Sans déconner, qui aurait cru que, si jeune, je me mettrais à écrire mes mémoires, et surtout, qui aurait pu imaginer qu’il y aurait des gens qui se feraient chier à les lire. Bordel, je sais pas qui est le plus pitoyable entre moi qui me comporte comme une midinette en mal d’affection devant cette page blanche et vous qui avez franchement rien de mieux à foutre de votre vie que de vous coltiner la mienne ? Bon bah, c’est vous qui vous infligez ça. Allez pas me le reprocher après ou me traiter de sadique (je laisse volontiers ce titre a une autre).
#ma mon enfance de rêveJe suis né dans le Vermont, le petit dernier de la famille. Pas la meilleure place quand on a cinq frères, une mère toxico et addict aux telenovelas et un père abonné aux mauvais coups dans tous les sens du terme. Bon je vais pas vous faire sortir les kleenex et les violon, de toute façon, je n’aime pas parler de mon enfance, je dirais juste que c’était la merde, que ça m’a marqué et pas seulement à cause des cicatrices, de ma première overdose et d’un passage dans le gang du coin.
Ma génitrice était, avant de se faire cuire le cerveau à l’héroïne, amérindienne. Du moins je le crois. A part « je veux ma dose » et « pousse-toi sale con, je vois plus la télé », je suis pas sur qu’on ait eu d’autres conversations elle et moi. Mon vieux avait un cul de je sais plus quel vieux pays à la con malgré ses discours de pro Americain redneck. C’est comme ça que j’ai écopé d’un prénom de bon touriste blondinet avec une gueule à pas revenir du Mexique sans montrer mes papiers. Heureusement que pour faire passer la drogue c’était plus avec la frontière Canadienne que je pratiquais. Ouai, à côté de mon prénom de merde, la drogue, les gangs, le père violant, la déscolarisation pour aller faire des poches et vider des maisons, c’était rien. Et puis, faut voir le bon côté des choses, coté escalade de façade et discrétion, je suis aussi bon qu’un trouduc fricqué qui se paye un coach.
Entre deux séjours en taule du vieux, on a une pouffiasse d’assistante sociale s’est ramenée à la maison et a chopé les plus jeunes Dundregann avec de belles conneries sur les familles d’accueil, qui, en fait, n’avaient rien de l’idée de famille des séries de ma vieille, ni même un lien avec la notion d’accueillante. On y a cru, on a vite déchanté. Tous séparés, ce fut le début, pour moi, de la valse des Thénardiers.
Ok, a 10 ans, quand on est accro, menteur, voleur, violant et colérique, on ne fait pas trop envie a des parents qui hésitent entre adopter un chiot et un môme. J’étais moins mignon qu’un bouledogue Français a priori. Du coup, j’ai plus eu le droit aux mouroirs à gosses à problèmes, là où s’empilent ceux qui finiront forcement mal pendant que les geôliers en civil encaissent les chèques. Après j’ai suivis le programme classique sans aucune originalité, à force de fuguer pour mieux voler et m’en remettre dans le nez, ça a été maison de correction, à chaque fois je ressortais clean en me disant que c’était un nouveau départ et à chaque fois ça repartait en vrille.
Au moins, j’ai voyagé, enfin des Etats, faut pas déconner non plus, à part le Canada, on ne peut pas trop dire que j’ai quitté le pays. Et puis, j’avais dans les 16 ans quand j’ai eu une pause à Gotham City. Un type, Logan Caye, a vraiment voulu faire un truc bien avec moi. Il vivait dans une baraque de merde dans un quartier de merde, dans un Etat vraiment de merde, vous connaissez ce qui était déjà les bas quartiers de cette ville avant que tout parte en sucette ? Non ? bah vous avez du bol ! Perso, je m’étonne encore d’être resté dans ce bled. Logan bossait dans un garage et a accepté de prendre un ado enragé sous son aile pour le réinsérer avec sa passion pour les moteurs. Il m’a aidé à vraiment me sevrer pour de bon. Il s’en est pris plein la gueule, j’avoue, mais il ne m’a pas lâché, jamais. Il m’a appris son métier avec patience et à tempérer mon caractère de merde. Il ne parlait pas beaucoup, comme moi, il n’était pas du genre à me poser 60 questions sur mon passé, il avait une putain de Harley … je crois qu’il a été plus mon père que n’importe qui dans ce monde de merde.
# Ca aurait pu s'arrangerÇa a été les plus belles années de ma vie, ouai dire ça a 23 ans, c’est du foutage de gueule. J’avais ma piaule à moi, j’avais plus à flipper de pas bouffer ou de m’en manger une sans raison. On s’est fait des soirées nanards, des délires de comics et j’avais pas envie que ça change. Sauf que la chance et moi, ça a toujours fait au moins deux, et si je vous racontais vraiment mon enfance en détail, vous pigeriez vite que la vie n’a jamais été du genre à me filer ce que je veux sans rapidement le reprendre. Un braquage ? Un règlement de compte ? Un taré qu’il n’a pas eu de bol de croiser ? Je ne l’ai jamais su, mais un soir il est pas rentré du garage alors qu’il devait faire la fermeture. C’est les keufs qui sont venus me dire qu’il avait été tué. La suite, ben j’étais sous le choc. En fait, je m’étais pas rendu compte que ce type comptait pour moi avant qu’on m’annonce que celui qui m’avait juste servi de pilier n’était plus. D’ailleurs, sur le coup, ça me paraissait juste pas possible que le monde puisse encore tourner sans lui. Donc autant dire que je ne me suis pas montré sous mon meilleur jour quand les poulets m’ont dit d’aller au poste pour répondre à des questions. Vous voyez le mode cynique foutage de tronches ? Non ? Bah eux ils ont bien vu et y’a deux ans, ca passait pas terrible.
C’est un peu débile, mais dès que j’ai mal, je peux pas m’empêcher de faire de l’humour de merde et de provoquer tout le monde. Ça n’a rien arrangé au problème. Ils ont commencé à me poser des questions que j’ai vu venir à 100 miles. Ou j’étais quand Logan s’est fait fumer? Bah si je niquais pas leurs sœurs c’est que j’étais à la maison tout seul à mater des conneries à la tv en attendant quelqu’un qui ne rentrerait jamais. Et ouai, bien sûr, la TV peut témoigner de ma présence. Bon vu qu’elle a pas de main droite pour jurer j’ai un doute que ça le fasse. Est-ce que je savais qu’il avait fait de moi son héritier ? Bah comment que j’aurais pu le savoir ? Si je comprenais qu’il fallait rester dans l’Etat ? Je comprenais surtout qu’il fallait que je me barre rapidement parce que ça puait la mort leur truc.
Après avoir passé une nuit au poste pour outrage à je sais même plus qui tellement j’avais bien arrosé tout le monde, j’ai pris mes brols, la Harley de Logan et sans réfléchir plus, je suis parti direction de je savais même pas où. Pas la peine de vous dire qu’avec un plan aussi bien ficelé, j’étais pas encore sorti de l’état qu’on m’a choppé. Direction le tribunal, je pourrais vous raconter que je connaissais bien la chanson, sauf que cette fois, j’étais majeur et c’était plus du tout la même partition. J’avais bien un avocat qui m’avait dit de plaider coupable avant que je l’envoie chier avec toutes les formes qui se doivent. Les mecs en cravates, c’est comme les psys, je supporte pas. Pendant le procès j’ai appris que Logan n’était pas simplement mort, il s’était fait littéralement trucider horriblement. Pour la première fois j’ai vu des photos et eu mal comme je ne pensais pas que cela était possible. Je vais pas vous refaire l’explication de texte de comment je suis con, mais là aussi, j’ai pas trop brillé de coopération pendant l’audience. Je me suis pris 20 ans pour homicide et j’ai pas été envoyé dans une prison avec des enfants de chœur ca m’a permis de me faire plein de copains tient et que du beau monde.
Ouai, je suis un p’tit dur, dans un centre pour ado, c’était moi qui cognais le plus fort, mais dans une vraie prison avec des » vrais durs », quand on ne sait pas baisser les yeux, ça se passe rarement bien. J’ai vraiment eu mal au cul. Je suis pas du genre me laisser la mettre facilement et 2 ans dans cet enfer ça a été vraiment moche. Autant dire que j’avais pas le gabarit et que me suis accroché que pour une seule chose : sortir de là un jour, retrouver l’enfoiré qui avait torturé Logan et avoir une vrai raison de me faire accuser de meurtre cette fois. Pourquoi j’ai pas essayé de faire appel ou une connerie du genre ? N’étant pas un grand adepte des enfilades dans les douches et du fermage de tronche, c’est fort possible que j’ai plus ou moins aggravé mon cas pour me prendre une double peine en cours de route.
# A defaut de bien m'en sortir, je suis sortiAh, oui, vous êtes en train de vous dire que j’ai 23 ans et que je suis aussi libéré délivré que la gonzesse des neiges alors qu’un meurtre c’est rarement 2 ou 3 ans de cabane. Bref je serais un gros mytho. Déjà, on va mettre les choses au point tout de suite, c’est moi qui raconte ma version à moi, alors va falloir vous résigner sur un truc : vous ne saurez jamais si je mens ou pas. Ensuite, j’ai eu plus ou moins de bol, parce que tout est parti en couille et que ca m’a pas desservie. Plus de loi, plus de héro, un gros renversement et une possibilité de voir la lumière du jour avant que j’ai le crin blanchi et les dents peltées.
Gotham c’était pas vraiment la joie avant, mais là, là c’est du festif de compet. Après, ca change pas tellement de la prison, y’a juste un plus grand espace de jeux et plus de chance de faire du collatéral. Personnellement, j’ai pas été comme la plus part de ces connards en sortant. Peut être parce que je n’étais pas un criminel avant de finir en taule mais surtout parce que quand j’ai une idée en tête, elle est pas ailleurs : Je veux le batard qui a tué Logan et m’assurer qu’il vivra très longtemps. Je ne me suis joins à aucun groupe officiel, j’ai pris soin de rester dans mon coin, récupérant la baraque de Logan. Je vie pas trop mal en retapant des bagnoles et pas que. Comme je me débrouille aussi avec les serrures et la grimpette sur bâtiments, on va dire que je m’en sors mieux que d’autres…
J’étais déjà pas hyper sociable, sauf quand je voulais lever une fille, mais là, je crois que bats mes propres record. Je suis retourné vivre dans la baraque de Logan, qui était maintenant la mienne. Une cuisine, deux chambres, un salon et une cour arrière qui ressemble plus à un élevage de mauvaises herbes et un cendrier géant qu’autre chose. J’aimerais bien voir la gueule de ces connards de mitons s’ils avaient survécu de voir que j’ai finis propriétaire a 23 ans. Bon, ok, c’est plus le bordel qu’une maison tellement je suis pas branché ménage et pis merde, une vengeance et ma survie, ca me laisse pas beaucoup de temps pour les tâches domestiques.
J’ai essayé de faire comme dans les séries en collant plein de trucs aux murs avec de la ficelle rouge, ou d’autres couleurs, quand j’avais plus de rouge, en attendant d’avoir le déclic comme dans les films. J’avoue, ça ne marche pas très bien pour le moment. En attendant, depuis 2 ans, je vivote, je n'ai pas trouvé de vrai garage ou me foutre, avec ma vengeance à mener, compliqué d'avoir un autre plein temps a coté. Je suis bagarreur, j'ai pas froid aux yeux, je prends les taffes que je trouve, je fais pas la fine bouche, faut aller taper, je vais taper... parfois j'ai des trucs a réparer, ca me plait bien et le plus souvent, quand j'ai rien, je tire ce dont j'ai besoin. Bref je vivote au jour le jour.
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