je ne sais pas le détail, je n’en ai aucune idée, en réalité, des faits, des actes, des mots. Mais je sais ce que vaut la monde, quand il part à la dérive. J’en ai fait l’expérience dans les recoins de Gotham qui échappaient à tout contrôle. Puis dans tous les mondes visités… Si elle avait envie de parler, j’espérais qu’elle savait, qu’elle avait bien conscience, qu’elle pouvait tout me dire. J’avais vécu et subi tant de choses à Gotham… Je pouvais aider.
Si elle le voulait, évidemment. Je n’étais pas le genre à imposer de parler, sauf quand des vies étaient en jeu, et que la personne interrogée était un criminel. La belle se détend un rien à mon contact, tenue contre moi. J’ai toujours eu des facilités à me lier aux femmes, mais rarement de façon si pleine et entière que l’une d’elles finisse par partager mon existence.
La magicienne se décolle, un peu vivement. Elle ne veut pas se laisser aller. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose la concernant. Chacun gère la tension à sa manière… Je ne peux pas la forcer à la vivre de ma façon, ou de la sienne. Je la regarde s’éloigner, visiblement mal à l’aise, et elle demande si on peut se faire livrer quelque chose. Je n’ai pas faim, mais je hoche la tête avec un fantôme de sourire en entendant d’ici Alfred me râler qu’il faut que je mange ses sandwichs au concombre pour ne pas m’écrouler à force de travailler.
Mais Alfred n’est pas là, lui. Je réfléchis une seconde. Et vide mon apéritif d’un trait.
| Je vais passer le mot, on nous montera du chaud, du froid, un peu de tout ça ira très bien. |
Je me tourne vers le téléphone dans l’entrée, compose le 000 de la réception et le gardien décroche.
| Oui, Robert, c’est le 135. Pouvez-vous appeler Le Bernardin, Augustine, le Morton’s et Giardino d’Oro ? Oui, c’est ça. Un assortiment de chaque plat. Je vous dirais pour les restes, il est possible que mon invitée soit encore présente quelques jours. Sinon pour les repas gratuits sur la 137e rue. Parfait. Merci Robert. |
Je raccroche et me retourne vers la jeune femme.
| Tu peux rester autant que tu le veux, ici. Les frais sont à ma charge. L’endroit servait à la League, ou à… Enfin, à la famille, quoi. Et tu en fais partie. |
Je tire du rangement à bouteilles un grand crû de Bourgogne, que je débouche et que je sers dans deux grands verres à vin.
| J’ai vu pendant la douche ce qu’il s’était passé, mais ça m’aiderait que tu me racontes. Est-ce que tu te sens prête ? |
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Mer 15 Juil - 23:33
Si Bruce a remarqué son malaise, il a la courtoisie, ou qu’importe ce que c’est, de n’en rien montrer. Ça laisse un peu de temps à Zatanna pour se reprendre, ou tout du moins essayer. Se sentant se tendre de nouveau et s’estomper rapidement les bienfaits de la douche salutaire qu’elle vient de prendre, elle tente de masser sa nuque, déjà raide, nouée à crever… Au point que chaque mouvement brusque lui fait craindre le torticolis. Dos à Bruce, elle hoche la tête en signe d’assentiment. Elle, elle ne veut que du chaud, certainement pas de froid… Ou peut-être un peu de crème glacée en dessert, avec, summum du luxe et de la gourmandise, chantilly et chocolat, chaud, en nappage. Ce sont les petites choses, au final, qui lui manquent le plus… Ni la renommée, ni la lumière des projecteurs… Rien qu’un peu de glace, avec supplément chantilly et chocolat.
Elle baisse la tête, et son front tombe dans ses doigts… Qui finissent par capturer tout son visage. Elle pleure, encore. En silence. Elle est vidée. Vidée de tout. Au fond du fond du trou. Elle ne sait plus qui elle est, ni ce dont elle est capable. Elle ne sait même plus s’il lui reste un fond d’humanité, pour vouloir être là, à manger, pendant que d’autres risquent leurs vies dans le blocus… Elle part en vrille, Zatanna, elle le sent, et il n’y a rien de pire que de se sentir glisser et de ne rien parvenir à faire pour se rattraper.
Dans son dos, elle entend Bruce commander, conclure qu’il est incertain de la disposition des restes. Peut-être qu’elle restera plus longtemps, et terminera le tout, pendant que lui retournera là-bas, au Purgatoire… Une énorme pierre tombe dans l’estomac de la magicienne, qui se sent plus mal que jamais. Elle se savait lâche, mais se rendre compte que Bruce la considère comme telle… Elle n’a même pas de mot pour qualifier le tumulte qui l’agite, qu’elle parvient à retenir derrière ses lèvres, scellées. Elle aimerait réagir, se redonner du courage et se dire qu’elle peut y aller, qu’ils vont y arriver. Le problème, c’est qu’elle sait à quoi ça ressemble, là-bas… Les incendiaires, les psychopathes, les chiens du Joker, les sbires du Sphinx ou les milices de Crane… Pas une seule rue n’est sûre. Ils tabassent en groupe quand la proie semble trop costaude pour un seul, et si c’est une fille, grand mal lui prenne de se défendre… Personne n’est épargné. Le seul moyen de s’en sortir, c’est de les faire hésiter suffisamment pour prendre la fuite… Homme ? Femme ? Dangereux ou pas ? C’est ça, la seule carte de sortie… Si on ne veut pas se retrouver esclave, tapineuse… Ou les deux.
Elle frémit, violemment, et vient essuyer ses yeux dans le molletonné de son peignoir. « Je ne resterai pas, Bruce. » Sa voix, malgré son ton ferme, se brise. Elle ne supporterait pas d’être ici en les sachant tous là-bas. Même si elle doit être parfaitement inutile, elle retournera au purgatoire. « Mais merci de ton offre. » Elle ne rebondit pas sur son affirmation selon laquelle elle fait partie de sa famille. Zatanna, elle n’a plus de famille. Son père a disparu et sa mère est morte. Bruce a adopté Dick et Jason, il a Alfred… Elle, elle a des relations en dents de scie… Même avec John. Elle sait qu’elle peut compter sur lui, qu’il donnerait sa vie pour la sienne… Mais ça ne lui donne pas l’impression qu’ils sont une famille. Elle se sent seule, la magicienne. Affreusement seule, prisonnière de sa tête, torturée par ses récents traumas. Son monde n’a plus ni gris, ni blanc. Seulement du noir, et encore du noir. Elle est enfermée au fond d’une cave, hurle, mais personne ne l’entend… Elle ne peut rien pour personne, et encore moins pour elle-même.
Achevant de masquer son désespoir, elle se retourne au moment où la bouteille de Bourgogne est débouchée, et vient s’asseoir près de Bruce. Le vin lui fait plus envie que le whisky, elle se laisse volontiers servir un verre, qu’elle prend le temps de sentir avant de goûter. C’était quand, la dernière fois ? « Je vais faire ce que je peux pour combler les trous… Je ne te promets rien. J’ai… » Elle hésite, cherchant visiblement ses mots, ce qui ne lui arrive absolument jamais… « … été mise hors de la circulation pendant un moment. » Ses yeux au bleu électrique affrontent ceux de Bruce, durs comme l’acier, comme s’ils le mettaient au défi de lui demander des explications… Explications qu’elle ne donnera, bien sûr, pas. Elle prend encore un peu de vin. « ça a commencé dès que vous êtes partis. Luthor ne s’attendait pas à ce que je reste, mais ça ne l’a pas dissuadé de passer à l’acte. C’était trop tard de toute façon, tous les ordres étaient données et vous étiez partis avec les montres trafiquées… Il pensait pouvoir me neutraliser sans trop de peine j’imagine, puisque j’étais seule. » Elle a un petit rire désabusé. « Il n’avait pas tort… » Elle termine son verre, et son regard se fait plus doux quand elle quémande sans le dire, en faisant glisser son verre vers lui, qu’il le remplisse à nouveau. « Il a fallu un peu de temps pour que tout le monde comprenne que vous étiez « définitivement » partis, mais une fois que ça a été le cas… » Elle ferme longuement les yeux, soupire, laisse sa phrase en suspens… Et un sourire désabusé fleurir sur ses lèvres. « Si jamais tu doutais de la différence que vous pouviez faire… Je crois que tu as la preuve par cent que ton combat était loin d’être vain… » Elle s’arrête là, peu envieuse de raconter au détective ce qu’il sait déjà et ce qui est pénible pour elle à formuler… Autant se concentrer sur les informations qu’il souhaite obtenir, si tant est qu’elle puisse les lui fournir…
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Lun 20 Juil - 21:34
Est-ce qu’elle se sent prête ? Probablement pas. Moi non plus, je ne le suis pas. Mais je continue malgré tout. Par devoir, par obligation, par automatisme. Il n’est pas du tout envisageable de faire autre chose que la seule chose que je sais bien faire… Mais je ne sais pas encore à quel point je vais m’engager dans cette voie seul ou accompagné. Je ne sais pas encore tout ce que je vais risquer, tout ce que je vais devoir miser sur cette nouvelle croisade. Tout était à refaire. C’était déprimant. J’avais beau m’être préparé depuis des années à l’idée que je n’engageais qu’un piètre statu quo sans retour au mieux qui ne soit pérenne dans le temps. … C’était toujours une constatation des plus douloureuses. Je n’en soufflais mot à quiconque, en dehors peut être d’Alfred. A quoi bon m’ouvrir ? L’entrainement m’avait privé du besoin de me plaindre. Et je n’étais pas capable d’envisager une autre existence, d’aller plus vite ou plus loin dans ces choses qui faisaient tant rêver les gens ordinaires… Et dans ma bouche, ‘ordinaire’ était la meilleure marque de respect que je pouvais donner à quiconque. Tout le monde devrait avoir le droit à une existence bien rangée, un travail, un toit, à manger, une famille. Tout le monde. Moi, je n’aurais jamais tout cela à la fois. Encore que… Si. En réalité, je les avais déjà. Si je n’avais plus le manoir, de toute évidence, j’avais assez de points de chute de par le monde. A manger, toujours. Et j’étais loin d’être parfaitement frugal, pour les nécessités d’un entraînement rigoureux. Quant au travail, il était évident. Restait la famille.
Pour ce que j’en savais, je n’en avais peut être plus, à nouveau.
Je n’avais pas le droit de me plaindre. Je devais me taire, me concentrer, et avancer.
Zatanna est bien assez dévastée pour que je m’épanche sur quoi que ce soit de personnel. Faire passer le collectif avant soi. C’était ça, la clef de la réussite de notre équipe. J’étais plus capable qu’elle. Mal fichu, égratigné et contusionné, fatigué et sans espoir. Mais je tenais debout et ma résolution était intacte. Je pouvais être assez fort pour elle, ce soir, en plus de pour moi. Je pouvais être momentanément aux commandes de ce qui se passerait, ensuite. Pas sûr que cela suffise. Mais comme en toute chose, je me devais d’essayer.
La jeune femme me remercie, même si elle est plus détruite que quand je l’ai retrouvée. Etrange cette capacité que j’avais à remonter le moral des troupes… Cela aurait dépité Alfred, que le fils prodigue soit parfaitement incapable d’être le leader que l’on pouvait imaginer d’un symbole de résistance au crime. Je ne sais pas quoi faire de plus pour l’aider. La faire parler ne l’aide pas. La prendre dans mes bras non plus. Alors, je ne fais rien d’autre ; je n’ai pas la fibre sociale de mon majordome de presque-père. La fibre morale. Une certaine, en tout cas, même si elle ‘nétait pas unanimement partagée. Je ne saurais peut être jamais ce qu’elle avait subi, la magicienne. Cela dépendrait d’elle.
Je n’avais pas besoin de connaître les détails pour avoir hâte de commencer ma vengeance et la sienne.
Elle refuse donc de rester. J’acquiesce d’un bref signe de tête. D’accord, ni plus, ni moins. Elle était assez grande et forte pour le sentir. Le vin semble l’amadouer d’un rien, même si ce n’est pas tellement l’objectif premier. La jeune femme reprend la parole, et laisse entendre qu’elle a été piégée durant un temps. Elle me confirme ce que j’ai commencé à soupçonner seul. Lex Luthor avait l’intelligence la plus étendue du monde. SI toutes nos montres avaient toutes cessé de fonctionner ce n’était pas un hasard, ni une erreur. Mais l’entendre de vive voix me fait serrer la mâchoire, et mes muscles maxillaires se tendent.
Je l’écoute sans interrompre. Je retiens. J’analyse. Les informations ne parlent pas de Luthor, et le placent en tête de liste des prochaines présidentielles. Il a donc parfaitement négocié son coup au départ. Rien d’étonnant, voilà ce qu’on gagnait à faire confiance au meilleur cerveau du monde et de ne pas trop s’inquiéter de sa sociopathie avérée au motif que la mienne est sans doute pire.
Je ne réagis pas à la fin de ses paroles ; bien sûr que mon combat n’avait servi à rien, à l’échelle des villes. Mais je me réconfortais dans l’idée que pour quelques personnes, sauvées dans le feu de l’action, victimes extirpées des bus en flammes, des immeubles qui tombaient et des pluies de balles, cela avait fait une différence. Cela me suffisait. Je prends le temps de peser mes mots. Agite un rien le verre et le vin entre mes mains, avant de le déguster.
| On a donc été piégés. Ce n’était pas si évident pour nous. La bataille cosmique qu’on a livrée était… Chaotique. On l’a remporté, mais j’ai cru pendant quelques années que ma montre s’était cassée dans la bagarre. Et puis, j’ai compris. Elle nous maintenait volontairement dans d’autres dimensions. Elle n’était pas cassée. Enfin, pas vraiment… |
Que dire ? Que j’avais commis des bains de sang, dû me battre pour ma vie, aimé une parodie d’elle, conquérante et quasi-divine ? Que j’avais cru qu’en bon Ulysse des temps modernes jamais je ne rentrerais chez moi ? A quoi bon ?
| J’ai encore deux planques actives en ville. L’une d’elles peut se forcer de l’extérieur, tant qu’on a mon ADN et mon empreinte rétinienne. Elle est auto-suffisante, et toujours active sur mes programmes. Mais elle ne dispose que d’un bat-suit standard, sans munitions ni équipements extravagants. Cela suffira, pour le début. |
Je me retourne vers la jeune femme.
| Je vais leur montrer que je suis revenu, je vais aller me frotter à ceux qui oppriment ma ville. Je vais attirer leur attention. Et toi, si tu y retournes avec moi, tu retrouveras nos partenaires et amis pendant que les monstres me courent après. D’accord ? |
J’esquisse un sourire, aussi solide et sincère qu’il peut l’être, mais je suis fatigué.
| J’ai besoin de toi, Zatanna. Et pas seulement moi, mais des millions de personnes bloquées dans les Territoires Autonomes. |
Je lui tends la main, alors que le monte-plateaux sonne et s’ouvre sur tout ce que j’ai commandé vingt minutes plus tôt.
| Si tu veux te confier, je suis là. Et tu sais que je ne te jugerais pas. Heureusement que tu as été là, quoi que tu en penses. Si tu avais abdiqué ou échoué, je ne serais jamais revenu. Et je ne saurais rien de ce qu’il se passe vraiment. Alors avançons. Ensemble. |
Zatanna Zatara
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Ven 24 Juil - 15:48
L’épuisement, c’est une drôle de machine… La fatigue, qui sature chacun des muscles de la magicienne, plonge aussi son cerveau dans un brouillard de méthane. Retrouver Bruce était inespéré. Voir que son rituel avait réussi, un ascenseur émotionnel. Que penser de tout ça ? Qu’elle n’est pas totalement bonne à jeter, comme elle le pense ? Qu’elle est encore capable de quelques petits trucs sympas ? Qu’elle a encore un peu de magie sous le coude ? Peut-être… Mais pour faire quoi ? Pour faire quoi de plus que ce qu’elle a essayé de faire, elle mais surtout les autres, depuis deux ans ? C’est ça, finalement, qui l’amène au cœur de la tempête, qui fait rompre ses nerfs à l’en faire pleurer, et encore, pendant des heures. Outre la culpabilité qui la pèse, Zatanna est brisée. Elle n’a plus d’espoir. Elle ne croit plus en rien, ni en la Justice Ligue, ni en elle-même. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle a envie de vivre, et qu’elle est farouchement déterminée à se battre pour ça… Voire à tuer. Bruce doit le savoir. Bruce doit savoir ce qu’elle a fait. Son nez retombe dans son verre de vin. Il ne la verra sans doute plus jamais comme avant, peut-être la jettera-t-il hors de chez lui… Pour autant, au fond d’elle-même, Zatanna ne parvient pas à regretter son geste. Elle regrette qu’on l’ait poussée à faire ça, en fait… Et du coup, elle en veut deux fois plus à ces hommes. Elle est en colère qu’ils aient pensé pouvoir disposer d’elle à leur gré, et elle est en colère que le seul moyen pour leur faire comprendre, ça a été de la faire muter en bête… C’est peut-être en ça qu’elle a changé, la magicienne. Elle se souvient de Bruce et de ses idéaux… Mais ne peut plus y adhérer. Elle l’a vu. Certains hommes sont mauvais, pourris jusqu’à la moëlle… Certains hommes ne peuvent pas être sauvés, parce qu’ils ne veulent pas. Et en fait, Zatanna refuse de se perdre elle-même pour sauver ces gens-là…
Le nez dans son verre, elle ne le relève que quad Bruce commence à parler de son périple dans les multivers. Cette fois, maintenant, elle est disposée à l’écouter, curieuse d’entendre ce qu’il pourrait lui raconter. Se faisant, son visage arbore très rapidement une expression de profonde perplexité. Elle relève qu’au moins, ils ont bel et bien affronté l’ennemi mentionné par Flash, et que cette partie n’était pas une manipulation de Luthor, mais… Quelques années ? « Bruce… A peine deux ans se sont écoulés… Combien de temps tu… » Elle allait dire tu crois être parti, mais la formulation est inexacte… Alors elle se reprend. « … Combien de temps s’est écoulé pour toi ? » Elle lui demande, sincèrement ébranlée par l’idée qu’il puisse avoir traversé des dimensions où le temps ne serait pas aligné avec la leur. Ses épaules s’affaissent quelque peu, et puis son expression se fige quand elle l’entend s’avancer planifier, envisager… D’abord simplement figé, son visage se ferme de plus en plus au fur et à mesure que Bruce poursuit. Elle ne l’interrompt pas, le laisse aller au bout de son idée, mais puisqu’il la connaît, le chevalier noir doit bien se douter qu’elle n’abondera pas dans son sens… Le « Non. » qu’elle lui assène, balayant ainsi son dernier paragraphe, qu’elle a à peine écouté au demeurant, est péremptoire. Paradoxalement, écouter Bruce a redonné un peu de force et de vivacité d’esprit à la magicienne. Elle soupire, prend sa main, se lève, et l’entraîne à sa suite vers le monte-plat. « On ne peut pas faire comme ça, Bruce. Si je suis tout ce que tu as dit, écoute-moi. » Cette demande sonne comme une supplique. « Dick, Bab’s, Jason, Kate… Sans oublier les autres ont tenté des coups pendant ces deux ans. Avant même que le Joker et les autres ne prennent la ville d’assaut… » Elle secoue la tête en signe de négation. « Ce n’est pas comme quand tu es parti… Ne crois pas que tu t’en tireras avec un batsuit rudimentaire et des gadgets du pauvre. » Elle assène encore, presque venimeuse, cherchant à lui faire comprendre le dérisoire de ses moyens. « L’opposition que tu vas rencontrer n’a rien à voir avec celle que tu as connue. On ne parle pas d’une ville relativement paisible et d’un cinglé isolé avec une cinquantaine de sbires à tout casser… On parle de territoires établis, d’armés, de fidèles qui ont déjà vendu leurs mères et leurs gosses pour monter en grade… » Elle a peur, la magicienne, et ce sentiment est très palpable. « Fais les choses à l’envers, je t’en prie Bruce… Sinon tu vas droit au suicide… Rassemble ta famille, rassemble la Ligue… Et, tous ensemble, on ira reprendre les villes… » Elle se tourne vers lui, lève sa main vers sa joue pour l’obliger à la regarder. « Je t’en prie, Bruce… Fais-moi confiance… Si tu te lances dans cette entreprise comme ça, c’est un voyage duquel tu pourrais, cette fois, ne jamais revenir… Finir quelque part où je ne pourrai pas te retrouver… » Sa gorge se serre à l’idée qu’il meure… Une fois dans les limbes, il restera à jamais hors de sa portée. « Je vais t’aider à les retrouver, je te le promets… Mais je ne pourrai pas être efficace si je dois sans arrêt me demander si tu n’es pas en train d’être torturé à mort par Bane ou l’Epouvantail… Toute la ville sera à tes trousses… Pas juste leurs sbires. Même les citoyens te vendront dans l’espoir de gagner les faveurs de l’un ou de l’autre, et d’améliorer leurs conditions de vie… Retrouve tes alliés avant de te lancer, je t’en supplie… »
Bruce Wayne
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 13 Aoû - 13:41
Ma décision est prise. Rien ne saurait plus me faire retourner en arrière. Têtu et obstiné dans chacun des aspects de mon existence, et je ne souhaite pas que cela s’arrête, que la situation ne change. J’étais comme j’étais, et sans doute maintenant trop vieux pour changer. Mais là où ma famille -et surtout Alfred- étaient là pour rattraper mes erreurs et mes manquements. Je ne pouvais pas nier que le bon sens frappait les propos de Zatanna sur la marche à suivre. Mais devant des adversaires qui avaient fait de l’irrationnel leur leitmotiv, je ne pouvais certainement pas perdre de temps à essayer d’adopter un plan consistant et prévisible, qu’un ennemi averti pourrait largement anticiper et combattre. Je ne disais pas que le plan de Zatanna était mauvais. C’était le bon sens même. Mais concernant Gotham, je connaissais mieux que personne ma ville et comment l’aborder. Prendre son temps, histoire de retrouver tout le monde, ça ne ferait que prolonger les souffrances de quantités de personnes qui vivaient déjà sous le joug. Cette idée m’était insupportable…
D’autant plus que je n’entrevoyais la victoire sur le crime qu’en prenant le temps d’emmener tout le peuple des Nouveaux Territoires Autonomes avec nous. Rester concentrés sur nous-mêmes autrement, ce serait prendre le risque que les petites gens aient plus à gagner à court terme à obéir à ceux qui tenaient leurs proches en otage et détenaient les clefs de leur survie pour un moment, plutôt que de se ranger du côté de l’Ordre et de la Morale. Le peuple avait besoin d’un électrochoc, et la rumeur de Batman revenu en ville pour botter des culs serait un sacré coup de pouce à la cause de la justice. Quoiqu’il en soit, je sens que Zatanna est fragile. Touchée, impactée, par tout ce qu’elle avait vécu. J’avais fait livrer de la nourriture, du vin, et elle avait eu accès à la salle de bain et à la sécurité de ce penthouse. Mais elle ne semblait pas se détendre ; c’était l’attitude typique de quelqu’un qui était traumatisé, profondément choqué et marqué au plus profond de son âme et de son esprit.
Son corps, peut être aussi. Sale temps sur Gotham pour les femmes, avec tous ces dégénérés aux commandes. Mais je ne poussais pas l’interrogatoire. C’était une alliée, pas un suspect, et j’étais catégorique sur tout ce que je pouvais dire ou faire ; il y avait de la place en chacun de nous pour les monstres que l’on souhaitait garder pour soi.
Je reste coi quand la belle me fait noter que je ne suis parti que deux ans. Je réponds, sans émotion.
| Au moins dix. C’est étrange, mon corps n’a pas changé. Enfin, j’ai peut être pris un peu plus que deux ans mais dix ? Je ne sais pas. J’ai arrêté les comptes ; le temps ne s’écoulait pas de la même façon partout. |
J’avais erré, parfois sans but et sans espoir. Mais plus que Bruce Wayne je suis Batman, et Batman ne renonce pas. Jamais. Mais Zatanna n’a pas dit son dernier mot. Elle argumente, elle insiste. Son contact m’électrise, parce qu’elle est femme et que je suis homme, et que ça fait longtemps que je n’ai plus été touché… Sauf par Cat’. A peine rentrée, elle m’a refait ses avances. Plus impatiente, plus fiévreuse que d’habitude. Je ne peux pas me permettre de succomber au souvenir de Zatanna car ce serait la Reine rencontrée dans un autre monde que je risquerais d’aimer pour un temps, et pas elle, pas ce qu’elle était… Et elle ne méritait pas la moindre confusion dans les sentiments d’un homme qu’elle aimerait, même fugacement. Je couvre sa main si douce et odorante depuis sa douche, d’une des miennes. Dure, calleuse. Sans douceur. Mais je trahis la sensation de ma peau par mon comportement, qui serre sa main, et lentement la retire de mon visage mais sans la lâcher.
Je la serre plus fort, au contraire.
| Je vois, Zatanna. Je te le promets. Mais je dois prendre ce risque. J’ai travaillé quelques jours à Ace Chemicals. Chaque jour qui passe voit le nombre de pertes humaines augmenter… Toujours plus. Je ne peux pas attendre qu’on remette la main sur tout le monde. Je dois envoyer un signal fort pour les habitants et les criminels des Nouveaux Territoires Autonomes. Je dois instiller la peur aux premiers, et les détourner de leur traque de nos amis. Je dois faire diversion pour leur permettre de tenir, même si ce n’est que provisoire. Ensuite, je dois me montrer à ce qu’il reste de citoyens. Sans cela, nous ne réussirons jamais. |
Là je lâche sa main, finit mon verre de vin et commence à me préparer avec les mets le traditionnel sandwich au concombre et au fromage frais qu’Alfred me prépare depuis toujours ; je ne me rends compte des aliments que je coupe et pique dans les bowls qu’une fois le tout presque terminé.
| Je vais y retourner, Zatanna. Parce que mon seul super-pouvoir à moi, c’est d’inspirer les gens. |
je coule un regard par-dessus mon sandwich, vers elle.
| Tu viendras avec moi ? |
Zatanna Zatara
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Mer 9 Sep - 13:01
Dix ans ? La révélation frappe visiblement la magicienne, dont les yeux s’agrandissent de stupeur. Elle esquisserait presque un mouvement de recul, incrédule. Dix ans ? Zatanna le regarde, mais son regard change. Cet homme n’est pas le même que celui qui est parti… Enfin, c’est le même, sans l’être. Le cœur de la jeune femme se serre. Dix ans, sans sa famille, sans les siens… L’empressement est compréhensible. Ce qui l’est moins, c’est que Bruce ne soit pas d’avantage déstabilisé. A-t-il jamais pensé qu’il reviendrait ? S’était-il fait à l’idée qu’il ne reviendrait pas ? La magicienne se sent encore plus coupable de ne pas être parvenue à le ramener plus tôt… Elle baisse les yeux, honteuse, et profondément désolée du malheur de son ami. « Le temps et l’espace sont des choses très complexes… » Elle murmure, avec beaucoup d’humilité. Tous les membres de sa lignée, de son père à Léonard de Vinci, ont tenté d’en percer les secrets, mais même de longues lignées de prestigieux homo-magis ne sont parvenus à établir les règles qui régissent ces dimensions… Impossible, quand on sait qu’il en existe une infinité, chacune avec ses propres subtilités… La seule certitude de Zatanna sur la question, c’est que Pariah était sans doute la seule donnée constante… Constante dans son désir de détruire tout ce qui existe, sur ce monde et dans les autres…
Dans cette main qui serre la sienne, la magicienne perçoit toutes les heures de travail, d’entraînement, tout le labeur de l’homme qui lui fait face, dix ans plus vieux que ce qu’il était à son départ. Ses valeurs sont toujours les mêmes, mais son esprit est différent. Elle le voit, et elle s’en émeut. Doit-elle faire le deuil de son ami ? Comment est-elle sensée se positionner par rapport à lui, maintenant ? Elle n’en sait rien du tout, elle ne sait rien si ce n’est que, peut-être, elle aurait dû profiter de l’étreinte qu’il lui a donnée quand il la lui donnée. Maintenant que certaines pièces semblent s’imbriquer, qu’elle parvient, ne serait-ce qu’un peu, à reprendre pied, elle a envie de donner cette tendresse à Bruce, qu’ils la partagent, parce qu’il semble en avoir besoin, et qu’elle-même sait qu’elle en a besoin.
Quand il évoque ce qu’il a pu voir à Ace Chemical, sa gorge se noue. Il a découvert de la façon la plus brutale qui soit ce qu’est devenue sa ville, ce qu’en endure les citoyens, ce que Dick, Bab’s, Jason, elle et les autres, restés derrière, n’ont pu empêcher. Il a dû contempler dans toute sa nudité l’ampleur de leur impuissance, de leur échec. Ça a dû être terrible pour lui, au moins autant que ça l’a été pour eux que de voir leurs efforts échouer en continu… Pour autant, parce qu’il n’était pas là, il ne se rend pas compte de l’opposition qu’il va rencontrer. Bruce est en plein déni, plein délire, s’il pense parvenir à atteindre ne serait-ce qu’un dixième de son objectif, et Zatanna fronce les sourcils d’inquiétude, autant que de désolation, toujours un peu plus, au fur et à mesure qu’il enchaîne les mots. C’était elle qui avait faim, et pourtant, il vient de la lui couper. L’inquiétude lui donnerait des ulcères… A la question qu’il lui pose, elle le considère un long moment, l’effroi dans les yeux… Avant de les baisser et d’hocher lentement la tête en signe d’assentiment. « Je serai toujours avec toi, Bruce… Mais écoute-moi… » Son regard se fait suppliant. « Tu n’inspireras personne si tu es défait… Et tu ne sais pas ce que tu vas rencontrer en y allant… Si tu es vaincu, ou tué… » Elle frissonne, le cœur au bord des lèvres. « Tu vas simplement prouver que les citoyens ont raison de tenir avec eux… Parce que même toi, tu ne seras pas parvenu à vaincre… » Elle prend une longue inspiration. « Tu as beaucoup de pouvoirs Bruce, l’inspiration n’en est qu’un parmi d’autres… Et il fera pire que mieux si les choses ne tournent pas en ta faveur, et elles ne tourneront pas en ta faveur si tu n’es pas en pleine et entière possession de tes moyens, batsuit dernier cri, gadgets inédits et aux côtés de ta famille… » Sa tête s’incline, Zatanna est visiblement morte d’inquiétude pour lui. « Ce ne sont pas des mois de patience que je te demande… Seulement quelques jours… Quelques jours Bruce, pour nous tous… S’il te plaît… »
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Lun 14 Sep - 21:08
Les choses auraient pu se passer plus simplement. J’aurais pu retourner dans un monde qui ne se trouvait pas en ruines. J’aurais pu revenir auprès d’une famille qui avait tenu les rênes de la ville et qui avait su se montrer forte et solidaire. Peut être l’avait elle été… Je ne saurais peut être jamais. De toute façon j’étais resté longtemps perdu dans les limbes. A mi-chemin de l’amour, de la haine et de la folie. Quelque part qui était littéralement inatteignable pour quiconque d’autre que moi. Une prison du corps et de l’esprit, du genre que je n’étais pas capable de feinter moi-même. Je ne raconte pas. Ca ne regarde pas vraiment Zatanna. Et je ne suis pas vraiment sûr de vouloir moi-même m’appesantir sur le sujet. C’est le genre de démon qu’il valait mieux enfermer au plus profond de ce qui me servait de manoir intérieur, de forteresse de mon âme. Je ne pouvais pas dire que j’étais du genre à me plaindre ou à ressasser, car j’avais entériné depuis longtemps le fait que je devais avancer sans m’attarder sur le passé, sur les blessures, sur tout ce qui pourrait en fait me retenir… Dans ces circonstances, il n’y a pas de places pour mes propres faiblesses, pour mes retards ou mes lacunes ; je dois m’employer à rester solide. Si ce n’est pas pour moi c’est pour tous les autres.
La jeune femme semble contrite et désolée pour moi, pour ce que j’ai vécu. Je n’ai pas la goujaterie de repousser tout ce qu’elle pouvait m’apporter de compassion et de marque d’amitié. Mais j’opinais lentement du chef à sa conclusion sur mon histoire à propos du temps et de ses lois.
| Oui. On ne me reprendra pas à jouer avec ce genre de concept. J’ai bien peur qu’ils me dépassent moi aussi. On a tous nos domaines d’expertise, et la physique ainsi poussée est le genre à me faire fuir en courant désormais, je le crains. |
La magicienne garde ma main dans la sienne. Il y a une forme de tendresse dans cette amitié. Jadis un peu plus farouche, un peu plus teintée de désir… Mais nous avions vieilli, tous les deux, et il était clair qu’il n’était pas possible d’envisager que nous soyons encore deux jeunes inconscients… Si évidemment je l’avais déjà été un jour. Alfred aurait sans doute quelque chose à dire sur le sujet, mais je n’étais pas du genre à m’arrêter à ce genre de considération. Et peut être que ça n’était d’ailleurs jamais arrivé.
Zatanna n’adhère pas à mon idée. Pourtant, elle est déjà arrêtée. Un plan s’est dessinée au fil des minutes passées à égréner les documentations et le check-up de toutes mes installations de Gotham et des alentours. On ne pouvait pas dire que je manquais de data, et si le temps pour les analyser avait pu me faire défaut je savais encore faire confiance à mes compétences et à mon jugement. Mon instinct n’était pas toujours le meilleur, mais il restait malgré tout le plus fiable de mes atouts. Et je sentais que je devais me montrer. Que je devais faire diversion pour les autres. Et pour rallumer l’espoir, et pour braquer les lumières ailleurs que sur ce que relèverait ce sentiment.
Elle me supplie, presque. Je détourne les yeux. Je n’aurais pas la force de lui résister. Pas à elle. Je comprends les risques. Je comprends la mise en garde. Mais je n’ai pas de pouvoirs autre que la peur et l’espoir que j’instille. Alors je me dois d’en user. C’est ça ou la défaite assurée.
Je reste ferme. Je la regarde dans les yeux en me redressant, en avalant un peu de nourriture japonaise piquée sans élégance à bout de baguette, reprenant un rien de force, mangeant frugalement mais tapant dans la diversité de tout ce qui me faisait intensément baver jusqu’il y a peu.
| Nos amis et ma famille n’ont peut être pas quelques jours. Beaucoup de gens n’ont pas quelques jours. Il y a du monde qui meure en permanence, là bas. Nous nous devons d’agir. Ecoute moi, Zatanna. Je suis resté absent trop longtemps. J’ai besoin d’agir. Pas que pour moi, mais pour tout le monde. Je ne serais pas vaincu. Et la victoire importe peu. Ce que je dois faire, c’est me montrer. Toi tu assureras la seconde partie de mon plan. |
Je reprends sa main dans la mienne, et pousse de l’autre paluche encore libre un plateau de choses à manger dans sa direction.
| Pendant que j’attirerais toute l’attention sur moi, tu vas devoir te rendre au manoir, et y déceler l’entrée secondaire de la batcave, par la grotte. Et tu vas déclencher les balises d’intrusion. Si ma famille a survécu, ils sauront qu’ils devront venir. Et seule ta magie est capable de la dégager, alors reprends des forces. |
Mince sourire.
| Si tout se passe bien, nous aurons une armée, un lieu sûr, et peut être de l’espoir dans le cœur des gens. Il ne nous faudra pas plus. Et même si nous ne réussissons qu’en partie, nous serons toujours plus avancés qu’aujourd’hui. Fais-moi confiance. Je sais que je peux le faire, et je sais que tu le peux aussi. |
Zatanna Zatara
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Jeu 1 Oct - 17:14
Elle est tentée, l’espace d’une seconde, d’expliquer à Bruce qu’il ne s’agit pas seulement de physique appliquée poussée, mais aussi de compréhension de faisceaux magiques, enfin d’une force qu’eux appelaient la magie, et que sa dispersion dans l’univers et les univers était loin d’être constante… Mais elle laisse tomber. Il n’a pas besoin de ce genre de laïus. C’est elle, Zatanna, qui en a cruellement besoin. Cruellement besoin d’un peu de normalité dans une vie qui n’a plus rien de normal depuis deux ans. Elle baisse les yeux, et se mord la lèvre inférieure. Elle se souvient encore le mélange de stress et d’adrénaline sur le point de combattre un ennemi, tout en ayant la certitude que la Ligue, ses amis, seraient là pour prendre le relais et surveiller ses arrières comme elle pouvait surveiller les leurs… Ce n’est plus le cas. Le monde, leur monde ne fonctionne plus comme ça depuis deux ans. Oh, il a essayé. Très très fort. Elle se souvient des efforts de Dick, des tentatives des héros de maintenir le cap pendant que leurs aînés se chargeaient de Pariah… Désinhibés par l’absence du Batman, les vilains avaient pris des risques insensés qui ont fini par les conduire là où ils sont aujourd’hui.
Si elle l’avait pu, Zatanna aurait suspendu le temps. Ils n’auraient eu qu’à lutter contre Luthor à leur retour, et rien n’aurait changé. Mais elle n’en avait pas la force. Comment aurait-elle pu avoir suffisamment de magie pour un tel tour de force ? Elle ne sait même pas si les dieux eux-mêmes en auraient été capables ! En vérité, Zatanna se sent plus inutile que jamais, la plus incapable qui soit. Fut un temps où elle croyait dans le pouvoir versatile, presque omnipotent de sa magie, et donc, par extension, d’elle-même. Elle se sentait imaginative, retorse, aventurière, dynamique, prête à en découdre ! Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, elle se sent lessivée, menacée, vaine et vide, absurde. Découragée.
Peut-être y a-t-il un peu de son découragement dans la force de conviction qu’elle met à vouloir dissuader Bruce… Ou peut-être est-elle plus lucide que lui. Toujours est-il qu’elle sent ses entrailles se liquéfier de voir le chevalier noir si déterminé. Et elle sent, tout doucement, de la colère commencer à gronder dans son ventre… Instinctivement, elle fait tout pour la calmer, parce que la dernière fois qu’elle l’a laissée s’exprimer, elle a défoncé le crâne d’un violeur et meurtrier à coup de pied de biche… Bien sûr, jamais elle ne ferait le moindre mal à Bruce, mais elle sent pourtant qu’elle a refoulé énormément de choses, qui lui pèsent, et qui s’agglutinent toutes, donnent naissance à un monstre sans nom, informe, qui ne demande qu’à sortir en détruisant tout sur son passage… Pour l’heure, elle le musèle, mais ce n’est pas évident. Entendre Bruce lui faire la leçon sur la façon dont les choses se déroulent à Gotham l’excèdent. Elle le montre, en fronçant les sourcils, ses yeux traversés d’éclairs de colère. Elle ne jette pas même un coup d’œil au plateau qu’il pousse vers elle, alors que c’est elle qui a réclamé qu’ils commandent à manger. Fébrile, elle le laisse aller au bout de son raisonnement, son expression de colère finalement remplacée par une expression de surprise totale. Elle finit par secouer la tête en signe de négation, avant de reprendre, d’une voix bien plus ferme. « Non Bruce, c’est toi qui vas m’écouter… »
Peu amène, elle le repousse dans son fauteuil et vient poser ses mains sur ses accoudoirs, approchant son visage du sien. « Tu vas m’écouter, et attentivement… Tu es parti pendant deux ans… Précisément. Si quelqu’un doit écouter quelqu’un, c’est toi qui dois m’écouter moi, et pas le contraire… Ton plan, c’est du suicide. » Elle assène, sentant la colère monter. « Ton manoir est surveillé, il fait l’objet de rondes régulières ! JE fais l’objet de rondes régulières !! » Elle hurle malgré elle, de peur et de colère, et se redresse, souffle, essaie de prendre visiblement sur elle pour reprendre son calme. Elle montre ses mains en signe de paix. « Excuse-moi… » Son sang-froid repris, elle reprend. « Oui, si tu attends un peu plus avant de te lancer, des gens mourrons… Mais ils mourront, que tu te lances de façon prématurée ou pas ! » Elle vient se pincer l’arrête du nez. « Je vais retrouver tes enfants, je te le promets Bruce… » Elle ne sait pas encore comment, mais elle le fera. Sa voix est particulièrement ferme. « … Mais ne fais pas en sorte qu’à peine la nouvelle de ton retour ébruitée, elle soit suivie de la nouvelle de ta mort. » Cette phrase-ci se veut accusatrice. « L’absence du Batman a enragé les Boss… Si jamais l’un d’entre eux pouvait se vanter de t’avoir mis en déroute, ils seraient encore plus inconséquents ! Le statut quo qu’ils ont mis en place est excessivement fragile, c’est une poudrière, il y a des altercations en permanence… Il y a un million d’autres façons de procéder que de te rendre, seul, chez le premier des cinglés échappés d’Arkham ! Je t’en supplie Bruce, sois raisonnable… Laisse moi un peu de temps pour retrouver autant de monde que possible et montons un raid qui aie de vraies chances de succès… » Elle revient lui prendre les mains. « Ne pars pas tout seul, ne me laisse pas en arrière… » Pas encore…
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1] Lun 26 Oct - 20:06
Il est temps d’agir ; je n’ai plus forcément la motivation pour d’autres choses. Les palabres sont souvent nécessaires mais parfois, il est aussi plus juste et plus sain d’agir. J’en ai le besoin. Il est viscéral ; on ne peut pas dire que je sois serein avec l’idée que ma ville, et tous les gens qui y vivent encore, subisse le joug des fous dangereux que j’avais passé une vie à enfermer. Je suis touché par l’intérêt de Zatanna pour ma santé et ma sécurité. Je la sens fragile, et fébrile. Elle n’était pas comme ça, avant. J’avais pensé qu’une longue douche et qu’un bon repas pourrait la requinquer, avec un peu d’espoir dû à mon retour. Mais je m’étais de toute évidence plutôt trompé et il n’était pas évident pour moi de savoir, ou en tout cas de deviner, ce qu’elle pouvait avoir en tête. La torture de l’âme était un secret pour tout observateur extérieur, et les livres et traités de psychologie criminelle que j’avais pu compulser au cours de ma préparation n’aidaient qu’à comprendre de façon imparfaite ces tourments.
Je compatissais. Parce que Zatanna était une amie. Parce que c’était une bonne personne. Elle était piégée par l’absence de soutiens, de toute évidence, et les meurtrissures de son âme ne pouvaient pas lui permettre de se lancer dans la bataille avec le plein potentiel de ses pouvoirs. Cela ne voulait pas dire que je devais renoncer à mon plan parce qu’elle n’était pas prête. Attendre poserait quantité de problèmes, en plus de m’être insupportable. Je devais agir. Son obstination ne trouvait de l’écho que dans la mienne. Seul Alfred était capable de me reprendre, de me faire réfléchir. Cela ne voulait pas dire que je ne respectais ni les idées ni les points de vues de mes autres partenaires, mais comment leur faire comprendre que je ressentais Gotham par chacun des portes de ma peau ? Je comprenais les mises en garde de Zatanna. Je comprenais sa peur. Je la partageais, quelque part, même si j’avais été capable de la museler pendant l’essentiel de ma vie d’adulte. Je ne suis pas insensible à la détresse de Zatanna mais j’attends calmement qu’elle se calme pour serrer ses mains un peu plus fortement, et de l’attirer contre moi dans une étreinte ferme mais pas trop étouffante.
Je reste un moment, comme ça.
| Tu n’as pas compris, Zatanna. Je n’y vais pas pour vaincre… Mais il y a d’autres façons de réussir. Retrouve ma famille. Ré-entraîne toi. Et la prochaine sortie nous la ferons ensemble si tu te sens prête. En attendant, je dois faire la seule chose que j’ai jamais su faire correctement dans ma vie. Je serais aussi prudent que possible. |
Je me détache un rien d’elle, suffisamment pour que je plonge mes yeux dans l’azur des siens.
| Je ne suis pas revenu après ce cauchemar pour mourir à ma première sortie. Tu as ma parole. |
Je la lâche tout à fait.
| Prends du repos. Demain, nous retournons dans les Nouveaux Territoires Autonomes. Bonne nuit, Zatanna. |
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Sujet: Re: This Place is a Shelter [Terminé - Intrigue 1]