A l'assaut de l'ile d'Arkham - Objectif survie

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Je rallume une clope, sourcils froncés alors que je continue de fixer l’endroit d’où la… chose… fille… bref… je regarde le haut de la tour quoi. Alors que ouais, en théorie, le spectacle, il est en bas. Enfin, on s’en branle, j’essaie de piger surtout ce qui se passe et, accessoirement, de réfléchir à la façon dont je peux éviter qu’il arrive quelque chose aux deux gamines à mes côtés. Pas que je tienne spécifiquement à elles mais, ptet que j’ai fini par m’habituer à les croiser. Enfin, même si je croise Tara uniquement quand c’est la merde ou pas loin. A sa question, je ricane en secouant la tête. « Pas que je sache. Enfin dans mes souvenirs j’ai pas croisé de fille capable de faire ça. » Et je rajoute, goguenard. « Après, la plupart que je connais sont pas des lumières non plus. »

… ouais, ouais, même avec mes critères, particulièrement bas, cette blague est naze. « On doit s’assurer que c’est pas… démoniaque. Si c’est le cas, elle sera bloquée par notre petite installation. » Je désigne Rachel avant de reprendre, le plus sérieusement du monde. « On va voir si t’as bien pigé tout ce que je t’ai dit de faire. »

Je me plaque contre le mur quand je vois quelques mecs qui s’avancent. Forcément, si nous on a vu la torche humaine, c’est le cas des sbires du coin. Je plisse des yeux, pensif. « A votre avis les filles, ce sont les jouets de qui ceux-là ? » Et à la question de Tara, je hausse une épaule, alors que je les compte dans ma tête. « Sont trois pour le moment. Ca vous dit de vous amuser un peu ? Enfin… vous pensez pouvoir faire dans le discret et rapide ? » Je les regarde l’une après l’autre, moqueur. Je provoque ? Peut-être un peu. Juste ce qu’il faut pour que ça les pousser à agir vite. Et moi je vais m’assurer qu’elles vont pas se mettre en danger pour rien. J’ai toujours un flingue dans la poche mais, très honnêtement, je déteste m’en servir. Ca fait du bruit, c’est pas discret et ça manque de classe. Ce sera le plan Z ça. Il faut toujours en avoir un, juste au cas où toutes les lettres de l’alphabet décident de foutre le camp.

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Le sang continue de couler sous ma tenue. Le bat-suit est totalement détrempé. Je reste emmitouflé dans ma cape, pour empêcher ses mouvements à cause du vent. Inutile d’attirer l’œil par un mouvement en périphérie du champ de vision des silhouettes au sol. Bien plus bas, plus loin, je note du mouvement. Des gardes, armés. Des hommes de main. Certains équipés d’armes à feu, d’autres de bric et de broc. Déclencher un conflit territorial entre mes poursuivants aux ordres du Joker et les hommes de Crane n’allait pas forcément être une aide pour passer inaperçu dans mon infiltration de l’endroit. Je continue d’observer, et de réfléchir aux tenants et aux aboutissants de chaque option qui m’était proposée. En contrebas, j’aperçus des silhouettes. Et les reflets des quelques rares lumières sur une armure qui me serra le cœur, mais me laissa de marbre. Elle était en vie. Et elle n’était pas seule. Barry, aussi. A ce niveau d’épuisement physique et mental, j’aurais pu en pleurer. Si j’avais été un autre homme. Si j’avais été un homme tout court. Je suis trop monstrueux de pragmatisme pour me l’autoriser, malgré ces années d’errances décuplées dans les couloirs du temps, qui m’avaient amené plusieurs fois au bord des abîmes de la folie. Ceux-là étaient en sécurité. Du moins, plus que d’autres. Je les retrouverais plus tard. Alors je continuais mon observation des lieux. Je devais toujours entrer.


J’entends des hurlements, je ne serais pas les seuls à les entendre, et ceux-ci ne sont plus couverts par la foudre. Elle-même me laisse un sentiment étrange. Comme une alerte danger, une alarme inconsciente d’un sixième sens appelé l’instinct qui me hurlait danger. Je devais en savoir plus… Alors je vise de loin la tour de communication de l’asile, à côté de l’emplacement d’héliport sur son toit. C’est difficile, et je dois plusieurs fois baisser le bras pour le reposer. C’est terriblement loin. Combien de fois l’avais-je réussi et raté, en excellente condition ? Je ne l’étais pas, aujourd’hui.


Je tire un premier grappin. La tête d’acier passe loin au dessus du mât métallique. Et je dois décrocher le filin ultra fin pour engager un nouveau projectile. Le dernier, à cause de mes pérégrinations de la veille. Pas le droit à une seconde erreur, ou il faudra finir à pied. Le tir part et se perd en plein milieu des grilles du mât, bruit métallique étouffé par le vent, la distance et la hauteur. Le câble est tiré sur combien ? Cinquante mètres ? Je dois le nouer autour de l’armature en acier renforcé du pont. Je le fais vite ; hurlements impliquent l’urgence. Je bloque et renforce le nœud en le faisant autour d’un de mes derniers batarangs, et me voilà qui descend en rappel le long de la corde jusqu’au toit de l’asile. De là, déjà essoufflé par la roulade alors que mon corps n’est plus qu’un abîme de douleurs et de contusions héritées de deux jours de combat et de fuite, je rejoins une corniche et contemple en contrebas une rouquine et un type opposé aux hommes de main. Combat apparemment inégal… Un jeune homme crie à la rouquine de ne « pas tuer ». Je me demande si c’était elle alors, les éclairs ? Pas le temps de réfléchir, il y a danger pour tout le monde.


Je déploie ma cape et chute du toit en planant en silence, avant de me rouler en boule avant d’ouvrir les bras pour emporter ma cible, un des gardes armés. Le choc sourd et le bruissement de l’air sur ma cape font prennent tout le monde par surprise alors que ma cible pousse un cri étranglé. Je me retourne, douleur sourde dans la cage thoracique et filet de sang qui coule de mes lèvres, main droite paume ouverte vers les deux jeunes gens.


| On ne tue pas. On neutralise. |


Voix rauque devant les autres gardes, scotchés par mon retour. Avant que la tempête de coups ne se déchaîne.

Bruce utilise ce qu’il reste de son matériel pour se hisser sur le toit et se dirige vers Dara, qui pousse des cris pour appeler sa mère ; Bruce pense qu’il y a danger immédiat pour un civil. Il se demande si ce n’est pas Kory qui a provoqué les éclairs, et intervient aussi bien pour l’empêcher de tuer que pour faire diversion au bénéfice des deux jeunes gens.

La Ligue des Ombres n’avait pas ménagé leurs efforts, ni hésité à dépenser des sommes considérables pour la formation de ses précieux Caméléons. Cependant, contrairement aux autres agents recrutés tardivement ou suite à des épisodes traumatisantes, l’Organisation avait volé leur vie dès la naissance, épargnant d’office le dur choix de sacrifier ou non sa personne pour des idéaux. Ils n’avaient pas non plus quelque chose en « propre » à laquelle se raccrocher : une identité, une passion, un membre de la famille, un ami … La Ligue avait usé de toutes ses connaissances sur la psyché humaine depuis de très longues années pour formater ces humains, tels des robots aux fonctionnalités précises.

Le rôle de Roxana était d’être le médecin indispensable à ce nouveau Gotham, qui écoute les plaintes de ses patients, qui soigne autant qu’elle peut – quoi que, en sélectionnant attentivement au vu de la rareté des ressources –, qui observe l’évolution de cette population face à un désastre sanitaire, sociale et économique et surtout qui consigne chaque information aussi insignifiante puisse-t-elle paraître. L’agent pouvait quitter ce rôle – ou cet alias, comme elle aimait dire – le temps d’un instant si un événement extraordinaire se déroulait

Aujourd’hui, chaque cellule de son être sentait que ce jour allait être différent. Elle avait déjà visité cet asile, tant par le passé que « maintenant » et par conséquent, elle pouvait aisément dire que cette sensation qui l’étreignait était particulière et non juste les fabulations de son esprit. Dans tous les cas, tant l’alias joué que l’agent en elle-même, aucune des deux personnalités ne pouvaient craindre un lieu juste pour ce qu’il représente. Le pédigré des deux personnalités permettait de savoir qu’un tel lieu n’avait pas de tel pouvoir : seul l’esprit humain créait cette peur irrationnelle.

Ses soupçons se confirmèrent lorsqu’elle vit une chose étrange tomber du ciel. Il ne fallut guère longtemps à l’agent pour analyser les impacts d’un tel phénomène : des sbires et des curieux. Et elle s’exécute machinalement.

- Attend là ! Ne bouge pas ! ordonna-t-elle à Dara, l’abandonnant devant l’entrée pour s’engouffrer à travers la grille.

Elle consciente évidemment que l’ordre était vain et qu’il ne lui fera gagner que quelques minutes de paix pour analyser la situation – et peut-être dégager la zone de sbires potentiels. Elle devait ruser pour qu’il ne la trouve pas immédiatement, mais qu’il n’échappe pas à sa surveillance. En somme, elle devait trouver une « planque » d’où elle pourrait observer patiemment, comme on lui avait appris. La brunette avait réussi son coup, dans un bâtiment opposé à celui d’où la boule était tombée. Il suffirait de briser une vitre dans le bordel ambiant futur, d’entrer par la fenêtre et d’observer tout ce qu’il pouvait se passer.

Sauf qu’elle a entendu la voix de Dara. Son garçon l’appelait. Et cet appel suffit à court-circuiter le temps d’un instant le parfait petit robot de la Ligue. L’hésitation s’insinua en elle, telle un virus, l’obligeant à abandonner son plan et à risquer un petit coup d’œil d’un angle sur le potentiel combat à venir. Si l’appel avait été l’équivalent d’un petit coup de jus, la scène qui se dévoila sous ses yeux avait davantage l’effet d’une bombe.

La demoiselle rousse à la force considérable. Batman revenu des limbes. Et trois inconnus qui ne semblaient pas être des habitants perdus et toxicos de l’asile.

Pour la première fois, Roxana ressent une véritable émotion – qui se caractérise par un non contrôle : la peur. Elle craignait pour Dara. Elle aurait pu courir, s’interposer entre lui et le reste du monde comme une petite voix lui hurlait de faire. Cependant, une tout autre lui imposait de rester à l’abri, et de continuer à observer – notamment, deviner si c’était « Batman » ou une pâle copie. Indécise, elle continuait à observer, embrassant autant que possible toute la scène, tentant de trouver une solution qui concilie « désir » et « but ».

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Je ne passais pas à côté de l’opposition à laquelle nous n’allions plus tarder à faire face. Ils étaient là. Encore huit debout, une fois que la femme rousse avait expulsé l’un des leurs contre le mur, et moins aussi celui sur lequel j’avais atterris avec pas loin de cent-cinquante kilos de muscles et d’armure. Celui-là ne serait pas près de se réveiller… Et même si j’indiquais aux jeunes gens menacés par les hommes de main qu’il ne fallait pas tuer, je ressentais aux tréfonds de mes entrailles la tentation de solutions plus expéditives que mes coups de poing. Mais je n’y succombais pas –pas encore-, rappelé sans cesse par les paroles d’Alfred, de mon père, de tous ceux que j’avais connus, et hanté par ce moment en haut d’une tour de Gotham en compagnie du Joker et du Sphynx, contre qui j’avais manqué de commettre l’irréparable. La bagarre s’entame aussitôt et je n’ai qu’une seconde pour apercevoir la guerrière visiblement venue d’outre-monde, en pleine utilisation de ses pouvoirs. Je note qu’elle se fait brutale et sans concession, mais pas encore déterminée aux pires des moyens. Je n’ai le temps que de la saluer d’un bref signe de tête, sans pouvoir réfléchir à d’où venait cette fille et ce qu’elle faisait ici.


Peut être Clark aurait-il des réponses, s’il avait survécu lui aussi.


Plus tard. Je dois ruer pour me débarrasser des deux types qui me ceinturent. Coup de tête en arrière, la base de mon crâne explose un nez d’un type qui tombe à la renverse d’un cri étranglé. Vu le bruit et la sensation, il va sans doute falloir qu’il se le fasse remettre à l’endroit et un coup d’œil suffit à me rendre compte que vue la quantité de sang, il a été brisé et écrasé. Un de moins, qui doit gérer sa douleur et l’aveuglement diffus qu’elle provoque sur tout son visage. L’autre en revanche, m’envoie une matraque sur le côté du torse et je lâche un cri de rage et de souffrance alors qu’il cogne là où j’ai déjà pris un coup de couteau la veille. Je manque de défaillir, de m’évanouir sous la douleur qui se diffuse de mon poitrail à la totalité de mon corps. Je le pousse sans ménagement, cet adversaire, d’un coup de poing vicieux en plein dans le plexus et d’un autre en pleine arcade. Avant de passer au suivant, et de le saisir par les épaules pour le projeter plus loin, dégageant ainsi le jeune homme brun qui semblait vouloir se battre avec les moyens du bord et protéger la rouquine. Son ami ? Petit ami ? Qu’importe. Je n’avais aucune idée de qui ils étaient et si on ne voulait pas passer l’arme à gauche, moi sans doute pire encore que les autres, on devait agir vite. Je me tourne vers le jeune homme, une fois la menace écartée pour quelques secondes.


| Prends garde à toi petit, essaie de raisonner cette fille. Ma présence ne donnera qu’un répit de courte durée, j’ai du monde qui me… |


BANG. Je me plie en deux de douleur et à moitié K-O, j’erre quelques secondes sans autre sensation que celle de la souffrance et du mouvement. Quand je plisse les yeux et grogne, sang collé au menton et à la paroi de ce qui m’a percuté, je me rends compte que je me suis pris une voiture. Grimée aux couleurs du Joker. Remplie de clowns. Sachant que les abords de l’hopital sont remplis de bordures, pistes et autres obstacles, je n’ai pas dû être percuté très vite. Mais le poids m’a coupé le souffle. Et brisé des côtes. Peut être encore d’autres choses. Je suis mal en point. Je n’ai pas le droit de flancher, pas maintenant. Pas alors que je suis convaincu qu’il se passe quelque chose d’horrible et que des gens sont en danger. Accroché d’instinct au capot ruiné par les lames de protection de mes avant-bras, je dérape malgré tout quand ces salopards freinent et roule à même le sol. Les clowns descendent. Portières qui claquent. Armes au poing.


Du sang plein la bouche, qui me coule du nez, et d’autres endroits peu identifiables dans le puits de douleur qu’est devenu mon corps, je me crispe sur mes jambes, mes bras. Inspirant à pleins poumons et mû par la colère et la soif de revanche, je me redresse lentement, gémissant de douleur et grognant de rage brute. Ca va saigner, pour le meilleur et pour le pire.


Le batsuit est endommagé, lacéré, les plaies pissent le sang et mon visage tuméfié commence à gonfler autour d’un œil injecté de sang, filets écarlates qui dégoulinent de mes narines et du coin de mes lèvres sur le sol.


Je redresse les points, à demi ramassé sur moi-même, cherchant mon souffle dans une cage thoracique malmenée.


| Si vous voulez ma peau, prenez un ticket. |

Batman se bat aux côtés de ses alliés de circonstance. Il neutralise au moins provisoirement deux hommes de main et dégage Dara de l’emprise de son adversaire, avant de s’adresser à lui et de lui demander d’évacuer Kory. Il se prend la Joker Mobile qui malgré les bordures le met K-O, et il se prépare quand ces clowns descendent pour l’hallali

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Cette voix et cette lame confortaient davantage Roxana dans l’idée que son fils n’avait nullement sa place ici ! Il ne devait pas traîner dans ce lieu maudit et encore moins approcher. Il n’était pas question de superstitions de vieilles femmes, mais d’une réalité scientifique : certaines personnes avaient vécu si longtemps entre ces murs que l’Asile était devenu leur maison. Et tout le monde aime revenir à la maison, de temps en temps, tantôt pour se rappeler de bons souvenirs, tantôt pour affronter quelques démons du passé.

La mémoire de la médecin – comme de l’agent – était excellente concernant les « patients » déjà traités. Cet homme avait été même marquant pour la brunette, tant dans sa complexité, dans ses crimes ou dans sa folie. Elle savait donc qu’il était inutile de parlementer avec un tel fou, et elle savait aussi que son alias, Roxana, n’était pas de taille face à cette « menace ». L’agent prend le pas sur ce corps et cet esprit, analyse d’un coup d’œil les alentours pour s’assurer que personne ne l’observe et donc qu’il n’y a pas grand risque d’être découverte.

Et elle tente de désarmer l’homme. Car oui, dès qu’elle effectue le premier mouvement pour arracher le couteau de la main de son agresseur, elle est aussitôt déstabilisée par le second appel de son fils. Cette seconde d’inadvertance suffit pour qu’elle rate l’enchaînement de mouvement, et que la lame devienne réellement une menace pour sa vie. La stupeur prendra vite le pas sur l’inquiétude, car le fou parle. Et le fou agit.

- C’est comme ça qu’on désarme ! Et il joue tant le geste que les traits douloureux, si l’agent avait réussi son coup. L’acteur était si pris dans son propre jeu, que le couteau finit réellement dans son corps.
- Et c’est comme ça qu’on achève, conclut froidement l’agent en saisissant cette opportunité pour empoigner des deux mains la manche et pousser plus loin, et plus haut, la lame. Son agresseur tente de se défendre mais en vain : il était saigné à blanc.

Ce contretemps l’avait arraché de l’observation de la scène, et lorsqu’elle s’y replonge, son mécontentement est bien grand. Batman à moitié écrasé par une voiture tape-à-l’œil du Joker, des sbires de l’Epouvantail et du Joker d’un côté et de l’autre … et deux bombes sur patte dans une situation stressante. S’il était aisé de manipuler ou de surveiller Tara et la rouquine, isolées et dans un environnement contrôlé, la situation actuelle n’était nullement propice.

A quoi pensait-elle, agent comme médecin ? A Dara. Il devait quitter cette scène. Et l’agent, et tous les alias qu’elle avait interprété s’acharnent à trouver une solution … Une idée lui vint à l’esprit. Une idée qui l’oblige à ne pas quitter de l’œil chaque geste et mouvement du Joker, et de ses sbires.

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C’est le bordel.

Ouais, j’ai toujours eu du talent pour résumer la situation. Entre le môme qui appelle sa mère, les mecs qui déboulent de partout et surtout, l’homme chauve-souris qui débarquent comme Jésus qui revient parmi les siens après sa petite virée pascale, je commence à avoir du mal à tout suivre. Y a une part de moi fortement tentée à l’idée de se barrer, surtout quand Rachel dit qu’elle a pas signé pour ça. Pour ça que je lui souffle, d’un ton blasé. « Moi non plus gamine. » Sauf que j’ai plein de défauts, mais je suis pas lâche. Et se tirer maintenant ce serait de la lâcheté. Pas que j’ai spécialement envie de jouer au héro mais, si je peux déblayer un peu le terrain pour éviter qu’il y ait du pâté de chauve-souris.

Je me tourne vers les filles, mon esprit essayant d’analyser la situation et de trouver comment on peut s’en tirer sans trop de casse, quand je vois Batman se jeter sur une bagnole. « … putain de héros. On peut pas les tenir… » Je roule des yeux, alors que je sens la magie de Rachel se mettre en route. Batman de son côté arrive à arrêter la bagnole et… elle aussi. Avec une machette. « Joli, gamine. » Je marmonne entre mes dents, cherchant Tara des yeux. Et je jure quand je la vois en mauvaise posture. « Rachel, occupe-toi des mecs de l’Epouvantail ! Faut pas que Batman soit pris en sandwich. Mais évite de les tuer, sauf si t’as envie de te faire sermonner pendant une heure. » Même si une part de moi trouverait ça fun, mais c’est cette part mesquine et jalouse que j’assume totalement.

Moi je me précipite en direction de Tara et de son assaillant, à qui je lâche, d’une voix bien audible. « Oh tête de nœud ! Touche la encore une fois et tu devras ramasser tes dents une par une ! » Je suis on ne peut plus sérieux. Sauf qu’il se tourne vers moi et… me tire dessus. « Mais putain ! T’es sérieux toi ? » Ca va qu’il est à peu près aussi doué pour tirer que moi pour garder une meuf. Donc la balle siffle près de mon oreille pour se ficher je ne sais où derrière moi. Et forcément, ça m’énerve un peu. Une petite flamme nait dans ma paume droite et je la balance pour que sa veste prenne feu. Ca le déstabilise et j’en profite pour me rapprocher et lui coller une grosse droite dans la gueule.

Par principe, je le fais rouler pour éteindre les flammes, même s’il est KO, sans vraiment être délicat. Et ptet que je lui assène un ou deux coups de pieds juste pour le plaisir. Je tends la main pour attraper celle de Tara et je souffle, sèchement. « Rien de cassé ? » Putain elle a du sang plein la gueule et ça, ça m’énerve vraiment. « On va les déboiter gamine. T’es prête ? » En espérant qu’elle se contrôle encore un peu sinon, je vais devoir l’assommer et ce sera moche.

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Il y a du monde maintenant autour de moi. De nous, les premiers combattants dans la mêlée. Ce n’est pas un don de vision, ni une bonne vision périphérique. Il s’agit juste d’un instant forgé au fil du temps,  à force de me retrouver dans des situations périlleuses, en compagnie ou non. Je sens aux bruits de bagarre, aux cris, aux voix dont j’en reconnais certaines, que tout a changé en l’espace de quelques instants seulement. Il n’y a plus uniquement la rouquine, le jeunot et moi-même face aux hommes de main protégeant le bâtiment et aux clowns qui sortent de la voiture pour s’en prendre à moi. Je suis entouré, maintenant. Disons que non loin se trouvent des individus qui ne sont pas des adversaires, du moins pas dans l’immédiat. En me tournant alors que l’aide se fait sentir, je note qu’il y a ce grand blond qui ressemble furieusement à John Constantine, et plusieurs femmes non loin. J’allais me battre mais titubant à demi, je sens quelque chose d’autre que je connais bien…


Une véritable tempête à crinière brune déboule près de la voiture, et j’entends l’exclamation de stupeur d’un des portes-flingues…


Wonder Woman.


Diana l’a donc bien fait. Je n’avais pas rêvé, quelques minutes plus tôt. La fièvre, la fatigue et la douleur ne m’avaient pas fait voir des choses. Elle a survécu à la crise du multivers, et elle a su rentrer parmi nous, elle aussi. Je ne sais pas encore comment, ni depuis quand. Mais elle est là et elle se bat. Je ne suis pas différent du commun des mortels, quand je la vois mon cœur malmené par trois jours de préparatifs, de bagarres intenses, de blessures et d’un épuisement quasi-total, se retrouve gonflé à son tour d’espoir. Ensemble, nous pouvons nous sortir de ce piège. L’esprit froid et calculateur du bat-justicier lui, me souffle que c’en sera maintenant fini du secret de l’existence de cette bat-cave. Bientôt, l’endroit fourmillera des armées privées des empires du crime de la ville. Et contre cette multitude, quel espoir ? Batman ne tiendrait plus longtemps. Diana ne pourrait pas tout gérer toute seule. Et les autres ? Aussi courageux qu’ils étaient, il y avait des centaines, sinon des milliers de types aux ordres des génies du chaos qui avaient conquis Gotham. L’Amazone se débarrasse d’un type qu’elle assomme d’un bond, d’un autre d’un coup du plat de l’épée. Virtuose du combat, elle les élimine les uns après les autres.


| Attention ! |


Je la pousse de côté alors qu’elle venait à ma rencontre, le type qui semblait hésiter se retrouve rassénéré et la vise d’un fusil à canon court. Je lance mon dernier batarang, qui lui écorche durement une main et l’empêche de tirer alors que la colère et la détermination permettent à mon corps en morceaux de continuer de se mouvoir encore avec vigueur… Même si je ne tarderais plus à m’écrouler, à bout de forces et de sang, qui continuait de couleur son mon visage sous le masque et sa partie nasale.


Mes mains lui arrachent l’arme et usant des arts martiaux appris auprès de la Ligue des Ombres jadis, je fais basculer l’homme de main par-dessus mon épaule après un mouvement de balaiement et l’écrase violemment sur le toit de la voiture toute proche. A bout de forces, pantelant, je me tourne vers Wonder Woman alors que les autres se rassemblent autour de Constantine, et que la mutante, ou l’extra-terrestre, continue avec le jeune homme de s’en prendre aux protecteurs du bâtiment.


| Moi aussi je suis content de te voir, Wonder Woman… |


J’hésitais, en reprenant mon souffle et en crachant une nouvelle pleine gorgée de sang.


| Je crois que… Qu’ils m’ont eu, cette fois. |


Mon gant pressant mon flanc ruisselait encore de sang ; mon garrot n’avait pas tenu.

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Wow wow wow… Moi qui pensais qu’on ferait genre des petits repérages pendant que Zee et ses potes allaient en balade, qu’on se contenterait de surveiller le coin en espérant que rien ne parte en couille… je crois que je me suis foiré. Et pas qu’un peu.

J’essaie de suivre un peu ce qui se passe, mais j’avoue que j’ai du mal. Entre les supers qui font leur come-back comme un chanteur des années 90 qui fait toujours hurler les foules et les méchants qui dégueulent des bagnoles comme les pièces des machines du casino quand on a gagné le jackpot, j’sais plus où donner de la tête. Mais j’ai comme l’impression que je suis pas le seul.

Je vois Wonder Woman et Batou défoncer les cinq sbires qui sont sortis de la bagnole et j’ai pas le temps de pousser un soupir de soulagement que je vois la chauve-souris s’écrouler. « Ca pue ça. » En écho aux paroles de Tara. « Faut que j’aille voir ouais. » Evidemment, c’est le moment où on décide de nous tirer dessus. Je sais pas trop d’où ça vient, si c’est le type encore debout vers la boule de lumière, ceux qui ont suivi Wonder Woman ou les mecs de l’autre bagnole qui sont plus frais que je le pensais, mais dans tous les cas, j’aime pas trop me faire canarder. Etonnant hein.

Quand je sens la terre qui tremble, j’attrape la main de Tara pour la tirer avec moi avant qu’elle pète les plombs. Et je la plaque contre la portière de la voiture, cherchant à accrocher son regard. « Gamine, tu restes avec moi okay ? Tu gardes le contrôle. Tu respires et ça va aller. » C’est non négociable de toute façon. J’attends de voir comment ça se passe pour elle et je fixe les alentours. Son petit numéro a bien fonctionné et les mecs qui poursuivaient Wonder Woman sont déstabilisés. Assez pour qu’une furie débarque vers eux pour rouler sur tout le monde. « Faut que j’le récupère avant qu’il crève ce con. » j’ai parlé entre mes dents et je me précipite en direction de Batman sans laisser le temps à Tara de m’en dissuader.

Et je cours, plié en deux, avant de me retrouver au chevet de Batman, essoufflé. « Putain, faut que j’arrête la clope. Allez vieux, tu peux pas crever maintenant, tes gamins sont là, ils vont tirer la gueule si t’es pas frais. » J’essaie de capter son attention avant de lever les yeux vers Wonder Woman. « Il reste des mecs à éliminer. Je le mets à l’abri derrière la bagnole et j’essaie de le rafistoler comme je peux. » J’ai déjà plaqué ma main sur son flanc qui pisse le sang, mais on commence déjà à nous tirer de nouveau dessus. Pas le temps de trainer à découvert, même s’ils repèrent où j’essaie de l’entrainer.

Quelle merde sérieux.

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