Animation d'intrigue: Assaut sur l'île d'Arkham

J’inspire longuement, mon regard rivé sur l’entrée qu’on surplombe depuis l’immeuble où on a pris place. Je sais pas si c’est une bonne idée. A dire vrai, je me dis que c’est probablement l’idée la plus dingue qu’on ait eue depuis deux ans. Et pourtant, je sens l’adrénaline qui circule dans mes veines rien qu’à l’idée de pouvoir agir. On débarque pas comme des touristes. On a étudié les plans, on a essayé de réfléchir à toutes les éventualités et, surtout, on est un groupe. Un vrai. On est plus juste des individus qui essaient de bosser ensemble. Les choses ont changé depuis la prison. Et je me tourne, jetant un regard en direction de Babs et de Jay, avec un mince sourire. « Je sais pas ce que ça va donner, mais on a eu raison de faire tout ça. »

Et je me focalise sur Zatanna quelques instants. « Merci de faire équipe avec nous. » Je suis rassuré de savoir la magicienne avec nous. Parce qu’elle a su me redonner de l’espoir en réapparaissant dans nos vies, elle m’a conforté dans l’idée qu’on avait pris la bonne décision en décidant de créer les Titans, malgré toutes les difficultés rencontrées.

Reste Garfield. Et Kate. Je les fixe un moment avant de souffler, à mi-voix. « Vous êtes des membres à part entière de notre équipe maintenant. On se serre les coudes, quoi qu’il arrive. On sait de quoi vous êtes capables et ensemble, on peut arriver à tout. » Même à l’impossible. Comme prendre d’assaut Arkham et essayer d’ouvrir cette fichue batcave.

Je grimace alors que je déroule pour la énième fois le plan, non sans jeter un œil au reste du groupe. « Je suppose que quelqu’un devrait faire genre un vrai speech pour motiver tout le monde mais perso, y a rien qui me vient. Faites juste attention à vous. Et vous aurez toujours quelqu’un pour assurer vos arrières. » Y a tellement de choses qui peuvent mal tourner que ça me file le tournis. Et pourtant, on va le faire. On doit le faire. Parce qu’on ne peut plus rester les bras croisés à voir notre équipement partir en lambeaux. Parce qu’on ne peut pas les laisser gagner. Cette ville est à nous, pas à eux. Ils n’ont pas le droit de prétendre le contraire.

On doit récupérer la batcave. Son équipement. Et advienne que pourra.

« Tout le monde est prêt ? »

Spoiler:

Je dois tellement faire des efforts colossaux pour ne pas sautiller sur place d’impatience et d’excitation. Je ne vais pas nier que j’ai aussi une petite boule au ventre, d’angoisse, bien naturelle. Contrairement aux quatres autres vêtus de leurs costumes, j’ai jamais fait un truc de ce genre. Je ne sais pas me battre, je n’ai pas de gadgets pour faire diversion ou me sortir d’une situation périlleuse. Je n’ai pas d’armure ni rien. C’est mon baptème du feu, comme on dit. J’espère que tout va bien se passer quand même. Je n’ai pas envie d’y laisser ma peau. Ni que l’un d’eux finisse mal. Je n’ai rejoint que très récemment leur groupe, dont le noyau dur se compose de Robin, Nightwing et Batgirl. Ces trois là se connaissent bien et se complètent, ils ont l’habitude de bosser ensemble. Pour Batwoman et moi, c’est un peu différent. Quelle surprise de la retrouver d’ailleurs, après notre rencontre hasardeuse et cocasse.

Quant à la nouvelle venue, je ne la connais pas. On m’a dit qu’elle était magicienne. Et une alliée donc, dans notre entreprise, qui n’est pas sans risque. Dick s’adresse alors à nous, rappelant que nous sommes des membres à part entière. Ouais… Faut encore trouver notre dynamique juste. Et c’est différent sur terrain réel qu’en entraînement. J’ai un peu commencé à apprendre à me battre, mais c’est trop récent pour que ce soit réellement constructif et utilisable, même si ils m’ont dit que j’avais un sacré potentiel. Ca m’a fait plaisir, clairement, et donné envie de les impressionner et de ne pas leur faire regretter leur décision. C’est le moment de le montrer d’ailleurs. « C’est un mantra ? » Je souris un peu, avant de soupirer à la suite. « Je suis trop déçu, je voulais mon discours hollywoodien moi. » Oui, j’aime bien dire des conneries et détendre l’atmosphère, chargée de tension. « Aussi prêt que possible. » Je n’ai pas d’équipement. Juste des fringues sombres et pratiques. Minimum syndical quoi. Je n’ai besoin de rien d’autre. De toutes façons, je sens que je vais très vite ne plus en avoir besoin. J’espère que ces dames ne sont pas trop pudiques, parce qu’il y a des chances que je les heurte sinon. C’est rigolo avec Barbara d’ailleurs, mais je ne sais pas encore ce que ça donnera avec Zatanna.

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Cela faisait à peine quelques semaines, moins de deux mois, que Kate était revenue. Quinze jours, depuis qu’elle avait retrouvé la trace de Dick et des autres, et autant qu’elle avait rejoint les Titans. Elle n’avait pas hésité, pas vraiment, et pourtant… Elle aurait peut-être dû, vu les déconvenues du passé. Mais elle s’était inquiétée pour eux, quand elle était à Métropolis, et encore plus quand la rumeur avait couru qu’ils avaient péri, et elle ne voulait plus revivre ça. Quitte à vivre dans la peur, autant le faire à leur côté – autant mourir à leur côté, si tel devait être leur destin. L’angoisse la prenait aux tripes, pourtant, chaque jour passé à Gotham. Mais était-ce vraiment différent à Métropolis ? Pas sûr.

Alors elle était des leurs, et elle s’était entraînée. Elle avait tenté de rafistoler leurs armes, autant que les siennes, sans grand succès, mais eh, ça ferait l’affaire. Elle avait elle aussi étudié les plans pour cette folle perspective. Tout en gardant Tara à l’écart de ses projets : elle ne pouvait pas concilier de travailler pour le Joker – même si elle avait averti ses acolytes – et d’être une Titan. Elle n’allait de toute façon pas se pointer devant Tara, l’air guilleret, et lui dire qu’elle combattait le crime masquée. Secouant la tête, elle se concentra sur le moment, décidant de mettre tout ça – et ses cas de conscience – de côté. De toute façon, elle devait trouver ou retrouver une place dans ce groupe éclectique avant toute chose.

Mais c’était le cadet de ses soucis, pour le moment. Elle regarda Zatanna, qu’elle ne connaissait pas vraiment, sachant juste qu’elle leur serait utile. Quelle était l’étendue de ses pouvoirs ? Kate en aurait surement un aperçu sous peu. Enfin, c’était même certain. Car même si tout se passait bien… eh bien, elle était là pour une raison. Inspirant longuement, elle hocha la tête d’un air plus assuré qu’elle ne l’était vraiment, à l’intention de Dick. Evidemment, qu’ils allaient assurer mutuellement leurs arrières, veiller les uns sur les autres, et arriver à tout. Elle espérait s’en convaincre, en tout cas. Pourvu qu’il ait raison.

Adressant un coup d’oeil à Gar, elle arqua un sourcil en l’entendant parler de mantra, sans même être sûre de ce à quoi il faisait référence. Elle était eut-être un peu trop cynique pour surenchérir. S’efforçant de se montrer sereine, elle acquiesça, verbalement aussi bien que physiquement. « Plus que je ne l’ai jamais été. » Ce n’était pas très éloigné de la vérité. Elle était sobre, elle avait les idées claires, elle avait un but. Elle avait une équipe fiable à ses côtés. Elle se sentait, pour une fois, réellement en mesure de changer les choses.

Spoiler:

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J’aimerais dire qu’on est mieux préparés et mieux organisés qu’avec Bane. Et peut-être que c’est le cas. Sans doute même. On est plus nombreux, et on se coordonne mieux ensemble, et on a Zatanna, et Batwoman et Gar ne sont pas des poids négligeables non plus. Et c’est quand même sacrément cool, même à moi, ça fait du bien d’être autant entourée.
Mais d’un autre côté, c’est Arkham… Et une partie de moi sait que c’est l’idée la plus idiote qui soit. Personne n’est entré à l’intérieur depuis deux ans, aucun d’entre nous ne sait ce qui a pu changer. Alors oui, sur le papier, je peux te donner toutes les entrées, tous les conduits et toutes les salles. Mais dans la réalité ? J’en sais rien. Mais ce n’est pas si important. Une batcave. Le matos. Notre équipe.
Je force ma jambe à ne plus battre la mesure et inspire profondément. On peut y arriver. On doit y arriver. Et j’ai un nouveau sourire, plus amusé, alors qu’ils parlent de grands discours.

« Je dis à tous ceux qui m'entendent:
Ne désespérez pas !
Le malheur qui est sur nous n'est que le produit éphémère de l'habilité, de l'amertume de ceux qui ont peur des progrès qu'accomplit l'Humanité.
Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront, et le pouvoir qu'ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples.
Et tant que des hommes mourront pour elle, la liberté ne pourra pas périr. »  Je leur jette un coup d’oeil, esquissant un sourire sans y penser. « Les nuages se dissipent ! Le soleil perce ! Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière !
Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur, où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité.
Lève les yeux, Hannah !
L'âme de l'homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler. » Je hausse un sourcil alors qu’ils me fixent. « Quoi ? Mon père me l’a montré quand j’étais petite en disant que c’était un monument du cinéma. Le Dictateur ? Charlie Chaplin ? Vous connaissez pas ? »

Je secoue la tête, faussement désespérée de tant d’ignorance, avant de sursauter, ma main attrapant le tonfa avant même d’y songer, avant même de voir qui nous fait face. Bon ça n’aurait pas été très efficace de toute manière. Et je reste à les fixer, à la fixer elle, ne nous leurrons pas. Oh merde. J’ai un sourire incrédule, hochant la tête par réflexe. « Un coup de main, c’est cool, c’est… » Je me tais, le regard toujours rivé sur elle. « Vous êtes vraiment là. Revenue. C’est carrément cool oui. Et faire équipe avec vous, c'est classe. »

Et ça va bien se passer. Ou pas. Mais quand même… Wonder Woman quoi. Et Zatanna. Ça claque.
Et les Titans , parce que sans nous, y aurait pas tout ça…

Spoiler:

Certains jours, l’agent nourrissait un bien étrange vœu : celui de ne jamais avoir existé. Sans existence, elle n’aurait pas eu à subir cette pression constante pour l’atteinte des objectifs de la Ligue, à vivre avec cette peur croissante de devenir un élément inutile et obsolète ou être de plus en plus divisée entre deux désirs : celui de plaire à son Organisation, et celui de protéger un être de cette dernière. L’être en question était son fils adoptif, Dara. Gamin turbulent, émotif, altruiste et incontrôlable : tous ses espoirs de l’intégrer au sein de la Ligue s’étaient effondrés au fil des années, au fur et à mesure que le caractère du garçon s’affirmait et qu’il se montrait inflexible aux suggestions ou inclinaisons que sa famille d’adoption avait essayé de lui inculquer. En désespoir de cause, elle avait abandonné le gamin aux grands-parents … mais il était revenu. Et il était resté, suite au Blocus.

Autant dire, lorsque la voix du garçon se fait entendre de l’autre côté de la porte, haletante et en panique, la médecin ou agent fit un bond et court vers la porte. Depuis le Blocus, la différence était à peine perceptible tant que le garçon avait pris de l’importance dans son existence et avait fissuré cette barrière nette entre l’agent et les alias. Les émotions filtraient par ces fissures, touchant à cette entité neutre qu’est l’agent, corrompant son essence et ses idéaux. Il ne savait pas les dégâts qu’il causait, et elle ne savait pas comment corriger ces derniers. Une situation qu’elle maîtrisait encore, mais elle ne saurait dire pour combien de temps.

Et puis, à la panique, la colère colore les joues et le regard de la brunette.

- Comment oses-tu me faire une frayeur pareille, pour un crétin inconnu ! lui hurle-t-elle.

Etait-elle pour autant écouté ? Nullement. Elle était tout simplement traînée comme un sac de patate dans Gotham. Elle savait qu’il était inutile de stopper le brun, qu’elle ne retarderait que l’inéluctable en ayant en prime la colère de ce dernier. En vérité, la colère de la médecin suffisait pour les deux, et qu’il n’y avait nul besoin d’envenimer davantage la situation.

- Il est temps, vraiment, que tu cesses de te préoccuper des autres et que tu t’occupes de toi. Regarde ton état ! Tu es essoufflé par cette simple course, tu manques de tonus au muscle, et il y a sûrement bien d’autres remarques que je pourrais faire ! Est-ce que la personne pour qui tu me fais courir courra pour toi s’il t’arrive quelque chose ? Non ! Réveille-toi, bon sang ! Tu vas te faire tuer à ce rythme !

Elle s’égosillait, pour rien. Et les voilà devant ARKHAM ASYLUM.

- Oh oh oh … ne compte pas sur moi pour y mettre pied. Ou te laisser y mettre les pieds ! Ce lieu a toujours abrité des fous, et y abritent encore un petit paquet. Si ton gars se vide de son sang là-bas, c’est qu’il l’a mérité pour une raison que je ne veux pas connaître. Et toi, jeune homme, explique-moi ce que tu fais « là » !

Oui, il y avait des jours, elle aurait préféré ne pas avoir existé. Le néant, c’était la simplicité.

Mes actions a écrit:

Dara traîne Roxana dans les parages, et ils sont devant l'entrée. Roxana engueule un coup son fils adoptif, et prévient qu'elle ne rentrera - ou qu'elle ne le laissera pas rentrer - aussi facilement.

Spoiler:

Ils sont partout. Je laisse des traces. Fatigue. Affaiblissement physique. Je me sens plus vieux et plus seul que jamais. Je l’ai choisi, toutefois. Alors j’assume selon mon habitude. Je n’ai pas le temps pour m’apitoyer de toute façon. Ses chiens enragés et grimés en clown de pacotille me poursuivent depuis des heures. La nuit a laissé place au jour, puis à la nuit. Je n’ai plus de planques, en ville. Plus de moyens de locomotion autres que mes derniers grappins tout juste remis en Etat. Je n’ai rien mangé. A peine bu. Je n’ai pas de rations dans ce batsuit. Léger pour l’infiltration, et de toute façon tout aurait sans doute périmé avec ma longue absence. Pas d’espoirs de ce côté-là. J’en ai réchappé de justesse, à l’incendie du théâtre. Contusionné de partout, mon corps était perclus de douleurs diffuses et de coupures légères. Brûlé aussi, au moins sur la pommette gauche et sur l’épaule, au moment de traverser la fenêtre de l’immeuble en flammes. J’ai inhalé beaucoup de fumée, n’ayant pas de respirateur non plus. La tête me tourne. Plusieurs fois je vacille, au bout d’une corniche… La meute sur mes talons. Je ne tire que dans la force de l’habitude à la peine, à l’endurance, la force de me jeter plusieurs étages plus bas, ou plusieurs mètres plus loin. Je m’évanouis pour de bon au petit matin, quand l’inconscience m’étreint comme ma plus fidèle amie.


Le sang coule d’une plaie profonde sous les côtes. L’autre clown rouge avec son couteau à cran d’arrêt a réussi à passer les protections de cette vieille combinaison. Quand je reviens à moi, c’est baigné d’eau alors qu’il me pleut dessus. Le tonnerre gronde, loin en altitude. Il fait sombre, mais il fait jour. L’eau autour de moi se teinte de volutes écarlates à mesure que je continue de me vider, lentement mais sûrement. Je ne suis pas prisonnier, pas exhibé dans un gibet par tous ces malades qui me couraient après. Batman vit. Batman a fait son retour. C’est tout ce qui compte. Si je dois mourir, je dois disparaître pour ne pas faire mourir la flamme avec moi. Dents serrées, je me redresse. Je claudique et boîte jusqu’à la cage d’escalier. En bas, hurlements de types qui grimpent les escaliers quatre à quatre. Je dois trouver un abri, et vite. Main comprimant la plaie, sang au bord des lèvres, le bruit de la pluie masque à peine celui de la meute hurlante. Je revois ses lèvres, au moment de sauter. Je ressens leur goût, suspendu dans le vide. Je sens sa chaleur, quand j’atterris lourdement au travers une vitre. Roulade mal assurée. Je passe au travers du carreau et d’un mur en plâtre. Je serre les dents. Je contemple l’océan infini de ses yeux, en parant les coups d’un pauvre hère qui se défend de mon intrusion. Je dois me mordre la langue, quand je me recouds provisoirement la plaie avec de la super glue trouvée dans un point de chute temporaire, dans le tiroir d’un ancien bureau d’ordinateur. Les lèvres sanglantes, à vif, me font gronder sous le masque.


Le salut n’est plus très loin. Si la batcave existe toujours. Mauvaise surprise autour du bloc suivant. On m’entend me raccrocher du bout des bras à une cage d’escalier rouillée qui se désarticule à moitié sous mon poids. Je me hisse, éreinté, toujours en vie. Tout juste. Ils se rapprochent. Je les vois courir, en bas. L’un d’entre eux tire dans ma direction, mais je suis trop haut, trop loin, et déjà plus là. Redescendre me coûte. Je suis à nouveau repéré. Ils sont trop nombreux. Se pressent, et me poursuivent. Ils pensent me coincer non loin des quais. Mais j’arrive à m’échapper. Frigorifié, à demi dans l’eau, raccroché à la ligne de vie des quais, à demi plongé dans l’eau glaciale du fleuve. Je frissonne, grelotte sous l’armure. Je continue de me tirer sur le côté, jusqu’aux fondations du pont enjambant le cours d’eau, et commence à me hisser dessus. Je rêve à demi éveillé. D’Elle, d’Alfred, de mes parents. De mes enfants. Des sandwichs au concombre de mon majordome, dont il ne démentira jamais les bienfaits.


S’il est encore en vie.


Je me hisse lentement sur le pont. Remonte son armature par l’extérieur. Lentement. Jusqu’à surplomber Arkham, à vingt mètres de haut. La pluie a cessé. Pour un temps seulement. Peut être quelques minutes. Le tonnerre gronde. Je dois arriver jusqu’à l’entrée de la batcave sans relancer sur moi les séides du Joker. Un éclair zèbre le ciel. Je ne tiendrais pas toute la nuit.

Spoiler:

Une clope au bec, j’regarde ce qui se passe en direction de l’asile, bien planqué dans ma ruelle. Je vois pas trop ce qui se passe mais on s’en branle fondamentalement. Pas que leur petite virée m’intéresse en soit mais j’ai pas envie qu’il arrive des bricoles à Zee. Alors ouais, ptet que je lui ai pas trop demandé son avis pour me taper l’incruste à ma façon. Et ptet que je lui ai pas dit que je comptais miner le terrain juste au cas où des démons décident de se pointer à la sauterie. Ce serait un coup à ce qu’elle me pète un plomb et me dise que je prends des risques pour rien, que je vais attirer le regard des méchants sur ma gueule et tout… bref. Ce qu’elle ne sait pas ne peut pas lui faire de mal.

Et pour la peine, j’ai embarqué Rachel avec moi. C’est pas mon apprentie, qu’on soit bien d’accord. Parce que je ne fais équipe avec personne. Mais, avec toutes les infos que la gamine m’a filées, hors de question de ne pas l’avoir sous les yeux. Et tant qu’à faire, autant lui apprendre des trucs pour qu’elle se rende utile non ? Ouais, ouais, j’ai un peu le même raisonnement qu’avec Tara, mais je maintiens que je m’encombre de personne. Okay ?

D’ailleurs, je vois Rachel revenir et j’ai un clin d’œil quand elle me pose sa question. « A ton avis fillette ? » Je sais comment elle fonctionne et ce dont elle est capable. Si je l’ai faite crapahuter tout autour de l’asile, c’est pas pour le plaisir de lui casser les couilles. Pas que. « T’es sure que tu sais déclencher les sceaux et que tu vas pas tout péter en cours de route ? Ou que tu t’es pas foirée avec une petite ligne. Tu pourrais créer l’apocalypse juste comme ça, PAF ! » Je fais claquer mes mains avant de reprendre, le plus sérieusement du monde, tout en lui lançant une barre de céréales que j’avais dans ma poche. « Bouffe. Ca t’a pris de l’énergie magique, normal que t’aies la dalle. » J’ai pas le temps d’en dire plus que je vois une silhouette familière se dessiner au bout de la rue dans laquelle on est planqués. C’est parce que j’ai pensé à elle ou que le karma se fout bien de ma gueule ?

… ah okay, option deux. Je pose ma main sur son épaule, esquivant sans mal le poing qu’elle veut m’asséner avec un ricanement. « Du calme terreur. C’est à toi que je devrais poser cette question plutôt ? Qu’est ce que tu branles ici gamine ? C’est pas le moment de faire du tourisme ici. Clairement pas. » Je sens la présence de Rachel juste derrière moi et je reprends, comme si on était pas dans une ruelle sordide sur l’ile d’Arkham à deux pas de l’asile. « Tu comptes tout péter ? Sinon… Rachel. Tara. Tara. Rachel. Pour la peine, cette nuit, vous êtes mes associées. Mais que pour cette nuit, faut pas déconner. »

J’attrape Tara par le bras pour la caler contre le mur alors que j’entends des voix au loin. Pas envie de me faire repérer de suite. Mais mon attention est vite captée par un truc… qui a l’air de tomber du ciel. Ou de la tour. Ou de … bref, on s’en fout. Un truc qui brille vachement. Et ça, c’est pas humain. « Les filles. Prêtes à vous amuser ? »

Ou pas ouais.

Spoiler:

Mes jambes se balançaient dans le vide, perché sur le haut d’un immeuble où les Titans avaient trouvé refuge. J’écoutais les uns et les autres s’exprimer sans mot dire, mon regard rivé sur l’île d’Arkham en contrebas. La prendre d’assaut paraissait surréaliste, mais certainement pas autant que la prison n’est-ce pas ? Et cette fois, nous étions plus nombreux. Qu’ils le veuillent ou non, ils allaient devoir compter sur nous dans la balance maintenant.

Je lançai un regard interdit à Babs qui partit dans un petit discours de son cru, quand Gar en réclama un. Elle était sérieuse, là ? Ce n’était même pas vraiment de son cru en fait ! « Tu devrais pas autant te la péter si t’as rien inventé, Batgirl ! » Ca me paraissait aussi un peu trop classe pour ne pas sortir tout droit d’un livre ou d’un film culte. J’avais passé trop de temps à trouver refuge en haut du théâtre de Gotham pour ne pas le réaliser. Je passai de la position assise à accroupie d’un bond, laissant ma cape noire et jaune voler au vent. « Les grands discours, ça ne m’intéresse pas trop. Tu nous rappelles le plan plutôt, Nightwing ? A quoi on peut s’attendre sur place ? » Ou plutôt, à quelles emmerdes on risque de se retrouver encore confronter…

J’étais soucieux à ce sujet, surtout sachant que Tara m’avait suivi pour s’assurer que tout aille bien. Je la voyais d’ici, en contrebas. Je lui avais donné un masque pour dissimuler son identité au besoin, même si elle trouvait ça complètement ridicule. Quelqu’un venait de l’approcher, sans que je n’arrive à discerner qui exactement. Je plissai le regard, suspicieux, avant de secouer la tête négativement. Je ferais mieux de me concentrer sur la mission, surtout que Tara n’était pas venue sans raison. J’étais encore un peu raide dans mes gestes, souvenir cuisant de notre confrontation avec Bane quelques semaines plus tôt. Ce n’était pas particulièrement prudent d’aller si tôt ensuite taquiner du Vilain. Il faudrait que je reste prudent, typiquement ce que j’avais du mal à faire…

Mais, de toute évidence, on n’avait pas trop à s’en faire ! J’ouvris de grands yeux ébahis quand Wonder Woman – rien que ça ! – nous rejoignit en un clin d’œil accompagné de… Aucune idée, en fait. « Wow ! Ca pour une surprise ! J’ai failli en tomber de l’immeuble. » Ils étaient vraiment revenus alors ? Tous, sans exception ? C'était pas une blague ? Je n’aurais pas vraiment cru qu’on pourrait compter sur sa participation, mais Zatanna avait eu raison de croire en elle. Et l’autre type me plaisait bien, à nous demander immédiatement des détails sur le plan. « Ca, c’est une excellente question ! » Et… J’allais laisser Dick parler en fait, c’était lui qui connaissait la position de la cache. En tout cas, avec une équipe pareille, on avait vraiment nos chances.

Spoiler:

Je fixe Batgirl quand elle fait son discours, me marrant à la répartie de Robin. Mais à sa question, je me retrouve mon sérieux alors que je déplie de nouveau le plan de l’asile, prêt à rappeler une dernière fois le programme des festivités. Sauf que j’ai pas le temps d’en dire plus que je me fige en voyant… Wonder Woman en personne. J’ai un sourire incrédule à la regarder, incapable de dire quoi que ce soit pendant un instant. Je savais qu’elle était revenue pourtant, même si j’avais préféré ne pas compter sur elle dans notre réflexion. Pour autant, le simple fait de la voir là, ça me réchauffe le cœur.

Et, alors que tout le monde se salue, je revoie le plan rapidement dans ma tête. Avec ces deux paramètres en plus, la donne change totalement. J’ai un bref froncement de sourcils, mon regard passant du plan à l’amazone, puis à son compagnon. Avant que je souffle, avec un large sourire. « J’suis heureux du vous voir. Et de voir que vous allez bien. » Je hoche la tête en direction de Steve Trevor. « Colonel… je confirme que c’est difficile à croire mais… c’est cool. » Ouais, j’ai pas de mots en vrai pour dire à quel point tout ça ne peut que nous porter un peu plus vers ce qu’on essaie de faire depuis des mois, des années même.

Je sens alors les regards peser sur moi et j’inspire longuement. Pas de pression donc, tout va bien. « On a appris le retour de Batman il y a quelques jours à peine. » Une poignée de jours. C’est rien. Et pourtant, c’est juste énorme et ça nous oblige à réfléchir bien plus vite que ce qu’on pensait de base. « En l’état, on a pas les moyens d’aller affronter les sbires du Joker ou qui que ce soit d’un peu équipé. Notre confrontation avec Bane nous a permis de voir quelles étaient nos failles. Et nous sommes là pour y remédier. » Je désigne nos tenues à chacun avec une grimace. « Nous avons besoin de faire peau neuve pour nous battre correctement. Et aider Batman, où qu’il soit. Sous l’asile, au cœur de l’ile, il y a une batcave. J’ai vu les plans, il y a longtemps. Il y a deux ans, ça me semblait impossible d’y aller, au vu de nos moyens. Mais maintenant… » J’ai un regard en direction de chacun avant de continuer, tapotant le plan du doigt. « Il y a deux entrées pour la batcave. Par voie maritime, mais celle-là, on l’oublie. Sinon. Il y a les grottes. Pour les grottes. Il faut passer par les sous-sols de l’asile. »

Je désigne deux points sur la carte. « J’étais parti sur une entrée discrète par la porte de service. Une fois à l’intérieur, il suffit de longer ce couloir, de descendre dans les sous-sols et de trouver le passage. Il est sous le plancher. Il faudra le dégager pour y accéder. Beast Boy pourra s’en charger sans difficultés. » Je relève la tête vers Wonder Woman et Steve Trevor. « Avec votre arrivée, on va pouvoir se payer le luxe d’une diversion, pour concentrer les forces de l’Epouvantail vers l’entrée principale. » J’ai un sourire malicieux. « Dans l’idée, vous toquez à la porte pour dire bonjour. Une telle arrivée va focaliser leur attention, c’est certain. » Je me tourne vers les autres et je continue, prenant plus d’assurance à mesure que je parle. « De notre côté on s’infiltre. Si on a besoin d’une autre diversion une fois à l’intérieur, Robin et s’y collera, avec Batwoman ou Batgirl. »

Je continue de montrer le chemin à chacun, pour que tous puissent le mémoriser. « En face, il y aura les hommes de l’Epouvantail. Ils sont moins armés que ceux du Joker mais il ne faut pas les sous-estimer. Même s’ils ne nous attendent pas du tout. Et Wonder Woman encore moins. » Je finis par replier le plan et par prendre une grande inspiration. « La rapidité, c’est ce qui nous permettra de réussir. » Je tends quelques bombes maisons et les fumigènes que Batgirl nous a bricolés à Steve et j’ai un regard vers Zatana. « Elle vous accompagnera après avoir repéré l’entrée de notre côté. Avec vos compétences combinées, vous n’aurez aucun problème à gérer, j’en suis persuadé. » Et nous aussi, on va s’en sortir en un seul morceau. « On est partis ? » Question plus rhétorique qu’autre chose, évidemment. Les hésitations, ce sera pour plus tard.

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