Alyson est née la première, en ce 28 Septembre 1995. Evidemment, elle a passé son enfance à me le rappeler. Deux petites minutes de plus que moi, et elle croyait tout savoir ! Moi j'ai une autre vision des choses. Et tous les artistes seront d'accord avec moi : Avant de créer une œuvre, on fait un brouillon. Alyson est donc mon brouillon, et moi je suis l'œuvre d'Art. Ce qui explique aussi qu'on ne se ressemble pas réellement. Le créateur était visiblement indécis.
Plus prosaïquement, nous sommes fausses jumelles. Et à ceux qui disent qu'on ne se ressemble pas, je réponds généralement qu'on aurait bien pu être de sexe différent.
1995 - 2009 : Une enfance comme les autres.Quoi qu'il en soit, cette naissance n'avait rien à envier à n'importe quelle autre naissance. Et notre enfance, du moins ses débuts, rien à envier à n'importe quelle enfance.
Le salaire de notre père, banquier de son état, suffisait amplement à ce que notre mère quitte son emploi sans grand intérêt, et devienne femme au foyer. Il faut croire que ce statut lui plaisait, elle était toujours bienveillante et patiente avec nous, de mes souvenirs.
Nous avions un grand frère, Robert dit Bob, de cinq ans notre aîné. Un grand frère digne des meilleurs grands frères, de ceux qui veillent au grain et apprennent les premières bêtises à faire à leurs petites sœurs.
Et quant à ma sœur, justement... Et bien il est compliqué d'expliquer une relation gémellaire. Tout est tellement plus complexe, entre nous, et de la part des autres. On nous compare sans arrêt, physiquement, intellectuellement, émotionnellement.
Et entre nous il y a cette alchimie indescriptible, ce lien si fort qu'il nous semblait indestructible, enfants. Mais nous étions le Yin et le Yang.
J'étais la studieuse quand elle préférait jouer qu'apprendre. Je faisais ses devoirs à sa place et j'étais la petite protégée de son groupe d'amis peu fréquentables. Echanges de bons procédés, en somme.
2009 : Ça a commencé à déraper.Pour notre 14ème anniversaire, on avait demandé une montre. Une jolie montre bijou sur laquelle on avait craqué toutes les deux... Et dont on ne verra pas la couleur. A la place de notre père, c'est un agent de police qui est venu frapper à la porte. Papa était mort en héros en s'interposant entre des voleurs et la vendeuse.
C'était brut, violent, et le deuil fut à tout le mieux chaotique. Alyson se mit à traîner d'avantage les rues, là où moi je me réfugiais dans la lecture et l'apprentissage. C'est aussi cette année-là qu'on découvrit qu'Aly' avait des pouvoirs de pyrokinésie. Je peux pas m'empêcher de penser que la mort de papa a été le déclencheur forcément. Et si certains la voyaient comme un monstre, moi je trouvais ça... extraordinaire ? Merde quoi, ma frangine était la meilleure !
De mon côté... RAS. Rien qui ne se développait.
Quelques mois plus tard, un homme prit place dans la vie de notre mère. William. Riche directeur d'un immense et obscure laboratoire. Au vu de la situation financière de ma mère, elle accepta très vite de déménager chez lui avec ses enfants. Nous, donc. Enfin... nous deux. Bob, lui, préféra prendre un appart' en ville.
Et un malheur n'arrivant jamais seul, un cancer particulièrement virulent frappa notre mère, dont la santé dégringola en chute libre en à peine six mois. Je ne peux pas m'ôter de la tête que cette maladie ne sortait pas de nulle part, mais bien sur.. je n'en ai aucune preuve.
2010-2011 : Descente en EnferDès le début d'année, William, devenu notre tuteur légal, nous inclut dans ses expériences. Au début des tests sur la gémellité, puis sur les pouvoirs d'Alyson. Puis, sur les deux. C'est au cours de cette année-là que j'ai développé mes propres pouvoirs. Quand à bout de force, à bout de nerfs, j'ai tout envoyé valdinguer dans la pièce. A partir de là je me suis retrouvée dans une cellule capitonnée et sans le moindre meuble. De quoi devenir folle, je vous assure.
Nous n'étions pas les seules cobayes, et il m'arrivait de croiser d'autres ado, rarement.
Fin 2011, il y a eu des alarmes, toutes les portes se sont verrouillées. Ce qui ne changeait globalement rien pour moi, certes. Mais il y a eu ces grands bruits, ces odeurs de fumées. Et personne qui n'accepte de me dire ce qu'il se passait. Ça me rendait dingue.
Après ça, les expériences avec ma soeur ont cessé. Ça m'a soulagée... avant de m'inquiéter. Il a fallu que je ruse, et pas qu'un peu, pour que j'apprenne qu'elle était partie.
Sans moi.
Sans moi.
2012-2015 : L'Enfer de DanteA ce moment-là, j'avais perdu tout espoir de sortir un jour de ce foutu laboratoire. Comme un gentil rat d'expérimentation, je donnais la papatte quand ils me le demandaient, faisais bouger les cubes, les meubles, des charges de plus en plus lourdes, jusqu'à m'évanouir parfois sous l'effort. Mais ça n'avait plus d'importance.
Début 2015 : un avant-goût de liberté.C'est un détail, un infime détail qui m'a redonné l'espoir de revoir l'extérieur. Une infime, minuscule fissure dans le béton, et qui remontait, a côté de mon matelas posé a même le sol. Je mis un moment à me dire que ça devait dater de l'évasion quelques années auparavant. Et surtout, je me maudis de ne pas avoir pensé plus tôt à l'exploiter. Alors à partir de là, s'organisa mon évasion.
2018 : Freedom.A force d'épuiser mes forces à faire bouger cette foutue fissure, aussi discrètement que possible, j'avais réussi à fragiliser le mur de ma cellule, et il me fallut toute mon énergie pour le faire voler en éclat, partant ensuite en courant et a l'aveugle, le crâne prêt à exploser de douleur.
Je serais bien incapable de savoir ce qu'il s'est passé ensuite. Black-out.
Au réveil, j'étais dans un lit de fortune, veillée par... un beau brun, pas désagréable à regarder, hein. Mais vu la frayeur que je me suis payée en ouvrant les yeux, il doit se souvenir encore du coup de coude qu'il s'est pris en pleine face avant que j'essaye de me carapater comme une sauvageonne. Mais entre mes jambes en coton et mon crâne toujours proche de l'implosion, autant dire que je ne suis pas allée bien loin. Au pied du lit, plus précisément. Pouf.
Ce qui a permis au brun de se présenter comme étant
Dick. Un chic type, vraiment. Du genre à me prendre sous son aile plutôt qu'abuser de ma faiblesse.
Et autant dire qu'il a dû user de patience vu mon état psychologique déplorable. A mi chemin entre l'enfant sauvage et le robot.
Et depuis ? Depuis, Dick garde toujours un oeil sur moi, je sais que je peux compter sur lui.
De mon côté, je suis ce qu'on appelle grossièrement une SDF. Je vais de squatte en squatte, parfois dans un refuge ou un autre, voire dans la rue quand je n'ai plus d'autre solution de repli. Je me trouve de petits jobs ici et là.
J'ai peu de proches, j'ai beaucoup de mal à me lier aux gens. Dick est l'exception qui confirme la règle, comme on dit.
J'essaye de planquer au maximum mes pouvoirs... Mais Gotham est ce qu'elle est, et quand je tombe devant une nana qui se fait agresser, ou n'importe quelle scène de crime finalement, je ne peux pas rester à regarder sans réagir. Ça me fait trop mal au coeur. Alors je fais ce qu'il faut, en restant dans l'ombre.
Et ma sœur dans tout ça ? Pour le moment je n'ai pas trouvé sa trace. Je me demande des fois si c'est pas mieux comme ça. Qu'est-ce que je lui dirai, en lui tombant dessus ? Après tout elle m'a abandonnée.
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