Toi qui voulais savoir | Garfield

Je ne sais pas si j’ai espéré qu’elle me demande ou non. Mais je m’arrête dans mon mouvement quand Rachel me rattrape et me demande de rester avec elle, avant de m’implorer. Elle n’a pas besoin de ça. Comment est-ce que je peux résister alors qu’elle semble si vulnérable et à bout ? « D’accord. » Je réponds calmement, avant de me rasseoir et de hausser un sourcil quand elle ajoute qu’il fait froid. Elle n’a pas tort. Je réfléchis deux minutes à ce qu’il convient de faire… Et j’en conclues que ce sera moins gênant et sujet à ambiguïté si je me change. Parce que dormir à côté d’elle en l’état… Comment dire… Non. Elle est affaiblie, blessée. Il va lui falloir plusieurs jours de repos afin de récupérer ses forces. On a encore la chance qu’elle soit jeune et en bonne santé. Quant à moi, je suis bon pour m’occuper un peu de tout pendant quelques jours. Mais on verra ça plus tard, j’aurais tout le temps d’organiser ma journée demain. Là, si je peux lui apporter un peu de réconfort… Même si moi, ça ne va pas trop m’en amener.

« On va s’occuper de ça. » Du froid. Elle a perdu beaucoup de sang, pas étonnant qu’elle lutte pour maintenir une chaleur corporelle acceptable. Je retire alors mon pull, pas envie de bousiller mes fringues. C’est déjà pas facile d’en avoir alors si je peux économiser hein. Je me redresse alors, et commence à retirer mon jean, avant de réaliser que c’est bizarre en fait. Je me retourne pour qu’elle ne voit que mon dos. « Je vais faire la peluche. » J’ai envie de lui dire qu’elle ne se méprenne pas mais d’un autre côté, il n’y a peut-être que moi qui pense qu’il puisse y avoir méprise là. Breeeef. Je me déshabille en 4e vitesse et me change tout aussi vite en puma, vert évidemment, mais qu’importe. Je grimpe sur le lit et l’observe, alors que ça grince, mais le lit tient bon et je m’allonge de tout mon long à côté de Rachel. Je ne tarde pas à sentir ses mains s’enfoncer dans ma fourrure et commencer à grattouiller, ce qui déclenche un ronronnement de contentement, profond et puissant.

Son odeur m’enveloppe complètement et j’ai une conscience aigüe de sa proximité, mais également de son abattement. Et peut-être autre chose aussi. J’ai envie de lui dire qu’elle peut dormir en paix, que je veille sur elle, mais je ne peux prononcer un mot. Ce n’est rien alors que je viens enfouir ma tête contre son épaule, finalement, moi aussi assoiffé de contacts.

« Merci. » Parce que je sais que je lui en demande beaucoup. Mais là, j'ai tellement peur de m'effondrer toute seule et j'ai besoin de lui. Si d'ordinaire je pouvais supporter cette solitude et cet abattement toute seule, là, je m'en sentais incapable. Je m'illusionnais peut être, je me voilais sans doute la face en me retranchant derrière ma faiblesse pour obtenir de lui ce que je ne suis pas en droit de faire. Mais tant pis. J'en ai avidement besoin.

Et puis je me plains du froid...Peut être la fatigue, peut être la perte de sang. Je frissonne sous ma couverture abîmée et, sans le dire, je le voudrais a côté de moi, ses bras autour de moi. Je sais que là, je serais en paix et que je pourrais dormir. Je souris un peu quand il m'assure pouvoir s'occuper de ça, mon cœur manque même un battement avant de repartir de plus belle... J'écarquille les yeux a le voir ôter son pull et s'attaquer a sa ceinture...Euh... Et même si je n'en perdais pas une miette, j'avoue que là...Je déglutis difficilement avant de comprendre où il voulait en venir...Ah...Dommage...En fait... Mais peut être valait il mieux faire ainsi. On était amis, je ne voulais pas franchir cette ligne... Enfin si je le voulais mais... Et si ce n'était pas ce qu'il voulait...Pourrions nous tout de même rester comme nous étions ? J'avais peur de prendre ce risque et puis, après mes révélations... « Grosse peluche. » fis je avec un sourire en le voyant se changer en un énorme chat vert.

Durant quelques secondes j'ai peur que mon lit ne lâche mais non il tient bon. Il se couche a coté de moi et il ne me faut pas longtemps pour glisser une main dans sa fourrure. Si je ne pouvais pas me permettre de toucher sa peau, là, je pouvais... C'était pathétique mais je ne pouvais pas vraiment m'empêcher d'aimer ça. Je le laissai glisser son museau au creux de ma gorge et sourit a l'entendre ronronner avec force. « C'est une jolie musique... » Apaisante en vérité...

J'aurais sans doute aimer rester éveillée plus longtemps, ne serait ce que pour profiter de sa présence mais la fatigue s'abattit une nouvelle fois tellement fort que je sombrais dans le sommeil. Il me tenait chaud, il était doux et il me rassurait...Demain...Serait un autre jour.