There's a Beast, and I let it Run [Intrigue I - Terminé]

Elle m’a vu, bêtement, par un reflet dans la vitrine de ce magasin condamné. Elle a couru, couru longtemps. Le vent siffle à mes oreilles. Je vais plus vite qu’elle. De beaucoup. Même avec mon équipement. Mais elle a eu de la chance, et moi pas. Deux types ont cru que le connard habillé en treillis noir, armé jusqu’aux dents et avec un masque de miroir, en voulait à la vertu de la donzelle. Il ne s’agissait pas de bons samaritains ; une femme seule, c’est trop bon comme opportunité pour pouvoir la laisser passer. Alors ils m’ont barré la route. Ils l’ont regretté, alors, car si je n’ai pas pris le temps de dégainer je me suis occupé de leur apprendre qu’il ne fallait pas se mette sur la route d’inconnus armés. Le premier a tenté un coup de bouteille, tenue dans sa main droite, en balayant de gauche à droite l’espace devant lui, j’ai roulé dessous à même le bitume, avant de me relever d’un bond et de briser la mâchoire et les dents du second à coup de front en plein sous le menton. Le premier a crié, a redonné un coup avec la bouteille, mais j’ai pu bloquer le poignet. Deux ivrognes qui croient pouvoir se farcir la première venue, tranquilles, comme si je n’étais qu’un putain de promeneur. Coups en pleine gorge, sur la pomme d’Adam, poing refermé. Le type s’étouffe à demi et je l’envoie contre le pare-chocs de la voiture toute proche.

Je reprends ma course.

La respiration est calme. Régulière et maîtrisée. Courir, c’est comme une seconde nature, une fonction essentielle de mon organisme. Je cours depuis toujours. Des sables chauds de Lybie aux montagnes enneigées de l’Hindu Kush, avec vingt kilos d’équipement et d’armement sur le dos plus ma tenue et les protections, ou juste en Short et en baskets. Je regagne du terrain. Mais alors qu’Emilia Turing sent presque mon souffle sur sa nuque, elle bifurque brutalement, manquant de tomber. Je dérape sur le bitume malgré mes rangers ; il a beaucoup plu ces dernières heures et il est clair que le sol imbibé n’est pas la meilleure piste pour courir.

Je me stoppe face à la direction prise par ma cible.

Robinson Park. L’Eden. Dont les frontières végétales débordent depuis les barrières du par cet gagnent le trottoir en face. Aussi grand que le Central Park de New York, je ne suis plus allé à l’intérieur depuis le début de la Chute ; je connais les histoires qui courent sur Ivy, et sur l’Eden tout entier. Les hommes n’y sont pas les bienvenus…

Mais Emilia Turing s’y est enfuie. Je risque de ne jamais la retrouver, si je la laisse filer. Alors je me glisse, telle l’ombre malfaisante que j’étais, sous les frondaisons. Je marche sans faire un bruit, ne désirant pas attirer sur moi l’attention de la maîtresse des lieux et des gardiennes qui, selon la rumeur, étaient toutes des femmes sauvées par elle. J’ai l’habitude de me mouvoir sans un bruit et sans me montrer ; ça fait partie de l’entraînement, et combien de gens avions nous pu abattre sur presque tous les continents sans que ceux-ci ne nous voient venir ?

Mais pourtant, je trouvais une silhouette sur mon passage. Haute, fière, qui regardait dans ma direction, sous le couvert de hauts buissons et de branches basses de la végétation luxuriante de l’endroit. Comme si elle savait où me trouver. Je ne me débine pas. Je range mon arme dans le holster de cuisse, et re-clipse le bouton. Si la rousse n’avait que la moitié des pouvoirs qu’on lui prêtait, ce n’était pas mon Glock qui me protégerait. Je sortais de la végétation, masque de kevlar renforcé du miroir qui renvoyait leur reflet à mes vis-à-vis. Mes mains, gantées de cuir renforcée, étaient écartées de part et d’autres de mon corps, non loin de mon abdomen, pour montrer que je n’étais pas une menace.

| Je cherche Emilia Turing. La femme qui vient de passer en courant. Je ne viens pas pour chercher querelle avec quelqu’un d’autre aujourd’hui… l’avez-vous vue ? |

Allongée sur une haute branche de l'arbre le plus majestueux de l'Eden, j'appréciais le bruit de la pluie. Abritée par un enchevêtrement que j'avais moi-même créé, j'aurais pu rester des heures à ne rien faire. Je me demandais même si ce n'était pas ce que j'allais faire puisque je n'avais rien de mieux de prévu. Bien sûr j'aurais pu me rendre chez cette femme à qui j'avais proposer de venir vivre à l'Eden. Veuve depuis peu et sans argent, je voyais mal qu'elle existence elle allait pouvoir avoir au sein de Gotham. A part la prostitution, je n'imaginais rien d'autre ! Moi ? Pessimiste ? Absolument pas. J'étais réaliste. Emilia était assez plaisante et n'avait pas fait de grandes études. Son destin de veuve était donc tout tracé dans ce Gotham pourri jusqu'à la moelle. Mais elle avait besoin de réfléchir, le temps de faire son deuil. J'avais accepté et c'était donc pour cela que je n'allais pas m'y rendre maintenant... et puis Gotham était déjà assez horrible à voir en temps normal, alors sous la pluie !
Un léger crépitement retentit et perturba l'agréable musique de la pluie. Cela ne m'empêcha pas de récupérer le talkie-walkie pour répondre « Poison Ivy j'écoute ! » … « J'écoute... Allô ? » … Je regardais l'appareil qui fonctionnait parfaitement. Personne ne parlait mais je n'entendais comme un bruit de course effrénée. « Qui est-ce ? » … Je crus entendre le prénom Emilia avant un fracas et puis plus rien. La jeune femme, si c'était bien elle, devait avoir des problèmes et j'allais tenter de la contacter à nouveau lorsqu'un autre souci se manifesta.

Il se passait quelque chose au sein même de l'Eden. Je le sentais, la Nature même me le murmurait frénétiquement... Aussi je descendais de mon perchoir et manquais de me faire percuter par Emilia en personne. Visiblement elle n'avait plus le talkie-walkie que je lui avais confié lors de notre rencontre. Peu importe ! J'allais lui demander ce qu'elle faisait là mais je gardais le silence et faisait signe à la jeune femme de faire de même. Elle n'était pas la seule intruse dans mon domaine ! Mes enfants végétaux me le hurlaient presque. L'une de mes lianes s'enroula autour de la taille de la veuve pour la monter là où j'étais perchée quelques instants plus tôt. Elle n'était pas idiote et devait se douter qu'à présent elle ne devait plus bouger, ni parler.
Je scrutais ensuite les alentours, cherchant la réponse à ma première question : où était la personne non désirée en ces lieux ? Elle était discrète, je ne l'entendais pas... mais mes enfants la 'voyaient'. Elle s'approchait lentement mais sûrement puis mon regard se posa sur un enchevêtrement de buissons épais. L'intrus était juste là...

Je ne bougeais pas et fixais l'endroit précis où se cachait la personne qui finit par sortir de la végétation dense les mains levées en signe de... paix ? Cette pensée me fit sourire. Rien qu'à la carrure il était évident qu'il s’agissait d'un homme donc une menace. C'était d'autant plus le cas puisque son arrivée sans aucune invitation suivait de très près celle de la jeune femme qui m'avait appelé. Que faisait-il là ? Avec sa dégaine de tueur j'aurais presque eu envie de penser qu'il devait accomplir un contrat avec pour cible Emilia. Devait-il la tuer ? Je fronçais les sourcils. Qui aurait intérêt à faire tuer une veuve sans le moindre sou ? Personne de mon point de vue. Mais mes pensées ne purent pas vagabonder plus loin puisque l'homme pris la parole. J'eus une légèrement moue en entendant sa voix si masculine... j'avais l'impression qu'elle jurait au sein de l'Eden. Je croisais ensuite les bras sur ma poitrine tout en fixant l'impoli.

- Que Mère Nature m'en soit témoin les hommes sont de plus en plus rustres ! Il fut un temps où la bienséance voulait que l'on annonce sa venue, que l'on salue et que l'on se présente, déclarais-je le plus naturellement du monde avant de reprendre. Vous êtes ici dans l'Eden, chez moi et je suis Poison Ivy... Et vous êtes … ?
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Difficile de se dire qu’avec une végétation aussi luxuriante on se retrouvait en plein Gotham et pas du tout en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud. Je n’avais jamais observé ce genre de plante à l’état naturel, en tout cas pas dans tout l’état. Ce n’était pas tellement une considération qui était particulièrement importante à l’heure actuelle mais quand même je devais bien avouer que c’était étrange. Jenni et Tabi seraient sans doute émerveillées et leur mère aurait sans doute pris grand plaisir à les emmener visiter un tel jardin botanique… Mais ce n’était pas pour autant que moi j’y serais venu. Sans doute en mission quelque part, à l’un des recoins de ce monde qui pullulait de vie. Mais là moi ce que j’y voyais surtout, c’était la remarquable aptitude des êtres humains à se retrouver dans de mauvaises situations mais pourtant de continuer d’y faire face. Je restais là, malgré le danger et l’inconnu, avec toujours pour seul objectif ce que j’avais en tête depuis le début ; tuer cette femme que j’étais venu trouver jusqu’ici, sous les combes de Robinson Park.

La rencontre que j’allais faire, elle, ne saurait sans doute pas être pire. Je notais tout de suite, à son attitude, à son accoutrement et à sa posture, que j’étais en face de la maîtresse des lieux. Elle était grande. Fière. Elle semblait désapprouver ma présence ici, et ne démontrait aucune peur. Comme si mes armes ne pouvaient rien contre elle. Difficile à dire. Je n’avais jamais affronté ce qu’on pourrait sans doute qualifier de méta-humain dans mon jargon de la DIA d’avant la Chute. Je ne sur-réagissais pas, pourtant, car les pouvoirs prêtés à cette femme semblaient proches d’être littéralement mystiques, et on lui prêtait beaucoup d’ascendant sur les végétaux. Capable de tordre leur croissance et leurs capacités à loisir. Je ne connaissais pas la part de vrai et de faux dans tout ceci, mais je n’étais pas prêt à prendre de risques sans certitude absolue de ce qu’elle valait, et de ce qu’elle voulait. Ses bras croisés sur sa poitrine et son air réprobateur me laissaient déjà l’idée que je n’étais pas réellement le bienvenu.

Je restais le regard fixé droit sur elle malgré le masque de miroir qui me cachait le visage. La rouquine déplora mes manières, et me reprochait de ne pas m’être présenté. Tout en me confirmant sa propre identité. Je me rapprochais encore un rien. Et sans la quitter du regard, je baisse un peu la tête et courbe un peu l’échine. Si elle se prenait pour une reine… Autant manifester le respect qui lui était dû. Et en profiter pour aller buter la cible qui s’échinait à disparaître en son domaine.

| Je suis Mirror, madame. Et bien désolé d’être entré chez vous sans votre permission. Mais je pourchasse quelqu’un ici qui m’a échappé au dehors. Quelqu’un qui doit mourir. Je peux le faire avec votre permission… |

Je baissais mes mains gantées à proximité de mon abdomen et de mes hanches, pas si loin que ça se mes armes.

| Ou sans elle. Mais je ne viens pas en ennemi, pour vous. |

C'était bien la première fois que je me retrouvais dans une telle situation, pourtant Emilia n'était pas la première femme que j'invitais à venir vivre au sein de l'Eden. Jusqu'à présent je n'avais jamais rencontré aucun souci et surtout pas avec un genre d'assassin. Alors en quoi la veuve Turing était-elle différente ? Je ne voyais aucun début de réponse à cette question. Elle ne possédait rien, même pas son logement ou un véhicule ; elle n'avait pas le moindre argent de côté puisqu'elle avait du mal à boucler les fins de mois. La jeune femme n'avait pas non plus de famille richissime à Gotham ou ailleurs à qui on aurait pu demander une quelconque rançon.
Alors pourquoi cet homme poursuivait celle que je dissimulais à ses yeux. Ne trouvant aucune réponse à mes interrogations et ne voulant pas laisser transparaître ma frustration, je reprochais à l'inconnu son manque de respect. Je gagnais du temps ? Bien sûr ! Je lui disais donc qu'il était impoli de débarquer chez quelqu'un sans prévenir, de ne pas saluer, de ne pas se présenter et tout le tsoin-tsoin.

Très vite j'arquais un sourcil et je penchais la tête sur le côté, intriguée, en observant le manège de l'intrus... Pourquoi est-ce qu'il s'inclinait ? Il y avait une nouvelle façon de saluer dans Gotham dont j'ignorais l'existence ? Je ne le pensais absolument pas. Les hommes vivant dans cette ville étaient bien trop rustres pour revenir aux salutations moyenâgeuses mais qui avaient leur charme. Je me demandais donc si l'homme armé ne me prenait pas pour une espèce d'idiote ! Pensait-il vraiment que je ne l'avais pas vu se rapprocher de manière qui semblait se vouloir discrète ? J’espérais pour lui que non. Je détestais que l'on pense de moi que j'étais une gourde.
Tapotant du pied je l'écoutais se présenter. Mirror... Mirror... Dis-moi... Non, ne nous égarons pas. Et puis ce petit nom que l'homme s'attribuait devait être en rapport avec le masque qu'il portait. Je regardais d'ailleurs mon reflet dedans et réajustais une mèches de mes cheveux roux. Je stoppais très vite mon geste, surprise. L'idée du meurtre m'avait effleurer l'idée concernant le but de sa venue mais je n'avais toujours trouvé aucun motif. La folie ? A Gotham cela ne serait pas étonnant. En plus il me demandait la permission.

- Oh ! Parce que cette personne que vous recherchez au sein de l'Eden c'est dans le but de la tuer ? demandais-je avant que lui même ne reprenne la parole.

Un coup d’œil aux mains de l'individu m'agaça tout autant que ses paroles. Je décroisais les bras pour poser mes mains sur mes hanches et enfin arrêter de tapoter du pied.

- Mirror ! Mirror ! Vous dites ne pas venir en tant qu'ennemi mais vous vous permettez de me menacer, en quelque sorte. Je haussais les épaules. Mettons que cette Emilia est toujours sur mon domaine ; vous devez savoir que je protège les femmes au sein de l'Eden. Je n'accepterai donc pas que l'une d'elles se fasse tuer dans le lieu sensé les protéger. Je marquais une pause. Et il s'agit de quoi ? Un contrat ? Une vengeance ? Vous tuez par plaisir peut-être ?

Un contrat serait la meilleure réponse car il était facile de le contrer. Les hommes aimaient l'argent et je pouvais en obtenir pour doubler la mise.

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Je savais que je marchais sur des charbons ardents et que les pouvoirs de cette nana -classée terroriste au sein de la DIA pour laquelle je travaillais jusqu’à il n’y a pas si longtemps – allaient sans aucun doute me mettre en pièce. Autant dire que je ne pouvais pas vraiment lutter, sauf à être le plus rapide à dégainer. Pour l’instant je préférais opter pour la diplomatie, car en bon militaire je ne savais tout simplement pas où je mettais les pieds, car je n’avais encore jamais éprouvé la folie de pousser une reconnaissance « pour le fun » en plein cœur de l’eden. Forcément cela me laissait quelque part un rien aux abois et il était difficile d’imaginer ce que cet endroit pouvait receler comme dangers qui m’étaient encore invisibles à ce stade. Je prenais garde, alors. J’avais l’impression sans doute avérée de me retrouver face à des négociateurs de gangs terroristes à Tripoli, après la chute de son dernier dictateur. La comparaison n’était pas dénuée de fondements quand on connaissait le pedigree de la rouquine…

La DIA s’était intéressée à elle, un moment. On avait vite compris que ce serait sans doute pour développer des armes spéciales en milieu arboricole ou en pleine jungle, mais les choses n’étaient pas allées plus loin. Quoiqu’il en soit, la rouquine me dévisage en maîtresse des lieux et je sentais bien que je n’aurais sans doute rien à gagner à la défier de quelque manière que ce soit. Bon, essayer de prendre un rien d’ascendant sur les débats n’aidait pas vraiment et il fallait encore que je me rapproche si je voulais avoir une quelconque chance de m’en sortir si les choses en venaient finalement à mal tourner. Candide, la jeune femme remise une mèche de ses cheveux en se voyant dans mon masque. Je souris, dessous.

| Oui. Je ne suis pas venu cueillir des fraises, sauf votre respect. |

Ou alors, sa fraise à ma cible, mais ce n’était sans doute pas le moment de faire de l’esprit et de se montrer puéril ; le danger était toujours bien présent. Je me fais alors réprimander, et je me stoppe. Mais je sens que la jeune femme à autre chose à proposer et qu’elle ne se lance pas dans une confrontation directe ; elle gagne du temps. Pour permettre à ma cible de s’enfuir ? Je devais sans doute déjà faire mon deuil de la tuer, puisqu’elle devait être loin après avoir éhontément profité de cette véritable diversion…

Je soutiens ses yeux verts sans ciller, sans décrocher du regard. Je ne m’y trompe pas, c’est une forme de lutte entre volontés qui se joue ici.

| Je ne vous menace pas, madame. J’énonce des faits ; je suis là pour la tuer et peu importent mes raisons, non ? La question c’est à quel point vous tenez à elle ? Je ne suis pas un agresseur sexuel, je n’en ai pas après elle parce qu’elle est une femme. C’est tout ce que vous avez besoin de savoir. |

Entre fous on veille sur ses propres pathologies comme autant de jardins secrets, non ?

Est-ce que j'avais peur de mourir ? Non ! Je ne pensais pas mon heure venue... Mais peut-être me trompais-je ! Après tout cet homme était ici pour tuer. Bien sûr je n'étais pas sa cible et il n'avait pas l'air d'avoir envie que je le devienne, mais je ne le connaissais pas et j'ignorais tout de sa motivation. Pour ma part je détestais tuer ! Prendre une vie gratuitement, sans aucune raison, ce n'était pas mon genre. Je faisais partie de la catégorie des Supers Vilains comme nous appelaient certaines personnes mais je n'étais pas... comment dire ? … Je n'étais pas méchante.
J'avais causé des morts mais les personnes ayant perdu la vie par ma faute n'étaient que des dommages collatéraux ou des dangers de la société et ces derniers ne comptaient pas. Les violeurs et autres hommes violents ne méritaient pas de fouler le sol de notre Terre. Les autres avaient perdus la vie en se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, c'est à dire lors de mes attentats. Mais ils n'étaient pas personnellement visés. Donc je n'étais pas réellement une tueuse de sang-froid comme semblait l'être celui qui me faisait face et qui me confirmait qu'il était bel et bien là pour tuer mais en le faisant d'une manière... amusante. Je haussais alors les épaules...

- Des fraises ? J'imagine que non ! Ce n'est absolument pas de saison Très Cher... Cependant j'ai de superbes framboisiers et myrtilliers qui offrent des fruits succulents en ce moment, répliquais-je un sourire en coin. Mais je suppose que vous vous en fichez royalement... ce qui est bien dommage ! Ces fruits sont très bons pour la santé et le sont d'autant plus puisqu'ils sont cultivés ici. Les enfants ne cessent de venir en piquer d'ailleurs, racontais-je sur le ton de la conversation.

Quelques éclats de rires enfantins éclatèrent un peu plus loin... Je savais que certains rôdaient car mes enfants végétaux m'avaient prévenus de la petite escapade des gamins, sûrement pour récolter ''illégalement'' les fruits que j'avais cité juste auparavant. Jetant un coup d’œil dans la direction de la rigolade je levais la main pour ordonner à mes enfants de m'isoler avec l'intrus. Des lianes se dressaient, s’emmêlaient entres elles et grimpaient pour nous séparer de la partie où se trouvaient les enfants. J'avais pris soin de faire en sorte que l'arbre dans lequel je me trouvais un peu plus tôt se retrouve lui aussi de l'autre côté.
Reportant mon attention sur l'homme je reprenais la parole de manière très sérieuse.

- Je me suis dis que les enfants n'avaient pas besoin de tomber sur vous... Ils ont tendances à faire comme bon leur semble parfois ! Je trouve ça adorable habituellement. Mais cette fois-ci, je pense que ce comportement est dangereux puisque vous êtes là... avec vos armes ! Et moi je suis là pour les protéger.

Je devais les protéger au sein même de l'Eden alors que je leur avais promis qu'ils y étaient en sécurité. Était-ce vraiment le cas si des individus comme Mirror pénétraient ici pour traquer une cible ? Qu'aurait-il fait s'il était tombé sur l'un des enfants ? Ou l'une de mes protégées ?
Je fronçais les sourcils alors qu'il disait ne pas me menacer. Moi je me demandais si son casque était seulement là pour cacher son visage ou s'il filtrait aussi l'air ambiant. Dans le premier cas, je pourrais libérer quelques toxines pour le réduire à néant... mais la première qui me venait à l'esprit était paralysante et entraînait la mort. Je ne voulais pas le tuer. Je voulais qu'il oublie pourquoi il était là !

- Peu importe les raisons ? répétais-je. Non... Non. Chaque vie d’innocent à de l'importance ! De manière invisible je me décidais alors à libérer des toxines amnésiantes de ma création pour qu'il oublie pourquoi il était là. Je me rapprochais même de lui pour qu'elles soient plus efficaces dans le cas où son masque ne le protégeait pas. La peau aussi absorbait ces toxines mais couvert comme il l'était... Je suis désolée mais vous savez qui je suis et vous savez où vous êtes... Ce n'est un secret pour personne que l'Eden est un refuge pour les femmes et les enfants. Je ne peux donc pas vous aider à retrouver une femme innocente pour que vous l'exécutiez.

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Je devais réviser la priorité de mes objectifs, désormais. Faire en sorte de pouvoir me tirer vivant et entier de ce nid de saloperies végétales serait déjà une belle réussite, sans le moindre doute. Il ne manquait plus qu’à tenir tête à une autre tarée en puissance. C’était clair à mes yeux que la rouquine avait dû perdre une bonne partie de son sens commun ; elle déblatérait le plus naturellement du monde alors que j’étais en position de dégainer et de faire voir le jour aux plantes qui lui servaient de cerveau. Mais non, elle continuait. Je ne savais pas à quel point c’était dû à la grande confiance qu’elle semblait porter en elle ni à quel point ce simple fait découlait de son niveau de pouvoir. Dans tous les cas, je ne pensais pas qu’elle soit tarée au point de faire la conversation sans un atout dans sa manche. On racontait toutes sortes d’histoires horribles à son sujet, et j’avais pu lire certains des rapports qui l’impliquaient dans de nouvelles formes d’éco-terrorisme. Elle en avait tué, des gens, au cours de son existence. Et ça ne risquait sans doute pas de s’améliorer de sitôt. Je l’écoute donc quand elle parle fruits, mais je réplique, sur la défensive.

| Ben si vous voulez me filer des fruits, moi je veux bien hein, mais ça sera que du bonus à la tête de Turing que je suis venu chercher. Je pourrais même les distiller et vous les rendre en bouteille, pour vous décoiffer un peu. |

Facile à faire, avec l’alambic qui me servait jadis à faire de la bière maison dans le sous-sol. Maintenant, je faisais de la goutte avec tout ce que je trouvais comme fruits. Dans le jardin un peu, ailleurs beaucoup. Les gens ne savaient même plus reconnaître ce qui était comestible de ce qui ne l’était pas, ce qui nous laissait maîtres de ce qu’il restait. Quand elle évoqua les enfants, je fuyais son regard. Je me rappelais de mes filles. Et forcément, comme pensé plus tôt, ce qu’elles auraient sans aucun doute adoré dans cet endroit. Mais je relève brusquement les yeux, droit dans les siens, quand elle évoque les enfants qu’elle devait protéger de moi. L’ancien Mills aurait hurlé son innocence mais à quoi bon, aujourd’hui ? Des enfants, j’en avais déjà tué. Ca m’avait déchiré l’âme plus que tout le reste, mais je l’avais fait. Ma main se crispe perceptiblement par-dessus mon arme rangée dans son holster.

| Je ne suis pas là pour les enfants. Et je n’aime pas beaucoup plus que vous les menaces, madame Ivy. |

Je ne savais pas encore ce que c’était que cette utopie à laquelle j’assistais, mais c’était quelque chose. On aurait dit ces îles mystérieuses dans les films, quand il était question d’endroits paradisiaques où tout le monde était beau, tout le monde était gentil. Quoiqu’il arrive, les choses semblaient parties en ce sens, ici. Je me demandais à quel point les gens venus jusqu’ici étaient encore en pleine possession de leur libre arbitre… Poison Ivy était connue pour utiliser toutes sortes de toxines, après tout. Je la choquais, visiblement. Mais je soutenais son regard.

| Personne n’est innocent. Jamais. |

Mais quelque chose change. Je ne sais quoi. Je suis sur mes gardes. Je commence à froncer les sourcils. Et pointe mon arme sur elle, la dégainer. Je secoue la tête, transpirant du front, comme gêné par quelque chose. Le monde devient flou autour de moi.

| Qu’est-ce que… Qu’est-ce que vous me faites ? |

Je cligne plusieurs fois des sourcils, me tiens la tête même avec ma main tenant mon arme. J’ai mal au crâne, je transpire. Je redresse les yeux vers la rouquine face à moi.

| Vous êtes qui vous, putain ? |

Je levais les yeux au ciel aux remarques de Mirror. Mes fruits je les vendais car ils restaient un revenu comme un autre et il m'était arrivé d'en donner, de manière anonyme avant la Chute, aux centres qui recueillaient les femmes battues et leurs enfants. Mais à lui, il était hors de question que je lui en offre.

- Je fabrique moi aussi de l’alcool à base de fruits ou de plantes... Il ne sera donc pas nécessaire de m'en fournir de vos réserves, répliquais-je hautaine.

Bien entendu je n'évoquais pas le sujet Emilia Turing. Je n'avais pas avoué l'avoir vu et je ne comptais pas le faire... Je partais du principe que l'homme devait penser que sa cible était loin maintenant. C'était sûrement pour cela qu'il commençait à être sur les nerfs. Il devait se rendre compte qu'il avait raté son coup.
Pour ma part, ce qui m’agaçait, me stressait même, c'était les rires des enfants. Ils étaient trop près à mon goût. Les armes à feu étaient dangereuses et hors de mon contrôle. Voilà pourquoi je faisais en sorte que les gamins ne puissent nous rejoindre. Levant les yeux au ciel, je soupirais aux paroles de l'homme. Il n'aimait pas les menaces...

- Voilà qui nous fait un point commun... et je n'ai pas dit que vous étiez là pour les enfants ! Cependant un accident est si vite arrivé avec ces engins là, déclarais-je en indiquant les armes à feu. Je les déteste et c'est encore plus le cas lorsqu'elles se trouvent sur mon domaine. Puis je lui demandais à nouveau les motivations de sa traque mais je n'eus aucune réponse si ce n'était que personne n'était innocent. Je haussais les épaules. Peut-être, ou peut-être pas ! Mais certaines personnes sont plus innocentes que d'autres, certaines le sont plus que vous et moi par exemple...

Bon, il était déterminé et si les paroles ne le faisaient pas partir j'allais devoir agir autrement. La manipulation de l'esprit via mes toxines était le second plan ! J'espérais simplement que son masque ne les filtreraient pas... et qu'à défaut de le tuer, mes toxines lui feraient oublier pourquoi il était là. Car oui, j'avais fait le choix de toxines amnésiantes et visiblement elles agissaient !
Cependant, elles le stressaient aussi et il dégaina son arme. Je levais les mains en entendant sa question et mentais à la perfection.

- Moi ? Je ne fais rien... Vous vous trouvez juste au mauvais endroit au milieu de ces plantes.

Qui j'étais ? Euh... Je ne pensais pas que cela fonctionnerait autant. Il faut dire que le dosage des toxines transmises à la personne visée était beaucoup plus difficile de cette manière mais peu importe. J'allais gérer le problème. Il le fallait si je ne voulais pas me prendre une balle dans la tête. Les mains légèrement levées je reprenais la parole.

- Qui je suis ? Poison Ivy, anciennement Pamela Lilian Isley, répondis-je. Et vous êtes chez moi, dans l'Eden. Vous étiez en train de traquer quelqu'un et cette personne est entrée dans le parc. Vous l'avez suivi et vous avez visiblement perdu sa trace. Chose normale puisqu'il a été capturé par mes gardiennes et reconduit dehors. Il faut dire qu'elles sont plus douce que moi... pour ma part il aurait servi d'engrais à mes plantes ! déclarais-je. Quand à vous Mirror, vous vous trouvez au milieu de plantes modifiées génétiquement par mes soins et dont les spores provoquent des amnésies. Je mentais à la perfection et ce, depuis toujours ! Il avait bien fallu pour moi travailler cette capacité pour dissimuler aux yeux de tous les travaux et expériences que nous faisions avec mon mentor. Je peux donc demander à mes gardiennes de quel côté elles ont mis notre intrus à la porte pour que vous repreniez votre traque à cet endroit. Enfin, si vous arrivez à vous souvenir de l'identité de l'homme. Quoique mes gardiennes doivent se souvenir elles ! Ainsi vous pourriez reprendre votre traque et moi je serais de nouveau certaine qu'aucun homme ne foulent mon domaine.

Mensonges, mensonges... L'avantage était que je pouvais vraiment demander à mes gardiennes de mettre l'assassin sur la piste d'un homme. Un espèce de clochard avait essayé de rentrer dans le parc en milieu de journée... Un pauvre bougre alcoolisé qui cherchait un refuge. Il avait été reconduit dehors car il n'avait rien de dangereux, il s'agissait là d'un pauvre type qui avait tout perdu avec la Chute, son travail, sa famille... un survivant quoi !
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La jeune rouquine ne semble pas franchement portée sur mes arguments. Je continue de gagner du temps, de tisser une sorte de lien qui puisse résister à l’impulsion de la facilité qui viserait sans nul doute à me donner la mort. Ca ne devait pas lui causer un grand cas de conscience ; la rumeur disait qu’elle avait un problème avec les hommes et qu’elle ne comptait en aucun cas leur laisser libre cours sur son territoire. Je pouvais comprendre ce souci, compte tenu du fait qu’il y avait sans doute beaucoup plus de fils de putes que de radasses en ville… Encore que. Regardez celle devant moi. Eco-terroriste et tueuse sans vergogne. Est-ce qu’elle était pire ou mieux que moi ? Il faudrait sans doute être un excellent juriste pour savoir le dire avec certitude. Je haussais les épaules à la mention de sa petite occupation, dont le résultat de distillation devait sans aucun doute être bien supérieur au mien.

La rouquine continue de maintenir sa position face à moi. Je note son aversion pour les armes et le fait qu’elle les pointe du doigt comme des choses potentiellement hors de contrôle… Et franchement, on ne pouvait pas vraiment dire que je sois en mesure de la contredire. Il y avait bien trop de dérapages quand on s’armait de ce genre de matériel, c’était quelque chose que tout le monde avait pu lire ou connaître dans les journaux à un moment donné, et les situations que nous traversions collectivement depuis près de deux ans ne devait aucunement contribuer à raviver la confiance dans les armes à feu. Léger regard amusé, sourire qui se faisait plus franc et plus carnassier.

| Un accident arrive quand on n’a pas la maîtrise de soi ou de l’arme, mais je peux comprendre la réticence. |

Même si mes filles n’étaient pas mortes par elles. C’est alors que je me retrouve dans une sale position, avec une perspective chamboulée. Pour avoir déjà respiré des gaz de combat et d’avoir testé dans une lointaine jeunesse certains hallucinogènes, je notais que je subissais une attaque de ce genre, mais très vite la sensation se calma pour ne plus générer que du vide. Un vide immense. Dans lequel l’écho de mes pensées m’accaparait tout entier, comme si mon âme hurlait dans l’espace ainsi dégagé. Je me sentais perdu. Attaqué.S ans me rappeler par quoi. Mes souvenirs disparaissaient. Pourtant je n’étais pas ivre ? je ne ressentais aucune drôle de sensation ni dans mon corps ni dans ma tête.

Si, quand même. J’avais mal au crâne. Je secouais la tête comme pour me débarrasser d’une sensation désagréable, et j’avais du mal à me concentrer sur ses paroles. Que… Quoi ? Elle m’avait infecté avec ses plantes, sérieusement ? Un type que je pourchassais, mais pourquoi ? Qui ? Pour quelle mission ? J’avais le vertige et le cœur au bord des lèvres, et perdre pied comme ça sur le terrain je n’en avais pas l’habitude. Que ce soit la tension ou bien le

| Je euh… Oui. Je veux bien savoir par où il était parti, du coup. Je… Qui c’était ? Elles sont où vos gardiennes ? |

Mission compromise, je devais trouver un point d’extraction et me tirer très vite pour reprendre mes esprits.

L'un comme l'autre nous étions en train d'essayer de gagner du temps. Pour ma part la raison était évidente. J'essayais de faire croire à l'assassin qui poursuivait Emilia que cette dernière était en train de fuir à l'autre bout du parc, et pourquoi pas de la ville alors qu'elle était perchée juste au dessus de nos têtes. Mais lui, pourquoi agissait-il ainsi ? A cause de ma réputation ? Sûrement. Pourtant certaines histoires à mon sujet n'étaient que des rumeurs infondées ; mais je n'étais pas folle... Elles avaient beau me faire passer pour une meurtrière au sang froid, elles n'en restaient pas une arme de défense. En effet, certains ne s'approchaient pas uniquement par peur de ce qu'ils avaient entendu. Bien sûr, j'avais déjà tué ! Mais je n'offrais pas aller en Enfer à tous ceux qui pénétraient ici. Certains en ressortaient en vie mais ils ne le savaient pas ; du moins ils ne s'en souvenaient plus puisque mes toxines faisaient des merveilles pour effacer la mémoire. Et puis faire disparaître des corps était quelque chose qui m'ennuyait par dessus tout mais que je devais faire. Non pas pour faire disparaître les preuves de mes crimes mais uniquement parce que l'odeur de corps en putréfaction était grandement désagréable !

Mais cet homme-là, celui qui me faisait face n'avait rien à voir avec les autres. Il arrivait que certains entrent armés mais ce n'était que de couteau ou arme de fortune... Ce Mirror était aussi bien équipé qu'un militaire ! Il était donc dangereux malgré ses belles paroles concernant la maîtrise des armes et de sa personne. Il était vrai qu'un flingue n'était pas nuisible si personne ne l'utilisait mais tout de même !
Aussi je haussais les épaules ; il pouvait me dire ce qu'il voulait... armé comme il l'était Mirror représentait une menace pour moi et tous ceux que je protégeais.

- Vous avez sûrement raison... Le niveau de dangerosité des armes à feu va de pair avec celui des humains qui les portent, avouais-je.

Puis je me décidais à agir en espérant que l'assassin ne soit pas équipé d'un masque qui filtrait l'air. Cela aurait été une très mauvaise nouvelle pour moi mais je remarquais vite que ce n'était pas le cas. Mes toxines fonctionnaient mais contrairement aux autres Mirror se rendait compte que quelque chose clochait. Comment cela se faisait-il ? Je n'en savais rien mais il me menaçait de son arme et cela ne me rassura pas. Pourtant je continuais sur ma lancée en lui expliquant qu'il poursuivait un homme, qu'il s'était arrêté au mauvais endroit au milieu de ces plantes, etc.
Mais tout pouvait s'arranger s'il acceptait que je le conduise à mes gardiennes pour qu'elles le remettent sur la piste de sa cible.

Je baissais légèrement les mains lorsque l'assassin reprit la paroles, l'esprit complètement dans le vague. Je ne pouvais répondre qu'à une seule question... Bien sûr j'aurais pu lui imprimer quelques captures d'écran des caméras de surveillance que j'avais installé mais l'homme était intelligent. Même si je découpais les images pour faire disparaître l'heure il se rendrait compte que quelque chose n'allait pas.

- Je demande rarement à ce que les intrus qui viennent ici me donne leur identité... sauf quand ils semblent vouloir s'incruster comme vous en aviez l'intention, déclarais-je. Mais mes gardiennes pourront vous en faire une description parfaite, voir même un croquis. Je marquais une pause. Je suppose que vous préférez rejoindre le lieu où votre cible a été relâchée par l'extérieur du parc... cela vous évitera de mettre les pieds n'importe où ! Ivy à Colibri, dis-je dans le talkie-walkie. Je vous rejoins avec un... quelqu'un qui a besoin de renseignement concernant l'homme que vous avez raccompagné vers la sortie. Il était à sa poursuite !

- Colibri à Ivy, c'est noté.

Je remerciais la Nature mère pour la rapidité de réaction de mes protégées. Le clochard avait était raccompagné il y avait déjà plusieurs heures ! Mais ce n'était pas forcément une mauvaise nouvelle. Alcoolisé comme il l'était il ne pourrait pas dire se souvenir à quel moment il était venu ici et ne serait sûrement pas allé bien loin... Il errait sûrement encore à la recherche de sa femme et sa fille...
.

J’étais perdu, au plus près sans doute de la nausée et de ses débordements physiques. Je ne savais pas ce qui me touchait, mais ça me chamboulait profondément. J’étais sous l’empire de quelque chose d’étranger. Les palpitations de mon cœur ne restaient pas sous contrôle et que ce soit le rythme ou la puissance, tout déraillait totalement. Je devais déglutir pour passer l’envie de vomir, mais je me sentais toujours aussi fébrile avec la respiration tout aussi erratique que le reste. Je sue, abondamment. Je n’aime pas ce que je ressens. C’est comme le bad trip après une forte prise de psychotropes, mais là c’est dangereux. Toujours cet instinct de survie qui me hurle de tenir bon et de me barrer, pour reprendre mes esprits. Mais je ne sais pas qui est cette femme face à moi. Pourtant j’ai le sentiment de la connaître, cette tenace et presque douloureuse impression physique… Son nom, bien sûr, me pousse à la croire. Et renforce le sentiment de danger. Je ne suis pas à l’abri, malgré le fait d’être armé. Et je suis totalement à découvert, ce qui n’aide pas à surmonter la situation.

L’instinct me souffle que tirer serait une connerie. Pourtant, la gâchette me démange et il est compliqué de ne pas répliquer, comme le ferait une bête qui se sent acculée.

La rouquine me dit qu’elle veillait aux allées et venues en son territoire, mais certainement pas de façon aussi détaillée et fournie que je l’aurais escompté. Ce n’est pas un drame en soi, loin de là. Mais je sens que je suis piégé. La situation a totalement échappé à mon contrôle et on dirait qu’il n’y a rien de plus que je puisse faire.

La belle décide de la suite. Elle mène la barque. Je suis battu. C’est à cause d’elle, à cause de cet endroit maudit. Je dois m’en aller, et revoir mon plan. Et je dois me rappeler. Où diable avais-je eu le sentiment de l’avoir vue ? Je secouais la tête. Mon instinct, lui, me soufflait que je n’étais pas loin des limites du parc. Rangeant armes et refermant poches et holsters, je relevais mes mains gantées, ouvertes, en signe de paix, pour prouver que je ne comptais pas lui faire de mal, ou l’attaquer.

| Non… Je suis désolé. Je ne me sens pas très bien. Je n’aurais pas dû pénétrer dans votre domaine, Poison Ivy. |

C’était pragmatique ; si je devais revenir, ce sera avec tenue complète et masque à gaz, bordel de merde. Je ne savais même plus vraiment pour quoi et pour qui j’étais là !

| Je ne vais pas vous embêter plus longtemps, je vais repartir d’où je viens… D’accord ? |

Je commence à reculer, mains toujours à mi-hauteur.

| Je ne veux pas de problèmes avec vous, Ivy. |

[HJ je pense qu’on peut clôturer, qu’en penses-tu ? Sauf si tu veux rebondir !]

La situation s'arrangeait mais elle restait dangereuse. L'homme était en train d'oublier qu'il cherchait Emily et c'était ce que je voulais. Bien sûr, contrairement à mes autres protégés la jeune femme ne pourrait pas rester là ! Les toxines que Mirror avaient inhalées provoquaient des amnésies mais ces dernières n'étaient pas permanentes. Enfin... Elle pouvaient l'être sur des personnes fragiles, alcoolisées... en bref, affaiblies. L'assassin n'avait pas l'air de faire parti du lot ! Il était visiblement entraîné à flirter avec le danger et cela le rendait encore plus menaçant.
Pourtant je ne le tuais pas... Je ne le faisais pas alors que cela aurait été tellement facile, surtout maintenant. Peu m'importait son arme ; les miennes étaient plus mortelles puisqu'on ne les voyait pas agir. Pourtant je regardais de temps en temps l'arme me demandant s'il allait s'en servir ou pas. Dans un tel cas je n'aurais rien pu faire et heureusement cela n'arriva pas, il rangea ses armes avant de lever les mains en signe de paix et de reprendre la parole. Je hochais la tête aux paroles de Mirror.

- Effectivement vous n'auriez pas dû venir ici sans invitation, confirmais-je, cela vous aurait éviter ce désagrément. Mais l'erreur est humaine comme on le dit si bien.

Puis l'homme refusa de suivre ma proposition. Visiblement il ne voulait plus retrouver sa cible et je devinais pourquoi. Il ne fallait pas être sotte pour comprendre. Mirror voulait s'éloigner de mon domaine pour retrouver ses esprits. Combien de temps cela lui prendrait-il ? Je n'en savais rien mais j'allais devoir agir très vite après son départ.

- Colibri, changement de plan. L'individu s'en va. Terminé. Puis je regardais l'homme. C'est comme vous voulez ! Je ne vais pas vous forcer à partir traquer quelqu'un.

Je le regardais reculer et hochais la tête à ses paroles.

- Je ne veux pas de problèmes en général. Puis je regardais l'assassin s'éloigner et reprenais la parole une dernière fois. Mirror ! Essayez de ne pas oublier que vous êtes sorti de l'Eden en vie et ce, malgré nôtre rencontre.

Puis je regardais l'homme partir... Je m'aventurais jusqu'à l'entrée par laquelle il était arrivé et je la condamnais temporairement par des lianes. Il était maintenant temps que je m'occupe de faire sortir Emily du parc, mais aussi de Gotham.

End

» Don't Walk Away [Intrigue I - Terminé]
» Some things can only be seen in the shadows... [Intrigue I - Terminé]
» Les ailes de la liberté [Intrigue I - Terminé]
» Coup de Grâce | Intrigue 1 - Terminé |
» Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie... Ou pas! [Intrigue I - Terminé]